Décrets des sens sanctionnés par la volupté/16
LES JAMBES EN L’AIR.
OU
Manière plaisante dont la Sainte-H....
fit un Enfant.
Dans les vers énigmatiques et voluptueux
qui sont déposés au bas de ma lascive peinture,
on distingue les noms de Damon et de
Lise. Eh ! pourquoi ces noms qui peuvent
convenir à tout le monde, va s’écrier le
curieux lecteur, eh ! patience ne vous couroucez
pas, un peu d’intrigue intéresse,
engage l’attention ; mais je ne prétends pas
la faire durer. Pour la faire cesser, je vous
dirai donc à l’oreille que Damon est le gentil
et célébre F...... de N.... C......, lieutenant
au présidial de Mirecourt en Lorraine, et
que Lise est la Sainte-H....., virtuose de
l’académie royale de musique. Cette connaissance
que je vous fais faire rendra sûrement
la lecture de mon historiette plus piquante ;
c’est bien là mon intention.
L’Almanach des Muses, les Étrennes du Parnasse et l’éternel Mercure de France, respectent à chaque feuillet le nom de F...... de N.... C...... ; le barreau retentit autrefois de son éloquence mâle et persuasive. Maintenant la tribune aux harangues de l’assemblée cite son énergie, son patriotisme et sa fermeté ; c’est le dieu du génie et l’apôtre des grâces. Mais qu’en disent les femmes, que c’est un fouteur de bon aloi, qui fait naître la volupté par dégrés, et mainte femelle au gentil corsage, qui lui livra ses appas à discrétion, en eut pour ses neuf mois. Car quoique certain auteur ait dit :
Messieurs les gens d’esprit, d’ailleurs très-estimables,
Ont fort peu de talent pour former leurs semblables.
F...... de N.... C...... est un fouteur préconisé
à qui, sans scandale, je puis renvoyer
les femmes ardentes et passionnées, qui craignent
la stérilité ; très-certainement, je puis
m’en porter caution, quelques coups de vit
de ce formidable athelète féconderont beaucoup
mieux les entrailles de femme de complexion
amoureuse, que toutes les quinzaines
qu’elle pourrait faire à Sainte Genevieve, voir même à Notre-Dame-de-Bon-Secours,
pour en obtenir de la progéniture.
C’est par cette raison, que la célèbre Arnoux, cette branleuse renommée de l’Opera, propre au poil comme à la plume, refusa formellement l’entrée de son vagin à F...... de N.... C......, tant elle avait en horreur le vit d’un homme qui faisait des enfans ; à ce sujet, elle lui disait un jour : mon cher F......, je t’aime avec yvresse, je brûle de foutre avec toi ; mais ta méthode de faire allonger la ceinture de toutes les femmes que tu enconne, me déplaît souverainement. Si j’étais sûre qu’en folâtrant avec mon con, tu ne dardes pas dans mon sein ce germe de vie que je crains plus que la mort, je ne ferais pas difficulté de te livrer mon ouverture ; mais je m’aime trop pour m’y exposer. Branle-moi, si tu le veux ; j’y consens. Bougrifions ensemble, s’il le faut ; mais point d’enconnage. Que faire, en pareil cas ? se résigner ; c’est aussi ce que fit F...... Il branla, il sodomisa et ne fit pas d’enfans ; c’est ce qu’au moins rapporte la chronique des exploits libertins de cette insigne calambourdière.
Avant d’insinuer sa pine expérimentale dans le con, si souvent fêté de la Sainte-H....., F...... de N.... C...... avait foutu la dame de Mirebec, la femme de son ami, de son protecteur, et, comme lui, avocat au conseil. Ah ! fi, va-t-on dire, foutre la femme de son protecteur ; voilà de l’ingratitude toute pure. Eh ! non, Messieurs les déclameurs, non, ce n’en est pas. F...... avait des obligations à la femme comme au mari. Le sieur de Mirebec soupirait depuis long-tems après un héritier, sa chère moitié enrageait de n’en pouvoir fabriquer un ; pour être instruite de quel côté venait ce de défaut de propagation, elle s’adressa au vigoureux F... de N.... C...... Celui-ci mit en œuvre son braquemard officieux, la femme fut foutue et devint grosse. Le mari fut cocu ; mais il eut un fils. Verra-t-on, là de l’ingratitude.
Après s’être bien exercé dans le lit conjugal, F..... de N.... C....., se mit à courir les coquines pendant le courant de la journée, sa verve féconde lui fournissait des vers, et pendant la soirée il employait sa verge masculine à foutre et à faire des enfans. C’est au milieu de ces galantes occupations, qu’il fit la connaissance de Sainte-H......, la plus luxurieuse des prostituées de l’académie royale de musique.
Abordait-il quelqu’une de ces nymphes émérillonnées, dont la jouissance est le but de tous les desirs, il lui présentait un madrigal et son vit ; l’un ne se refuse pas plus que l’autre ; l’amour-propre engage à accepter le premier, et le besoin de foutre détermine en faveur du second ; ce fut avec de pareilles armes que le voluptueux F...... attaqua avec succès la Sainte-H...... ; Je vais décrire cette action lubrique, et raconter ingénuement à ceux auxquels je livre mes productions, comme le tout s’ensuivit.
Sainte-H...... voulait, ainsi que la sensuelle de Mirebec, avoir un nourrisson du Parnasse ; mais la fouterie bourgeoise lui paraissait trop insipide, et se mettre bêtement dans les bras l’un de l’autre lui semblait du dernier ridicule.
Assise sur les genoux de N.... C...., qui s’était mis en action, et retroussant sa chemise jusqu’à la ceinture, elle disait à ce petit descendant d’Hercule, là ; bien, mon bon ami ; fouts-moi, je te prie, de cette manière. Je remuerai la charnière avec plus de volupté et tout ira à merveille de cette façon. F......, le fouteur F......, concevait bien qu’ainsi posée, pouvait gagner du [te]rrein ; mais il savait bien aussi que cela le rendait moins libre, et une fouterie de ce genre ne lui paraissait tolérable que dans une voiture où l’on ne saurait avoir toutes ses aises. Mais F...... était galant, et ne savait rien refuser à une aimable fouteuse qui a des caprices étranges, et qui veut les satisfaire ; femme qui fout à sa guise, ne fout qu’avec plus d’agrémens ; il enconna donc Saint-H..... de cette joyeuse façon, en se réservant de lui jouer un tour de son métier, après la description duquel je ne ferai pas attendre.
Comme ils étaient au fort de l’action, d’une main leste et vigoureuse, il poussa sa déesse qui tomba sur les coudes, et qui, par cette posture, exhiba à son fouteur le plus charmant des fessiers ; qu’on ne s’imagine pas que le cavalier désempara du poste, son vit adroit ne lâche pas prise. Loin de se plaindre, la Sainte-Huberti en remua le croupion avec plus d’ardeur ; fouts, mon cher cœur, fouts, mon bel ange, je décharge...., je me meurs, telles étaient les expressions de l’ardente cantatrice. F...... faisait chorus, et acte délicieux consommé, il protesta à sa divine fouteuse que ses intentions étaient remplies, tout ainsi que ses entrailles. Tant mieux, s’écria-t-elle, j’ai le vuide en horreur ; fructus est ven.ri, continua-t-elle, j’aurai donc un enfant, et cet enfant, je l’aurai conçu les jambes en l’air. Oh ! la plaisante manière.
Neuf mois après, les deux amans furent convaincus de la réalité du fait, et j’en aurai sûrement dit assez pour convaincre mes lecteurs que tout chemin mène à Rome, et que toutes les fouteries peuvent avoir leur effet.