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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8101

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 267).
8101. — À M. SERVAN[1],
avocat général au parlement de grenoble, aux balances,
à genève.
À Ferney, 30 novembre.

Au nom de Dieu, monsieur, venez coucher chez nous ; vous serez mieux couché que dans une auberge.

Je prends le matin des médecines qui me tuent. Je suis plus malade que vous. Il m’est impossible de voir personne le matin dans l’état cruel où je suis. Quittez la triste ville de Genève à portes fermantes ; venez dans notre hôpital : nos sœurs grises auront soin de vous. Il faut que les malheureux se consolent ensemble.

Vous parlez de faire une visite du matin, comme si vous vous portiez bien. Il faut rester dans son lit jusqu’à midi au moins, se lever tard, se coucher de bonne heure. Je n’ai trouvé que ce secret pour prolonger une misérable vie qui vous est entièrement dévouée.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.