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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8246

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 391).
8246. — À M. D’ALEMBERT.
15 mars.

On me mande, mon cher ami, qu’on a élu Lemierre ; en ce cas, vous avez sans doute rengainé ma lettre[1] en faveur du traducteur de Virgile, que je ne connais point du tout. Je n’avais écrit que pour la décharge de ma conscience. Je vous avoue, par le même motif, que j’aurais donné ma voix à celui qui a mis par écrit l’édit du roi pour la création de six parlements ou conseils nouveaux. Non-seulement les jugements en dernier ressort au parlement de Paris épuisaient les pauvres plaideurs, obligés de faire cent cinquante lieues pour se ruiner ; mais les criminels qu’on transférait à Paris, du fond de l’Auvergne et du Limousin, coûtaient à l’État des sommes immenses. En un mot, cet édit me paraît jusqu’à présent un service essentiel rendu à la nation ; et puis d’ailleurs vous savez si j’ai sur le cœur le sang du chevalier de La Barre et du comte de Lally.

  1. N° 8230.