De l’Esprit/Discours 4/Chapitre 7

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DISCOURS IV
Œuvres complètes d’Helvétius. De l’EspritP. Didottome 5 (p. 234-256).
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CHAPITRE VII.

De l’esprit du siecle.


Cette sorte d’esprit ne contribue en rien à l’avancement des arts et des sciences, et n’auroit aucune place dans cet ouvrage s’il n’en occupoit une très grande dans la tête d’une infinité de gens.

Partout où le peuple est sans considération, ce qu’on appelle l’esprit du siecle n’est que l’esprit des gens qui donnent le ton, c’est-à-dire des hommes du monde et de la cour.

L’homme du monde et le bel esprit s’expriment l’un et l’autre avec élégance et pureté ; tous deux sont ordinairement plus sensibles au bien dit qu’au bien pensé : cependant ils ne disent ni ne doivent dire les mêmes choses[1], parceque l’un et l’autre se proposent des objets différents. Le bel esprit, avide de l’estime du public, doit, ou mettre sous les yeux de grands tableaux, ou présenter des idées intéressantes pour l’humanité ou du moins pour sa nation. Satisfait, au contraire, de l’admiration des gens du bon ton, l’homme du monde ne s’occupe qu’à présenter des idées agréables à ce qu’on appelle la bonne compagnie.

J’ai dit dans le second discours qu’on ne pouvoit parler dans le monde que des choses ou des personnes ; que la bonne compagnie est ordinairement peu instruite ; qu’elle ne s’occupe guere que des personnes ; que l’éloge est ennuyeux pour quiconque n’en est point l’objet, et qu’il fait bâiller les auditeurs. Aussi ne cherche-t-on dans les cercles qu’à malignement interpréter les actions des hommes, à saisir leur côté foible, à les persiffler, à tourner en plaisanterie les choses les plus sérieuses, à rire de tout, et enfin à jeter du ridicule sur toutes les idées contraires à celles de la bonne compagnie. L’esprit de conversation se réduit donc au talent de médire agréablement, et sur-tout dans ce siecle, où chacun prétend à l’esprit et s’en croit beaucoup ; où l’on ne peut vanter la supériorité d’un homme sans blesser la vanité de tout le monde ; où l’on ne distingue l’homme de mérite de l’homme médiocre que par l’espece de mal qu’on en dit ; où l’on est, pour ainsi dire, convenu de diviser la nation en deux classes ; l’une, celle des bêtes, et c’est la plus nombreuse ; l’autre, celle des fous, et l’on comprend dans cette derniere tous ceux à qui l’on ne peut refuser des talents. D’ailleurs la médisance est maintenant l’unique ressource qu’on ait pour faire l’éloge de soi et de sa société. Or chacun veut se louer. Soit qu’on blâme ou qu’on approuve, qu’on parle ou qu’on se taise, c’est toujours son apologie qu’on fait. Chaque homme est un orateur qui, par ses discours ou ses actions, récite perpétuellement son panégyrique. Il y a deux manieres de se louer ; l’une en disant du bien de soi ; l’autre en disant du mal d’autrui. Les Cicéron, les Horace, et généralement tous les anciens, plus francs dans leurs prétentions, se donnoient ouvertement les louanges qu’ils croyoient mériter. Notre siecle est devenu plus délicat sur cet article. Ce n’est que par le mal qu’on dit d’autrui qu’il est maintenant permis de faire son éloge. C’est en se moquant d’un sot qu’on vante indirectement son esprit. Cette maniere de se louer est sans doute la plus directement contraire aux bonnes mœurs ; c’est cependant la seule en usage. Quiconque dit de lui le bien qu’il en pense est un orgueilleux, chacun le fuit ; quiconque, au contraire, se loue par le mal qu’il dit d’autrui est un homme charmant ; il est environné d’auditeurs reconnoissants ; ils partagent avec lui les éloges indirects qu’il se donne, et ne cessent d’applaudir à de bons mots qui les soustraient au chagrin de louer. Il paroît donc qu’en général la malignité des gens du monde tient moins au dessein de nuire qu’au desir de se vanter. Aussi l’indulgence est-elle facile à pratiquer, non seulement à leur égard, mais encore à l’égard de ces esprits bornés dont les intentions sont plus odieuses. L’homme de mérite sait que l’homme dont on ne dit aucun mal est en général un homme dont on ne peut dire aucun bien ; que ceux qui n’aiment point à louer ont communément été peu loués : aussi n’est-il point avide de leur éloge ; il regarde la sottise comme un malheur dont la sottise cherche toujours à se venger. « Qu’on ne prouve aucun fait contre moi, disoit un homme de beaucoup d’esprit ; que d’ailleurs on en dise tout le mal qu’on voudra, je n’en serai pas fâché ; il faut bien que chacun s’amuse ». Mais si la philosophie pardonne à la malignité, elle n’y doit cependant point applaudir. C’est à des applaudissements indiscrets qu’on doit ce grand nombre de méchants qui, dans le fond, sont quelquefois les meilleures gens du monde. Flattés des éloges prodigués à la malignité, de la réputation d’esprit qu’elle donne, ils ne savent pas assez estimer en eux la bonté qui leur est naturelle ; ils veulent se rendre redoutables par leurs bons mots. Ils ont malheureusement assez d’esprit pour y réussir. Ils deviennent d’abord méchants par air, ils restent méchants par habitude.

