De l’Homme/Section 1/Chapitre 5

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SECTION I
Œuvres complètes d’Helvétius, De l’HommeP. Didottome 7 (p. 38-39).
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CHAPITRE V.

De l’éducation des colleges.


On veut que les enfants aient reçu les mêmes instructions lorsqu’ils ont été élevés dans les mêmes colleges. Mais à quel âge y entrent-ils ? à sept ou huit ans. Or à cet âge ils ont déjà chargé leur mémoire d’idées qui, dues en partie au hasard, en partie acquises dans la maison paternelle, sont dépendantes de l’état, du caractere, de la fortune et des richesses de leurs parents. Faut-il dont s’étonner si les enfants entrés au college avec les idées souvent si différentes montrant plus ou moins d’ardeur pour l’étude, plus ou moins de goût pour certains genres de science, et si leurs idées déjà acquises, se mêlant à celles qu’on leur donne en commun dans les écoles, les changent et les alterent considérablement ? Des idées ainsi altérées, se combinant de nouveau entre elles, doivent souvent donner des produits inattendus. De là cette inégalité des esprits et cette diversité de goûts observée dans les éleves du même college[1].

En est-il ainsi de l’éducation domestique ?


  1. J’observerai d’ailleurs que c’est au hasard, c’est-à-dire à ce que le maître n’enseigne pas, que nous devons la plus grande partie de notre instruction. Celui dont le savoir se borneroit aux vérités qu’il tient de sa gouvernante ou de son précepteur, et aux faits contenus dans le petit nombre de livres qu’on lit dans les classes, seroit sans contredit le plus sot enfant du monde.