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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8916

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 445-446).
8916. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
27 auguste.

Mon cher ange, les côtes de Malabar et de Coromandel, l’Indus et le Gange, la mauvaise tête et le triste cou du pauvre Lally, le procès pitoyable de M. de Morangiés, l’absurdité de M. Pigeon, mes craintes qu’il n’y ait quelques Pigeons dans le parlement, les embarras multipliés que me donne ma colonie, les cruautés de M. l’abbé Terray, ma détestable santé, etc., etc., etc., etc., tout cela m’a empêché de vous écrire. Je ne vous parle point des caprices du maître des jeux[1] : il y a de petites malices qui me confondent.

Je vous envoie par M. Sabatier, qui n’est point l’abbé Sabatier, la première partie des affaires des brachmanes et de Lally[2], en attendant la seconde, en attendant tout le reste.

Si vous voulez que, pour ranimer vos bontés, je vous parle de comédie, je vous dirai que j’ai vu trois comédiens auxquels il manque peu de chose pour devenir excellents ; mais les maîtres des jeux ne les prendront pas.

Adieu, mon cher ange ; croirait-on que, dans ma profonde retraite, je n’ai pas un seul moment à moi ? Mais vous savez, mes deux anges, si mon cœur est à vous.

  1. Le duc de Richelieu.
  2. La première partie des Fragments sur l’Inde, etc., contenant vingt chapitres.