Ô vous donc qui n’avez pas encore contracté cette funeste habitude, fermez l’oreille à ces louanges données à des traits satyriques aussi nuisibles à la société qu’ils y sont communs. Considérez les sources impures d’où sort la médisance[2]. Rappelez-vous qu’indifférent aux ridicules d’un particulier, le grand homme ne s’occupe que de grandes choses ; qu’un vieux méchant lui paroît aussi ridicule qu’un vieux charmant ; que, parmi les gens du monde, ceux qui sont faits pour le grand se dégoûtent bien-tôt de ce ton moqueur en horreur aux autres nations[3]. Abandonnez-le donc aux hommes bornés : pour eux la médisance est un besoin. Ennemis nés des esprits supérieurs, et jaloux d’une estime qu’on leur refuse, ils savent que, semblables à ces plantes viles qui ne germent et ne croissent que sur les ruines des palais, ils ne peuvent s’élever que sur les débris des grandes réputations ; aussi ne s’occupent-ils que du soin de les détruire.

Ces hommes bornés sont en grand nombre. Autrefois on n’étoit envié que de ses pairs ; à présent, que chacun aspire à l’esprit et s’en croit, c’est presque le public en entier qu’on a pour envieux : ce n’est plus pour s’instruire, c’est pour critiquer, qu’on lit. Or, parmi les ouvrages, il n’en est aucun qui puisse tenir contre cette disposition des lecteurs. La plupart d’entre eux, occupés à la recherche des défauts d’un ouvrage, sont comme ces animaux immondes qu’on rencontre quelquefois dans les villes, et qui ne s’y promenent que pour en chercher les égouts. Ignoreroit-on encore qu’il ne faut pas moins d’esprit pour appercevoir les beautés que les défauts d’un ouvrage ; et que, dans les livres, comme le disoit un Anglais, « il faut aller à la chasse des idées, et faire grand cas du livre dont on en rapporte un certain nombre ? »

Toutes les injustices de cette espece sont un effet nécessaire de la sottise. Quelle différence à cet égard entre la conduite de l’homme d’esprit et celle de l’homme borné ! Le premier profite de tout. Il échappe souvent aux hommes médiocres des vérités dont le sage se saisit : l’homme d’esprit qui le sait les écoute sans dégoût : il n’apperçoit communément dans la conversation que ce qu’on y dit de bien, et l’homme médiocre que ce qu’on y dit de mal ou de ridicule.

