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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8089

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 257).
8089. — À M. DE LA CROIX[1].
Ferney, 23 novembre.

J’ignorais, monsieur, la triste fin de notre ami l’abbé Audra ; elle me pénètre de douleur. Je lui avais écrit il n’y a pas quinze jours la lettre doit être au bureau de la poste. Nous vous aurons grande obligation, le mort et moi (supposé que les morts soient sensibles), de vouloir bien la retirer. Je ne manquerai pas d’écrire à M. le premier président Niquet ; mais je crois que votre mémoire fera beaucoup plus d’effet que toutes les lettres du monde. Vous servez la cause de Sirven avec autant de générosité que d’éloquence ; je prendrai et tâcherai de faire vendre des exemplaires.

Il est très-vrai qu’on a beaucoup de peine à vivre actuellement vers la Suisse ; le blé est d’une cherté excessive, ainsi que dans notre petite province : le setier de Paris vaut plus de cinquante francs dans nos quartiers. Je vais tâcher de soulager les filles de Sirven, et les engager à attendre la décision. Je doute fort que monsieur le procureur général soit favorable à Sirven ; mais je suis très-sûr que vous lui concilierez tous les suffrages. La mort de ce pauvre abbé Audra n’a fait qu’augmenter votre zèle. Je pleure sa perte ; ma consolation est que Sirven a trouvé en vous un protecteur qui ne l’abandonnera point.

J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.