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Dans le puits/11

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Mercvre de France (p. 235-253).
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XI


Pas à pas, marche à marche, je la suis, en lui dissimulant le motif de mon intervention pour qu’elle ne puisse pas m’accuser d’une surveillance intempestive.

C’est elle, la coupable, certainement, mais c’est bien moi qui semble tourmentée d’un remords. Non, elle ne m’échappera plus et ce que j’ai crié, un matin, à la mort de ma chèvre, se réalisera : Je lui arracherai la peau du ventre ! Je l’aurai vivant, ce petit dont elle ne veut pas. Il faut qu’il naisse et c’est à moi de le porter dans mon cerveau. On fait ce qu’on peut. Ce n’est pas un guerrier de plus que j’offrirai à mon pays, mais un futur travailleur de sa terre, un bêcheur, un piocheur, un être qui fera repousser des fleurs et du blé, des cheveux, une mèche de la luxuriante chevelure du renouveau, sur une des places blanches de la calvitie de la pauvre tête du globe. S’il n’est pas trop tard ?… Comme la passion intérieure aiguise toujours le tranchant de mes propos, je ne lui parle pas, j’aurais trop peur de lui tenir des discours inutiles. Cette ignorante a imité les savants : elle a essayé des poisons sur des animaux… Est-elle, du reste, vraiment coupable ?

Ô vous, les grands humanitaires qui demandez des enfants aux femmes alors que leurs maris, absents, sur le front, elles sont exposées dans leur isolement à toutes les tentations, vous feriez mieux de mettre une sourdine à vos discours : la parole n’a été donnée aux conférenciers que pour envenimer les plaies. L’homme, cet animal inconscient de son état d’animal et par conséquent désorganisé sous le rapport de la grâce d’état, n’a plus la possibilité des puretés d’intention, ni de l’ingénuité du sacrifice charnel. Il a des calculs d’intérêt qui, justement, ne sont plus l’état intéressant, l’état de grâce, et sa compagne se révolte, cherche à se dérober à l’impôt, à la contrainte par corps. Cette créature bornée fut, comme ma chèvre, obligée à la parturition forcée, puisque le quatrième enfant libérait l’homme de la corvée de tuerie et par sa naissance le sauvait de la mort. Il faut cependant que Messieurs les illustres réparateurs de l’ordre social sachent bien, ou veuillent se souvenir, qu’il n’y a pas d’ordre social sans l’appât d’un bénéfice quelconque. Seule, la nature, dans son apparent désordre, a le génie nécessaire pour tirer un profit des catastrophes qu’elle vous impose ou des cataclysme dont elle connaît le mobile secret. L’homme a la vue courte et la vie encore plus courte. Il ne confère qu’avec lui-même et ses projets sont toujours mesquins.

Trois enfants ! « Ah ! si c’était à refaire ! » Ces trois-là, derrière les jupes de la mère, désormais seule pour les élever, pèsent déjà terriblement lourd. Qui donc a offert à la femme du peuple un catéchisme de la maternité, alors qu’on lui a retiré l’autre catéchisme qui lui mettait des œillères ? C’est très beau d’enlever les œillères aux bêtes de somme. Encore faudrait-il leur apprendre à se diriger plus librement et vers quel but. Les droits ne vont jamais sans devoir et on a appris à la femme surtout les droits de l’homme ! Faire des enfants est moins nécessaire que savoir les élever. Qui montrera à la mère la meilleure manière de nourrir, de dresser et de mener normalement à la saine existence du citoyen ces petits animaux anormaux qui ne savent plus ce qu’ils ont à faire pour éviter tous les dangers qu’ils courent. Les enfants de mes rats ne jouent pas avec les allumettes et ne mangent que ce que leur mère leur donne. Si je leur offrais la meilleure chose du monde, ils refuseraient, en tournant leurs yeux en perle sur les deux perles des yeux de la mère, car ils ne reconnaissent pas mes lois, les lois de la fantaisie, avant celles de la bête qui les a mis bas.

