Déclaration de Sentiments

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Déclaration de Sentiments
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The Liberator, vol. 8, n° 39 (p. 2).

Déclaration de Sentiments[1]

1. Assemblés en congrès des diverses parties de l’Union américaine pour la promotion de la Paix sur terre et de la bonne volonté parmi les hommes, Nous, les soussignés, considérons comme de notre devoir, par rapport à la cause que nous aimons, au pays dans lequel nous vivons, et au monde, de publier une Déclaration exprimant les principes que nous chérissons, les objectifs que nous aspirons atteindre, et les mesures que nous adopterons pour faire avancer l’oeuvre de réforme pacifique universelle.

2. Nous ne pouvons pas reconnaître de fidélité à quelque gouvernement humain que ce soit; et nous ne pouvons pas nous opposer à quelque gouvernement que ce soit par un recourt à la force physique[2] Nous ne reconnaissons qu’un seul Roi et Législateur, qu’un Juge et Souverain de l’humanité.[3] Nous sommes engagés par les lois d’un Royaume qui n’est pas de ce monde[4]; dont il est interdit pour les sujets de se battre[5]; dans lequel la Miséricorde et la Vérité se sont réunies, et la Droiture et la Paix se sont embrassées[6]; qui n’a pas de limites d’état, pas de divisions nationales, pas de frontières géographiques; dans lequel il n’y a pas de distinction de rang, de division de caste ou d’inégalité de sexe[7]; duquel les agents sont Paix, les exacteurs Droiture, les murs Salut, et les portes Louange[8]; et qui est destiné à mettre en morceaux et consumer tous les autres royaumes.[9]

3. Notre patrie est le monde, nos compatriotes sont tous les hommes.[10] Nous aimons notre pays natal simplement comme nous aimons tous les autres pays. Les intérêts, les droits et les libertés des citoyens américains ne nous sont pas plus chers que ceux de toute la race humaine.[11] En conséquence, nous ne pouvons pas admettre d’en appeler au patriotisme pour venger une insulte ou un préjudice national; le Principe de la Paix,[12] sous la bannière sans tache à laquelle nous nous rallions,[13] n’est pas venu pour détruire mais pour sauver, même le pire des ennemis.[14] Il nous a laissé un exemple, afin que nous suivions Ses pas.[15] Dieu a manifesté son amour envers nous, en ce que lorsque que nous étions encore pêcheurs, Christ est mort pour nous.[16]

4. Nous concevons que si une nation n’a pas le droit de se défendre contre des ennemis étrangers, ou de punir ses envahisseurs, aucun individu ne possède ce droit dans son propre cas.[17] L’unité ne peut pas avoir plus d’importance que l’agrégat. Si un homme peut tuer pour faire valoir ou défendre ses droits, la même autorisation doit nécessairement être accordée aux communautés, aux états et aux nations. Si lui peut utiliser un poignard ou un pistolet, eux peuvent employer des canons, des obus, des forces terrestres et navales. Les moyens de conservation doivent être en proportion à la magnitude des intérêts en jeu et au nombre de vies exposées à la destruction. Mais si le peuple ou la magistrature ne peuvent pas résister à des troupes militaires rapaces et sanguinaires qui affluent de l’étranger sur les côtes avec l’intention de commettre des rapines et de détruire la vie, alors on ne doit présenter aucune résistance aux désordres domestiques de la paix publique ou de la sécurité privée. Aucune obligation ne peut incomber aux Américains de considérer les étrangers comme plus sacrés qu’eux-mêmes dans leurs personnes, ou de leur donner impunément le monopole de l’injustice.

5. Le dogme que tous les gouvernements du monde sont décrétés avec l’approbation de Dieu, et que les pouvoirs qui existent aux États-Unis, en Russie et en Turquie sont en conformité avec Sa volonté, n’est pas moins absurde qu’impie ; ce dogme fait de l’Auteur impartiale de la liberté et de l’égalité humaines un être partial et tyrannique. On ne peut pas soutenir que les pouvoirs qui existent, dans n’importe quelle nation, soient poussés par l’esprit ou guidés par l’exemple du Christ dans le traitement des ennemis; par conséquent, ils ne peuvent pas être agréable à la volonté de Dieu; et leur chute par une régénération spirituelle des sujets est donc inévitable.[18]

6. Nous portons notre témoignage non seulement contre toutes les guerres, qu’elles soient offensives ou défensives, mais contre tous les préparatifs de guerre; contre tout navire militaire, tout arsenal, toute fortification; contre le système de milice et l’armée de métier; contre tous les chefs militaires et soldats; contre tous les monuments commémoratifs de victoire sur un ennemi qui est tombé, tous les trophées gagnés dans une bataille, toutes les festivités à la gloire d’exploits militaires ou navals; contre toutes les affectations de fonds pour défendre une nation par la force et l’armée, de la part de quelques corps législatifs que ce soit; contre tout décret gouvernemental demandant de ses sujets le service militaire. De là nous considérons qu’il est illégal de porter des armes, ou d’occuper une fonction militaire.[19]

7. Comme tout gouvernement humain est soutenu par la force physique, et que ses lois sont pratiquement appliquées à la pointe de la baïonnette, nous ne pouvons occuper aucun poste qui impose à son titulaire l’obligation de contraindre les hommes à bien agir, sous peine d’emprisonnement ou de mort. Par conséquent, nous nous excluons volontairement de tout corps législatifs ou judiciaire, et nous rejetons toutes politiques humaines, tous honneurs du siècle, et toutes positions d’autorité. Si nous ne pouvons pas occuper de siège dans la législature ou au tribunal, nous ne pouvons pas non plus élire d’autres personnes pour agir comme nos substituts dans n’importe laquelle de ces fonctions.[20]

8. Il s’ensuit que nous ne pouvons poursuivre aucun homme en justice[21], le contraindre par la force à restituer quelque chose qu’il peux avoir pris injustement à nous ou à d’autres[22]; mais s’il s’est emparé de notre manteau, nous lui cèderons aussi notre chemise plutôt que de l’assujettir au châtiment.[23]

9. Nous croyons que le code pénal de la vieille alliance, « oeil pour oeil, dent pour dent, » a été abrogé par Jésus-Christ[24]; et que sous la nouvelle alliance, tous Ses disciples ont été enjoint au pardon plutôt qu’au châtiment des ennemis, en quelque cas que ce soit.[25] Ce n’est manifestement pas pardonner que d’extorquer de l’argent à des ennemis, les placer sur un pilori, les jeter en prison, ou les pendre à des potences, mais se venger. « À moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur ».[26]

