De la Génération et de la Corruption/Livre I/Chapitre X

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CHAPITRE X

Théorie du mélange ; Il y a des philosophes qui ont nié que les choses pussent jamais se mêler entr’elles ; réfutation de cette théorie ; idée générale des conditions du mélange. Nature diverse des corps mélangés ; différence de la juxtaposition et du mélange véritable ; pour qu’il y ait mélange entre les choses, il faut qu’il y ait homogénéité entre elles, et même une certaine proportion ; la goutte de vin dans une grande quantité d’eau ; facilité ou difficulté du mélange, selon la variété dans la nature et la forme des choses. Fin de la théorie du mélange.


§ 1.[1] Il nous reste à étudier ce que c’est que le mélange des choses, et nous suivrons ici la même méthode que précédemment ; car, c’est là le troisième des sujets que nous nous étions proposé d’examiner, au début de ces recherches. Il faut donc voir ce qu’est le mélange, ce qu’est la chose susceptible d’être mélangée, quelles sont les choses entre lesquelles le mélange peut se faire, et comment ce phénomène s’accomplit.

§ 2.[2] D’autre part, on peut même aussi se demander s’il existe bien réellement un mélange des choses, ou si ce n’est là qu’une erreur ; car, on peut croire qu’une chose ne doit jamais se mêler à une autre, ainsi que le prétendent quelques philosophes. En effet, disent-ils, quand les choses qui ont été mêlées subsistent encore et ne sont pas altérées, on ne peut pas dire qu’elles sont actuellement plus mêlées qu’elles ne l’étaient auparavant ; mais elles sont toujours au même état. Si l’une des deux choses est venue à disparaître, dans le mélange, on ne peut plus dire qu’elles sont mêlées, mais seulement que l’une existe et que l’autre n’existe plus, tandis que le mélange ne peut vraiment avoir lieu qu’entre des choses qui existent également. Enfin, ajoutent-ils, il n’y a pas non plus de mélange, et par la même raison, si les deux choses qui se réunissent viennent toutes les deux à être détruites en se mêlant ; car il est bien impossible que des choses qui ne sont plus du tout puissent être mélangées.

§ 3.[3] Cette théorie, comme on le voit, a pour but de déterminer en quoi le mélange des choses diffère de leur production et de leur destruction, et aussi en quoi la chose mélangée diffère de la chose produite, et de la chose détruite ; car, évidemment, le mélange doit différer en supposant qu’il soit réel. Une fois ces questions éclaircies, celles que nous nous étions posées se trouveront résolues.

§ 4.[4] C’est là ce qui fait aussi qu’on ne peut pas dire que la matière s’est mêlée au feu qui l’a consumée, ni même qu’elle s’y mêle pendant qu’elle brûle, de même qu’on ne pourrait pas dire qu’elle se mêle à elle-même, dans les parties du feu, pas plus qu’au feu lui-même ; mais on dit simplement que le feu s’est produit, et que la matière combustible s’est détruite. De même encore, on ne peut pas dire davantage, ou de la nourriture, que c’est en se mêlant au corps, ou de la forme du cachet, que c’est en se mêlant à la cire, qu’elles donnent une certaine figure à la masse entière. On doit reconnaître aussi que, ni le corps et la blancheur, ni, en un mot, les qualités et les affections des corps ne peuvent se mêler aux choses, puisqu’on voit, au contraire, que les deux subsistent. La blancheur et la science ne peuvent pas davantage composer réellement un mélange, non plus qu’aucune des qualités ou attributs qui ne sont pas séparables.

§ 5.[5] Aussi, est-ce se tromper que de soutenir que toutes choses ont été jadis confondues, et que tout s’est trouvé mêlé ; car tout ne peut point se mêler indifféremment à tout. Il faut toujours que chacune des deux. choses qui se mêlent puisse subsister séparément ; or, jamais les qualités des choses n’en peuvent être séparées. Mais comme parmi les choses, les unes sont en simple puissance et les autres en toute réalité, il s’ensuit que les choses qui se mêlent peuvent, en un sens, exister encore, et, en un autre sens, ne plus exister. Si, en réalité, le produit qui résulte du mélange est quelque chose de différent, il n’en est pas moins toujours, en puissance, les deux choses qui existaient avant de se mélanger et de se perdre dans le mélange. C’est là, précisément, la réponse à la question que soulevait la théorie dont nous venons de parler ; et il semble que les mélanges se forment de choses qui étaient antérieurement séparées, et qui peuvent l’être encore de nouveau. Ainsi, les choses mélangées ne subsistent pas en réalité, comme demeure et subsiste le corps et la blancheur qui le caractérise ; et elles ne sont pas non plus détruites, soit l’une des deux isolément, soit toutes deux à la fois, puisque leur puissance se conserve toujours.

