Cours d’agriculture (Rozier)/HERBE AUX CUILLERS ou COCHLEARIA

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 453-454).


Herbe aux Cuillers ou Cochlearia. (Voyez Planche XVII, page 433.) Tournefort la place dans la seconde section de la cinquième classe, qui comprend les herbes à fleur en croix ; dont le pistil devient un fruit divisé transversalement en deux loges, & il l’appelle cochlearia folio subrotundo. Von-Linné la nomme cochlearia officinalis, & la classe dans la tétradynamie siliculeuse.

Fleur. Les quatre pétales, le pistil & les étamines sont vus de face en B, de profil en C avec le calice. Les pétales sont plus grands que le calice & les onglets plus courts.

Fruit. D, représenté coupé transversalement en E ; la cloison ou membrane à laquelle s’attachent les graines F, & les graines G.

Feuilles. Celles qui partent des racines sont arrondies en forme de cœur, épaisses, pleines de suc, luisantes, portées par de longs pétioles ; celles des tiges leur sont adhérentes & oblongues.

Racine A, droite, en forme de navet, chevelue.

Port. Les feuilles qui partent des racines sont disposées en rond & couchées sur la terre, du milieu desquelles s’élèvent plusieurs tiges. Les fleurs naissent au sommet en petits bouquets ronds, sans nul support.

Lieu, les sols humides, les Pyrénées, près de Barèges, les bords de la mer ; cultivé dans les jardins, fleurit en mai & en juin ; la plante est vivace.

Propriétés. D’une saveur âcre, d’une odeur piquante lorsqu’on la froisse. L’herbe & la semence sont diurétiques par excellence, détersives, incisives, préférables à tous les antiscorbutiques pour le scorbut de mer & dans l’asthme pituites.

Usages. On distille les feuilles ; l’eau qu’on en retire n’a pas plus de propriétés que celle des rivières. Avec son suc on en prépare un sirop. Il vaut autant unir du sucre à ce suc. L’herbe macérée dans du vin ou avec de l’esprit ardent, & le tout distillé ensuite, irrite puissamment le genre nerveux, raffermit les gencives des scorbutiques, déterge les aphtes scorbutiques. L’usage de cette plante est pernicieux à ceux qui ont des plénitudes de sang, des palpitations & des superpurgations, à moins qu’on ne l’unisse avec l’oseille de jardin ou sauvage, le bécabunga & autres plantes analogues.