10. L’histoire de l’humanité est remplie d’évidences qui démontrent que la coercition physique n’est pas adaptée à la régénération morale; que la disposition coupable des hommes ne peut être vaincue que par l’amour; que le mal ne peut être supprimé de la terre que par la bonté[27]; qu’il est dangereux de compter sur une arme de chair[28]; sur l’homme dont le souffle est dans les narines,[29] pour nous préserver du mal; qu’il y a une grande sécurité à être doux, sans malice, patient, et à abonder en miséricorde; que seuls les doux hériteront la terre,[30] car les violents qui recourent à l’épée sont destinés à périr par l’épée.[31] En conséquence, sur la base de l’allégeance à Celui qui est Roi des rois et Seigneur des seigneurs[32] autant que comme mesure de politique saine, de sûreté de propriété, de vie, liberté, quiétude publique et satisfaction personnelle, nous adoptons de tout coeur le principe de non-résistance; étant sûr qu’il pourvoit à toutes les conséquences possibles, qu’il nous assurera toutes les choses dont nous avons besoin,[33] qu’il est armé de pouvoir omnipotent et doit ultimement triompher de toute force assaillante.[34]

11. Nous ne préconisons aucune doctrine de jacobin.[35] L’esprit du jacobinisme [l’esprit révolutionnaire] est l’esprit de représailles, de violence et de meurtre; il ne craint pas Dieu et ne respecte pas l’homme. Nous voulons plutôt nous pénétrer de l’esprit de Jésus-Christ. Si nous restons fidèles à nos principes, il nous est impossible d’être déréglé, de comploter une trahison ou de participer à une oeuvre mauvaise[36]; nous nous soumettrons à toutes les ordonnances humaines, pour l’amour de Dieu; nous obéirons à toutes les exigences du gouvernement, excepté celles que nous jugerons contraires aux commandements de l’Évangile; et en aucun cas nous ne résisterons à l’application de la loi, sauf en se soumettant docilement à la pénalité de la désobéissance.[37]

12. Mais alors que nous nous conformons à la doctrine de non-résistance et de soumission passive, nous avons l’intention, dans un sens moral et spirituel, de parler et d’agir hardiment pour la cause de Dieu; d’assaillir l’iniquité dans les lieux hauts et bas; d’appliquer nos principes à toutes les institutions civiles, politiques, légales et ecclésiastique existante; et d’hâter le moment où les royaumes de ce monde seront devenus les royaumes de notre Seigneur et de son Christ, Et Il régnera pour toujours.[38]

13. Il nous semble une vérité qui saute aux yeux que tout ce que l’évangile est destiné à détruire comme lui étant opposé, à n’importe quelle période du monde, doit être abandonné maintenant. Si le temps est prédit où les épées seront martelées en soc de charrue, et les lances en faucille, et les hommes n’apprendront plus l’art de la guerre, alors il s’ensuit que tous ceux qui fabriquent, vendent ou manient ces armes meurtrières se rangent contre l’empire paisible du Fils de Dieu sur la terre.[39]

14. Ayant ainsi énoncé brièvement nos principes et nos buts, nous pouvons maintenant spécifier les mesures que nous nous proposons d’adopter pour mettre notre objectif à exécution.

15. Nous espérons prévaloir par la folie de la prédication,[40] - en nous efforçant de nous recommander à la conscience de tout homme, sous le regard de Dieu.[41] Nous répandrons nos sentiments aussi largement que possible par la presse. Nous chercherons à obtenir la coopération de toute personne, de quelque nom ou secte qu’elle soit. Le progrès retentissant de la cause de la Tempérance et de l’Abolition dans notre pays, par le concours d’associations bénévoles et volontaires, nous encourage à joindre nos moyens et nos efforts pour la promotion d’une cause encore plus grande. En conséquence, nous emploierons des conférenciers, feront circuler des tracts et des publications, formerons des sociétés, et pétitionnerons nos gouvernements national et d’état par rapport au sujet de la Paix Universelle. Notre principal objectif sera d’imaginer des moyens et des manières d’effectuer un changement radical dans les idées, les sentiments et les pratiques de la société en ce qui concerne le caractère scandaleux de la guerre et le traitement des ennemis.

16. En entamant le grand travail qui est devant nous, nous sommes conscients que, dans sa poursuite, notre sincérité pourra être testée comme dans une épreuve du feu.[42] Nous pouvons être assujettis à l’insulte, au scandale, à la souffrance, et même à la mort. Nous prévoyons nombre d’idées fausses, de présentations erronées des faits et de calomnies. Des tumultes peuvent survenir contre nous. Les impies et les violents, les orgueilleux et les pharisaïques, les ambitieux et les tyranniques, les principautés et les pouvoirs, et la perversité spirituelle en hautes lieux peuvent trouver le moyen de nous écraser.[43] C’est ainsi qu’on a traité le Messie, de qui nous nous efforçons humblement d’imiter l’exemple.[44] Si nous souffrons avec Lui, nous savons que nous règnerons avec Lui.[45] Notre confiance est dans le Seigneur Tout-puissant, et pas dans l’homme.[46] Nous ne craindront pas leur terreur et nous ne serons pas troublés.[47] Nous étant détournés de la protection humaine, qu’est-ce qui peut nous donner des forces sinon cette foi qui vainc le monde ?[48] Nous ne nous étonnerons pas des épreuves qui doivent nous éprouver comme si une chose étrange nous était arrivée; mais nous nous réjouirons dans la mesure où nous prenons part aux souffrances de Christ.[49] C’est pourquoi, dans les bonnes actions nous confions la garde de nos âmes à Dieu comme à un Créateur fidèle.[50] Car celui qui abandonne sa maison, ses frères, ses soeurs, son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ou ses terres pour l’amour de Christ, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle.[51]

17. Croyant fermement au triomphe universel certain des sentiments contenus dans cette déclaration, en témoignage solennel de notre foi en leur origine divine, malgré l’opposition redoutable qui peut être déployée contre eux, nous lui apposons par la présente nos signatures, en la recommandant à la raison et à la conscience de tous les hommes, sans nous faire aucune inquiétude quant à ce qui peut nous arriver, et en décidant de nous soumettre docilement et calmement aux conséquences dans la force du Seigneur Dieu. (Amendement adopté le 24 septembre 1838 par la Société de Non-Résistance) : « Ce document n’envisage et ne renie rien d’autre que l’esprit de la violence, en pensée, en parole, et en acte. Il ne fait donc pas allusion à tout ce qui peut être fait sans provoquer cet esprit, et qui est en accord avec l’esprit de bienveillance désintéressée. L’ensemble de la Déclaration est que, en tant que chrétiens, le Seigneur nous aidant, nous sommes résolus à être indulgent, patient et endurant envers ceux qui nous traitent et persécutent méchamment, à prier pour eux et à leur pardonner, dans tout les cas, advienne que pourra ».[52]

