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Court Traité/Seconde partie/Chapitre II

La bibliothèque libre.
Traduction par Paul Janet.
Germer Baillière (p. 55-56).

CHAPITRE II


CE QUE C’EST QUE L’OPINION, LA FOI ET LA VRAIE SCIENCE.


Nous traiterons maintenant des effets des différentes espèces de connaissances dont nous avons parlé dans notre précédent chapitre, et, pour introduction, nous rappellerons encore une fois ce que c’est que l’opinion, la foi vraie et la vraie science.

Nous appelons opinion le premier mode de connaissance, parce qu’il est sujet à l’erreur et qu’il ne se rencontre jamais dans un objet dont nous sommes certains, mais seulement dans ceux que nous connaissons par conjecture et par la parole d’autrui.

Nous appelons le second la foi vraie, parce que les choses aperçues seulement par la raison ne sont pas vues en elles-mêmes, et qu’il ne se produit dans notre esprit qu’une persuasion que les choses sont ainsi et ne sont pas autrement.

Enfin nous appelons claire connaissance celle que nous obtenons, non par une conviction fondée sur le raisonnement, mais par le sentiment et la jouissance de la chose elle-même.

Après ces préliminaires, venons aux effets de ces notions.

Nous dirons donc que de la première naissent toutes les passions contraires à la droite raison ; de la seconde, toutes les passions bonnes ; de la troisième, le vrai et pur amour, avec toutes ses ramifications.

De telle sorte que la première cause de toutes les passions est dans la connaissance, car nous jugeons impossible que personne, sans avoir connu ou conçu quelque objet par l’un des modes précédents, puisse être touché d’amour, ou de désir, ou de quelque autre mode de volition.