Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8102

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 267-268).
8102. — À M. DE VEYMERANGE[1].
Ferney, 30 novembre.

Permettez, monsieur, que je joigne mes remerciements à ceux de toute la province. Vous lui rendez un service essentiel, vous et M. de Caire, en ne souffrant pas qu’on abuse de votre nom pour nous affamer. Le blé vaut aujourd’hui cinquante-quatre livres le setier, mesure de Paris.

Ceux qui ont abusé de vos passe-ports pour transporter le blé à l’étranger, et qui causaient chez nous la disette, ont été arrêtés près des terres de Genève, dans le chemin opposé à Versoy. Leur délit est constaté, les blés sont saisis par la justice, et c’est bien le moins qu’ils soient vendus à un prix raisonnable, dans le marché public, aux pauvres qui en ont besoin.

Vous sauverez réellement notre petit canton et nos colonies naissantes, en accélérant la construction des fours de Versoy, afin qu’on ne soit plus réduit à cuire le pain des troupes françaises sur le territoire de Genève, et qu’il n’y ait plus aucun prétexte aux monopoleurs qui exportent la nourriture du pays. L’état présent où nous sommes me force de réitérer mes instances et mes remerciements.

Mme Denis se flatte d’avoir l’honneur de vous voir ce soir. J’ai celui d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc.

Voltaire,
Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.