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De la morale naturelle/XXXIII

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chez Volland, Gattey, Bailly (p. 170-171).


CHAPITRE XXXIII.

Véracité.



Plus on a de vertus, et plus il est aisé d’être vrai.

Soyons vrais avec nous-mêmes, et nous le serons toujours assez avec les autres.

Le mensonge ne nous semble en effet si avilissant, que parce qu’il accompagne ou qu’il suppose des vices également odieux, la bassesse, l’injustice et la lâcheté.

Ne serait-il pas absurde cependant de confondre toute espèce de mensonge ? N’en est-il pas qui, loin de nuire à la vertu, ne servent qu’à la rendre tout à-la-fois plus puissante et moins redoutable ?

Tout mensonge, dès qu’il m’est personnellement utile, me paraît une bassesse, et sans exception ; mais j’ai plus d’indulgence, je l’avoue, pour ceux qui n’ont d’autre objet que d’être plus utile ou plus agréable aux autres.

La vérité morale, a dit Rousseau, n’est pas ce qui est, mais ce qui est bien ; ce qui est mal ne devait point être, et ne doit point être avoué, sur-tout quand cet aveu lui donne un effet qu’il n’aurait pas eu sans cela.