Le principe de l’élevage populaire est de gagner le plus d’argent possible pour avoir à économiser le moins possible, permettre le gaspillage alors qu’il faudrait peut-être, dans le temps où nous vivons, empêcher les inconscients de gâcher. Ces trois-là n’aiment réellement ni les œufs, ni le lait ; ils ont l’appétit de la charcuterie, de l’abominable charcuterie qu’on fabrique en banlieue parisienne, substance à la fois fade et faisandée, sans goût défini, parce que saturée d’aseptisants destinés à la rendre avalable, sinon digestive, et ils préfèrent, au fruit naturel, tous les produits de l’épicerie grossière déclarée fine, les chocolats, les nougats, les bonbons acidulés, qui n’ont d’anglais que les angles, toutes sortes de mixtures amères à force d’être frelatées par on ne sait quel chimiste ennemi de l’enfance. S’ils mangent une pomme, elle est non pas verte, mais encore en bouton, et s’ils désirent frénétiquement une tartine, c’est avec un peu de moutarde sous le beurre. (D’où, sans doute, le nom de moutard !) Et il n’est pas besoin d’ajouter qu’ils boivent du vin pur, aromatisé de bois de Campêche, dans le fond du verre de papa ou de maman, quelquefois même une goutte de sirop se composant d’un sucre fondu dans de l’eau de vie. « Ils ont le diable au corps ! » En effet, il serait très difficile d’y avoir un ange à ces conditions-là, car les anges savent, j’imagine, que le feu de l’enfer fut le premier bol de punch infligé à ceux qui méconnurent les lois de l’alimentation divine : manger peu en chantant des cantiques.

Un quatrième enfant !… Aura-t-on du pain, du vin, de la moutarde aussi, dans sept mois ?

Je n’excuse pas, je constate, dans mon petit coin de globe désertique, qu’à côté des droits de l’homme il y a les caprices de la femme et que souvent ces caprices ont une parenté naturelle avec les phénomènes de la terre, notre première mère, une qui protège les oiseaux et les serpents avec une égale sollicitude. Les volcans n’ont pas toujours envoyé des barriques de Lachryma Christi au lieu de scories sur les coteaux ensoleillés. Or, certaines zones effroyablement empestées de soufre ont pourtant fourni, plus tard, les nectars les plus réputés pour la qualité de leur bouquet, la douceur veloutée de leur saveur. À cultiver d’une façon patiente et habile les caprices féminins, on aurait peut-être pu leur faire donner du miel à la place de leur troublante absinthe ? Enfin il est trop tard pour leur parler de Dieu et il n’est pas encore temps de leur montrer la vérité éparse dans la nature, dans laquelle nature il faut apprendre à savoir lire. Peut-on faire comprendre aux femmes éclairées que l’amour est un moyen et non pas une fin ?

Paresseuse née, celle-ci invente, cependant, les pires travaux d’Hercule pour y gagner l’occasion, le tour de reins nécessaire à sa… disgrâce d’état. Elle a compté sans moi. Je suis toujours là pour lui éviter ou lui interdire un travail pénible. Elle ne se baisserait pas pour soulever un des châssis du jardin où poussent, à en casser les vitres, des plantes qui cherchent l’air du printemps fondant la neige et le verglas, mais elle s’attelle à des charges de fumier qui feraient reculer un cheval. Ce qui l’intéresse, c’est de se donner un effort.

Et ce n’est pas pour me complaire, puisque je ne lui demande rien, ni un service, ni une aide où la fatigue ne serait pas proportionnée à son état. Elle est tellement ombrageuse que je ne sais plus comment m’y prendre pour que la rupture ne vienne pas d’elle.

Il est clair que je ne la retiendrai pas de force… et alors elle ira où l’entraîne sa morbide passion. Elle est acharnée à la destruction sournoise, comme la guerre s’acharne à la destruction publique. On n’épargne pas plus l’humanité venue que celle à venir. C’est l’épidémie gagnant toutes les classes, militaires ou non. Les gynécologues ont étudié, depuis longtemps, toutes les formes des obsessions physiques et mentales qui assaillent la femme à ce moment de l’obscurité de sa création. Elle n’est pas responsable !

