Cours d’agriculture (Rozier)/RÉPARATION

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 586-587).


RÉPARATION. Ouvrage qu’on fait ou qu’il faut réparer. Il est facile de juger au premier coup-d’œil, & un domaine appartient à un homme vigilant, & qui entend ses intérêts, ou à un maître insouciant. Ici, je vois qu’à la première gouttière le maçon est sur les toits ; que si du mortier ou une pierre se détachent, ils sont aussitôt remis en place ; que si la pluie, ou de grosses eaux ont creusé un petit ravin, il ne tarde pas à être comblé, &c. Tout annonce l’œil & la présence du maître. Oh combien le tableau change de l’autre côté ! c’est un pan de mur qui tombe, ce sont des poutres en l’air, ou mal soutenues, des champs creusés, & dont toute la terre végétale est entraînée, & qui seront bientôt changés en vallons ; en un mot, on ne voit que dégradations. Mais comme dans cet état les dépenses que les réparations exigent, seroient très-considérables, on laisse tout dépérir, & l’on est forcé de vendre à un prix très-modique, un domaine autrefois excellent. Il ne faut pas des siècles pour produire ces désastres ; c’est tout au plus l’affaire de huit à dix ans.

Rien ne vieillit sous un maître vigilant, rien ne devient caduc ; il sait que la dépense d’un petit écu, faite dans le principe, lui économisera celle de 300 liv. deux ou trois ans après, & quelquefois davantage ; mais tout homme qui s’en rapportera à son fermier, à son maître valet, à son homme d’affaires, sera trompé. Le premier ne lui proposera des réparations que dans les parties où il souffre ; le second est à peu près indifférent sur tout, parce que de quelque manière que les choses aillent, il est payé ; le troisième répond de mìnimis non curat prœtor ; plus les réparations seront considérables, & plus il gagnera. Il n’est pour voir que l’œil du maître, ai-je souvent répété après le bon La Fontaine, & j’ajoute, pour faire exécuter il faut sa présence. Aucune réparation qui concerne la maçonnerie, les toitures, les planchers, ne doit être remise à un temps éloigné, & bien moins encore toutes celles qui ont pour objet d’arrêter les progrès des eaux.