Perpétuellement averti de son ignorance, l’homme d’esprit s’instruit dans presque tous les livres : trop ignorant et trop vain pour sentir le besoin de s’éclairer, l’homme borné, au contraire, ne trouve à s’instruire dans aucun des ouvrages de ses contemporains ; et, pour dire modestement qu’il sait tout, les livres, dit-il, ne lui apprennent rien[4] ; il va même jusqu’à soutenir que tout a été dit et pensé, que les auteurs ne font que se répéter, et qu’ils ne different entre eux que dans la maniere de s’exprimer. Ô envieux ! lui diroit-on, est-ce aux anciens qu’on doit l’imprimerie, l’horlogerie, les glaces, les pompes à feu ? Quel autre que Newton a, dans le siecle dernier, fixé les lois de la pesanteur ? L’électricité ne nous offre-t-elle pas tous les jours une infinité de phénomenes nouveaux ? Il n’est plus, selon toi, de découvertes à faire : mais, dans la morale même et dans la politique, où l’on devroit peut-être avoir tout dit, a-t-on déterminé l’espece de luxe et de commerce le plus avantageux à chaque nation ? en a-t-on fixé les bornes ? a-t-on découvert le moyen d’entretenir à-la-fois dans une nation l’esprit de commerce et l’esprit militaire ? a-t-on indiqué la forme de gouvernement la plus propre à rendre les hommes heureux ? a-t-on seulement fait le roman d’une bonne législation[5], telle qu’on pourroit, à la tête d’une colonie, l’établir sur quelque côte déserte de l’Amérique ?

Le temps a fait, dans chaque siecle, présent de quelques vérités aux hommes ; mais il lui reste encore bien des dons à nous faire. L’on peut donc acquérir encore une infinité d’idées nouvelles. L’axiome prononcé, que tout est dit et pensé, est donc un axiome faux, trouvé d’abord par l’ignorance, et répété depuis par l’envie. Il n’est point de moyens que l’envieux, sous l’apparence de la justice, n’emploie pour dégrader le mérite. On sait, par exemple, qu’il n’est point de vérité isolée, que toute idée nouvelle tient à quelques idées déjà connues, avec lesquelles elle a nécessairement quelques ressemblances : c’est cependant de ces ressemblances que part l’envie pour accuser journellement de plagiat les hommes illustres nos contemporains[6]. Lorsqu’elle déclame contre les plagiaires, c’est, dit-elle, pour punir les larcins littéraires, et venger le public. Mais, lui répondroit-on, si tu ne consultois que l’intérêt public, tes déclamations seroient moins vives ; tu sentirois que ces plagiaires, sans doute moins estimables que les gens de génie, sont cependant très utiles au public ; qu’un bon ouvrage, pour être généralement connu, doit avoir été dépecé dans une infinité d’ouvrages médiocres.

En effet, si les particuliers qui composent la société doivent se ranger sous plusieurs classes qui toutes ont pour entendre et pour voir des oreilles et des yeux différents, il est évident que le même écrivain, quelque génie qu’il ait, ne peut également leur convenir ; qu’il faut des auteurs pour toutes les classes[7], des Neuville pour prêcher à la ville, et des Bridaine pour les campagnes. En morale comme en politique, certaines idées ne sont pas universellement senties, et leur évidence n’est point constatée qu’elles n’aient, de la plus sublime philosophie, descendu jusqu’à la poésie, et, de la poésie, jusqu’aux ponts-neufs. Ce n’est ordinairement que dans cet instant seul qu’elles deviennent assez communes pour être utiles.

Au reste cette envie, qui prend si souvent le nom de justice, et dont personne n’est entièrement exempt, n’est le vice d’aucun état. Elle n’est ordinairement active et dangereuse que dans des hommes bornés et vains. L’homme supérieur a trop peu d’objets de jalousie, et les gens du monde sont trop légers pour obéir long-temps au même sentiment : d’ailleurs ils ne haïssent point le mérite, et sur-tout le mérite littéraire, souvent même ils le protegent ; leur unique prétention c’est d’être agréables et brillants dans la conversation. C’est dans cette prétention que consiste proprement l’esprit du siecle : aussi n’est-il rien qu’on n’imagine pour échapper en ce genre au reproche d’insipidité.

