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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8777

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8777. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
27 février.

De Profundis. Avec la fièvre double tierce, une toux convulsive, la goutte et une strangurie, je ne perdrai pas des moments précieux avec ce polisson de Valade ; je les emploierai à dire à mon cher ange que je l’aimerai jusqu’au tombeau, dont je suis assez près.

Je lui envoie ma déclaration sur le procès de M. de Morangiés, et ma réponse à cet avocat Lacroix, qui fait je ne sais quel Spectateur. Je suis devenu par une singulière fatalité partie dans cette affaire. Je me défends, et je crois me défendre en honnête homme et en homme modéré. Ce travail a pu augmenter ma maladie ; mais il valait mieux mourir que de ne se pas justifier.

J’embrasse mes anges, mort ou vif.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.