Décrets des sens sanctionnés par la volupté/12
LA DOUBLE DOULEUR,
OU
La Nymphe de Diane et l’Amour.
Diane fut de tout tems l’ennemie des plaisirs
de l’Amour ; il n’y eut que le bel Endymion
qui parvint à vaincre cette humeur sauvage et
cette rudesse ; je vais remettre cette fable
sous les yeux de mes lecteurs, afin de les
disposer à s’occuper de l’anecdote qui forme
le sujet du tableau voluptueux que je destine
à son examen.
Diane ne pensait qu’à chasser de forêts en forêts les bêtes fauves, pendant que tous les Dieux de l’Olympe, dépouillant leur divinité, s’étaient fait hommes pour foutre de simples mortelles ; ainsi fit le Nazaréen, fils putatif de Joseph, qui, dans la légende sacrée, obtint un brevet de cocu par l’opération du Saint-Esprit. Ce juif adroit, ce législateur habile, entr’autres tours de gibecière, fit un miracle bien propice aux marchands de vins, à l’époque des nôces de Cana, et jetta, par ce moyen, les premiers fondemens de la fortune des cabaretiers français[1]. Puis couvert de son enveloppe terrestre, il prouva à ses contemporains que le fils de la divinité ne s’était pas fait homme pour des prunes ; et pour donner plus d’abaissement à sa grandeur, il adopta toutes les faiblesses de l’humanité ; il se courba sous le joug des passions ; et dans le nombre des sept péchés capitaux, il choisit la luxure, comme son inclination favorite, ce fut en conséquence qu’il foutit Marie-Magdelaine, connue dans la chronique sainte pour la putain du paradis. Son indulgence pour les femmes adultères était de même un témoignage authentique de l’obscurité de sa naissance, et très-sûrement lorsque la débordée Galiléenne lui fut présentée, il pensait aux cornes qui ombrageaient le front du charpentier Joseph, son bon papa Cornard, quand il dit aux Pharisiens, ces paroles sublimes.
Voilà bien du bruit pour rien, pourquoi tant vous formaliser ? Dans l’événement qui excite ici votre indignation, je ne vois qu’un cocu de plus ; faut-il pour cela tant crier à l’anathême ? Que le plus sage d’entre vous, que celui qui n’a pas baisé la femme de son prochain lui jette la première pierre. On fut effrayé du ton avec lequel le bâtard de la soi-disante Vierge Marie prononça ces paroles. Pas un d’eux n’arma ses mains du caillou meurtrier ; ainsi donc les cocus étaient aussi communs à Jérusalem que dans Paris.
Mais laissons là les fables du catholicisme pour nous occuper de la mythologie païenne qui doit insensiblement m’amener à mon allégorie. J’ai donc dit que les Dieux de l’Olympe s’étaient travestis en hommes pour foutre les cons ou les culs que Promethée avait transplantés sur la terre. Jupiter, pour remplir la vaste conasse d’Europe, s’était muni d’un vit de taureau pour chatouiller le clitoris de Léda ; il s’était servi du léger engin d’un cigne pour fourrager le con d’Antiope, il avait mis en usage le vit d’un satyre ; et pour foutrailler Sémelé, il avait embrâsé ses couilles divines du feu de sa divinité ; enfin, pour chatouiller le croquant de Calisto, il avait emprunté la forme et le doigt de Diane la branleuse ; et pour foutre Alcmène, il prit la figure et le vit d’Amphytrion, et de cette conjonction naquit Hercule qui foutait cent femmes, détruisait les brigands, baisait, pillait, étouffait tous les monstres nuisibles avec autant de facilité que j’en trouve à citer ces traits sacrés et prophanes.
Apollon foutait Daphné ; Mercure, le maquereau des Dieux, et le patron des marchands et des voleurs, foutait tout ce qu’il rencontrait. Tout l’Olympe foutait ; il n’est donc pas étonnant qu’une des Nymphes de Diane se laissât prendre le cul par l’Amour ; tout est dans l’ordre.
