Cours d’agriculture (Rozier)/BOULE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 405-406).


BOULE. Arbre taillé en boule. On le dispose communément ainsi dans les grandes plattes-bandes des jardins, dans les petites avenues. Il faut planter le tronc gros, & de la hauteur qu’on desire, couper toutes les têtes à la même hauteur. Ces arbres profitent peu, poussent peu de racines, parce que les racines sont toujours proportionnées au volume des branches. Ce qui empêche ces arbres de prospérer, est la mutilation presque continuelle de leurs jets, mutilation qui a lieu néanmoins deux fois l’année, de manière que l’arbre ne produit que des branches chiffonnes, des feuilles étroites ; c’est l’arbre esclave dans tous les points.


Boule de Mars, ou de Nancy. Comme sa préparation est simple, & que le composé est fort utile dans les campagnes, nous allons décrire la manière de la préparer. Prenez de la limaille de fer tamisée, demi-livre ; crême de tartre pulvérisée & tamisée, une livre. Mêlez exactement dans un mortier de fer avec suffisante quantité de bonne eau-de-vie, pour en former une pâte molle, que vous laisserez dessécher à l’air libre. Broyez de nouveau avec de l’eau-de-vie, la masse desséchée ; laissez encore dessécher le mélange à l’air libre ; réitérez le même procédé, jusqu’à ce que le mélange paroisse égal, sans grumeaux & composé de particules presqu’imperceptibles ; enfin, réduisez-la avec de l’eau-de-vie, en une pâte assez ferme pour en faire des boules de la grosseur d’une noix, en roulant chaque portion dans les mains humectées d’eau-de-vie. Exposez-les à l’action de l’air libre ; & étant séchées, vous aurez les boules de Mars.

La boule de Mars, en solution dans l’eau, convient dans les pâles couleurs, la suspension du flux menstruel par l’impression d’un corps froid, avec foiblesse de forces vitales & musculaires ; dans les fleurs blanches accompagnées de foiblesse, principalement lorsque les autres préparations ferrugineuses n’ont produit aucun effet sensible. Pour ces espèces de maladies, il est essentiel de l’associer avec l’infusion d’une plante fortifiante-amère, ou fortifiante-aromatique. Extérieurement en solution avec de l’eau-de-vie, elle est indiquée dans les vives contusions lorsqu’elles sont récentes, & sur les environs d’une plaie nouvelle, accompagnée de violentes contusions. Mise sur les plaies récentes & profondes, & sur les ulcères, elle s’oppose à la consolidation des premières, & à la cicatrice des seconds.

La dose de la boule de Mars, pour l’intérieur, est depuis dix grains jusqu’à une drachme, en solution dans six onces de véhicule aqueux ou vineux : pour l’extérieur, depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, en solution dans deux livres d’eau-de-vie. M. Nicolas, apothicaire à Nanci, compose les boules les plus renommées.