  1. Note Wikisource : Cette DÉCLARATION a été élaborée lors du Congrès de Paix tenu à Boston du 18 au 20 septembre 1838. Les propositions ont été discutées par 161 personnes provenant de 11 États américains, et W. L. Garrison a soumis la version finale du texte pour adoption par l'assemblée. Cette Déclaration de Sentiments, qui constitue la base de la Société de Non-Résistance de la Nouvelle-Angleterre, décrit les principes et les moyens mis en oeuvre dans la lutte religieuse et morale contre l'esclavage. Ce texte a été publié en page 2 du journal The Liberator (W. L. Garrison éditeur) le 28 septembre 1838 [1].

    Les NOTES, ajoutées par le traducteur, fournissent les références de textes bibliques qui sont probablement à l'origine des énoncés de la Déclaration, ainsi que des informations compémentaires sur des auteurs qui ont contribué à la formation de la doctrine de « non-résistance » ou sont réputés s'en être réclamés. NDT.

  2. « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n'en sera pas de même au milieu de vous… » (Évangile de Matthieu XX, 25-26); « Ne vous modelez pas sur le monde présent… » (Épitre aux Romains XII, 2). NDT.
  3. Voir : Ésaïe XXXIII, 22; 1 Timothée VI, 15; Jacques IV, 12. NDT.
  4. Voir : Jean XVIII, 36.
  5. Voir : Évangile de Matthieu XXIV, 49. NDT.
  6. Voir : Psaume LXXXV, 10; 1 Corinthiens XV, 24. NDT.
  7. « Il n'y a aucune différence, en effet, entre le juif et le grec, puisqu'ils ont tous un même Seigneur... » (Épitre aux Romains X, 12 et III, 22); « Devant [Dieu], il n’y a point d’acception de personne » (Épitre aux Éphésiens VI., 9); « Le Fils de l’homme... - Jésus - a aboli toutes les barrières de race, caste ou croyance. Il a représenté toute l’espèce humaine… Il s’efforçait d’établir sur terre le royaume céleste... Il lutta pour vaincre le mal par l’amour. Si vous aimez ceux qui vous aiment, où est le mérite ? » (Vinobâ, A.. La révolution non-violente. Paris; Albin Michel, 1958, p. 166); Parmi les auteurs chrétiens qui ont affirmé l'égalité des femmes, citons par exemple, au XVIIe siècle : « les hommes ont une âme aussi bien que les femmes... le Théotime auquel je parle est l’esprit humain qui désire faire progrès en la dilection sainte, esprit qui est également ès les femmes comme ès les hommes » (François de Sales. Traité de l’amour de Dieu, - 1616 - Paris, 1926, préface, pp. xxxiv-xxxv); « Je rencontrais - en 1646 - une espèce de gens qui soutiennent que les femmes n’ont pas d’âmes… Je répondis fermement que ce n’était pas vrai; car Marie a dit : "Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur" » (Etten, H. V.. George Fox et les Quakers. Seuil, 1966, p. 21). NDT.
  8. Voir : Ésaïe LX, 17-18.
  9. Voir : Daniel II, 44. NDT.
  10. Il s'agit de la devise du journal de Garrison, The Liberator, qu'il a commentée comme suit ; « [Cela] a été la devise sur notre bannière depuis le début de notre lutte morale. Nous faisons le vœu que ce sera notre seule épitaphe. Une autre devise que nous avons choisie est, Émancipation Universelle. Jusqu’à maintenant nous avons limité son application à ceux qui sont tenus [en esclavage] dans [le Sud de] ce pays. Désormais nous l’utiliserons dans toute son étendue : l’émancipation de toute notre race du lien du péché, du gouvernement de la force brute, de la servitude du moi, de la domination humaine, pour les amener sous l’autorité de Dieu, le pouvoir d’un esprit intérieur, le gouvernement de la loi d’amour, et dans la liberté et l’obéissance de Christ, qui est le "même hier, aujourd’hui, et à jamais" ». Garrison. Liberator, 15 Déc. 1837, cité dans : Garrison, W. P. & F. J. Garrison. William Lloyd Garrison: The story of his life told by his children. New York; Century Co., 1885, vol. 2, p. 200. [2]. NDT.
  11. « Pour moi le patriotisme est la même chose que l’humanité »; « Ma religion ne connaît pas de frontière géographique. Elle dépasse l’amour que j’ai pour l’Inde. Si ma vie est consacrée au service de Inde, c’est que cette exigence découle de la religion de la non-violence, qui est à la source de l’hindouisme »; « Si l’Inde optait pour la violence [« la doctrine de l’épée »] et que je sois encore en vie, il me serait tout à fait égal de ne plus vivre dans mon pays. Il ne m’inspirerait plus aucune fierté » (Gandhi. Lettres à l'Ashram. Paris; Éd. Albin Michel, 1971, pp. 177, 186, 187-188 et 185). NDT.
  12. « Principe, » ou « Prince de la Paix, » ou « Prince de la vie »; épithète tirée du prophète Ésaïe et attribuée au Christ; Voir : 1 Colossiens I, 18-20; Actes de Apôtres III, 15. NDT.
  13. « Nous venons, suivant les conseils de Jésus, briser les épées rationnelles de nos contestations et de nos violences pour en faire des socs de charrue et forger en faucilles les lances auparavant employées à la lutte. Car nous ne tirons plus l’épée contre aucun peuple, et ne nous entraînons pas à faire la guerre : nous sommes devenus enfants de la paix, par Jésus qui est notre chef » (Origène. Contre Celse; Tome III, livre V, 33. Paris; Cerf, 1969, p. 99). NDT.
  14. Jésus a dit : « Je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jean XII, 47; Jean III, 17; 1 Timothée II, 4); « ... que vous ne vous regardiez point comme sages... une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé... » (Épitre aux Romains XI, 25-26); « Fox protestait contre la croyance, alors universelle, que les païens étaient voués à l’enfer éternel » (Etten, H. V.. George Fox et les Quakers. Seuil, 1966, p. 25); « Nul être humain n’est trop mauvais pour être sauvé. Nul être humain n’est assez parfait pour avoir le droit de tuer celui qu’il considère à tort comme mauvais ». (Gandhi. Lettres à l’Ashram. Paris; Éd. Albin Michel, 1971, pp. 138-139); « … Si je n’avais pas eu foi dans la conversion des cœurs [« une foi inébranlable dans l’aptitude des gens à entendre raison et à écouter la voix du devoir »], je n’aurais pas prêché la non-violence. Et si nous nous parons de ce titre de non-violents sans croire fermement à la conversion des cœurs nous nous affaiblissons et n’avons plus de qualité morale pour bâtir » (Vinobä, Achâria. La révolution non-violente. Paris; Albin Michel, 1958, pp. 62 et 152); Garrison lança sa campagne pour l’émancipation immédiate des esclaves en reprenant une idée de James Duncan (A treatise on slavery, in which is shown forth the evil of slaveholding, both from the light of nature and divine revelation. New York, 1824) : « L’esclavage... est néfaste pour les maîtres comme pour les esclaves » (Garrison, W. P. & F. J. Garrison. William Lloyd Garrison: The story of his life told by his children. New York; Century Co., 1885, vol. 1, pp. 144-145 [3]); « La non-violence commence à partir du moment où l’on aime ceux qui nous haïssent. Je n’ignore rien des difficultés…»; « Si nous ne somme pas capables d’un amour fort et généreux, il faut au moins ne nourrir aucune haine... » (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, pp. 154 et 168). NDT.
  15. Voir : Premier Épitre de Pierre II, 21. NDT.
  16. Voir : Épitre aux Romains V, 8; « La Non-Résistance est fondée sur l’enseignement, les doctrines, les exemples et l’esprit de Christ; Christ est son modèle, son thème, son espoir, sa joie, son avocat et son protecteur, son auteur et son finisseur, son Alpha et son Oméga.... » (Garrison, W. P. & F. J. Garrison. William Lloyd Garrison: The story of his life told by his children. New York; Century Co., 1885, vol. 3, pp. 15-16. [4]);