Iris était le nom de cette Nymphe. Un jour qu’égarée dans un bosquet solitaire, sans autres vêtemens que ceux que la simple nature permet à ses sectataires fidèles, c’est-à-dire, sans chemise et sans voile ; elle errait auprès d’un buisson de roses. Ne craignant pas les incursions de quelque nouvel Endymion, elle n’apportoit aucun soin à cacher ses appas, et découvrait inutilement les plus beaux tettons du monde, fermes et élastiques ; une jambe fine et déliée, dont Zeuxis lui-même eût eu peine à peindre les proportions, une cuisse arrondie et ravissante, et une motte charmante, garnie d’un léger duvet, qui ombrageait un conin vermeil, dont le coloris agréable surpassait celui des roses qu’Iris avait devant les yeux, et qu’elle brûloit de cueillir. Le poil frisoté qu’Iris portait à sa moniche, avait l’air d’y avoir été plutôt planté pour l’ornement du sanctuaire de Vénus, que pour en défendre l’approche.
Ce bijou précieux, ce conin que la nature avoit mis au nombre de ses merveilles, ne devait pas être la proie d’un simple mortel ; un Dieu s’en était réservé la conquête, et l’Amour lui-même s’était résolu de croquer ce délicieux pucelage. Il apparut donc à Iris dans le moment que se baissant pour cueillir des roses, elle offrait sans précaution la vue d’un cul mignon, et le but flatteur où cet enfant libertin avait dessein d’atteindre.
Que faites-vous donc Iris, dit l’Amour à la Nymphe jolie, ignorez-vous que ces roses me sont consacrées et avez-vous pu penser que je vous les laissasse cueillir sans exiger d’en cueillir une à mon tour, qui forme toute mon ambition, et excite aux desirs depuis long-tems. Le discours de l’Amour fut une énigme pour la Nymphe ; aussi y répondit-elle, avec toute l’innocence d’une novice, dont les sens ne sont point encore enflammés et qui ignore le but d’une semblable demande. Jeune enfant, dit-elle à ce Dieu, je ne sais pas quelle est la rose que vous paraissez desirer avec tant d’ardeur ; mais telle qu’elle soit je n’ai rien à refuser à l’Amour ; cueillez donc de votre côté cette fleur que vous recherchez, tandis que je m’empresse à moissonner sur leurs tiges celles-ci qui périraient sans doute sans qu’on en ait la jouissance. Iris ne savait pas que la rose enviée par l’Amour, ressemblait à celles dont elle parlait, et que le rosier des amans portait une fleur épanouie, dont la jouissance desirable devait être dans peu le partage du fils de Vénus.
Muni de cette permission, l’Amour n’attendit plus que le moment propice d’entrer dans ses fonctions, et l’occasion favorable d’instruire Iris sur la nature des plaisirs qu’il procurait ordinairement à la nature entière. En attendant cet instant fortuné, l’enfant aîlé, appuyé sur son arc, contemplait le cul d’Iris, qui se haussant et s’abaissant, suivant les mouvemens qu’elle se donnait pour arracher des roses, tantôt découvrait son conin et sa jolie motte, appas divins, bien capables de fixer les hommages des rois de la terre.
Soit à Paphos, soit à Cythère, ou dans les bosquets d’Idalie, l’Amour avait sans doute bien vu des culs ; il avait apperçu celui de Vénus sa mère, dans ce moment voluptueux où le dieu Mars, épris d’ardeur pour la reine des plaisirs, le couvrait de baisers, et formait de ce cul divin l’objet de son culte et de ses adorations ; il avait de même contemplé le con de cette déesse dans l’instant où le jeune et charmant Adonis avait cocufié Vulcain pour la millième fois. Le conin de Psyché avait aussi captivé l’Amour, et on l’avait vu souvent folâtrer auprès du cul des trois Grâces ; mais, selon lui, rien n’était comparable à celui d’Iris ; il en convoitait donc la jouissance, et n’aspirait qu’à ce moment desiré.
