Cour de ferme (Verhaeren)
Apparence
Œuvres de Émile Verhaeren, Mercure de France, , IX. Toute la Flandre, II. Les Villes à pignons. Les Plaines (p. 135-136).
COUR DE FERME
La neige a chu, myriadaire et successive,
Couvrant la grange vieille et le fournil branlant,
Et sur le pommeau noir de la pompe massive
Dans le chemin qu’il fraye
De la meule jusqu’à la haie,
Les clous que le valet planta dans ses souliers
Se comptent ;
Aucun oiseau n’affronte
L’air rugueux et meurtrier ;
Depuis deux jours entiers
La girouette maintient au Nord
La lance d’or
De son mobile cavalier ;
Alors,
Les bras chargés de seaux que sa marche balance,
La servante qui trait
Sort de l’étable et, lente, au long des murs s’avance,
Quand, tout à coup, un pan de neige épais
Tombe tout droit
Du toit