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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8778

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8778. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 29 février[1].

J’ai reçu votre lettre et vos vers charmants[2], qui démentent sans doute votre âge. Non, je ne vous en croirai point sur votre parole : ou vous êtes encore jeune, ou vous avez coupé au Temps ses ailes.

Il faut être bien téméraire pour vous répondre en vers, si vous ne saviez pas que les gens de mon espèce se permettent souvent ce qu’on désapprouverait en d’autres. Un certain Cotys, roi d’un pays très-barbare, entretint une correspondance en vers avec Ovide exilé dans le Pont. Il doit donc être permis aujourd’hui à un souverain d’un pays moins barbare d’écrire à l’Apollon de Ferney en langage welche, en dépit de l’abbé d’Olivet et des puristes de son Académie.


Non, je ne veux plus à Paris
Avoir de courtier littéraire :

  1. L’année 1773 n’étant pas bissextile, le mois de février n’avait pas vingt-neuf jours. Il y a eu sans doute erreur de la part du roi de Prusse : car la lettre 8788 rappelle la date du 29 février. Les Œuvres posthumes datent cette lettre du 27 février.
  2. Lettre du 1er février, No 8747.