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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8654

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 194).
8654. — À MADAME D’ÉPINAI.
23 octobre.

Cette Épître à Horace[1], ma chère philosophe, n’est ni finie ni montrable ; elle me ferait mille fois plus de tracasseries que les Épîtres de saint Paul[2] ; il faut attendre du moins que les Lois de Minos aient essuyé le premier feu de la cabale. J’ai parlé à Horace avec la liberté qu’on avait chez Mécénas ; mais les Mécénas d’aujourd’hui pourraient trouver ma liberté très-insolente ; c’est déjà une grande folie à mon âge de faire des vers, c’en serait une plus grande de les faire courir. M. d’Argental n’a qu’une ébauche d’une partie de cette Épître, j’ai été obligé de le consulter sur certaines convenances, au fait desquelles il est plus que personne ; mais il s’en faut beaucoup que la pièce soit achevée.

Recevez mes très-justes excuses, vous et votre prophètes[3]. Encore une fois, ce petit ouvrage, tel qu’il est, est très-indigne de vous ; vous l’aurez quand j’aurai la vanité de croire vous plaire, et quand je pourrai croire qu’il ne déplaira pas à des personnes qu’il faut ménager.

Mille tendres respects, etc.

  1. Tome X, page 461.
  2. Épître à Timothée, chap. iii, verset 11.
  3. Grimm