Une femme de peu d’esprit paroît entièrement occupée de son chien, elle ne parle qu’à lui : l’orgueil des auditeurs s’en offense ; on la taxe d’impertinence : on a tort. Elle sait qu’on est quelque chose dans la société, lorsqu’on a prononcé tant de mots[8], qu’on a fait tant de gestes et tant de bruit : l’occupation de son chien est donc moins pour elle un amusement qu’un moyen de cacher sa médiocrité ; elle est à cet égard très bien conseillée par son amour-propre, qui, pour le moment, nous fait presque toujours tirer le meilleur parti de notre sottise.

Je n’ajouterai qu’un mot à ce que j’ai déjà dit de l’esprit du siecle, c’est qu’il est facile de se le représenter sous une image sensible. Qu’on charge pour cet effet un peintre habile de faire, par exemple, les portraits allégoriques de l’esprit de quelques-uns des siecles de la Grece, et de l’esprit actuel de notre nation. Dans le premier tableau, ne sera-t-il pas forcé de représenter l’esprit sous la figure d’un homme, qui, l’œil fixe, l’ame absorbée dans de profondes méditations, reste dans quelques-unes des attitudes qu’on donne aux muses ? Dans le second tableau ne sera-t-il pas nécessité à peindre l’esprit sous les traits du dieu de la raillerie, c’est-à-dire sous la figure d’un homme qui considere tout avec un ris malin et un œil moqueur ? Or ces deux portraits si différents nous donneroient assez exactement la différence de l’esprit des Grecs au nôtre. Sur quoi j’observerai que, dans chaque siecle, un peintre ingénieux donneroit à l’esprit une physionomie différente, et que la suite allégorique de pareils portraits seroit fort agréable et fort curieuse pour la postérité, qui, d’un coup-d’œil, jugeroit de l’estime ou du mépris que dans chaque siecle on a dû accorder à l’esprit de chaque nation.


  1. Mille traits agréables dans la conversation seroient insipides à la lecture. « Le lecteur, dit Boileau, veut mettre à profit son divertissement. »
  2. L’un médit parcequ’il est ignorant et oisif ; l’autre parcequ’ennuyé, bavard, plein d’humeur, et choqué des moindres défauts, il est habituellement malheureux : c’est à son humeur plus qu’à son esprit qu’il doit ses bons mots. Facit indignatio versum. Un troisieme est né atrabilaire ; il médit des hommes parcequ’il ne voit en eux que des ennemis : eh ! quelle douleur de vivre perpétuellement avec les objets de sa haine ! Celui-ci met de l’orgueil à n’être point dupe ; il ne voit dans les hommes que des scélérats ou des frippons déguisés ; il le dit, et souvent il dit vrai : mais enfin il se trompe quelquefois. Or je demande si l’on n’est pas également dupe, soit qu’on prenne le vice pour la vertu, ou la vertu pour le vice. L’âge heureux est celui où l’on est la dupe de ses amis et de ses maîtresses. Malheur à celui dont la prudence n’est pas l’effet de l’expérience ! La défiance prématurée est le signe certain d’un cœur dépravé et d’un caractere malheureux. Qui sait si le plus insensé des hommes n’est pas celui qui, pour n’être jamais dupe de ses amis, s’expose au supplice d’une méfiance perpétuelle ? On médit enfin pour faire montre de son esprit : on ne se dit pas que l’esprit satyrique n’est que l’esprit de ceux qui n’en ont point. Qu’est-ce en effet qu’un esprit qui n’existe que par les ridicules d’autrui, et qu’un talent où l’on ne peut exceller sans que l’éloge de l’esprit ne devienne la satyre du cœur ? Comment s’enorgueillir de ses succès dans un genre où, si l’on conserve quelque vertu, on doit chaque jour rougir de ces mêmes bons mots dont notre vanité applaudit, et qu’elle dédaigneroit si elle étoit jointe à plus de lumiere ?
  3. Ce n’est qu’en France, et dans la bonne compagnie, qu’on cite comme homme d’esprit l’homme à qui l’on refuse le sens commun. Aussi l’étranger, toujours prêt à nous enlever un grand général, un écrivain illustre, un célebre artiste, un habile manufacturier, ne nous enlevera-t-il jamais un homme du bon ton. Or quel esprit que celui dont aucune nation ne veut !
  4. Le savant, dit le proverbe persan, sait et s’enquiert ; mais l’ignorant ne sait pas même de quoi s’enquérir.
  5. On n’entend pas même en ce genre les principes qu’on répete tous les jours. Punir et récompenser est un axiome. Tout le monde en sait les mots ; peu d’hommes en savent le sens. Qui l’appercevroit dans toute son étendue auroit résolu, par l’application de ce principe, le problême d’une législation parfaite. Que de choses pareilles on croit savoir, et qu’on répete tous les jours sans les entendre ! Quelle signification différente les mêmes mots n’ont-ils pas dans diverses bouches !

