Cours d’agriculture (Rozier)/POU

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Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 258-259).


POU. Insecte ovipare & sans ailes, qui vit sur le corps de l’homme, sur celui des quadrupèdes, des oiseaux & des poissons. (Voyez Pédiculaire)


POU. Médecine vétérinaire. Rien de plus varié que les espèces de poux dont le bétail est tourmenté ; les poux du cheval diffèrent ordinairement de ceux du bœuf ; la brebis en a de deux espèces ; les uns gros & fort adhérens à la peau ; les autres petits, rougeâtres & plus multipliés ; la chèvre & le porc ont aussi chacun leur espèce de pou.

Ces insectes établissent leur demeure entre les poils qui couvrent les tégumens du bœuf, de la brebis, &c. Ils excitent une démangeaison qui oblige l’animal de se frotter ; souvent les poils tombent dans les endroits où ces insectes se multiplient le plus, comme dans la crinière & la queue du cheval, dans le toupet & le col du bœuf ; & par tout le corps de la brebis. Il n’est pas rare de voir la gale, les dartres & les ulcères superficiels naître de telles morsures, sur-tout quand elles sont nombreuses & répétées depuis long-temps. La multitude des poux produit encore la maigreur, la foiblesse des organes musculaires, & la diminution de l’appétit.

La malpropreté des écuries, la poussière retenue trop long-temps entre les poils, le défaut d’étriller le bœuf & le cheval, le long séjour dans les écuries, la mauvaise nourriture, le contact immédiat d’un animal affecté de poux, favorisent ordinairement la naissance & la multiplication de ces insectes ; l’âne, la chèvre & le porc y sont plus exposés que le cheval, le bœuf & la brebis.

Traitement. Avant que d’entreprendre la cure des animaux attaqués de poux, séparez-les des animaux sains ; mettez-les dans une écurie que vous aurez soin de tenir exactement propre ; donnez-leur pour nourriture de la paille & du son, à laquelle vous mêlerez de la fleur de soufre à la dose de deux onces pour le cheval, le bœuf, & à proportion pour la brebis ; ensuite parfumez deux fois par jour l’écurie avec quatre parties d’encens & une partie de cinabre, lavez les parties du>corps où les poux se sont assemblés, avec une forte infusion de feuilles de tabac & de staphisaigre.

Si les parfums du cinabre & les lotions n’ont pas entièrement détruit les poux, employez pour le bœuf & le cheval l’onguent mercuriel en friction, & pour la brebis, une forte infusion de coloquinte ou de feuilles de tabac, tenant en solution quelques grains de sublimé corrosif, que vous verserez sur le dos de l’animal couvert de laine. Faites trois ou quatre frictions au bœuf & au cheval sur les parties affectées ; vous laverez l’endroit couvert d’onguent mercuriel avec une forte infusion de feuilles de tabac dans de l’eau de vie ; vous laisserez deux jours d’intervalle entre chaque friction.

Il faut que cet onguent soit composé de trois parties de graisse & d’une partie de mercure, s’il étoit fait avec parties égales de mercure & de graisse, il seroit capable d’exciter la salivation. Vous visiterez tous les jours la bouche & les glandes lymphatiques de la mâchoire ; supposé que la bouche fut enflammée & les glandes engorgées, que l’animal salivât, que la déglutition fût interrompue, mettez, tout de suite en usage les moyens indiques à l’article Gales des animaux domestiques. Tome V.

N’oubliez pas d’étriller deux fois par jour le bœuf & le cheval dans un endroit éloigné de l’écurie avant que de les envoyer dans des pâturages fertiles en plantes aromatiques ; faites parquer les brebis malades seules, dans un endroit sec & abondant en plantes de même nature.

La chèvre & le porc éprouvent les effets des remèdes ci-dessus indiqués, quoique confinés pour l’ordinaire dans des écuries exactement fermées & malpropres, où ils sont abandonnés à la fureur de ces insectes ; il est prouvé néanmoins, qu’ils ne leur portent pas autant de préjudice qu’aux autres animaux. M. T.