Cours d’agriculture (Rozier)/ÉBOURGEONNEMENT, ÉBOURGEONNER

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 99-106).


ÉBOURGEONNEMENT, ÉBOURGEONNER. C’est retrancher les bourgeons superflus. Tout le monde ébourgeonne, & très-peu de personnes se doutent des principes sur lesquels cet art est fondé : chacun regarde sa méthode comme la meilleure, sans réfléchir ni même vouloir examiner s’il en existe de meilleure. Prévenu comme les autres, je me transportai à Montreuil, afin de juger, sur les lieux, si les merveilles qu’on racontoit de la taille & de la conduite des arbres, par ces jardiniers physiciens, méritoient les éloges qu’on leur donnoit. J’avoue de bonne foi, que ma surprise fut extrême, & je revins chez moi, en confessant que jusqu’alors je n’avois pas eu les premiers élémens de la taille des arbres. Je relus l’excellent ouvrage de M. l’abbé Roger de Schabol, & je fis autant de fois le voyage de Montreuil, qu’il se présentoit de nouvelles difficultés à mon esprit ; enfin, j’ai vu, étudié, réfléchi, examiné, & j’invite les amateurs en ce genre, d’imiter mon exemple, puisque c’est le seul moyen de s’instruire. Cette manière de tailler, &c. éprouve de grandes contradictions en province, parce qu’on ne fait pas assez les liaisons d’un principe à un autre ; on aime mieux laisser charpenter un arbre par un ignorant jardinier, & tous les huit ou dix ans replanter ses pêchers. Je dois ma conversion à M. Roger de Schabol ; il est donc naturel que L’écolier se taise lorsque le maître doit parler.

« Le but de l’ébourgeonnement est, 1°. de retrancher les rameaux superflus ; 2°. de maintenir entre les branches un équilibre exact ; 3°. d’assurer la fécondité de l’arbre, non-seulement pour l’année présente, mais encore pour celles qui doivent la suivre. »

« Les arbres, après avoir fait de rapides progrès, ont besoin d’être ébourgeonnés. Depuis le printemps leurs bourgeons, alongés & multipliés, forment un tissu difforme : les uns demandent qu’on leur assigne une place, en les étalant pompeusement sur la muraille ou sur le treillage ; les autres semblent s’attendre à être retranchés comme membres superflus, afin de donner à ceux-là plus de nourriture & de relief. »

« L’ébourgeonnement, j’ose le dire, est au-dessus de la taille pour l’importance ; il la dispose pour l’année suivante. On peut jusqu’à un certain point suppléer à une taille défectueuse, au lieu que rien ne peut réparer un ébourgeonnement vicieux ; de-là dépend la fécondité de l’arbre, comme sa santé & sa durée. Il est question ici de la saison de l’ébourgeonnement, & de la méthode qu’il faut suivre. »

« C’est en conséquence de l’empire absolu de l’art sur la nature, que les hommes se sont avisés de donner aux arbres en espalier cette forme & cette étendue, qui de chaque branche fait autant d’éventails, & que par le retranchement de celles de devant & de derrière, ils ont forcé la sève de se porter sur les côtés, afin de la rendre féconde en la gênant dans son cours. Le pêcher a plus besoin qu’un autre arbre d’être ébourgeonné ; il produit tous les ans une si grande quantité de bourgeons, qu’abandonnés à eux-mêmes, ils n’offriroient à la vue qu’un objet informe, & que, devenant le jouet des vents, ils seroient immanquablement brisés ; le fruit, outre qu’il profiteroit moins, acquerroit aussi moins de saveur. »

« L’exactitude de l’ébourgeonnement est moins essentielle dans les autres arbres, parce que le touffu de leurs feuilles, qui sont d’ordinaire plus larges & plus serrées que celles du pêcher, en cache la difformité ; & de plus, le préjudice qu’on peut leur faire, en les dégarnissant en quelques endroits, est réparable par ces branches que j’appelle adventices (voyez ce mot) qui percent à travers la peau. »

