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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8100

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 266-267).
8100. — À M. DE VEYMERANGE[1].
Ferney, 29 novembre.

Monsieur, les cavaliers des fermes générales viennent d’arrêter sur le chemin de Muyrin à Genève, dans la route de traverse, cinq voitures chargées de cinquante-deux coupes de blé, lesquelles appartiennent au nommé Cimetière et à un nommé Gros, dit Bordon, son associé. Tous deux, sous prétexte de fournir le Genevois Cambassadez à Gentoux, ravissent tout le blé du pays le portent dans l’étranger, et font mourir les agriculteurs de faim.

Il y a plus de six semaines que ce brigandage s’exerce jour et nuit. Nous avons besoin de la plus prompte justice, et de la délivrance du fléau dont nous sommes accablés.

Il est bien cruel que ce soit un Genevois, demeurant sur terre de Genève, qui soit chargé de nourrir les troupes du roi, et qui, par là, fournisse un prétexte continuel de mettre la famine dans notre province.

Nous vous demandons en grâce de vous concerter avec M. de Caire pour sauver ce malheureux petit canton.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Voltaire.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.

    M. de Veymerange était conseiller au parlement de Metz, et directeur général des vivres.