Au moment où la Nymphe chérie de Diane mettait sa jolie main sur une rose, une épine la piqua vivement ; l’amour saisit cet instant pour s’emparer du con d’Iris, et y glissa ses petits doigts badins ; trop occupée de sa blessure, elle ne fit pas d’abord attention à la douleur tout-à-la-fois cruelle et voluptueuse, que l’amour faisait éprouver à son conin, où rien encore ne s’était introduit. Ce ne fut que revenue à elle, qu’elle commença à jouir de l’émotion produite par le ravage que le doigt de Cupidon faisait à son as de pique[2]. En un instant cette délicieuse sensation l’éclaira sur le mystère de la rose dont l’Amour lui avait parlé. Ah ! fripon, dit-elle à ce Dieu, en poussant un soupir et se laissant tomber sur le gazon ; la voilà donc cette rose que tu prétends me ravir.... elle est pour toi sans épine.... à qui puis-je mieux en faire hommage qu’à l’Amour.... non, ne crois pas que je t’en prive ; au contraire, hâte-toi de la cueillir.... Je t’en fais le sacrifice. L’amour, tout enfant qu’il était, opéra donc en faveur d’Iris le plus agréable des mystères, et sur les mêmes roses qu’elle était venue cueillir, ce Dieu lui prit la sienne. Un Hercule eut donc été mieux le fait de cette charmante Nymphe ; il n’était pas à présumer que le fils de Cypris fût pourvu d’une arme bien redoutable, et le vit d’un Cupidon ne devait pas valoir à coup sûr le vit d’un homme d’âge mûr ; mais Iris était pucelle ; les travaux de l’Amour lui donnaient les premières notions du plaisir, et d’ailleurs, tel petit que soit l’instrument foutatif d’un Dieu, il l’emportera toujours, par les charmes de la fouterie, sur un simple mortel ; en cas pareil, l’Amour peut bien opérer des prodiges ; il en opéra donc, car Iris se pâmait sur le gazon, et cet acte délicieux ne fut pas plutôt consommé, qu’elle supplia l’Amour de recommencer. Elle en mourait d’impatience ; ses mouvemens lascifs, ses baisers enflammés, tout en elle peignait le desir ; mais cette fois il n’y eut pas moyen, et l’Amour tint ce langage à Iris. Ce que vous me demandez, aimable compagne de Diane, n’est pas en mon pouvoir, tout Dieu que je suis, je dois proportionner mes exploits à ma taille ; mais consolez-vous, en attendant l’amant favorisé que je vous destine ; je vais vous faire présent d’un instrument propre à assouvir l’ardeur qui vous consume : disant ces paroles, il tira de son carquois une flèche dont la forme était celle d’un vit ferme et long, puis le présentant à Iris, il s’envola malicieusement sans lui en enseigner l’usage. La nature, cette sage institutrice, eut pitié de son embarras, elle inspira son cœur et ses sens, et la Nymphe aussitôt introduisit ce meuble utile dans son conin ; à la place de l’engin mignon de l’Amour. Enchantée de la grosseur et de la longueur de celui-ci. Iris se pâma, et tout en déchargeant elle s’écria : Amour ! tendre Amour, pardonne-moi cette infidélité ; mais comment y résister ? Pour te venger, revêts-toi de cette forme, et viens dans mes bras expirer de plaisir.
- ↑ C’était une grande prévoyance de la part de J. C. que de changer l’eau en vin.
- ↑ J’ai connu une courtisanne ainsi surnommée, à cause de la singularité de sa construction, elle avait sans doute un aussi beau cul que celui d’Iris, mais elle était extrêmement blonde, et la nature bisarre avait teint en couleur, aussi noir que l’ébeine, le poil de sa motte, de manière que ce n’était pas sans raison qu’on l’a nommoit l’as de pique.