« L’art de l’ébourgeonnement n’est autre chose que la suppression sage & raisonnée des rameaux superflus, que le choix judicieux de ceux qu’il faut palisser, que ce goût & cette intelligence pour n’en conserver qu’une quantité suffisante. Il se répète autant de fois que les bourgeons, en s’allongeant & se multipliant, donnent lieu à le renouveler. Le point essentiel est de fuir également la confusion & le vide. Pour éviter celui-ci, il faut toujours tirer du plein au vide, mais sans forcer, sans croiser, sans causer aucune difformité. On évite la confusion, en laissant entre les bourgeons un espace suffisant pour qu’ils ne se touchent point, & que leurs feuilles ne jaunissent ni ne tombent. »

« L’époque de l’ébourgeonnement n’est pas plus fixe que celle de la taille. On doit se régler sur la saison, l’âge, la vigueur des arbres, le climat, les expositions différentes, & les circonstances particulières de l’abondance ou de la disette des fruits. »

« Les Montreuillois le diffèrent jusqu’à la mi-mai, ou dans le mois de juin, lorsque les bourgeons de leurs arbres ont un pied ou quinze pouces de long. C’est moins la propreté & la régularité que le besoin des arbres qui les guide. Voici leurs principales raisons. 1°. En ébourgeonnant de bonne heure, on met le fruit au grand air ; comme en avril & au commencement de mai, il est encore fort tendre, il est en danger d’être frappé du soleil & de tomber. 2°. En retardant & laissant alonger les bourgeons, ne supprimant que tard les surnuméraires, les arbres ne s’épuisent point à en repousser de nouveau. 3 °. La gomme est plus à portée de fluer au mois d’avril que lorsque l’écorce est plus formée. 4°. À peine les arbres commencent-ils à se remettre des fatigues qu’ils ont essuyées par les tailles faites à leurs rameaux, à peine les cicatrices commencent-elles à se recouvrir, qu’on leur en fait de nouvelles. 5°. Tant que le fruit est à couvert sous cette espèce de forêt hérissée de bourgeons, il jouit d’une fraîcheur qui contribue beaucoup à son accroissement ; les bourgeons d’ailleurs, se trouvant à l’aise, poussent & s’allongent ; leurs yeux, leurs boutons, pour l’année suivante, se forment & se façonnent. Tous ces avantages disparoissent dans l’ébourgeonnement précipité : ce qui vient d’être dit, est relatif au climat de Paris, & attendre jusqu’au mois de juin seroit trop tard pour les provinces méridionales : le climat dicte le temps de l’ébourgeonnement. »

« Doit-on ébourgeonner par provision, & remettre à palisser (voyez ce mot) à un autre temps ? Cette façon de travailler a des suites fâcheuses. 1°. Les fruits dénués de l’appui des bourgeons qu’on leur a ôtés, sont abattus par les vents. 2°. Les feuilles des bourgeons du bas, après avoir jauni, tombent & font porter les yeux pour l’année suivante. 3°. De nouvelles occupations font oublier le palissage. 4°. En ébourgeonnant, à vue de pays, on court risque de supprimer certains bourgeons mieux placés que ceux que l’on conserve, ou d’épargner ceux qu’il faudroit jeter à bas : il peut arriver aussi qu’on ne trouve pas son compte dans le nombre des branches qu’on a laissées comme suffisantes. 5°. Ces mêmes branches non palissées, venant à être cassées par les vents, opèrent encore des vides. En palissant, au contraire, à mesure qu’on ébourgeonne, on prévient tous ces inconvéniens. »

« Beaucoup de jardiniers n’envisageant que la régularité & l’uniformité, commencent à palisser par un bout de l’espalier, & finissent par l’autre. Je crois que les arbres exposés sur la hauteur à la fureur des vents, ceux qui ont le plus poussé, qui portent des fruits plus hâtifs & plus nombreux, ont droit d’être travaillés les premiers, ensuite les plus foibles, puis les vieillards & les infirmes. Parmi les expositions, celle du midi exige toujours la préférence. Je ne dis point qu’un arbre vigoureux doit être moins ébourgeonné qu’un foible qui, n’étant pas soulagé, feroit seulement des pousses chétives. »

