Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8578

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 130-131).
8578. — À M. ***[1].
À Ferney, 13 juillet.

J’aurais, monsieur, bien d’autres éclaircissements à demander, et il faudrait m’éclairer plus qu’on n’a fait. Je prends cette funeste affaire[2] très à cœur. Plusieurs magistrats paraissent pencher pour les Véron ; il y en a même qui ont été révoltés du ton décisif de M. Linguet. Je crois que le public ne peut revenir que par un écrit modéré, qui paraisse impartial.

Je voudrais surtout trouver quelque raison plausible d’avoir fait des billets pour 327,000 livres, sans avoir reçu un sou.

Pourquoi faire ces billets au profit de la Véron, quand on espère toucher l’argent d’une compagnie ?

Peut-on administrer quelque preuve ou du moins quelque présomption forte que Du Jonquay ait fait accroire à M. de Morangiés que c’était une compagnie qui prêtait les cent mille écus ? Et en ce cas, par quelle contradiction a-t-il fait les billets au profit de la Véron ?

Comment M. de Morangiés, ayant des soupçons de la fourberie la plus insigne, n’a-t-il pas sur-le-champ réclamé légalement contre ses billets, par une protestation par-devant un commissaire ?

En un mot, monsieur, je demande les instructions les plus amples que vous pourriez m’envoyer par M. d’Ogny. Je tâcherai alors de bien servir la cause à laquelle vous vous intéressez. Il me faut surtout le mémoire en faveur du nommé Mauvoisin, publié par l’avocat Laville.

Vous connaissez tous les sentiments de votre, etc.

  1. Editeurs, de Cayrol et François. Cette lettre est peut-être adressée à M. de Combault, ami du comte de Morangiés.
  2. L’affaire Morangiés.