    « ... le manque de paix se fait sentir non seulement dans l’histoire de l’humanité mais aussi dans le cœur des individus. (...) ... une forme de paix autre qui rend possible la paix issue de l’effort humain. C’est la paix de Dieu, « votre paix », nous dit Jésus, telle que le monde ne peut nous la donner : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jean XIV, 27). En quoi consiste la paix de Dieu ? Elle réside dans l’esprit des Béatitudes, tel que révélé dans le Sermon sur la montagne (Matthieu V, 1-12; Luc VI, 20-23). Tolstoï s’en est inspiré pour définir sa position sur la non-violence. Gandhi s’en est nourri dans sa campagne de non-violence active. Martin Luther King s’en réclamait pour confondre les tenants de la discrimination raciale. C’est ce même texte qui a inspiré l’action pacificatrice de saint François [d’Assise] dans l’Italie médiévale » (Leonardo Boff. Plaidoyer pour la paix; Une nouvelle lecture de la prière de saint François. Fides, 2002, pp. 50-51.) ;

    « L’état pacifié du monde intérieur... c’est grave qu’il ne soit plus l’idéal [des chrétiens]... (...) La paix selon Dieu, loin d’être stagnation ou évasion... est expansive et créatrice. Ceux que le Seigneur béatifie ce sont les artisans de paix (Matthieu V, 9). Ce sont eux qui militent pour leur unité intérieure et pour faire progresser la paix...» (Régamey, Pie. Non-violence et conscience chrétienne. Paris; Cerf, 1958, pp. 196-197, 199.);

    « La paix [avec Dieu] dont parle [l’apôtre] Paul est le calme de l’âme dans les difficultés… Par la foi, nous pouvons recevoir l’héritage de Jésus « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix...  Les premiers chrétiens, affrontant dans l’arène des lions affamés... Les esclaves noirs, fatigués... dans la chaleur... et portant la marque des fouets... chantaient avec des accents de triomphes : Peu à peu je vais déposer ce pesant fardeau. Voilà des exemples vivants de la paix qui surpasse toute intelligence » (Luther King Jr., Martin. La force d’aimer. Paris; Casterman, 1965, pp. 141-142.);

    Après nous avoir donné sa paix, Jésus a dit : « De même que j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour, vous demeurerez dans mon amour si vous gardez mes commandements... (...) C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. / Demeurez en moi, et je demeurerai en vous... (Demandez, et cela vous sera accordé). Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit... /... c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples » (Jean XV, 10, 12, 4, 7, 5, 8); Ainsi, « le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix » (Épitre de Jacques III, 18) ; « Celui qui fournit de la semence au semeur, et du pain pour sa nourriture, vous fournira et vous multipliera la semence, et il augmentera les fruits de votre justice » (2e Épitre aux Corinthiens IX, 10) ;

    « Tiens-toi, le premier en paix ; tu pourras, alors, pacifier les autres. L’homme pacifié est plus efficace que le savant. L’homme passionné tourne en mal même le bien et croit facilement au mal... Aie du zèle en premier vers toi-même, et alors tu pourras avec raison en avoir aussi envers ton prochain… demeurer avec les doux et les bons, cela plaît naturellement à tous; chacun préfère la paix et aime davantage ceux qui partagent ses sentiments. Mais pouvoir vivre en paix avec des gens durs, pervers ou indisciplinés, ou contrariants, est une grande grâce, un acte viril et extrêmement digne d’éloges. Il en est qui se tiennent en paix avec eux-mêmes, et demeurent aussi en paix avec les autres. Et il en est qui n’ont point la paix et ne laissent point en paix leurs prochains... Enfin, il en est qui se maintiennent eux-mêmes en paix et s’efforcent d’y ramener les autres. Au reste, tout notre paix, en cette misérable vie, doit disposer plutôt à supporter humblement qu’à ne point éprouver de contrariété. Qui mieux sait souffrir, plus grande paix retiendra. Celui-là est vraiment vainqueur de lui-même, maître du monde, ami du Christ, et héritier du Ciel ». (Thomas A. Kempis. Imitation du Christ. Opuscule 2, chap. III, pp. 232-233.)

