Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 9005
J’ai fait ce que j’ai pu, mon cher confrère, pour établir ici avec sûreté pour vos horlogers la branche de commerce que vous m’aviez proposée. Cela n’est pas possible. Vous sentez que je ne veux pas et que je ne dois pas répondre de la bonne foi des correspondants. Ce pays-ci est sans commerce. Le pape paraît avoir envie d’y protéger les arts, et de suivre dans les choses essentielles les traces et les principes de Benoît XIV. Il ne saurait mieux faire pour sa gloire et la tranquillité publique. Il y a un siècle que je n’ai reçu de vos nouvelles. On m’a envoyé une épître au roi de la Chine, pleine de fautes, et où il y a des vers heureux ; un testament que vous n’avez écrit ni dicté, et quelques brochures. Le bon goût se perd ; vos écrits le soutiennent. Puissiez-vous le guider encore longtemps ! Vous aurez regretté le président Hénault. Sa maison manquera à Paris. Les gens aimables et sociables y deviendront toujours plus rares.
Adieu, mon cher confrère ; je vous aimerai toute ma vie, sans préjudice à l’admiration qui vous est due, et dont je fais profession.