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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8665

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 204-205).
8665. À M. LE MARQUIS DE XIMENÈS.
À Ferney, le 31 octobre.

Pardonnez, encore une fois, à un vieillard qui lutte contre les douleurs, de vous remercier si tard. Je n’en suis pas moins, monsieur le marquis, reconnaissant de vos faveurs[1]. Il est très-vrai que vous faites mieux des vers que l’homme dont vous me parlez ; mais je ne crois pas que vous augmentiez votre fortune comme il arrondit la sienne. Votre lyre est plus harmonieuse ; il a pour lui la flûte, le tambour et le coffre-fort.

Je crois que l’abbé Mignot, mon neveu, mérite l’éloge[2] dont vous l’honorez. Je suis bien loin de me croire digne des fleurs[3] que vous jetez sur le drap mortuaire dont je vais bientôt être embéguiné. J’écrivis, il y a quelque temps, à Horace[4], qui est de votre connaissance ; mais je n’ai pas osé rendre ma lettre publique, attendu que je lui ai parlé un peu librement ; mais je prendrai encore plus de liberté quand je le verrai.

Je prends avec vous celle de recommander à votre indulgence les Lois de Minos[5]. Vous verrez un beau tapage le jour de l’audience. Vous êtes dans un pays où tout est cabale, et loin duquel je fais très-bien de mourir en vous étant très-tendrement attaché.

  1. Œuvres de M. le marquis de Ximenès, ancien mestre de camp de cavalerie, nouvelle édition revue et corrigée, 1772, in-8o de viii et 65 pages, plus le titre et la table.
  2. L’éloge de Mignot était dans la lettre de Ximenès à Voltaire, et non dans ses Œuvres.
  3. Les pièces où Ximenės fait l’éloge de Voltaire n’étaient pas nouvelles ; l’une était de 1742 ; l’autre de 1750.
  4. Tome X, page 411.
  5. Tome VII, page 163.