Peut-être fût-ce un tort de l’oser déclarer. Un être n’est pas fou parce qu’il est malade. Il y a des femmes enceintes qui ne déroberont jamais une pièce de dentelles dans un grand magasin, si leur instinct ne les porte pas, dès leur naissance, à voler. Certaines ont le besoin de faire souffrir comme on aurait du goût pour l’odeur de la tubéreuse et j’ai connu une belle dame, des plus respectables, qui ne pouvait pas voir, étant grosse, un animal à sa portée sans essayes de le piquer. Elle finit par tuer son mari à coups d’épingles, moralement parlant, bien entendu. En ce moment douloureux de l’histoire du monde entier, des influences mauvaises courent les rues et les champs, elles passent les haleines empestées, qu’exhalent les lointains charniers des batailles et elles empoisonnent aussi bien les consciences que les airs. Il faut tolérer, pardonner. Seulement, si ça dure, je crains beaucoup de m’empoisonner moi-même. Je tourne dans un cercle vicieux dont je ne sors plus et qui ne s’élargira… qu’avec la ceinture de la femme en question.

Aime-t-elle son mari ? Est-ce que les femmes enceintes aiment leurs maris et, au sens ingénu du mot, pardonnent-elles à leur bourreau ?…

… J’ai failli tuer quelqu’un cette nuit. Je suis très contente de moi, car je n’ai pas tiré le coup de revolver que je devais tirer.

Ça va compliquer un peu les choses, parce que j’ai probablement épargné le malfaiteur qu’il aurait fallu abattre pour posséder la clé du mystère. Ici, deux femmes seules, dans ce désert, sont à la merci du premier bandit venu et, en temps de paix, j’ai déjà dû me défendre contre le cambrioleur un peu trop assuré de tous les droits de l’homme, au moins quant à la propriété, qui est le vol, comme chacun sait. Chose curieuse, c’est en temps de guerre que je répugne à me servir d’une arme à feu !

Il était une heure du matin et il y avait du brouillard. Je me suis levée, entendant gronder les chiens, de leur particulier ton sourd qui m’indique le danger tout proche. J’ai ouvert très doucement mes volets pour consulter Mina et Rip. Ils étaient tous les deux plantés devant leur porte, la tête basse, flairant le dessous, en grognant avec de brefs petits abois rauques, et nous nous interrogions de temps en temps du regard. Leurs yeux devenaient presque rouges dans l’ombre et le murmure du fleuve, coulant si près, avait l’air d’enfler au fond de leur gorge. « Quoi donc ? » Mina perçut la question tout de suite, malgré mon ton confidentiel, parce qu’elle est la plus craintive, et elle fit un tour sur elle-même, pendant que Ripp se contentait de remuer la queue en signe d’assentiment : « Alors ? il y a quelque chose ? » — « Non… quelqu’un ! » fit Mina essayant de soulever la barrière de sa robuste patte.

Je sais qu’ils ne cherchent jamais à sortir de leur cour sans permission. « Attendez, j’y vais. » Mon idée était que la bonne femme était en train de s’évader du pavillon pour quelques courses nocturnes qu’elle ne pouvait pas remettre. Il fallait savoir.

Je ne pris pas les précautions de la première alerte et, tout en glissant mon revolver derrière mon dos, je résolus de sortir pour me rendre compte de l’événement. Dehors, on verrait s’il s’agissait d’un caprice de femme ou d’une intrusion d’homme.