  17. Ce paragraphe applique le principe de l'opposition aux guerres (offensives et défensives) à tous les individus. Plusieurs sociétés pour la promotion de la paix avaient été créées après les guerres napoléoniennes. Garrison et ses collaborateurs reprochaient à l'American Peace Society de « manquer de cohérence » en mettant strictement l'emphase sur les guerres entre nations. Car pour être cohérent dans nos principes, lorsqu'on est contre les guerres entre pays il faut également être pour la non-résistance entre individus, - ce qui implique nécessairement d'être contre l'esclavage. NDT.
  18. « Est-ce que les gouvernements des États-Unis, d'Angleterre, de Russie, etc. sont ordonnés par Dieu? Oui... seulement comme le gouvernement de Néron a été ordonné par Dieu ! (…) Un gouvernement humain n'est pas établit avec l'approbation de Dieu; on suppose généralement qu'il en est ainsi surtout à cause d'une interprétation erronée du chapitre 13 de l'Épitre aux Romains. Lisez posément par vous-mêmes de Romains XII, 9 à XIII, 11, et vous verrez que le dessein de Paul en mentionnant le gouvernement humain n'était pas du tout de sanctionner ses prétentions et de supporter sa justice mais simplement d'inculquer aux sujets le devoir chrétien de non-résistance et la soumission patiente aux torts que le gouvernement pourrait infliger... » (Charles K. Whipple. Evils of the revolutionary war. Boston; New-England Non-Resistance Society. 1839, p. 12. [5]; Voir aussi: Apprends à distinguer, par Adin Ballou. [6] NDT.
  19. « Quand deux nations se livrent à la guerre, le devoir du non-violent est de mettre tout en œuvre pour que le conflit prenne fin ». (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, p. 167); « Nous devons travailler à construire une société pouvant se passer de toute [force] armée » (Vinobâ, A.. La révolution non-violente. Paris; Albin Michel, 1958, p. 88) ; « Les armes sont des outils de malheur; Nul ne les aime. (...) Se réjouir d’une victoire; C’est se réjouir de massacrer les hommes. Et quand on se réjouit de massacrer les hommes, comment prospérer parmi eux ? » (Lao-tzeu. La Voie et sa Vertu, 31. Seuil, 1979); « Nous sommes opposés à la guerre et à toute préparation à la guerre. Nous sommes opposés à tout mouvement d’émancipation politique ou économique d’un caractère agressif et impérialiste. Nous sommes opposés à tout panégyrique de l’agression, aux affirmations impérialistes, à l’oppression des groupes et des peuples faibles ». (Déclaration de la ligue japonaise contre la guerre cité par W. Axling dans Kagawa : Un saint François japonais. Lausanne; La Concorde, 1935, p. 124);

    « Il n'y a pas de communauté possible entre (…) l'étendard du Christ et le drapeau du démon; entre le camps de la lumière et le camps des ténèbres (…) Il est bien vrai que les soldats se rendirent auprès de Jean et reçurent de sa bouche la règle qu'il fallait observer; il est bien vrai que le centurion eut la foi; mais toujours est-il que le Seigneur, en désarmant Pierre, a désarmé tous les soldats. Rien de ce qui sert à un acte illicte est licite chez nous. » (Tertullien, De l’idolâtrie, XIX); « Je ne suis pas ouvertement quaker; mais en pratique j’adopte entièrement, de tout cœur, la doctrine de non-résistance, et je suis consciencieusement opposé à toute manifestation militaire. Je déclara maintenant solennellement que je n’obéirai jamais à aucun ordre de porter les armes, et que je supporterai plutôt allègrement l’emprisonnement et la persécution. Quel est le but des appels de troupes ? De faire des hommes d’habiles meurtriers. Je ne peux pas consentir à devenir un élève de cette école sanguinaire » (Garrison, William Lloyd. The Genius of Universal Emancipation, 16 sept. 1829, cité dans W. P. Garrison & F. J. Garrison. William Lloyd Garrison: The story of his life told by his children. New York; Century Co., 1885, vol. 1, p.125. [7]; « Nous répudions énergiquement, dans l’ordre matériel, toute guerre et toute lutte… quel qu’en soit le but ou le prétexte… Nous témoignons devant l’univers que l’Esprit de Christ qui nous conduit dans toute la vérité, ne nous inspirera jamais de faire la guerre contre qui que ce soit avec des armes charnelles et pas plus pour le royaume de Christ que pour le royaume du monde »; « On m'offrit, comme une faveur, d'entrer dans l'armée... Je leur dit que je savais que toutes les guerres viennent de la convoitise, selon la doctrine de saint Jacques » (Épitre de Jacques, IV, 1), et que je vivais sous une puissance qui supprime la cause de toute guerre ». (Fox, G.. Journal. Paris ; Société religieuse des Amis, 1962, p. 29); Pour ce qui est de monuments : « Les réformateurs ne sont-ils pas allé jusqu’à repousser d’innocents symboles associés à une pratique condamnable, en dépit de la grande indignation de leurs contemporains ? » (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, p. 252). NDT.

  20. « Est-ce que celui qui ne doit pas venger les torts qui lui sont fait contribuera à mener les autres dans les chaînes, l’emprisonnement, les tourments et la mort ? » (Tertullien. De la couronne du soldat. XI., cité par Adin Ballou dans Christian non-resistance. Providence; Blackstone Ed., p. 39).

    « Il est absolument impossible de forcer tout le monde à adopter la loi de non-résistance, et... si c’était possible, ce serait la négation la plus flagrante du principe même qui est établi. Forcer tous les hommes à ne pas exercer de violence contre les autres ! Et qui va les forcer ? » (Tolstoï, L.. Lettre à Ernest Crosby. [8]; « On ne peut pas rendre le principe de non-résistance obligatoire de force; ce n’est pas un principe de coercition, mais de concorde et d’amour. C’est seulement sur une base volontaire qu’on peut adopter le principe de non-résistance au mal par la violence, qui consiste à remplacer la force brute par la persuasion (Tolstoï, L.. Garrison et la non-résistance au mal par la violence. [9]); « Aucune institution ne peut rendre la non-violence obligatoire. Pas plus qu’il n’est possible de consigner les principes de la vérité dans une constitution. C’est à chacun de les adopter en toute liberté. Ils doivent nous aller comme des vêtements sur mesure, sous peine de contradictions sans fin » [Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, p. 176]; « La loi ne saurait créer [la non-violence] »; « Pouvons-nous promulguer et appliquer une loi pour imposer aux gens d’abdiquer leur orgueil et se défaire du sentiment de supériorité, de vivre une vie de sacrifice et de renoncer à l’esprit de jouissance ?... Ce sont des choses que chacun doit faire de sa propre volonté »; « Il y a dans le cœur des humains, une puissance d’amour qui enrichit l’existence. L’homme vit d’amour; il est créé dans l’amour, maintient sa vie par l’amour et, à l’heure du départ, il regarde avec amour ceux qui lui sont chers, ce qui le fortifie [pour] partir vers un monde inconnu. Si, en dépit de la preuve évidente de la puissance d’amour, je ne m’efforçais pas de développer cette puissance d’amour pour en faire la base de la vie sociale… je manquerais à mon devoir... Je tiens donc à me consacrer à la création de la puissance de l’homme, à forger la sanction des masses éclairées, pouvoir s’opposant à la violence et différent de l’autorité légale » [Vinobâ, A. La révolution non-violente. Paris; Albin Michel, 1958, pp. 41, 132 et 91].