§ 6.[6] Mais laissons ceci de côté, et passons à la question suivante, qui consiste à savoir si le mélange est quelque chose que puissent percevoir nos sens. Par exemple, lorsque,les choses mélangées sont divisées en parties assez petites, et qu’elles sont placées assez proche les unes des autres pour que l’une ne soit plus sensiblement distincte de l’autre, y a-t-il alors ou n’y a-t-il pas mélange ? Mais n’est-il pas possible aussi que, dans le mélange, les choses quelconques soient placées, parties par parties, les unes à côté des autres ? Car on appelle encore cela un mélange ; et c’est ainsi que l’on dit que la paille est mêlée au grain, quand, à côté de chaque grain, est placé un brin de paille.

§ 7.[7] Si un corps est divisible, et si un corps, quand il est mêlé à un autre corps, doit lui être homogène, il faudrait que toute partie quelconque du mélange s’unit à une autre partie quelconque. Mais comme le corps ne peut jamais être divisé en ses parties les plus petites, et comme la juxtaposition n’est pas du tout le mélange et est tout autre chose, évidemment on ne peut plus dire que les choses sont mélangées, quand elles se conservent ce qu’elles sont, en petites particules. Alors il y a juxtaposition ; mais il n’y a ni mixtion, ni mélange ; et la définition d’une partie du mélange ne pourra plus être la même que celle qu’on donnerait du mélange tout entier. Quant à nous, nous disons que, pour qu’il y ait un vrai mélange, il faut que la chose mélangée soit composée de parties homogènes ; et, de même qu’une partie d’eau est de l’eau, de même aussi doit être une partie quelconque du mélange. Mais si le mélange n’est qu’une juxtaposition faite de particules à particules, aucun des faits que nous venons d’analyser n’aura lieu ; et ce sera seulement pour les yeux que les deux choses paraîtront mélangées. Aussi la même chose paraîtra mélangée à tel observateur qui n’aura pas la vue bien perçante, tandis que Lyncée trouvera qu’il n’y a pas de mélange.

§ 8.[8] La division n’explique pas le mélange, non plus que ne l’explique la réunion d’une partie quelconque à une autre partie, puisque la division ne saurait avoir lieu de cette manière. Donc, ou il n’y a pas de mélange possible, ou il faut se mettre à un autre point de vue pour exposer comment ce phénomène peut avoir lieu. Rappelons d’abord que, parmi les choses, ainsi que nous l’avons dit, les unes sont actives, les autres sont passives sous l’action de celles-là. Les unes ont une influence réciproque ; ce sont celles dont la matière est la même, pouvant agir les unes sur les autres, ou souffrir les unes par les autres également. D’au très agissent, tout en restant impassibles ; ce sont celles dont la matière n’est pas la même ; et pour celles-là, il n’y a pas de mélange possible. Voilà comment la médecine ne se mêle pas aux corps pour faire la santé, et pourquoi la santé ne s’y mêle pas non plus.

§ 9.[9] Même, parmi les choses qui peuvent agir et souffrir réciproquement, toutes celles qui sont faciles à se diviser, quand elles se mêlent en grand nombre à un petit nombre d’autres choses, et en quantité considérable à une quantité peu considérable, ne produisent pas précisément un mélange, mais seulement un accroissement de l’élément qui prédomine. Alors l’une des deux choses mélangées se change en celle qui prédomine ; ainsi, une goutte de vin ne se mêle pas à une quantité d’eau qui serait de dix mille amphores ; car, dans ce cas, l’espèce est dissoute et change, en disparaissant dans la masse d’eau toute entière. Mais, lorsque les quantités sont à peu près égales, alors chacun des éléments perd de sa nature pour prendre de celle de l’élément qui est prédominant. Le mélange ne devient pas un des deux absolument ; mais il devient quelque chose d’intermédiaire et de commun.

§ 10.[10] Il est donc évident qu’il n’y a mélange que lorsque des choses qui agissent ont une certaine opposition entr’elles ; car alors, elles peuvent souffrir quelqu’effet l’une par l’autre. De petites choses, approchées de petites choses, se mélangent davantage ; car elles s’intercalent plus aisément et plus vite les unes dans les autres. Mais une grande quantité, sous l’action d’une autre quantité, grande aussi, ne produit cet effet qu’à la longue.

