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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8742

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 283).
8742. — À M. HENNIN.
À Ferney, 20 janvier.

Monsieur, il y a plaisir à être brûlé. Ce petit accident attire des lettres charmantes. Nous en avons été quittes pour deux petites chambres qui ne valent pas votre lettre. Guérissez-vous vite. Nous sommes tous malingres à Ferney. Mme Denis languit ; je suis plus mal qu’elle ; Mme de Florian plus mal que moi ; et Mme Dupuits n’est pas trop bien. Les vents du midi, qui rongent ici les pierres, rongent aussi le corps humain. S’il y avait un élément appelé air, il ne souffrirait pas ce désordre. Ce sont les vapeurs de la Savoie qui nous empestent.

Je suis un peu fatigué de la journée du feu, mais je ne le suis point du tout de l’autre journée qu’on m’impute. Qui n’a point combattu ne saurait être blessé. On m’a fait mille fois trop d’honneur. Cette belle calomnie a été jusqu’au roi. Ces messieurs-là sont faits pour être trompés en tout. Quand vous viendrez oublier au coin de notre feu les tracasseries de Genève, nous parlerons à notre aise des rois et des belles.

Mille tendres respects. Ma réputation d’Hercule ne m’empêche pas de signer.

Le vieux Malade de Ferney.