Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8345
Il est bien juste, monsieur, que le citoyen de Calais soit citoyen de l’Académie[1]. Il sera beau que, dans notre corps, l’homme de lettres succède au prince du sang, et que celui qui a si bien chanté nos héros remplace celui qui a marché sur leurs traces. Je ne puis de si loin joindre que mes vœux a ceux de mes confrères ; mais vous devez être sur de mes désirs autant que de leurs voix. Si l’Académie est la récompense des talents, quel homme en est plus digne que vous ? C’est avec la plus grande joie que j’apprends le choix qu’on va faire de vous. J’ai été un des premiers qui aient applaudi à votre mérite, et je ne serai pas assurément un des derniers à reconnaître la justice qu’on vous rend. J’espère donc, dans un mois, faire mon compliment à mon cher confrère.
Agréez, en attendant, les très-sincères et tendres sentiments de votre, etc.
- ↑ Le prince de Clermont, né en 1709, était mort le 16 juin 1771. Sa place à l’Académie française fut en effet donnée à de Belloy, dont la réception est du 9 janvier 1772.