« On ne perdra point de vue la nourriture actuelle du fruit, & la provision pour la récolte suivante ; on pourroit ajouter une troisième considération, qui est la grâce & la régularité de l’arbre. Il faut être bon économe, & se ménager successivement des fruits chaque année. On excelle en cela à Montreuil ; tous les ans leurs arbres en donnent, au lieu que dans nos jardins, on en a abondamment dans une année, & peu ou point les suivantes. On laisse, à cette fin, moins de bourgeons à un arbre bien chargé de fruits qu’à un qui l’est moins, afin que le premier puisse les nourrir. On réserve ensuite des bourgeons de bois bien franc, de distance en distance, soit pour regarnir, soit pour remplacer, l’année suivante, ceux qui seront épuisés ou retranchés. »

« En ébourgeonnant les arbres de deux ou trois ans, leur disposition & la distribution de leurs branches doivent être consultées. Ce moment décide de leur sort avec la taille de l’année suivante ; mais je donne, en général, beaucoup de charge à des arbres, quoique jeunes, quand ils sont extrêmement vifs. Mon but est de leur procurer un plus prompt avancement, & de conserver, dans leur totalité, une plus ample circulation de sève. »

« Rien de plus à éviter, dans le jardinage, que la pratique de pincer (voyez ce mot) de raccourcir & d’arrêter les bourgeons. Toutes ces mutilations sont la cause du dépérissement des arbres. La prétendue régularité qu’on leur attribue, disparoît trois semaines après, par un nombre infini de faux bourgeons, d’autant plus assidus à pousser qu’on est plus obstiné à les retrancher. »

« Pour l’ébourgeonnement, il ne faut se servir que de la demi-serpette. (Voyez ce mot) Quand on sait travailler, on fait avec elle autant de diligence qu’en cassant ; mais il faut couper, avec la pointe de l’outil, tout près de l’écorce, les branches surnuméraires & les faux bourgeons : si ces derniers naissent à côté d’un œil, on les retranchera à une ligne au-dessus, de peur de l’endommager. Lorsque vers le mois de septembre la sève commence à s’amortir, & qu’on n’a plus à craindre la gomme & l’avortement des yeux, près desquels on éclatte de petits bourgeons tardifs, on peut, sans conséquence, casser quelquefois ; mais hors de ce cas il n’est pas permis de pincer par les bouts. »

« À l’égard des gourmands, (voyez ce mot) on doit, 1°. les conserver tant qu’on peut, proportionnément à la force de l’arbre ; 2°. ne les abattre que dans le cas de nécessité ; 3°. les palisser de toute leur longueur avec leurs bourgeons bilatéraux, en ôtant ceux de devant & derrière ;. 4°. palisser aussi sans rogner ni pincer les bourgeons qui croisent de droite à gauche, des yeux d’en haut de ces gourmands. 5°. Au cas qu’il n’y eût point de place pour les étendre sur le mur, les supprimer en les coupant à une ligne près de chaque œil, le plus tard qu’il se peut, afin d’éviter la pousse de nouveaux bourgeons ; si l’arbre n’avoit point d’autres branches que les chiffonnes, & de faux bois, & que sa jeunesse pût faire présumer son rétablissement, on palisserait de toute leur longueur ces branches foibles, mais en petit nombre. L’arbre seroit alors en état de les nourrir, & à la taille on les couperoit fort court, jusqu’à ce qu’il se remît ; s’il n’y a pas lieu d’espérer du succès, il faut lui chercher un successeur. »

« Quatre sortes d’arbres se présentent actuellement pour être ébourgeonnés : les uns sont nouvellement plantés, ou le sont depuis trois ou quatre années ; les autres, qui ont huit à dix ans, composent la classe des jeunes ; ceux d’un âge formé, & dont l’embonpoint est aussi parfait que l’étendue est vaste, viennent ensuite ; les vieillards se présentent enfin au dernier rang. »

« Parmi ces différentes sortes d’arbres, je distingue ceux qui sont extrêmement vigoureux, de ceux qui sont plus sages & plus reservés ; ceux qui sont malades depuis long-temps, de ceux dont les maladies sont passagères. Les uns ont été bien conduits, & les autres l’ont été fort mal. Quantité de gourmands, & de branches, tant fécondes que stériles, se remarquent à tous ; enfin, la plupart, pour avoir été plantés trop près, se touchent, & leurs rameaux alongés s’entrelacent : il s’agit de prescrire des règles pour ces différentes classes. »

