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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8795

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 332-333).
8795. — À M. DE LA HARPE.
29 mars.

Oui, j’ai vu les vers sur la statue : ils me font trop d’honneur, mais ils sont excellents. En voici[1] sur cette statue, qui ne valent pas les vôtres. Ce sont levia carmina et faciles versus qu’on fait currente calamo, et qui ne prétendent à rien. Cependant, si vous pouvez les glisser dans le Mercure, ce sera toujours un petit service rendu à Aliboron et à sa séquelle.

Je fais partir un ballot de livres de contrebande. Vous croyez bien qu’il y en a quelques exemplaires pour vous, qui êtes un peu de contrebande aussi, puisque vous êtes rempli de goût et de génie.

Le Discours de l’avocat Belleguier, en l’honneur de l’université, se trouve dans ce recueil. Il y a des pièces curieuses[2], et même importantes. Ce qu’il contient de moins bon, c’est la tragédie des Lois de Minos ; mais du moins les vers dont Valade l’avait honorée n’y sont pas. Cette pièce n’avait été faite que pour amener des notes sur les sacrifices du temps passé et du temps présent. Ces notes ne seront approuvées ni par Riballier ni par Coge pecus, mais elles sont toutes dans la plus exacte vérité ; ainsi elles peuvent faire du bien.


Le vrai seul est aimable :
Il doit régner partout.

(Boileau, ép. IX, v. 43.)

Il y a une épître dédicatoire à M. le maréchal de Richelieu, bien longue et assez singulière. Il me semble que je vous ai assez bien désigné[3] à la page 10. Puissent les alguazils de la littérature, et les commis à la douane des pensées, laisser arriver mon petit ballot en sûreté !

  1. L’Épître à Pigalle, qui est tome X, page 410, fut imprimée (sauf les quatre vers sur Fréron) dans le Mercure de 1773. tome II d’avril, page 38.
  2. Plusieurs sont énumérées dans la lettre 8792.
  3. Tome VII, page 171 ; le passage est rapporté dans la lettre 8855.