§ 11.[11] Ainsi, parmi les choses divisibles et passives, celles qui se délimitent aisément, peuvent se mélanger ; car ces choses se divisent sans peine en petites parties. C’est là, précisément, ce qu’on entend par se délimiter aisément ; par exemple, les liquides sont de tous les corps, ceux qui sont le plus susceptibles de mélange ; car le liquide est, parmi les choses divisibles, celle qui se détermine et se délimite le plus aisément, pourvu qu’il ne soit pas visqueux ; les corps visqueux ne font que rendre le volume total plus grand et plus considérable. Mais, lorsque l’un des deux corps qui se mêlent est seul à être passif, ou qu’il l’est beaucoup, et que l’autre l’est fort peu, le mélange, résultant des deux, ou n’est pas du tout plus considérable, ou ne l’est guère davantage. C’est ce qui arrive pour l’étain mêlé à l’airain ; car, il y a certains corps qui sont assez indécis les uns à l’égard des autres, et sont d’une nature ambiguë. On peut observer que ces corps-là ne se mêlent qu’imparfaitement et dans une certaine mesure ; on dirait que l’un est un simple réceptacle, tandis que l’autre est la forme. C’est là justement ce qui arrive pour ces deux corps qui viennent d’être nommés ; car, l’étain qui est comme une simple affection de l’airain sans matière, disparaît presque complètement et s’évanouit par le mélange, auquel il ne fait que donner une certaine couleur. Le même phénomène arrive aussi pour d’autres corps.

§ 12.[12] On voit donc, d’après tous les détails précédents, que le mélange est possible et ce qu’il est ; on voit comment il se produit, et quelles sont les choses entre lesquelles il peut avoir lieu. Ce sont celles qui peuvent souffrir facilement divisibles, comme les liquides. — Ne sont pas nécessairement détruites, parce qu’elles y restent en puissance. — Les deux corps ne sont plus perceptibles aux sens, le texte n’est pas aussi précis ; mais le sens que j’ai adopté résulte de ce qui a été dit plus haut, § 7. La paille et le grain ne sont pas mélangés, à proprement parler ; ils ne sont que juxtaposés. — On dit d’une chose qu’elle est mélangée, voilà la vraie définition du mélange, selon Aristote. — Qui lui est homonyme, il y a quelques éditeurs qui ont lu Homogène au lieu d’Homonyme, et cette leçon vaut peut-être mieux. Saint Thomas semble l’avoir adoptée. — En un mot, le texte n’est pas aussi formel.

