Cours d’agriculture (Rozier)/PIGEONS (Supplément)

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PIGEONS. Il n’est pas d’espèce d’oiseaux aussi généralement répandue, ni aussi multipliée que le pigeon ; il n’en existe pas non plus qui présente plus de variétés, soit dans l’arrangement et l’état lisse de leur plumage, soit dans les produits qu’on en retire. Plusieurs sont estimés à cause de leur volume ; d’autres se font admirer par la rapidité de leur vol, par l’élégance de leurs formes et par la vivacité de leurs couleurs ; il y en a enfin qui, par leur manège et les soins qu’ils prennent de leurs petits, inspirent le plus tendre intérêt. Toutes ces nuances ont leurs agrémens particuliers et plaisent tellement que des curieux ont fait, et font encore de l’éducation de ces animaux leur plus sérieuse occupation, leurs plus douces jouissances. Ils savent que tel jour, telle paire pond, telle autre couve et éclôt. Mais ne devant les considérer que sous les rapports d’utilité, nous nous bornerons à présenter ici quelques faits relatifs aux deux espèces les plus communes, savoir : les pigeons fuyards ou de colombiers, et les pigeons mondains ou de volière. Les vues que nous allons présenter ne seront qu’un supplément ou une confirmation des procédés que Rozier a donnés à l’article Pigeon.

Le pigeon fuyard est un oiseau à demi domestique, un esclave libre qui, pouvant nous quitter, est retenu par les avantages que nous lui offrons ; il vole en troupe avec les oiseaux de son espèce, et ne fait point société avec les autres oiseaux ; il erre à son gré dans la campagne, y cherche la nourriture qui lui convient, et, trouvant un gîte dans le bâtiment qui lui est préparé, il s’y établit avec sa femelle, pour y élever ensemble les petits qui résultent de leur union. (Voyez Colombier.)

Naturellement timides, les pigeons prennent l’épouvante au moindre bruit ; celui qu’occasionne le feuillage des grands arbres qui avoisinent les colombiers, suffit pour troubler leur tranquillité. Il faut donc, autant qu’il est possible, placer le colombier éloigné des passages trop fréquentés ou des grandes plantations, ne pas y entrer brusquement, sans avoir auparavant frappé deux ou trois coups à la porte, afin que les pigeons qui se trouveroient à l’entrée ou dans la partie inférieure ne prennent point d’effroi. C’est de toutes ces attentions, minutieuses en apparence, et principalement de la très-grande propreté qu’on entretient dans le colombier, que dépend souvent son succès. L’observation suivante servira à prouver la vérité de cette assertion.

Lorsque des propriétaires se déterminèrent à venir habiter leur domaine, qui avoit été entre les mains d’un fermier pendant un bail de neuf années, ils trouvèrent le colombier, qu’ils avoient laissé amplement garni, abandonné, sale et occupé par tous les ennemis des fugitifs : leur premier soin fut de faire blanchir le colombier en dehors et en dedans, de rétablir les dégradations de l’intérieur, de le nettoyer parfaitement et de le pourvoir d’eau en abondance, et de sel. Avec ces seules précautions, le colombier se repeupla comme par enchantement, au point que, quand ils quittèrent de nouveau leur domaine, il s’y trouvoit plus de cent cinquante paires de pigeons, auxquels on ne donnoit pourtant presqu’aucune nourriture. Trois années avoient suffi pour opérer ce changement, et attirer même les déserteurs des colombiers à une lieue à la ronde.

La nourriture la plus ordinaire des pigeons est la vesce, l’orge, et le sarrasin, les lentilles, les pois, les féveroles, le maïs hâtif, les criblures et quelquefois du chènevis pour les échauffer et les faire pondre ; mais c’est sur-tout la vesce qui paroît leur convenir davantage.