Ce que je connais de plus désagréable, c’est d’ouvrir des portes en ayant soin de ne pas les faire grincer. Il y a là une mise en scène

15. dramatique extrêmement énervante, mystérieuse, et cela double la crainte que l’on peut éprouver pour ce qu’il y a derrière. Derrière la dernière porte il y avait du brouillard, des arbres point encore très en feuilles qui me tendaient leurs bras noirs pour m’empêcher d’entrer dans leur ombre, et puis rien de bien distinct. Les chiens, ne me voyant plus, donnaient de la voix férocement. Je m’approchai du mur en terrasse qui flanque la maison du côté de la colline comme un rempart de tranchée. Cachée là, je pouvais attendre et habituer mes yeux au brouillard. Tout là-haut, se détachant sur la blancheur du mur du réservoir, entre le bosquet de noisetier et ce chêne qui, pour prospérer, quand il était jeune, a fendu peu à peu une énorme roche, on apercevait une vague silhouette. C’était celle d’un homme. Il ne s’agissait pas du tout du caprice d’une femme enceinte courant l’aventure du pied tourné dans un éboulis, mais bien d’un personnage indésirable, visiteur de poulaillers ou simplement enjôleur de poule. Quelle cible ! Cette silhouette noire ondulant à peine sur le crépi clair d’un mur de ciment. « Toi, mon vieux, lui déclarai-je tout bas, tu vas payer pour l’autre, celui que j’ai raté d’une fenêtre… surtout si tu es le même, ce que je croirais volontiers. » Un plaisir vif, que connaissent, hélas, tous les chasseurs, me soulevait à l’assurance de la pièce au tableau… « Et si c’était… le père de l’enfant ? » me souffla une petite voix vipérine. Abasourdie par ma réflexion, je laissai retomber mon bras. « Tirer sur l’amour, ça n’est pas à faire par ces temps de haine générale… et de quoi irais-je me mêler ? Certes, j’ai horreur de la farce adultère, mais en y introduisant l’élément tragique, ce serait encore plus odieux. » J’allai, sur la pointe des pieds, chez les chiens. Ils m’attendaient, se taisant, prêts à se précipiter : « Je puis lâcher ces deux amis sur l’ennemi et ce sera beaucoup plus drôle, car il y aura des explications pénibles. »

Je les tenais au collier, tous les deux trépidants, tremblant de la joie du malheur à faire, absolument comme leur maître. À leur tour, ils me soulevaient, me secouaient dans leur terrible impatience d’une curée certaine. Je sais, à n’en pas douter, de quelle manière ils peuvent casser les reins à un être innocent, simplement, par hasard. Lancés sur le coupable qui en a très peur, là-haut, car il hésite à poursuivre le chemin du pavillon, qu’est-ce qu’ils ne vont pas risquer ? Ils en bavent… Je vois luire les dents du bas-rouge comme les pointes d’une scie d’acier neuf, et la douce Mina, fidèle à son atavisme boche, commence à incurver ses flancs de façon à m’indiquer qu’il y aurait place là pour plusieurs tranches de pâtée d’homme, amoureux ou voleur. « Non ! Assez ! Tout beau, là, les bons chiens… à plus tard le souper. Et là-bas, l’homme, est-ce que vous venez pour ma poule couveuse ? » Je crie et je referme les chiens sur moi. L’homme, d’un bond, franchit l’espace blanc du réservoir et je l’entends qui escalade les grilles de clôture en faisant choir des cailloux… pas dangereux, le pauvre diable !

… Bien m’en a pris de ne pas tirer sur cet homme. Je pense, maintenant, que c’était le mari, en permission défendue ou en tournée d’inspection à cause d’une lettre anonyme, une lettre anonyme dans le style de celle que j’ai reçue…

Non, ce n’était pas le mari, encore moins l’amant. Mon visiteur nocturne est, paraît-il, un déserteur, qui couche depuis une semaine chez la voisine de droite, une vieille sorcière, fort intelligente, dont le menton rejoint le nez, et dont l’esprit d’indépendance égale vraiment l’habileté à vivre hors la loi.

Ce triste personnage mène là une existence de hibou ; caché le jour, il sort la nuit pour se procurer du gibier en braconnant et, en revenant d’une expédition de ce genre, il s’est trompé de porte, ou mieux de clôture, il a escaladé des fils de fer barbelés qui n’étaient pas ceux de sa tranchée particulière. Quand on songe que cet idiot a fui pour éviter les balles ennemies et qu’il a failli se faire occire par une femme de très mauvaise humeur ! Il est toujours inutile d’avoir peur, même en temps de guerre.