  1. Ch. X, § 1. Le troisième des sujets, avec la production et la destruction, et avec l’action et la passion. — Au début de ces recherches, plus haut, ch. 1, § 1, Aristote n’avait parlé que de la production, l’accroissement et l’altération. Il semblait que c’étaient là les trois sujets dont il comptait s’occuper, et je ne vois pas qu’il ait annoncé nulle part la théorie du mélange. — Ce qu’est le mélange, les questions posées ici sur le mélange sont identiques à celles qui ont été posées plus haut sur la production, ch. 1, et sur l’action, ch. 7. En ce sens, l’auteur a raison de dire qu’il reprend la méthode qu’il a déjà suivie.
  2. § 2. D’autre part, il y a des systèmes qui nient que le mélange des choses soit jamais possible ; et ce sont, à ce qu’il paraît, ces théories qu’il faut d’abord discuter, puisqu’elles vont jusqu’à nier et à supprimer la question. — Quelques philosophes, rien n’indique dans ce chapitre quels sont précisément ces philosophes. — Disent-ils, j’ai ajouté ces mots, qui ressortent du contexte, puisque ce sont les arguments contre la possibilité du mélange, qui sont énumérés plus bas. -Ajoutent-ils, même remarque.
  3. § 3. De leur production et de leur destruction, voir plus haut, chapitre i et suivants. — Ces questions éclaircies, ce sont les arguments des philosophes qui nient le mélange. — Celles que nous nous étions posées, au début même de ce chapitre.
  4. § 4. C’est là ce qui fait aussi, différence du mélange, et de la production ou de la destruction. — La matière, j’ai conservé le mot même du texte ; mais ici la matière signifie le combustible, le bois ou telle autre matière qui alimente le feu. — Qu’elle se mêle à elle-même, c’est-à-dire que le bois se mêle au bois. — Dans les parties du feu, j’ai ajouté les deux derniers mots. — Pas plus qu’au feu lui-même, j’ai évité autant que je l’ai pu la répétition qui se trouve dans le texte ; et j’ai suivi pour éclaircir tout ce passage l’explication de Philopon. — S’est produit,… s’est détruite, il y a eu production de l’un et destruction de l’autre ; mais il n’y a pas eu de mélange. — De même encore on ne peut pas dire, différence du mélange et de l’augmentation. — La forme du cachet, j’ai ajouté les deux derniers mots, que semble indiquer la suite du contexte. Les deux exemples d’ailleurs ne sont peut-être pas très bien choisis, parce que la nourriture peut être considérée comme se mêlant au corps qu’elle accroit, tandis qu’évidemment l’empreinte du cachet ne s’y mêle pas. — Ni le corps et la blancheur, j’ai conservé la concision du texte. La blancheur et le corps qui est blanc ne se mêlent pas ; mais la blancheur est dans le corps, — Les qualités et les affections, qui sont dans les choses, mais sans se mêler avec elles. — Les deux subsistent, l’expression du texte est plus vague. Par les deux il faut entendre le corps et les qualités qui le modifient. — La blancheur et la science, c’est-à-dire deux qualités, au lieu d’un corps et d’une qualité. — Qualités ou attributs, le texte est tout à fait indéterminé. — Qui ne sont pas séparables, sous-entendu : « des sujets dans lesquels ils sont.  » Tout ce passage est fort obscur, et peut paraître bien subtil.
  5. § 5. Aussi est-ce se tromper, ceci est une critique d’Anaxagore, qui pensait qu’à l’origine toutes les choses étaient mêlées dans le chaos, avant que l’Intelligence ne vint ordonner le monde ; voir la Physique, livre 1, ch. 5, § 4, où la théorie d’Anaxagore est réfutée, page 455 de ma traduction. — Les qualités des choses, voir le § précédent. — En simple puissance… en toute réalité, j’ai ajouté les deux adjectifs. — Quelque chose de différent, des deux choses qui forment le mélange. — Dans le mélange, j’ai ajouté ces mots. — La réponse à la question, le texte n’est pu tout à fait aussi précis. — Dont nous venons de parler, au début même du chapitre. — Encore de nouveau, après le mélange opéré. — Qui le caractérise, j’ai ajouté ces mots. — Leur puissance, c’est-à-dire, la possibilité de redevenir ce qu’elles étaient avant le mélange.
  6. § 6. La question suivante, c’est-à-dire, qui tient à celles qui la précèdent, et qui en est la suite. — Que puissent percevoir nos sens, peut être la question n’est-elle pas très bien posée de cette façon. Le mélange est toujours perceptible à nos sens ; mais parfois, nos sens distinguent, et parfois ils ne peuvent plus distinguer, les éléments dont le mélange est formé. — Par exemple, le texte n’est pas aussi précis. — Sensiblement, ou « pour nos sens. » - Y a-t-il alors ou n’y a-t-il pas mélange, c’est la première espèce de mélange. Les sens ne peuvent plus distinguer les éléments qui le composent. — Mais n’est-il pas possible aussi, j’ai préféré donner à cette phrase la tournure interrogative pour qu’elle fût symétrique à celle qui précède. C’est la seconde explication du mélange : Les deux choses subsistent, leurs parties étant juxtaposées. — La paille est mêlée au grain, l’exemple est très clair, et ce mélange n’est plus du tout le mélange de l’eau et du vin, où l’un des liquides ne peut plus être distingué de l’autre, comme on le supposait dans la première explication.