    On raconte d’une fille en réputation de sainteté qu’elle passoit les journées entieres en oraison. L’évêque le sait ; il va la voir. « Quelles sont donc les longues prieres auxquelles vous consacrez vos journées » ? — « Je récite mon Pater, lui dit la fille. — Le Pater, reprend l’évêque, est sans doute une excellente priere ; mais enfin un Pater est bientôt dit. » — « Ô monseigneur, quelles idées de la grandeur, de la puissance, de la bonté de Dieu, renfermées dans ces deux seuls mots, Pater noster ! En voilà pour une semaine de méditation. »

    J’en pourrois dire autant de certains proverbes. Je les compare à des écheveaux mêlés : en tient-on un bout ? on en peut dévider toute la morale et la politique ; mais il faut à cet ouvrage employer des mains bien adroites.

  6. Sous le nom d’amour, Hésiode, par exemple, nous donne à-peu-près l’idée de l’attraction ; mais dans ce poëte ce n’étoit qu’une idée vague : elle est, au contraire, dans Newton le résultat de combinaisons et de calculs nouveaux ; Newton en est donc l’inventeur. Ce que je dis de Newton je le dis également de Locke. Lorsqu’Aristote a dit, Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu, il n’attachoit certainement pas à cet axiome les mêmes idées que M. Locke. Cette idée n’étoit tout au plus dans le philosophe grec que l’appercevance d’une découverte à faire, et dont l’honneur appartient en entier au philosophe anglais. C’est l’envie seule qui nous fait trouver dans les anciens toutes les découvertes modernes. Une phrase vuide de sens, ou du moins inintelligible avant ces découvertes, suffit pour faire crier au plagiat. On ne se dit pas qu’appercevoir dans un ouvrage un principe que personne n’y avoit encore apperçu c’est proprement faire une découverte ; que cette découverte suppose du moins dans celui qui l’a faite un grand nombre d’observations qui menoient à ce principe ; et qu’enfin celui qui rassemble un grand nombre d’idées sous le même point de vue est un homme de génie et un inventeur.
  7. Je rapporterai à ce sujet un fait assez plaisant. Un homme se faisoit un jour présenter à un magistrat, homme de beaucoup d’esprit. « Que faites-vous ? lui demanda le magistrat » — « Je fais des livres, répondit-il ». — « Mais aucun de ces livres ne m’est encore parvenu. » — « Je le crois bien, reprend l’auteur ; je ne fais rien pour Paris. Dès qu’un de mes ouvrages est imprimé, j’en envoie l’édition en Amérique : je ne compose que pour les colonies. »
  8. C’est à ce sujet que les Persans disent : « J’entends le bruit de la meule, mais je ne vois pas la farine. »