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Décrets des sens sanctionnés par la volupté/15

La bibliothèque libre.
A Rome, De l’Imprimerie du Saint Pere, M. DCC. LXXXXIII (p. 104-113).

BELLES TÊTES

ET
BELLES COUILLES,
OU
TOUS LES BIENS EN ABONDANCE.


Pourquoi sortirais-je si-tôt du sein de l’assemblée nationale, de cet endroit sur lequel l’Europe attache aussi constamment les yeux, qu’autrefois elle les fixait sur l’intérieur des cabinets ministériels. Que ses opérations législatives soient surveillées par les jurisconsultes envieux et méchans ; que les journalistes bas et rampans tournent en ridicule leurs décrets, je m’occupe peu d’aller sur les brisées de ces écrivains voraces et soudoyés par l’esprit de parti contraire. La fouterie et le plaisir, voilà mon journal. Je ne veux pour lecteurs que des fouteurs et non des politiques. Si donc je choisis encore un député de cette illustre assemblée pour modèle de mes crayons libertins, ce n’est que pour offrir un hommage de plus à la mère des Amours, à Priape lui-même, et sacrifier sur l’autel de la lubricité.

Le nom de Stanislas Clermont-Tonnerre, semble peindre un guerrier invincible, aussi belliqueux qu’Alexandre, aussi courageux qu’Achilles, aussi vaillant qu’Annibal. Rien de tout cela : je consens que sous les drapeaux de Mars, cet illustre député populaire réunit toutes les vertus des camps, et qu’aussi-tôt que les enseignes sont déployées, il vole avec ardeur aux combats ; mais il est de même à Cythère, et les voiles qui couvrent les cuisses rebondies d’une créature formée par les Grâces, ne sont pas plutôt au vent, que la pique en main il ne s’apprête à fourrager le con embrâsé de cette divinité voluptueuse, qu’il n’y fasse circuler cette liqueur bouillante qui nous donne l’être ; et qu’enfin, pour trancher le mot et toute espèce d’allégorie, il ne la grimpe avec autant de facilité qu’à la brêche, et qu’il ne la foute aussi courageusement qu’il affronte la fureur des ennemis.

Qu’on ne s’étonne pas de voir un guerrier se délasser des travaux de Bellone dans le con d’une fouteuse charmante ; tels sont les jeux d’un conquérant ; il se retrace dans cette fouterie délicieuse l’image d’une citadelle emportée d’assaut, et le vagin d’une femme est pour un fouteur dispos et expert celle d’une place forte et destinée à l’attaque ; ses cuisses sont les remparts, le poil de sa motte représente les glacis, son cul divin, figure la demi-lune, et le dernier retranchement dont on doit se dessaisir ; ses fesses sont les bastions, et le con de cette beauté est la brèche. L’arme en main, vit en l’air, l’attaque commence : les couilles de l’assaillant sont les bombes enflammées, qui doivent lancer le feu de la paillardise. Les coups de cul de la lubrique femelle annoncent sa courageuse résistance ; mais de même qu’on voit sur les crénaux le défenseur expirant, de même la femme foutue se pâme de plaisir, et dit en déchargeant : Je suis vaincue, et je me soumets à la discrétion du vainqueur. Si la donzelle est mariée, c’est alors que l’image de la guerre est encore plus réelle : le front du cocu se fertilise, et l’on voit aussi-tôt un ouvrage à corne ; ce point manquoit à ma description.

Tous les généraux Français ont fait de même en campagne. Le fameux maréchal de Saxe n’avait-il pas un essaim de courtisannes pour ses menus plaisirs, qu’il logeait à l’arrière-garde ? Ne prenait-il pas le cul des femmes de troupes ? Ne se faisait-il pas branler son vit monstrueux par des vivandières ; et le vicomte de Turenne, en capitulant avec les gouverneurs des places ennemies, ne mettait-il pas le plus souvent le con de madame la gouvernante au nombre des articles secrets de la capitulation. Pourquoi donc s’étonnerait-on de voir Stanislas de Clermont-Tonnerre, foutant à droite et à gauche, et s’occuper des plaisirs de la couille dans les momens de relâche que lui laissent la guerre et les affaires.

Avant de passer outre et de tracer ici les passe-tems de ce fouteur aimable, si peu épargné par les peuples qui, je ne sais trop pourquoi, ont rabattu de la bonne opinion qu’ils avaient conçue pour le comte de Clermont-Tonnerre, qu’on me permette une légère digression, courte, mais bonne, et de donner au moins pour ce qu’ils sont, quelques principaux traits du premier article de la Genèse ; c’est la bible que je vais mettre en jeu, afin de trouver grâce pour mon libertinage aux yeux des dévots rigoristes.

Avant que, le maudit serpent se fût glissé dans le paradis terrestre, et qu’il eût répandu sur le sein innocent de madame Eve le foutre spermatique qu’il lui darda pour l’induire à l’impudicité, le premier homme et la première femme étaient encore dans l’heureux âge de l’innocence. M. Adam avait un vit, de superbes couilles ; mais il ignoroit l’usage qu’il pouvait en faire. Madame sa femme avait un con ; mais elle ignorait de même quel était l’outil qui devait y pénétrer. Son clitoris n’éprouvait aucune sensation : ce ne fut que lorsque l’esprit tentateur l’eut chatouillé de sa queue frétillante, qu’un mouvement inconnu, un feu dévorant lui fit connaître la nature du plaisir. Ce ne fut donc pas, comme nous l’ont conté nos vieux grands pères, de même qu’à notre tour nous le conterons à nos enfans, par le fruit d’un pommier que Dieu n’avait sans doute pas planté pour rien au milieu du jardin d’Eden, que nous avons la connaissance du bien et du mal ; connaissance utile et chère, quoi qu’en disent les théologiens ; car restant dans l’ignorance, il n’y a pas plus de mérite à pratiquer l’un que de vertu à éviter l’autre.

