Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8644
Mon cher ange, je suis bien malingre ; cependant je vous écris de ma très-faible main. Dès que je reçus votre lettre et celle pour Lekain, je lui envoyai sur-le-champ votre dépêche à Lyon ; je lui écrivis : Partez dans l’instant[1].
Le lendemain, je reçus les lettres de M. le maréchal de Richelieu et de M. le duc de Duras. J’envoyai à Lekain la lettre de M. le duc de Duras, et je réitérai mes instances. Il doit être parti aujourd’hui, 4 d’octobre, s’il est sage et honnête, comme je crois qu’il l’est.
M. le maréchal de Richelieu me mande qu’il le fera mettre
en prison, s’il n’est pas à Paris le 4. Cela ne me paraît ni d’un bon compte, ni d’une exacte justice. Vous m’aviez toujours mandé qu’il pourrait arriver le 8, et qu’on serait content : or il est certain qu’il peut aisément être à Paris le 8.
Il vous apportera le code Minos[2] que je lui donnai quand il partit de Ferney. Je suis fâché que Mme la comtesse Dubarry n’ait pas la bonne leçon, car j’entends dire qu’elle a beaucoup de goût et d’esprit naturel. Vous devez le savoir mieux que moi, vous qui allez nécessairement à la cour.
En attendant que Lekain vous ait remis cette dernière copie, voici, pour vous amuser, l’Èpître à Horace. Je vous supplie de n’en laisser prendre de copie à personne ; c’est jusqu’à présent un secret entre Horace et vous. Je ne vous parle point des barbaries de notre théâtre vandale et anglais. Je gémis et je vous implore.
- ↑ Voyez lettre 8612.
- ↑ La tragédie des Lois de Minos, tome VII, page 163.