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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8126

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 288).
8126. — À M. DUPATY[1].
Décembre.

Le paquet dont vous m’avez honoré, monsieur, et mon petit billet se sont croisés, comme vous l’avez vu. Ah ! ah ! vous êtes donc aussi des nôtres ! votre poésie est pleine d’imagination. Tous les hommes éloquents ont commencé par faire des vers. Cicéron et César en firent avant d’être consuls : ils eurent l’un et l’autre de furieuses lettres de cachet ; mais je ne sais s’il ne vaut pas mieux être assassiné par ceux que l’on peut assassiner aussi, que de voir sa destinée dépendre entièrement de quatre mots griffonnés par un commis. Ce n’est pas moi qui vous écris cela, au moins ; c’est un Suisse qui a soupé chez moi avec un Anglais. Pour moi, je n’écris à personne ; je suis très-vieux et très-malade. Si vous voulez venir chez moi, vous me rendrez la vie, car vous me ferez penser. Je m’intéresse à vous comme un père à son fils, et le fils est très-respecté par le père.

Mille très-humbles et très-tendres obéissances à M. de Bory.

  1. Voyez lettres 8107 et 8123.