Les gendarmes sont venus ce matin me demander le bateau afin d’aller cueillir le déserteur sur l’autre rive, dans les joncs, tel un canard blessé. Le brigadier avait un superbe pantalon de coutil blanc. Mon bateau était sale, naturellement, puisque je ne veux pas qu’on l’écope et qu’on le nettoie. « Oh ! là ! là ! s’est exclamé le bon gendarme, qu’est-ce que je vais prendre pour mon fond de culotte ? Chien de métier ! Dites donc, Madame, si que vous me prêtiez les vôtres ? Ils ont l’air d’être de police, ces toutous ! » J’ai fait la moue et j’ai soigneusement verrouillé la barrière. « Non, Monsieur le gendarme, je ne vous prête point mes chiens avec le bateau, parce que si vous avez des inquiétudes pour votre pantalon… elles seraient justifiées en la compagnie de Rip et de Mina. Ils ne font aucune différence entre un gendarme et un malfaiteur. » J’ai vu, au regard de coin du représentant de l’autorité, qu’il n’était pas plus fier que ça du rapprochement.

Eh bien ! elle a ri ! Pour la première fois, son rictus maladif s’est élargi jusqu’au sourire franc, puis jusqu’au fou rire. J’ai ri, non moins. C’était à cause du gendarme qui revenait orné d’une énorme lune noire sur son fameux fond de culotte blanche. Il revenait bredouille. Le canard s’était envolé : « Je vous le disais bien, moi, qu’il aurait fallu des chiens de police ! » Le gendarme était furieux ; il parlait d’arrêter tout le monde. S’il savait que j’ai tenu le déserteur dans mon champ de tir…

Quand il est parti, j’ai regardé la femme attentivement : « Vous ne connaissez pas cet homme, au moins ? » — « Qui ça ? Le déserteur ? » — « Oui… parce qu’il était chez nous l’autre nuit. » — « Ah ! bien, par exemple, voilà une histoire qui ne m’aurait pas donné envie de rigoler. » — « Qu’auriez-vous fait, si vous l’aviez vu comme je l’ai vu contre le mur du réservoir ? » Elle cesse de rire. Son rictus maladif revient, détruisant toute l’harmonie de sa gaîté : « Je l’aurais démoli à coups de pioche, je lui aurais crevé les yeux… Ce n’est pas pour que ces vermines-là se passent du bon temps que nos hommes doivent se faire casser la g… à leur place. » A-t-elle raison ? A-t-elle tort ? Ma mansuétude est-elle plus ridicule en temps de guerre que son accès de fureur ? Qui oserait me répondre ? Je sais bien que le discours chauvin fait toujours de l’effet, mais je n’ai le courage, moi, d’aucun discours. J’aime encore mieux donner la vie… que donner de la voix, ainsi que font mes chiens… Je n’aime ni la police, ni la justice de guerre.

… L’eau tiède et ramollissante de la certitude nous a plongées toutes les deux dans un calme relatif. On va, on vient et on se dit bonjour, ou on échange des remarques banales sur le temps. Elle n’est plus coquette et élargit ses corsages avec résignation. Elle sera délivrée dans un mois. Nous serons délivrés dans un mois… Il a fallu, tout de même, avouer : « Ce ne sera pas commode d’accoucher ici. J’aurais le temps de crever avant qu’arrive la tire monde. » — « Aussi bien, vous n’accoucherez pas ici. Je réglerai toute la question dans un hôpital où vous aurez les meilleurs soins, soyez tranquille ! » — « Ah ! bon sang de bon sang… Ça sera encore une fille ! » — « Pourquoi ? lui ai-je répondu. Non, ce sera un garçon, parce que je vous le souhaite. » Elle a haussé les épaules : « Les hommes ne valent pas mieux que les femmes, allez ! Et pour ce qu’ils font de leur force… » C’est peut-être la morale de l’histoire, de mes histoires, de toutes les histoires !…