De l’Homme/Section 1/Chapitre 11

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SECTION I
Œuvres complètes d’Helvétius, De l’HommeP. Didottome 7 (p. 86-88).
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CHAPITRE XI.

Des fausses religions.


« Toute religion, dit Hobbes, fondée sur la crainte d’un pouvoir invisible est un conte qui, avoué d’une nation, porte le nom de religion ; désavoué de cette même nation, porte le nom de superstition ». Les neuf incarnations de Wistnou sont religion aux Indes, et conte à Nuremberg.

Je ne m’autoriserai point de cette définition pour nier la vérité de la religion. Si j’en crois ma nourrice et mon précepteur, toute autre religion est fausse ; la mienne seule est la vraie. Mais est-elle reconnue pour telle par l’univers ? Non ; la terre gémit encore sous une multitude de temples consacrés à l’erreur. Il n’en est aucune qui ne soit la religion de quelques contrées.

L’histoire des Numa, des Zoroastres, des Mahomet, et de tant de fondateurs de cultes modernes, nous apprend que toutes les religions peuvent être considérées comme des institutions politiques qui ont une grande influence sur le bonheur des nations. Je pense donc, puisque l’esprit humain produit encore de temps en temps des religions nouvelles, qu’il est important, pour les rendre le moins malfaisantes possible, d’indiquer le plan à suivre dans leur création.

Toutes les religions sont fausses, à l’exception de la religion chrétienne ; mais je ne la confonds pas avec le papisme.