    Origène a été l'un des premiers auteurs a discuter de l'attitude chrétienne envers l'État et les gouvernements, et ses explications correspondent aux comportements de non-résistants notoires, - mennonites, quakers et Gandhi, - ainsi qu'à des principes exposés dans l'Évangile.

    1) « Celse nous convie... à prendre part au gouvernement de la patrie... Mais, sachant que derrière chaque cité se trouve un autre genre de patrie établie par le Logos de Dieu... (...) Ce n’est pas que les chrétiens fuient les services communs de la vie quand ils délaissent les charges publiques. Mais ils se réservent au service plus divin et plus nécessaire de l’Église de Dieu pour le salut des hommes. Ils dirigent à la fois selon la nécessité et la justice. Ils prennent soin de tous : de ceux qui sont à l’intérieur pour qu’ils vivent mieux chaque jour; de ceux qui sont à l’extérieur pour qu’ils s’engagent dans les paroles et les actions vénérables de la piété... » [Origène. Contre Celse; Tome IV, livre VIII. Paris; Cerf, 1969, pp. 351-353); « Les mennonites, refusaient de servir l’État, que ce fût en tant que soldats ou en tant que fonctionnaires. On pourrait voir en eux des précurseurs de la non-violence. » (J.-C. Pichon. Histoire universelle des sectes et des sociétés secrètes II. Laffont, 1969, p. 98-99) - « S'il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes » (Épitre aux Romains XII, 18) (On retrouve l'équivalent chez Confusius : « Quelqu'un demande à Confucius : Comment se fait-il que vous n'exerciez aucune fonction officielle ? À quoi Confucius répond : Être bon fils et bon frère, c'est déjà prendre part au gouvernement. Vous voyez donc que point n'est besoin d'occuper un poste pour remplir une fonction, » - Entretiens de Confucius. Paris ; Seuil, 1981, p. 37).

    2) « ... Celse nous exhorte à secourir l’empereur de toutes nos forces, collaborer à ses justes entreprises, combattre pour lui, servir avec ses soldats s’il l’exige... À quoi il faut répondre : quand l’occasion s’en présente, nous apportons aux empereurs un secours divin, pour ainsi dire, en nous revêtant de l’ « armure de Dieu. » Nous le faisons pour obéir à la voix de l’Apôtre qui dit : « Je vous recommande donc avant tout de faire des demandes, des prières, des actions de grâce pour tous les hommes, pour tous les rois et les dépositaires de l’autorité. » Et plus on a de piété, plus on secourt efficacement ceux qui règnent, bien mieux que les soldats qui vont aux combats et tuent autant d’ennemis qu’ils peuvent. (...) [Les chrétiens] combattent comme prêtres et serviteurs de Dieu; ils gardent pure leur main droite, mais luttent par des prières adressés à Dieu... De plus, nous qui par nos prières vainquons tous les démons qui suscitent les guerres... nous apportons à l’empereur un plus grand secours que ceux que l’on voit combattre. (...) Nous ne servons pas avec ses soldats, même s’il l’exige, mais nous combattons pour lui en levant une armée spéciale, celle de la piété, par les supplications que nous adressons à la divinité. » (Origène. Contre Celse; Tome IV, livre VIII. Paris; Cerf, 1969, pp. 345-349); Les quakers ont démissionné en bloc du gouvernement de la Pennsylvanie quand l’Angleterre a déclaré la guerre aux français et aux indiens en 1756; « le seul traité de paix entre ces peuples et les chrétiens qui n’ait point été juré et qui n’a point été rompu,» (Louis, J.-H. et J.-O. Héron, William Penn et les quakers. Paris; Gallimard, 1990, pp. 66, 90] - « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Corinthiens VI, 14);

    3) « Et si Celse veut nous voir aussi servir comme stratège pour la défense de la patrie, qu’il le sache, nous le faisons aussi, mais non pour attirer le regard des hommes et obtenir d’eux par cette conduite une gloire futile. Nos prières sont faites dans le secret à l’intime de l’âme et montent comme celle des prêtres pour le salut de nos compatriotes. Les chrétiens sont même plus utiles aux patrie que le reste des hommes : ils éduquent leurs concitoyens, leur enseignent la piété envers Dieu gardien de la cité ; ils font monter vers une cité céleste et divine ceux qui ont mené une vie honnête dans les plus petites cités. On pourrait leur dire : tu as été fidèle dans une cité toute petite, arrive maintenant dans la grande, « où Dieu se dresse dans l’assemblée des dieux et, au milieu d’eux, juge les dieux » ; il accepte de te compter parmi eux à condition que tu ne veuilles plus mourir à la façon d’un homme, ni tomber « comme un de leurs princes » (Origène. Contre Celse; Tome IV, livre VIII. Paris; Cerf, 1969, pp. 349-351); Gandhi disait : « Puisque la politique se préoccupe du bien des nations, il est normal qu’un esprit religieux s’y consacre. »; [Mais le] « domaine [de l’État] est celui [des] problèmes purement temporels, - bien-être, santé, communications, affaires étrangères », [tandis que] « ma raison de vivre me vient de la religion. Pour elle, je suis prêt à mourir. [Et] c’est là une affaire purement personnelle. L’État n’a rien à voir là-dedans »; « Si un gouvernement commet une injustice grave, le citoyen doit lui retirer sa collaboration, en tout ou partie, de façon à empêcher les dirigeants de perpétrer leurs méfaits » (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, pp. 129, 145 et 250) - « Si quelqu'un te [demande] à faire un mille, fais-en deux avec lui » (Évangile de Matthieu V, 41). NDT.