« Une des plus essentielles, est de considérer la nature des bourgeons qui ne doivent pas indiscrètement être jetés à bas. Comme le pêcher est le plus difficile à ébourgeonner, je le prends pour exemple. Ses fruits, au premier palissage surtout, n’étant pas fort gros, & étant cachés sous les feuilles, tombent aisément, si on n’a soin de tâter les branches qu’on veut ébourgeonner, afin d’épargner tous les bourgeons chargés de pêches. Il faut, en outre, avant d’en jeter aucun en bas, le présenter en place ; on connoîtra par-là s’il est dans son ordre naturel, s’il ne forcera pas ou s’il n’éclatera point du bas. »

« J’ajoute qu’il est de conséquence dans cette opération, de conserver soigneusement les feuilles destinées à préserver les fruits des rayons brûlans du soleil, mais aussi toutes les autres, quelque part qu’elles soient. Les feuilles élaborent la sève. (Voyez le mot Feuilles) »

« Deux sortes de branches doivent être supprimées dans les arbres, lors de l’ébourgeonnement ; d’abord celles qui sont irrégulières, infécondes, tortues, chancreuses, gommeuses, contre l’ordre de la nature, mortes ou mourantes, & on ne doit tirer que sur les bonnes ; ensuite les bourgeons surnuméraires, quoique branches fructueuses pour l’année suivante, & les gourmands inutiles. Après avoir fait choix de ceux qui sont le mieux placés, on en supprimera un entre deux, ou même deux de suite, suivant que la muraille est plus ou moins garnie. »

» Les mêmes règles doivent s’observer à l’égard des arbres en contre-espalier & en éventail, avec cette différence que les premiers étant moins gênés que ceux d’espalier, on peut leur laisser plus de bourgeons, & que les seconds qui présentent un double parement, demandent à être ébourgeonnés par-devant comme par derrière. Les buissons qu’on évide en seront dédommagés par la quantité des bourgeons bien placés au pourtour qu’on leur laissera. Il faut plus d’intelligence pour les ébourgeonner à propos, que les autres arbres. On coupera à ceux en plein-vent tous les bourgeons maigres qui poussent par pelotons, & on n’en laissera qu’un ou deux bien placés. On leur retranchera les pousses qui croissent & s’entrelacent, & certains gourmands qui emporteroient tout l’arbre, en appauvrissant leurs voisins. Élaguer peu à peu les bourgeons du haut de la tige, pour ne laisser que ceux qui doivent fournir une belle tête, est le moyen de n’avoir que des arbres chargés de fruits nombreux, gros & exquis, & qui présentent un coup d’œil charmant. »

« Un point capital de l’ébourgeonnement, relativement aux arbres en espalier, est de ne jamais abattre le bourgeon qui termine la branche, à moins qu’il ne fût manqué, & que celui de dessous ne fût meilleur. À la taille on rapproche, on resserre, on concentre ; à l’ébourgeonnement on ne peut donner trop d’extension aux arbres, quand ils poussent vigoureusement, & que tous les milieux sont garnis. Il se rencontre souvent de grosses branches de vieux bois, mortes depuis la taille du printemps, & qu’on ne sait si on doit abattre ou laisser. Je pense que de fortes incisions faites aux arbres en juin & en juillet, leur sont très-préjudiciables, & qu’elles doivent être remises à l’année prochaine ; néanmoins on peut diminuer la difformité, en palissant dessus ou à côté des bourgeons voisins. »

« Rien de plus ordinaire aux gourmands, que de produire à leur extrémité deux ou trois branches : on ne laissera que celle qui sera le plus avantageusement placée, & on coupera les deux autres. À l’égard des bourgeons que la nature place uniformément dans tous les arbres, pour servir de mères nourrices aux fruits, loin de les supprimer ou de les couper à deux ou trois yeux, un bon ouvrier les coulera le long d’une branche de vieux bois, ou les retournera en anse de panier sur le devant ou sur un côté. Cette difformité est passagère, elle disparoît lorsque le fruit est mûr, ou à la taille suivante. Les bourgeons que la gomme aura pris, seront raccourcis à un œil au-dessus du mal, afin qu’ils en poussent de nouveaux. »

