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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8011

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8011. — DE CATHERINE II,
impératrice de russie.
Le 18-29 auguste.

Monsieur, au risque de vous importuner trop souvent, il faut que je vous dise qu’hier je reçus la nouvelle que le général-major, comte Todtleben, a pris aux Turcs les deux forts situés au delà du mont Caucase, nommés Schéripan et Bagdat. Il tient bloqués le fort et la ville de Cotatis, en langue du pays Koutai, sur le Phase, qui tombe dans la mer Noire. Mes troupes ne sont plus qu’à soixante werstes de cette mer. L’ancienne Trébizonde est à leur gauche. Salomon, prince d’Immirette, agit de concert avec le comte. L’épouse de ce prince vint dans le camp russe, et pria le général de permettre qu’à la prise de Bagdat elle pût jouir de l’honneur d’entrer dans la ville la première. Vous jugez bien qu’elle ne fut point refusée.

Ce Bagdat n’est ni aussi beau ni aussi grand que celui des Mille et une Nuits. Ne trouvez-vous pas, monsieur, Moustapha bien accommodé, et les gazettes bien menteuses ?

J’oubliais de vous dire qu’avant la prise de ces villes le prince Héraclius a battu les Turcs sous Acalziké.

Je me recommande à votre amitié et à vos prières : on n’en saurait faire un plus grand cas qu’en fait votre favorite.

Catherine.