  21. « Quelqu'un de vous, lorsqu'il a un différent avec un autre, ose-t-il plaider devant les infidèles... (…) C'est déjà un défaut chez vous d'avoir des procès les uns avec les autres. Pourquoi ne soufrez-vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? » (Épitre aux Corinthiens VI, 1, 7-8); « Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment et vous trainent devant les tribunaux ? » (Épitre de Jacques, II, 6). NDT.
  22. « Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s'en empare ». (Évangile de Luc, VI, 30). NDT.
  23. « Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau ». (Évangile de Matthieu V, 40). NDT.
  24. « Vous avez appris qu'il a été dis : œil pour œil, et dent our dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui est méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi la joue gauche ». (Matthieu V, 38-39). NDT.
  25. « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses ». (Matthieu, VI, 14-15). NDT.
  26. Deutéronome XXXII, 35; « C’est moi qui ferai justice...» (Épitre aux Hébreux, X, 30); « Mes amis, ne vous venger pas... car il est écrit : c'est à moi qu'il appartient de faire justice ; c'est moi qui rendrai à chacun son dû ». (Épitre aux Romains, XII, 19). NDT.
  27. « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien ». (Épitre aux Romains XII, 21); « Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal pour le mal; mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous » (1 Thessaloniciens V, 14); « Nous savons que nous sommes passés "de la mort à la vie", parce que nous aimons les frères » (1 Jean III, 14); « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ... si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur...» (Épitre aux Galates, VI, 2, 1); « Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure; bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés... » (1 Pierre, III, 9). - « Répondre à la haine par la haine ne peut qu’aggraver ses effets / Seul l’amour peut vaincre la haine / L’humanité ne peut échapper à la violence qu’au moyen de la non-violence. » (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, p. 187); « Paie le mal par le bien et tu prives l’homme méchant de tout le plaisir que le mal lui procure » (Léon Tolstoï cité dans Source de sagesse russe, par Hettinger et Pechota, Weber Éd., 1986). NDT.
  28. « ... les armes de notre combat ne sont point charnelles... » (2 Corinthiens, X, 4); « Revêtez l’armure de Dieu... Vérité, Justice, Zèle, Évangile de Paix, Foi, Salut, Esprit (Épitre aux Éphésiens, VI, 11-17). NDT.
  29. Voir : Ésaïe II, 22. NDT.
  30. « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre que Dieu a promise ». (Évangile de Matthieu V, 5). NDT.
  31. « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Évangile de Matthieu, XXVI, 52). NDT.
  32. 1 Timothée VI, 15.
  33. Voir : Phillipiens IV, 19. NDT.
  34. Voir :1 Pierre IV, 1; Éphésiens VI, 16; 2 Thessaloniciens III, 3. NDT.
  35. C’est-à-dire « ressemblant aux jacobins français, - membres d’une société politique établie en 1789 à Paris, dans l’ancien couvent des jacobins, - et à leur doctrine révolutionnaire » (Clifton et al.. Dictionnaire anglais-français, Paris; Garnier 1914). NDT..
  36. « Lequel d'entre vous est sage et intelligent ? Qu'il montre ses oeuves par une bonne conduite avec la douceur de la sagesse. Mais si vous avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité. Cette sagesse n'est point cele qui vient d'en haut ; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique. Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. La sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d'hypocrisie. Le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui cherchent la paix » (Épitre de Jacques, III, 13-18). NDT.
  37. « Il nous est clairement prescrit, conformément aux injonctions de l’Apôtre – Épitre aux Romains XIII, Tite III et 1 Timothée II, - d’être soumis aux magistrats, aux princes et aux puissances, dans les limites de notre foi et tant que nous ne tombons pas dans l’idolâtrie » (Tertulien. De l’Idolâtrie, XV); « Les lois sont l’œuvre des hommes. Elles ne tombent pas du ciel toutes faites. Elles sont réformables. Le législateur peut se tromper. Quand les lois sont reconnues iniques on doit les condamner... Une loi ne se justifie que si elle s’accorde avec la conscience des hommes qu’elle doit assujétir et dont elle réclame le respect; une loi injuste ne mérite pas le respect. » (Tertullien. Apologétique, IV, 7-10. Paris; Société d’Édition « Les Belles Lettres,1961); « Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien. Car c'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien vous réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés… Car c'est une grâce que de supporter des afflictions par motif de conscience envers Dieu, quand on souffre injustement » (Premier Épitre de Pierre, II, 13-15, 19);

    « ... un État n’accorde de liberté personnelle que dans la mesure où le citoyen se soumet à la loi. Cette soumission aux décisions de l’État est le prix que paye le citoyen pour sa liberté personnelle. C’est donc une escroquerie d’échanger sa propre liberté contre sa soumission à un État dont les lois sont, totalement ou en partie, injustes »; « Si je n’obéis pas à la loi en acceptant d’encourir les sanctions prévues, je met en œuvre la force de l’âme, ce qui suppose le sacrifice de soi. Tout le monde admet que se sacrifier soi-même est infiniment plus noble que de sacrifier les autres. Lorsqu'on l'utilise pour lutter contre l'injustice, cette force présente l'avantage de ne faire souffrir que celui qui l'emploie. Si, chemion faisant, on fait des erreurs, les autres n'ont pas à en pâtir. Depuis toujours les hommes ont entrepris des choses qui, dans la suite, se sont révélées être des erreurs. Personne ne peut prétendre à coup sûr qu'il est dans son droit ni que ceci ou cela est faux parce que telle est son opinion. Il est par contre indispensable qu'il s'abstienne de faire ce qu'il considère comme injuste, qu'elles qu'en soient les conséquences : ce premier pas est la clé qui permet d'employer la force de l'âme »; « La désobéissance civile ne donne jamais suite à l’anarchie alors que la désobéissance criminelle peut y conduire » (Gandhi. Tous les hommes sont frères. Gallimard, 1969, pp. 251, 159-160, 236); « Le citoyen ne se livrera pas par caprice aux charmes de [cette désobéissance]. Et la raison en est bien simple. Parce [qu’elle] entraîne l’amende, la prison, etc.; parce que, si [elle] n’est pas justifiée, l’opinion se déclarera contre [elle]… » (Migneault, A.-M. La Résistance aux lois injustes et la doctrine catholique. Bibliothèque de l'Action Française, 1920, pp. 67-68); « L’obéissance sans liberté est esclavage, et la liberté sans obéissance est confusion » (William Penn cité par Etten, H. V.. dans George Fox et les quakers. Seuil, 1966, p. 99). NDT.