Lorsqu’ils ne peuvent aller aux champs chercher leur pitance, la vesce est pour eux une nourriture de prédilection. Il faut seulement prendre garde qu’elle ne soit trop nouvelle, et dans ce cas, il faudroit la donner avec beaucoup de réserve, principalement aux jeunes pigeons. On a aussi remarqué qu’une certaine quantité leur causoit de funestes dévoiemens, et qu’il est nécessaire de varier, autant qu’on le peut, toutes les graines qui leur conviennent, les mélanger même ; car l’usage continu d’une seule pourroit rendre le produit presque nul, sur-tout l’orge et le froment, et préjudiciel à la propagation et à la vigueur de ces oiseaux ; mais les pigeons fuyards vivent de toutes les espèces de semences légumineuses, cultivées ou non, et en général de presque tous les grains et des insectes que leur offrent les champs.

M. de Cossigny a remarqué, pendant plusieurs années, que les pigeons de l’intérieur de l’Ile-de-France mangeoient avec avidité des escargots très-petits, qui s’étoient multipliés si abondamment, qu’ils étoient épars sur le terrain, et que pendant tout le temps qu’ils s’en nourrissoient, ils étoient plus gras qu’à l’ordinaire, plus délicats, plus succulens, et multiplioient davantage ; ils avaloient entiers ces escargots qui étoient à peu près de la grosseur d’un grain de maïs.

Le lieu qu’il faut choisir de préférence pour jeter du grain aux pigeons, doit être près du colombier, uni et tenu proprement : on les y fait venir en les sifflant ; c’est le matin ou le soir qu’on leur donne à manger, et jamais à midi, parce qu’à cette heure ils sommeillent. Il ne faut pas non plus que ce soit toujours à la même heure, attendu que cette exactitude attireroit plus sûrement les pigeons parasites du voisinage, qui viendroient partager la ration.

Le temps de la ponte arrivé, le mâle choisit le boulin qui lui convient le mieux, ensuite il s’occupe avec sa femelle à rassembler quelques menues branches ou des brins de paille, pour en composer un nid plus ou moins travaillé, suivant les espèces. Le mâle a coutume de le garder le premier et d’inviter la femelle à s’y rendre ; il emploie pour appel un son plein, plus bas que le roucoulement ordinaire. À l’approche de sa compagne, il témoigne sa sensibilité par des battemens d’ailes, auxquels elle répond de la même manière, et le couple pressé sur le nid, semble jouir d’avance du plaisir de soigner les petits qui doivent naître.

La femelle garde le nid dans la journée, et y couche une ou deux nuits avant de pondre ; le premier œuf étant pondu, elle le tient chaud, sans néanmoins le couver assidûment ; elle ne commence à couver constamment qu’après la ponte du second œuf, de manière que pendant dix-sept ou dix-huit jours, la femelle reste dessus depuis trois heures après midi jusqu’au lendemain vers les onze heures, que le mâle prend sa place et couve les œufs avec la même assiduité ; il semble réunir le sentiment de la paternité à l’amour conjugal.

Quels que soient la qualité de la nourriture des pigeons et les soins qu’on leur, donne, il arrive souvent que les œufs sont clairs, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas fécondés ; quand on s’en apperçoit, il faut les ôter de dessous la couveuse, leur substituer, si l’on veut, ceux d’une autre paire dont on veut multiplier l’espèce, sans quoi le temps qu’ils emploîroient à couver ces mauvais œufs seroit entièrement perdu, tandis que ceux dont on a enlevé les œufs pondent au bout de huit à dix jours. —

Aussitôt que les pigeonneaux sont ressuyés, le père et la mère en prennent un égal soin, et ils les nourrissent tous deux d’alimens à demi-digérés comme de la bouillie ; le grain qu’ils leur dégorgent a subi, dans le jabot, un ramollissement, une macération, une digestion plus ou moins avancée ; c’est une sorte de pulpe, une véritable bouillie ; mais peu à peu ils leur donnent une nourriture plus solide ; c’est du grain qu’ils ont avalé plus promptement, qu’ils leur soufflent après l’avoir ramolli selon le degré de l’âge des pigeonneaux.