« Point d’arbres ni d’arbustes qu’on ne puisse ébourgeonner, si on veut qu’ils prennent une figure régulière. Les cerisier, guigniers, bigarreautiers, par exemple, tant en espaliers qu’en contre-espaliers, ressemblent, sans l’ébourgeonnement, à des hérissons. Comme ils poussent différemment qu’un pêcher & qu’un pommier, ils doivent aussi être ébourgeonnés d’une autre manière. Ils n’exigent pas non-plus la même précision ni la même correction. Leurs boutons toujours gros & nourris, parce que leurs fruits sont par paquets, sortant du même œil, & qu’ils sont abondans en sève, ont besoin d’un plus grand nombre de branches, pour servir de réservoir & de mères-nourrices : ils poussent moins de branches à bois seulement, que de branches à fruit. »

« Le cerisier fait aussi éclore sur le vieux bois quantité de brindilles en devant, (voyez ce mot) qui sont précieuses, & des branches fortes souvent aplaties, avec des côtes cannelées, qui prennent beaucoup de sève ; on ne conservera celles-ci qu’autant qu’elles seront en nombre égal de chaque côté. La figure qu’il doit avoir, est celle d’un éventail régulier. Jamais ses branches perpendiculaires ou demi-perpendiculaires ne s’approprient toute la sève comme celle du pêcher. S’il s’emporte du haut, quoiqu’il se dégarnisse rarement par le bas, rapproché à la taille, il pousse assez aisément. La façon de le travailler à l’ébourgeonnement, est de lui ôter les rameaux trop nombreux, de laisser tous ceux qu’on peut palisser, quand même ils seroient trop drus, de conserver les lambourdes de côté, (voyez ce mot) & celles qui sont droites & courtes en-devant. Ces dernières donnent les plus beaux fruits & les plus abondans. On les retranche ensuite, lorsque de nouvelles lambourdes les remplacent. »

« Un cerisier en espalier au levant, bien dressé, ébourgeonné à propos, & palissé suivant les règles, forme un riche coup d’œil, sur-tout lorsque, paré de ses fruits, il étale ses rameaux souples, dont le feuillage d’un vert brun & obscur, contraste avec le bel incarnat de ses fruits, qui pendent négligemment au bout d’une queue alongée. »

« L’ébourgeonnement, fait de la manière indiquée, influe tellement sur la suite de l’ouvrage, qu’on est sur de ne pas s’y reprendre à plusieurs fois ; on n’a plus qu’une simple recherche à faire de temps en temps : les arbres ayant eu le loisir de jeter leur feu, deviennent plus sages, sans être épuisés, altérés ni fatigués. » C’est ainsi que M. de Schabol s’explique & parle en maître de l’art. Que de préceptes & d’exemples instructifs pour ceux qui se livrent à la taille des arbres, & en particulier pour ceux qui n’ont jamais été à même d’examiner sur les lieux, les arbres conduits par les Montreuillois !


Ébourgeonnement de la Vigne. Cette opération est inconnue en général dans nos provinces, où on la cultive à la charrue. Je conviens qu’elle est moins essentielle que par-tout ailleurs, parce que le climat lui est très-favorable : cependant, pourquoi laisser épuiser le cep à produire du bois inutile ? Dans les provinces, au contraire, où l’on nourrit beaucoup de chèvres & de vaches à l’écurie, le paysan ébourgeonne trop sévèrement ; il est aisé d’en sentir les raisons : non-seulement il détruit les sarmens inutiles, mais encore raccourcit les sarmens chargés de fruits, ce qui les oblige à pousser de nouveaux bourgeons sur es côtes, qui épuisent la vigne, & nuisent à son fruit. On ne doit point bourgeonner avant que le raisin soit formé. Au mot Vigne, nous traiterons plus particulièrement de cet article.