Le diable donc, disent nos saints radoteurs, tint à notre première mère ce langage passionné qu’elle était bien en train d’écouter, graces au jeu branlant de sa queue. Femme crédule, à quoi vous amusez-vous dans ce paradis où rien ne paraît vous manquer, mais d’où le principal est banni : connaissez le véritable motif de votre création ; c’est pour foutre que Dieu, mon rival, vous a mis au monde ; et faute de savoir comment vous y prendre, vous vous sevrez de ce plaisir, et vous languissez sans culture. J’ai pitié de votre ignorance, et veux vous rendre égal au Créateur. Vingt fois vous avez examiné le peu de conformité qui existe entre votre structure et celle de votre époux ; c’est précisément cette différence de conformité qu’il faut réunir pour goûter ensemble les charmes de la jouissance dont je viens de vous donner une imparfaite idée. Ce cinquième membre qui pend au ventre de votre mari, s’il était pressé par vos doigts délicats, acquérerait de la grosseur et de la fermeté ; c’est cet instrument qui doit emplir la concavité que vous possédez, et dans laquelle je viens de glisser le bout de ma queue. Ce membre s’appelle un vit ; les accompagnemens dont il est orné, ce sont des couilles, et la concavité dans laquelle doit s’exercer le bonhomme Adam, se nomme un con. Voilà le fruit dont Dieu, jaloux de sa puissance, vous a défendu l’usage ; mais bravez ses menaces, devenez ses égaux en foutant, et qu’une nombreuse lignée devienne le fruit de vos embrassemens. En achevant ces mots, Satan disparut.

Adam, en ce moment, revenait trouver sa compagne. Eve mit en action les leçons du tentateur. Les mots bizarres de vit, con et couilles avaient frappé ses oreilles et son imagination : sur-le-champ elle sauta à l’arbre de vie de son époux, et le fit dresser de la belle manière. Ce mouvement parut nouveau à Adam, qui se mit à badiner avec la motte velue de sa femme. La nature en secret guida le reste de cette merveilleuse opération. Le premier homme foutit la première femme : Dieu outragé, dit-on, les chassa du domaine qu’il leur avait donné : ils mirent des enfans au monde qui en foutirent d’autres ; et de fouteries en fouteries, un peuple innombrable habite la surface de la terre, et nous serions probablement tous foutus, si le beau con de Marie n’eût été foutraillé par l’esprit saint, qui nous délivra des griffes du diable, en fabriquant à la femme du charpentier Joseph, comme je l’ai déjà dit quelque part, un populo, qui mourut sur la croix. Convenons-en, c’est une belle chose que les mystères dont fourmille la bibliothèque bleue sacrée. Il faut cependant croire que notre rédemption n’est pas aussi efficace que se l’était promise le bâtard adultérin, qui par humilité naquit à Béthléem entre un bœuf et un âne ; car on n’a pas laissé que de foutre depuis ce tems, et probablement on foutera encore jusqu’à la fin des siècles. Amen. Je reviens au ci-devant comte de Clermont-Tonnerre.

Sophie était encore pucelle ; c’est un friand morceau pour un fouteur habitué à pénétrer d’emblée dans un con qui a déjà souffert maintes attaques ; aussi Clermont-Tonnerre parvint-il à la séduire dans un des jours les plus brûlans de l’été, dans cette circonstance où la canicule nous embrâse de tous ses feux. Stanislas et Sophie nuds, oh ! parfaitement nuds, dissertaient sur les plaisirs qu’ils venaient de goûter. Il pressait dans ses mains libertines les tettons de sa novice, qui par représailles tenait ses couilles entre ses doigts délicats, échauffés l’un et l’autre par ce charmant badinage. Clermont-Tonnerre sentait redresser son engin dépuceleur : animé par cette érection, regarde, disait-il à sa déesse, regarde mon arbre de vie ; en quel état il se trouve ; que nous devons avoir d’obligation à nos premiers aïeux, de nous avoir procuré la jouissance de pareils instrumens. A quoi répondit Sophie : serait-il possible, mon cher comte, que nous fussions damnés pour avoir suivi leur exemple. Non, je ne puis le croire ; dussent tous les feux de l’enfer engloutir et dévorer ton amante ; fouts-moi, de grace ; je suis consumée par le desir ; et si le sexe féminin fit don d’une pomme à l’humanité, souffre que je me saisisse des deux que je vois. Qu’arrive-t-il de cette exorde, que Clermont-Tonnerre abandonna ses couilles à la lubricité de sa jeune élève ; que Sophie fut refoutue, et que ce tendre commerce fait la félicité de tous les deux. C’en est donc fait, je ne croirai plus à ces fables ridicules, puisque dans l’arbre de la science, dans la pomme d’Adam, je trouve la source du bonheur.