Cours d’agriculture (Rozier)/REINS

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Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 566-569).

REINS (les), Médecine Rurale, sont au nombre de deux. Blasius dit avoir vu un sujet qui en avoit trois, savoir deux du côté gauche, & un du côté droit, & chacun avoit son uretère particulier.

Winslou les définit deux corps glanduleux, d’une consistance ferme & d’une couleur rouge-brun, placés dans la partie postérieure de la cavité du bas-ventre, dans les régions lombaires, hors du sac du péritoine & dans son tissu cellulaire, entre la dernière des fausses côtes & l’os des iles, l’un à droite & l’autre à gauche. Le rein droit est sous le gros lobe du foie, & par conséquent plus bas que le rein gauche qui est sous la rate.

Ils ressemblent assez par leur figure à une grosse fève de haricot. Ils ont chacun environ cinq à six doigts de longueur, trois de largeur, & un & demi d’épaisseur ; leur circonférence est convexe d’un côté & concave de l’autre. On distingue encore dans les reins trois sortes de substances ; la première est appelée corticale, la seconde, tubuleuse, & la troisième, mamelonnée. C’est dans ces trois substances des reins que l’urine se sépare du sang ; & ce n’est pas sans raison qu’on regarde les reins comme les émonctoires & les égouts du corps humain, Sennac nous apprend que le sang poussé dans les artères qui se distribuent aux reins, connues sous le nom d’artères rénales ou émulgentes, dilate les ramifications qui se répandent dans leur substance. Ces ramifications dilatées pressent le sang qu’elles contiennent, & le poussent vers les tuyaux qu’elles envoyent aux organes sécrétoires.

Mais comme les canaux qui filtrent l’urine & la déposent dans ces organes, sont plus étroits que les extrémités des artères sanguines, ils ne pourront pas recevoir la partie rouge ni la lymphe grossière ; mais la partie aqueuse y entrera ; la partie huileuse atténuée sortira par ces tuyaux, & conséquemment l’urine aura une couleur jaunâtre ; & comme les tuyaux sécrétoires des reins sont plus gros que ceux des autres couloirs, les matières terrestres & salines pourront y passer. C’est ce qui est prouvé par le sédiment qui se dépose au fond des vaisseaux où l’on met l’urine.

La sécrétion de l’urine est souvent dérangée, quelquefois même interrompue par des graviers ou des pierres qui se trouvent dans la substance des reins, & qui déterminent ou l’inflammation de ces deux viscères, ou une affection très-douloureuse, connue sous le nom de colique néphrétique.

Ceux qui sont atteints de cette dernière maladie, ressentent dans la région hypogastrique, dans l’endroit même ou le rein se trouve situé, une douleur vive, presque toujours accompagnée d’un état fébrile, & d’un sentiment de stupeur dans la cuisse du même côté. Cette douleur revient périodiquement, & devient de plus en plus rebelle & opiniâtre ; elle s’étend sur tout le trajet de l’uretère, de telle sorte que le testicule remonte vers le bas-ventre, & que l’urine que les malades rendent est par fois sanglante, par fois écumeuse, & très-souvent graveleuse.

La pierre & le gravier ne sont pas toujours les seules causes qui peuvent donner naissance à la colique néphrétique ; elle est souvent occasionnée par un amas de glaires dans le rein, par des coups violens, & par de fortes contusions ; elle dépend quelquefois d’un régime de vie échauffant, de l’abus des boissons fortes & spiritueuses, d’un exercice violent, d’un sommeil trop long, d’une vie trop oisive & trop sédentaire, de l’usage des viandes trop abondantes en suc nourricier & des vins tartreux, des efforts involontaires, d’une affection spasmodique dans les vaisseaux urinaires, & généralement de tout ce qui peut enflammer le sang.

Cette maladie est quelquefois héréditaire. Les mélancoliques, les grands buveurs, & sur-tout les goutteux & les libertins de profession y sont très-sujets ; souvent elle met fin à leur intempérance, & la crainte qu’ils ont d’en être de nouveau attaqués, devient pour eux un motif puissant qui les porte à changer de régime & de conduite.

Les indications que l’on doit se proposer pour traiter avec quelque succès la colique néphrétique, se réduisent, 1°. à calmer les douleurs, 2°. à adoucir l’âcreté des humeurs, du sang, & des urines, 3°. à favoriser & à déterminer le plutôt possible la sortie du gravier, ou à fondre les glaires qui peuvent embourber les reins.

La saignée du bras est le moyen le plus efficace contre les douleurs : c’est dans le principe de cette maladie qu’il faut le mettre en usage, & même le répéter si les douleurs persistent.

1°. On retirera le plus grand avantage de l’application des sangsues à l’anus, sur-tout si ceux qui sont atteints de cette maladie sont sujets aux hémorroïdes. Le dégorgement des veines hémorroïdales, en diminuant le volume du sang, apporte le plus grand calme & soulage singulièrement.