Dès que les pigeonneaux sont en état de voler, les père et mère les chassent du nid, et les obligent de pourvoir eux-mêmes à leur nourriture. Ils sont fort long-temps à apprendre à chercher, à ramasser eux-mêmes le grain, et suivent encore bien du temps le père et la mère après qu’ils sont en état de voler ; lors même qu’ils ont acquis tout leur développement, ils en reçoivent encore la nourriture ; il faut, pour leur en faire perdre l’habitude, que leurs parens soient occupés d’une nouvelle couvée.

Le pigeon ne paroît pas aussi dévastateur des champs, que beaucoup d’écrivains se le sont imaginé, et il a été bien calomnié. Ceux-qui ont eu l’occasion ou la patience d’étudier leurs mœurs, ont été bien étonnés de leurs habitudes, en lisant les cahiers de la plupart des villes qui demandoient la suppression des colombiers. Heureusement que l’Assemblée Constituante, plus sage que leurs demandes, a décrété que le droit exclusif des fuyes et colombiers est aboli, et que les pigeons seroient renfermés aux époques fixées par les commissaires. Durant ce temps, ils seront regardés comme gibier, et chacun aura le droit de les tuer sur son terrain. Comme cette loi, qui a été rendue depuis la publication du volume du Cours complet où il s’agit du colombier, ne peut pas remplir tous les intérêts qu’on a voulu concilier, j’ai cru devoir présenter les considérations qu’on va lire, et me borner à renvoyer au mot Volière tout ce qui est relatif aux pigeons mondains et aux variétés de cette race, qui ne diffèrent en rien des autres, quant à la nourriture, mais bien à l’égard des nuances de leurs couleurs, de leur volume, et sur-tout de leur fécondité ; car ils pondent presque tous les mois quand ils ne manquent pas de subsistance, tandis que les pigeons fuyards ne font que trois pontes par année.

Des pigeons considérés relativement à l’économie politique. Dans le nombre des auteurs qui ont écrit en faveur des colombiers, nous citerons avec reconnoissance M. Beffroy, ex-législateur, et M. Vitry, qui ont lu des mémoires fort intéressans sur cet objet à une des séances de la Société d’Agriculture du département de la Seine, dont ils sont membres. Ils nous ont permis d’en extraire ce qu’on va lire ; ce sont ces collègues estimables qui vont parler.

« On a plaidé souvent, dit M. Beffroy, dans les contrées agricoles, la cause des pigeons fuyards, accusés pour être les plus grands ennemis des cultivateurs ; on a démontré l’injustice de la proscription portée contre ces animaux, et la fausseté des motifs sur lesquels avoit été fondé l’arrêt de leur bannissement ; on a observé avec vérité, et en leur faveur, qu’ils n’étoient point pulvériseurs ; que ne grattant jamais la terre, ils ne pouvoient découvrir le grain. Extrêmement timide, le pigeon ne peut donc que suivre de loin le semeur, ou le moissonneur, et en escamoter quelques grains à la dérobée, avant que la herse les ait recouverts ; ou marcher à la suite des glaneurs, pour profiter des grains que la bâle desséchée et la secousse de la faucille auront détachés de l’épi. Cette espèce de picorée est, certes, très-innocente, et ne méritoit pas toute la sévérité dont on a usé envers une race précieuse d’oiseaux.

» À quelque époque de l’année que l’on ouvre un pigeon, soit au temps de la moisson, soit même à celui des semailles, on trouve toujours dans son estomac au moins huit fois autant de nourriture formée de la graine de plantes parasites, qu’on en trouve en graminées à l’usage de l’homme ; encore ce qu’on y rencontre, de cette espèce, est-il presque toujours de mauvais grain. On y trouve aussi une quantité assez forte de petits graviers ou de débris de pierres gypseuses, qui servoient sans doute de noyaux à des molécules de sel dont le pigeon est très-friand.

» On peut donc considérer cet oiseau comme le meilleur sarcleur et le plus utile que le laboureur puisse employer ; car ce ne sont pas les herbes qu’il enlève, comme la main de l’homme qui en laisse les racines ; c’est du principe de ces mauvaises herbes qu’il purge les terres, en ramassant les graines qui reviennent à leur surface pendant les différens labours, ou celles qui se sèment d’elles-mêmes dans les intervalles d’un labour à l’autre ; il sait en débarrasser la terre, mieux qu’on ne feroit avec un crible.

