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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8796

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 333-334).
8796. — À M. MARMONTEL.
29 mars.

Votre ancien ami est revenu au monde, mais ce n’est pas pour longtemps. Ce qui est bien sûr, c’est qu’il vous sera tendrement attaché dans le petit nombre de minutes qu’il peut avoir encore à végéter sur ce globule.

Je vous plains, je plains le théâtre et le bon goût, puisque Mlle Clairon va en Allemagne ; mais je ne puis la blâmer de quitter le pays de la frivolité et de l’ingratitude.

J’ai mis au coche un petit ballot de rogatons[1] qu’on vient enfin d’imprimer à Genève. On y trouve des pièces assez curieuses, et entre autres le Discours de l’avocat Belleguier, qui n’aura point le prix de l’université. Vous y verrez aussi les Lois de Minos, qui n’ont été faites que pour amener des notes très-vraies et très-insolentes, très-dignes de l’avocat Belleguier, très-dignes d’être lues par vous, et qui ne seront point du tout du goût de Coge pecus et de Ribaudier.

Vous voyez bien que Valade est un fripon, et un sot fripon, puisqu’il ose dire qu’il imprima son infâme rapsodie sur une édition de Genève, et que cette édition de Genève ne paraît que depuis huit jours. Voici une lettre à M. Pigalle ; elle se sent un peu de ma maladie, mais aussi elle n’a point de prétention.

Adieu, mon très-cher confrère ; ma grande prétention est à votre amitié.

Présentez, je vous prie, mes regrets à Mlle Clairon.

  1. Le volume dont Voltaire parle dans la lettre 8792.