  38. Apocalypse, XI 15. NDT.
  39. « Idée dominante » de l’œuvre de Garrison : « Si l’esclavage était un péché, le devoir du propriétaire d’esclave de remettre sa victime en liberté était urgent et immédiat, et non pas lointain; et le devoir de son complice n’était pas différent. Si l’accomplissement du christianisme devait être la paix sur la terre et la bonne volonté envers les hommes,les chrétiens n’avaient aucune excuse pour prolonger d’une seule heure le règne de la violence » (Garrison, W. P. & F. J. Garrison. A centennial selection (1805-1905) of characteristics sentiments from the writings of William Lloyd Garrison; with a biographical sketch. Boston; Houghton, Mifflin, 1905, p. 92];

    Garrison raisonnait en cela comme les premiers chrétiens : « Les chrétiens des premiers siècles s’accordaient à voir [comme réalisée] la prophétie d’Ésaïe - II, 2-4 - et de Michée - IV, 3-4: « Ils taillerons leurs épées en charrues et leurs javelots en faux, et les nations ne prendront plus l’épée l’une contre l’autre, et elles n’apprendront plus à faire la guerre ») dans la loi évangélique de paix et d’amour.» (Note de Marcel Borret In Origène. Contre Celse. Tome III, Livre 5, p. 98); « Nous qui étions remplis de guerre, de meurtre, de tout mal, nous avons sur terre transformé les instruments de guerre, les glaives, en soc de charrue, les lances en outils des champs, et nous cultivons la piété, la justice, la philanthropie, la foi, l’espérance qui vient du Père lui-même par le crucifié… » (Dialogue de Saint Justin - vers 150 - philosophe et martyr avec le juif Tryphon : chap. 3, Le vrai peuple de Dieu In La philosophie passe au Christ. Paris; Grasset, - Coll. Lettres chrétiennes, No. 3, - 1957, p.303-304); « Depuis la venue du Seigneur, le Nouveau Testament a réconcilié (les hommes) dans la paix, selon ce qu'a dit Michée [IV, 3] : « ils briseront les glaives pour en faire des charrues, les lances pour en faire des faux [et] ils n'apprendront plus à combattre » (A. Dufourcq. Saint Irénée - 2e siècle. Paris; Bloud et Cie, 1905, p. 198); « ... Ésaïe nous annonce... une loi nouvelle... "ils changeront leurs épées en instruments de labour, leurs lances en faucilles; les nations ne lèveront plus le fer contre les nations; on ne les verra plus s’exercer aux combats". Peut-on reconnaître à ces traits un autre peuple que nous, qui, formés par la loi nouvelle, observons ces ordonnances après avoir vu tomber la loi ancienne, dont la dureté même annonçait la future abrogation ? La loi ancienne, en effet, se maintenait par la sanction du glaive, elle "arrachait oeil pour oeil ", et rendait outrage pour outrage. La loi nouvelle, au contraire, promettait la miséricorde, apprenait aux amis de la guerre à devenir les amis de la loi, et convertissait les hostilités violentes en actes pacifiques, destinés à cultiver et à féconder la terre... l’observance de la loi nouvelle et de la circoncision spirituelle s’est manifestée à nous par la soumission de la paix. » (Tertullien – vers 155-225. Contre les Juifs  III); « De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes »: en d’autres termes, ils changeront les dispositions des esprits malfaisants, des langues hostiles, et de toutes sortes de mal et de blasphème, en poursuites de la modération et de la paix. « Une nation ne tirera plus l'épée contre une autre », ne provoquera pas la discorde, « et l'on n'apprendra plus la guerre », c’est-à-dire l’incitation aux hostilités; on nous annonçait donc Christ comme poursuivant la paix, et non comme puissant à la guerre. Vous [pouvez] nier que ces choses aient été prédites, bien que vous les lisez , ou qu’elles aient été accomplies, bien qu’elles soient sous les yeux de tous... » (Tertullien. Contre Marcion, III, 21);

    « Les mains qui ont fabriqué des épées et autres armes meurtrières vont les transformer maintenant en socs et en faucilles. Quand le soleil illumine l’horizon, le dormeur s’éveille et roule sa natte... Les plans de guerre et de violence seront bientôt détruits... (...) Je vous prie : comprenez d’abord la pensée. Le reste viendra tout seul ». (Vinobâ, A.. La révolution non-violente. Paris; Albin Michel, 1958, p. 238). NDT.

  40. Voir : 1 Corinthiens, I, 18-21. NDT.
  41. Voir : 2 Corinthiens, IV, 2. NDT.
  42. « … s'il faut que, maintenant, vous soyez attristés pour un peu de temps par toutes sortes d'épreuves. Celles-ci servent à éprouver la valeur de votre foi. L'or est destiné à disparaître, pourtant il est éprouvé par le feu ; de même votre foi, beaucoup plus précieuse que l'or, est mise à l'épreuve afin de prouver sa solidité » (1 Pierre, I, 6-8). NDT.
  43. « … nous avons à lutter contre les puissances spirituelles mauvaises du monde... » (Épitre aux Éphésiens, VI, 12). NDT.
  44. « Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés; et marchez dans la charité, à l'exemple du Christ... » (Épitre aux Éphésiens, V, 1-2). NDT.
  45. Voir : 2 Timothée, II, 12. NDT.
  46. « Nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu... » (Deuxième épitre aux Corinthiens, I, 9). NDT.
  47. « Et qui vous maltraitera, si vous êtes zélés pou rle bien? D'ailleurs, qiuand vous souffriez our la justice, vous seriez heureux. N'ayez d'eux aucune crainte, et ne soyez pas troublé » (1 Pierre III, 14 et IV, 12-13). NDT.
  48. « L'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses sommandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi » (1 Jean, V, 3-4). NDT.
  49. « … ne soyez pas surpris, comme d'une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances du Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l'allégresse lorsque sa gloire apparaitra » (1 Pierre, IV, 12-13). NDT.
  50. « Que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu remettent leurs âmes au fidèle Créateur, en faisant ce quie st bien... » (1 Pierre, IV, 19). NDT.
  51. « … quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle » (Matthieu, XIX, 29). NDT.
  52. Garrison, W. P., & F. J. Garrison. William Lloyd Garrison: The story of his life told by his children. New York; Century Co., 1885, vol. 2, p, 237. [10]. NDT.