» Les services qu’il rend, à cet égard, sont tels, que dans le canton de Dizy, département de l’Aisne, portion de la Thiérarche où l’on a toujours récolté le blé le plus beau, le plus net et le meilleur, ou s’est promptement apperçu de la perte des pigeons ; les terres s’y couvroient d’herbes qui étouffoient les récoltes ; la paille y étoit mince et rare, le grain peu nourri ; il étoit difficile de le purifier assez pour qu’il pût présenter à l’œil cette netteté qui le faisoit rechercher de très-loin pour blé de semence. Les premiers cultivateurs l’avoient remarqué aussi : en prenant à cens les terres de la main des seigneurs, une des conventions étoit que le seigneur du territoire donné en champart bâtiroit un colombier. Cette convention fut remplie, parce qu’il falloit assurer les récoltes des censitaires, et, dans beaucoup d’endroits, les colombiers furent élevés à grands frais. On a encore remarqué que les pays les plus abondans en blé, tels que la Beauce, étoient ceux où les colombiers étoient en plus grand nombre.

» C’est encore à tort qu’on a accusé le pigeon de ravager les plantes alimentaires employées à la nourriture de l’homme. Sans doute, quand le laboureur paresseux tarde à recouvrir sa semence, le pigeon en profite, et en enlève une partie ; mais, en cela, il rend deux services, il mange le superflu de la semence, qui nuiroit à l’abondance des produits, car par-tout on sème trop ; il force le laboureur à une diligence toujours salutaire dans la saison des semences, où les variations continuelles ne permettent jamais de remettre au lendemain ce qu’on peut faire le même jour. Le pigeon, d’ailleurs, ne touche point aux grains qui ont été chaulés.

» Le pigeon, il est vrai, exerce quelquefois ses petites rapines dans les jardins et dans les chanvres ; le peu de terre dont on recouvre les pois et les chènevis, favorise le goût qu’il a pour ces graines ; mais il suffit, en attendant que la semence soit levée, ce qui est très-prompt, de faire garder le jardin, ou le champ, par un enfant, dont la présence est d’ailleurs indispensable pour se garantir des rapines beaucoup plus fortes des corbeaux, des geais et des moineaux.

» Le pigeon ne va point non plus, comme les moineaux, se percher sur les épis pour les éplucher et en arracher le grain ; seulement, lorsque des blés sont versés par les vents ou les orages, il s’aide de ses ailes pour en abattre la paille, et ramasse le grain qui en tombe ; mais cette circonstance, dont il profite, n’est que locale et accidentelle.

» En supprimant le privilège féodal des colombiers, on décréta que chaque particulier pouvoit avoir des pigeons, mais à la charge de les tenir enfermés pendant le temps qui seroit déterminé, chaque année, par la commune du lieu, et on accorda, en outre, à tout individu la faculté de les tuer sur sa propriété.

» De ces deux conditions, la dernière secondoit activement le germe de destruction que renfermoit la première ; aucune des considérations de raison et d’utilité publique, qui devoient faire préférer toute autre mesure à celle-ci, ne fut balancée ; tant il est vrai que les orages politiques sont doublement funestes, en ce qu’ils nécessitent beaucoup de lois, et qu’ils ne permettent pas de les bien faire !

» Le pigeon a un besoin indispensable d’un exercice fréquent et fort. Destiné par la nature à se nourrir d’alimens compactes, lourds et d’une digestion difficile, elle n’a pas seulement voulu que la force de ses ailes servît à le défendre contre ses nombreux ennemis, elle a voulu encore que leur mouvement contribuât à l’action de l’estomac sur les alimens.

» La chaleur dont le pigeon est pourvu attire sur lui une multitude d’insectes pernicieux qui le rongent, lorsqu’il est privé du grand air et de l’usage des bains : aussi l’expérience a prouvé que son amour pour la propreté n’est pas seulement de sa part un penchant à la volupté, mais réellement un besoin pour la conservation de sa santé.

