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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8169

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 318).
8169. — À M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, 9 janvier.

Je suis obligé d’importuner mon héros pour des pauvretés académiques : cela n’est pas fort intéressant, surtout par le temps qui court. Mais on me mande que vous voulez avoir pour confrère un président de Bourgogne, nommé de Brosses. Je vous demande en grâce, monseigneur, de ne me le donner que pour mon successeur ; il n’attendra pas longtemps, et vous me feriez mourir de chagrin plus tôt qu’il ne faut, si vous protégiez cet homme, qui est en vérité bien peu digne d’être protégé par mon héros. Daignez seulement jeter les yeux sur la copie de la lettre[1] que j’ai écrite sur cette petite affaire, et vous verrez si je ne mourrais pas de mort subite en cas que M. de Brosses fût académicien de mon vivant. Je vous supplie de ne point faire descendre mes cheveux blancs avec tristesse en enfer, comme dit la sainte Écriture[2] ; mais je vous supplie encore plus de me conserver vos bontés.

  1. C’est peut-être la lettre 8161.
  2. Genèse, xliv, 29 ; et XLII, 38.