2°. On prescrira aux malades des tisannes adoucissantes, telles que l’eau de poulet, de guimauve, l’infusion théiforme des feuilles de pariétaire, une décoction d’orge & de réglisse, le petit lait nitré & édulcoré avec du miel de Narbonne.

La limonade légère est un remède qui opère toujours de bons effets, lorsque la colique néphrétique vient à la suite d’un exercice violent ou d’une marche trop long-temps soutenue.

3°. L’usage des demi-bains tièdes, souvent répété dans la journée, & l’application des fomentations émollientes sur le rein affecté, sont les meilleurs moyens que l’art puisse employer pour favoriser & déterminer le plutôt possible la sortie des graviers.

L’huile d’amande douce, l’huile de camomille & les narcotiques seront aussi employés avec avantage ; ils peuvent opérer un relâchement considérable & hâter la sortie des matières hétérogènes qui peuvent exister dans les reins.

Si malgré tous ces remèdes & les lavements émollients qu’on n’oubliera point de mettre en usage, la maladie se prolonge jusqu’au septième ou huitième jour, avec le même appareil des symptômes & la complication de fréquens accès de frisson & de mouvemens fébriles irréguliers, on doit craindre alors la formation d’un ulcère dans le rein affecté. Les malades sont pour lors plus abattus. Les urines qu’ils rendent, sont fétides & purulentes : en outre ils ressentent dans le même endroit un degré de chaleur plus considérable.

Si à tous ces accidens succède un calme parfait, si le pouls devient petit & intermittent, s’il survient des sueurs froides, si les malades poussent quelques profonds soupirs, si les urines perdent leur couleur & en prennent une qui tire sur le brun ou le noir, & exhalent une odeur fétide ; si enfin ils ont le hoquet, on doit craindre la gangrène intérieurement & une mort prochaine.

Si l’abcès prend une terminaison toute différente, & si la matière purulente est entraînée avec les urines, il faut alors insister sur l’usage des plantes vulnéraires, combinées avec de légers diurétiques, comme l’infusion des feuilles de lierre terrestre, des fleurs de millepertuis, de celles de verge d’or, de bugle, de véronique, dans laquelle on fera entrer une demi-once de bois néphrétique coupé par petits morceaux, ou une pincée des tiges d’herniole, ou bien quelques feuilles de scolopendre. Buchan recommande beaucoup dans l’ulcère des reins le lait de beurre ; il le regarde comma un vrai spécifique.

Les eaux de Barèges, & de Coterets, sont encore d’une grande ressource, à cause de leur vertu balsamique, sur-tout si on les coup avec le lait. Quelques personnes les ont cru capables de fondre les pierres.

Enfin, comme on sait que beaucoup de gens ont été guéris de la colique néphrétique, par le seul usage des eaux gazeuses, on n’en sauroit assez recommander l’emploi. On peut aisément se procurer ce remède, parce que les fontaines minérales qui le fournissent sont très-nombreuses, sur-tout en France & dans la province du Languedoc. L’eau seconde de chaux animale, prise intérieurement, est encore un excellent détersif, & est regardée comme un très-bon lithontriptique, d’après des expériences récemment faites. Sous ces deux points de vue, elle peut convenir dans l’ulcère des reins, & pour fondre les pierres engendrées dans leur substance. M. AMI.


Reins. Médecine vétérinaire. Les reins sont situés à l’extrémité du dos, entre cette partie & la croupe ; c’est là que sont les vertèbres lombaires ; elles jouissent d’un mouvement infiniment plus considérable & plus apparent que les vertèbres dorsales.

La longueur des reins dans le cheval doit avoir une certaine proportion : un cheval en qui cette partie est courte, est plus susceptible de l’union ou de l’ensemble ; il ramène plus aisément sous lui les parties postérieures ; ses mouvemens néanmoins se font sentir bien davantage au cavalier, leur réaction étant infiniment plus dure que dans l’animal dont les vertèbres auroient plus d’étendue, & qui, par cette raison, se rassemblent avec plus de peine.

On doit faire attention que la selle n’ait pas porté sur les reins, & ne les ait pas offensés. On jugera par les actions du cheval & par ses allures, de l’intégrité de ces parties : s’il sent une douleur extrême en reculant, si sa croupe se berce, si elle chancelle quand il trotte, il souffre pour l’ordinaire d’un effort, c’est-à-dire d’une extension forcée des ligamens qui servent d’attache aux vertèbres, ou d’une contraction plus ou moins violente des muscles, (voyez Effort des reins, quant au traitement) Dans le cas où cette extension a été très-forte, à peine l’animal peut-il faire quelques pas en avant ; il traîne son derrière, & il est sans cesse prêt à tomber.

Il est au surplus des chevaux qui se bercent en trottant, sans avoir essuyé aucun effort ; souvent cette allure provient d’une foiblesse naturelle, souvent aussi elle est occasionnée par un travail forcé, ou prématuré ; souvent encore, parce que l’animal a été employé de trop bonne heure au service des cavales, & en général nous voyons qu’elle est assez commune dans tous les chevaux qui leur sont destinés, & qui sont occupés à les saillir. M. T.