» Il entre encore dans ses habitudes, dans ses goûts, de varier sa nourriture, de la composer en partie de petits cailloux, dont les uns se fondent dans leur estomac, parce que ce sont des combinaisons salines qui aident à la digestion, et les autres qu’il rend comme il les prend, semblent devoir faire, par leur pression sur les matières moins dures, l’effet que produiroient les dents, et remplacer la mastication.

» Il est vrai que le propriétaire d’un colombier peut, à force de soins, suppléer, en quelque sorte, pendant la réclusion des pigeons, aux moyens que la nature leur a donnés d’entretenir leur santé ; mais, malgré les soins les plus assidus, la nombreuse communauté, resserrée dans l’étroit espace d’un colombier, où l’air ne s’introduit que par de petites ouvertures, très-rares en proportion de son étendue, y entretient une chaleur surabondante ; les émanations et les évacuations animales s’y multiplient chaque jour davantage, l’air s’y corrompt promptement, et ne fait de la fuye qu’un cloaque impur, dont le méphitisme porte bientôt l’inflammation dans les intestins de ses malheureux habitans ; ils sont encore rongés par la vermine ; leur caractère, naturellement doux, s’aigrit, ils se déplaisent, et ne cessent de se chamailler et de se battre.

» Quand le temps prescrit pour la clôture est passé, ceux qui ont survécu sont si foibles qu’une grande partie devient la victime des oiseaux de proie ; le reste fatigué des dégoûts de la prison, la quitte, déserte la colonie et va se reléguer dans le haut des clochers, dans les charpentes et les murs élevés et crevassés des vieux bâtimens, où il est exposé à la rapacité de ses ennemis. »

Voici les observations de M. Vitry.

« Je vais démontrer par un calcul très-simple et bien clair, la perte que nous avons faite par la destruction ou la dépopulation des colombiers, et combien notre intérêt, celui de multiplier les subsistances, milite encore puissamment en faveur des pigeons de colombier, dont il n’existe plus un seul individu dans quelques départemens.

» Au moment de l’arrêt porté contre les pigeons fuyards, il y avoit quarante-deux mille communes en France ; il y avoit donc quarante-deux mille colombiers. Je sais que dans les villes il n’en existoit pas, et qu’on en voyoit peu dans les communes rurales des environs de Paris ; mais je sais aussi qu’on en trouvoit deux, trois et quelquefois plus dans un très-grand nombre de villages, et je pense être bien loin de toute exagération en comptant un colombier par commune.

» Il y avoit des colombiers où l’on comptoit trois cents paires de pigeons ; mais pour aller au devant de toute objection, je ne compterai que cent paires par colombier, et seulement deux pontes par an, laissant la troisième pour repeupler et remplacer les vides occasionnés par les événemens.

Or, cent paires par colombier donneront un total de quatre millions deux cent mille paires, et, chaque paire donnant seulement quatre pigeons par an, il en résulte seize millions huit cent mille pigeonneaux.

» Chaque pigeonneau, pris au nid à dix-huit ou vingt jours, plume et vidé, pèse quatre onces. Les quarante-deux mille colombiers fournissoient donc soixante millions huit cent mille onces d’une nourriture saine, et, en général, à un prix assez bas. On a vu le jeune pigeon ne se vendre couramment que quatre sous dans plusieurs départemens.

» Enfin, en divisant soixante-quatre millions huit cent mille onces par seize, pour connoître le nombre de livres de viande dont l’arrêt contre les pigeons nous a privés, on trouvera qu’à l’époque de leur proscription, les colombiers entroient pour quatre millions deux cent mille livres d’une chair salubre, sans aucun avantage pour l’agriculture, et même encore au détriment des agriculteurs.

» Il résulte un autre dommage de la suppression des colombiers, la perte de leur fiente, un des plus puissans engrais pour les terres qu’on destine à porter du chanvre, et qu’on a vu vendre, dans quelques départemens, au même prix que le blé. (Parm.)