Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8901
Si mon héros a un moment de loisir à Compiègne, je le supplie de daigner lire un petit précis[1] très-vrai et très-exact du meurtre de M. de Lally, lieutenant général, et un précis très-court de l’affaire de M. de Morangiès, maréchal de camp. Il peut être sûr de ne trouver dans ces deux mémoires aucun fait qui ne soit appuyé sur des papiers originaux qu’on a entre les mains.
On a joué les Lois de Minos à Lyon avec beaucoup de succès. Un acteur nommé Larive a emporté tous les suffrages dans le rôle de Datame, et la ville a prié Lekain de jouer le rôle de Teucer à son retour au mois de septembre.
Pour moi, je vous supplie instamment, monseigneur, d’avoir la bonté d’ordonner aux comédiens de Paris de jouer les tragédies de Sophonisbe et de Minos. Je compte sur vos promesses autant que je suis pénétré de vos bontés. Je ne demande, après tout, que ce qu’on ne pourrait refuser à MM. Lemierre et Portelance.
J’ai encore une passion plus forte que celle des tragédies, ce serait de vous faire ma cour au moins deux jours avant de mourir, au premier voyage que vous feriez dans votre royaume de Guienne. Il ne faut nulle permission pour cela, les chemins sont libres ; je mourrais content.
J’envoie ce paquet sous le couvert de M. le duc d’Aiguillon, ne sachant pas si vous avez vos ports francs pour les gros paquets qui ne viennent point de votre gouvernement. Vous ne m’avez jamais répondu sur cet article.
Daignez me conserver vos bontés ; elles sont la première des consolations d’un homme qui bientôt n’aura plus besoin d’aucune.
- ↑ Tome XXIX, page 149, etc.