Cours d’agriculture (Rozier)/AVILIR

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AVILIR, (Hygiène vétérinaire.) L’habitude de traiter les chevaux avec brutalité, au lieu de les corriger seulement quand ils font des fautes, leur fait contracter des caprices, les rend méchans et vindicatifs.

Si à cette contrariété morale, en quelque sorte, on joint l’épuisement du physique, on éteint toutes les facultés, ou avilit les animaux ; on les amène à une insensibilité telle, qu’on n’en peut quelquefois rien obtenir, même à force de coups.

Il est des chevaux qui n’obéissent pas, qui se défendent par défaut de forces : si on les presse par des saccades du mors, par des coups de fouet ou d’éperon, on ruine leurs jarrets ou leurs reins ; on détruit en eux toute aptitude au service proportionné et soutenu qu’on auroit pu leur demander ; on anéantit tout moyen de rapport ou de réciprocité entre le conducteur et l’animal : en général, on détruit toute bonté, toute beauté, toute élégance. Tel cheval se couche sous un fardeau modéré, tel autre refuse entièrement de donner dans le collier, parce qu’on les a forcés à employer en vain toute leur énergie pour transporter une charge au dessus de leurs forces.

Il en est de même de ceux qui souffrent dans quelques parties, par exemple, au poitrail, à quelque articulation des membres, dans les pieds. Les mouvemens, les coups de forces, joints au fardeau, rendent la douleur plus violente. Un instant de patience pour observer la nature et le lieu des obstacles, un peu de discernement pour ne pas demander aux animaux plus qu’ils ne peuvent, de la douceur, des ménagemens, conserveront le caractère des beaux chevaux, et serviront encore à faire tirer tout le parti possible de ceux qui sont souffrans, foibles, ou vieux. Voyez Accoutumer. (Ch. et FR.)