  7. § 7. Si un corps est divisible, il semble que ce soit une réponse faite par Aristote aux deux théories précédentes ; et c’est ainsi que Philopon et Saint-Thomas entendent ce passage. Mais l’opposition n’est pas bien marquée dans le texte, qui reste assez obscur ; et malgré mes efforts, je n’ai pu rendre la traduction beaucoup plus claire. — Il faudrait, j’ai conservé la tournure du texte ; mais peut-être le présent : Il faut, serait-il préférable. — En ses parties les plus petites, c’est-à-dire que la division ne peut jamais arriver à des atomes, et qu’elle est toujours possible, comme le soutient Aristote, du moins rationnellement, si ce n’est en fait. — La juxtaposition, on pourrait traduire aussi : « la combinaison. » - En petites particules, comme le grain et la paille, dont on vient de parler. — Ni mixtion ni mélange, les deux mots du texte sont étymologiquement plus séparés que les deux mots dont j’ai dû me servir. — Un vrai mélange, j’ai ajouté le mot Vrai pour préciser davantage la pensée. — La chose mélangée, c’est-à-dire, le résultat produit par le mélange. — De particules à particules, le texte n’est pas aussi formel. — Aucun des faits que nous venons d’analyser, même remarque. — Pour les yeux, et non en réalité.
  8. § 8. La division n’explique pas le mélange, le texte est tout à fait indéterminé. J’ai adopté le sens qu’indique Philopon. — Non plus que ne l’explique, même remarque. — Puisque la division ne saurait avoir lieu, c’est-à-dire, s’arrêter à des atomes ou indivisibles, qu’Aristote n’a jamais admis. — Se mettre à un autre point de vue, le texte n’a qu’un seul mot assez vague, et j’ai cru devoir préciser le sens davantage. — Rappelons d’abord, j’ai ajouté ces mots, qui ressortent du contexte. — Ainsi que nous l’avons dit, voir plus haut, ch. 7. — La médecine, l’exemple peut sembler assez singulièrement choisi, et Philopon fait une remarque analogue.
  9. § 9. Qui sont faciles à se diviser, comme la goutte d’eau dans une pièce de vin. — Un accroissement, quelque faible qu’il soit d’ailleurs, par la proportion des choses mélangées. — De l’élément qui prédomine, dans le mélange définitif. — Le mélange ne devient pas, le texte n’est pas aussi précis. — Absolument, j’ai ajouté ce mot.
  10. § 10. Une certaine opposition, le texte dit proprement : « contrariété. » - Elles peuvent souffrir quelqu’effet, en même temps qu’elles produisent aussi quelqu’action. — Davantage, c’est-à-dire plus aisément et plus vite, comme la suite le prouve. — Ne produit cet effet, ou « le mélange. »
  11. § 11. Divisibles et passives, c’est-à-dire, qui peuvent aisément se diviser, et souffrir quelqu’action, les unes de la part des autres. Peut-être au lien de Divisibles, faudrait-il dire : Actives ; mais aucun manuscrit ne donne cette leçon. — Qui se délimitent aisément, l’exemple du liquide, cité un peu plus bas, explique bien ce qu’on doit entendre par là. — Se détermine et délimite, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Les corps visqueux, l’expression du texte est tout à fait indéterminée ; mais le sens que j’ai adopté est celui que donne Philopon. Au lieu des Corps visqueux, on pourrait comprendre qu’il s’agit des liquides en général, qui, en se mêlant, rendent la masse totale plus considérable. — Mais lorsque l’un des deux corps qui se mêlent, le texte n’est pas aussi précis. — Est seul à être passif, sous-entendu : Dans le mélange ; mais l’expression n’est pas très claire. Il faut comprendre qu’un des corps mélangés agit vivement sur l’autre, et l’absorbe de manière à le faire disparaître. — N’est pas du tout plus considérable, parce que l’un des deux disparaît à peu près complètement dans la fusion. — Assez indécis, le texte emploie ici une expression toute métaphorique, et dit : « bégayent. » Je n’ai pas pu trouver d’équivalent dans notre langue. Cette métaphore est assez hardie, et Philopon en paraît aussi un peu étonné. Du reste, l’exemple cité fait bien comprendre le sens de ce passage. — Ne se mêlent qu’imparfaitement, et ce n’est pas alors un véritable mélange, puisque l’un des deux corps disparaît presque tout à fait. — Est la forme, ou l’espèce. — Qui viennent d’être nommés, j’ai ajouté ces mots pour compléter la pensée. — Une simple affection sans matière, c’est-à-dire, la forme ou l’espèce, qui modifie le mélange sans en changer absolument la nature. Ceci doit paraître trop subtil. — Une certaine couleur, qui n’est pas celle de l’étain, et qui n’altère que légèrement celle de l’airain.
  12. § 12. On voit donc, résumé assez exact de toute cette théorie du mélange. — Que le mélange est possible, voir, plus haut, § 2. — Et ce qu’il est, d’après les théories particulières d’Aristote ; c’est l’objet de tout ce chapitre. — Facilement déterminables et facilement divisibles, comme les liquides. — Ne sont pas nécessairement détruites, parce qu’elles y restent en puissance. — Les deux corps ne sont plus perceptibles aux sens, le texte n’est pas aussi précis ; mais le sens que j’ai adopté résulte de ce qui a été dit plus haut, § 7. La paille et le grain ne sont pas mélangés, à proprement parler ; ils ne sont que juxtaposés. — On dit d’une chose qu’elle est mélangée, voilà la vraie définition du mélange, selon Aristote. — Qui lui est homonyme, il y a quelques éditeurs qui ont lu Homogène au lieu d’Homonyme, et cette leçon vaut peut-être mieux. Saint Thomas semble l’avoir adoptée. — En un mot, le texte n’est pas aussi formel.