De la vie à la mort/Chapitre II
CHAPITRE II
Près de la petite ville de Bain, il y a dans un bois une chapelle sous l’invocation de Notre-Dame du Coudray.
Les mères y portent les petits enfants qui ne marchent pas seuls. Elles leur mettent le pied dans un trou pratiqué dans une pierre reposant sur le sol, et elles prient la Vierge du Coudray de permettre à leurs enfants de faire leurs premiers pas.
À Bruz, le jour de la Fête-Dieu, les mères pour faire marcher les petits enfants, les déposent, aussitôt que la procession a quitté le reposoir, à la place qu’a occupée le Saint-Sacrement pendant la Bénédiction.
Dans la chapelle de Saint-Léonard, commune du Pertre, est une chaîne qui d’après la tradition a servi à étrangler le saint.
On y conduit les enfants les lundis de Pâques et de la Pentecôte, pour les enchaîner un instant, afin de les faire marcher avant l’expiration de leur première année.
À Saint-Malo, on croit fermement qu’en laissant deux petits innocents s’embrasser, c’est-à-dire deux tout petits bébés ne sachant pas encore parler, l’un des deux sera muet.
Les mères recommandent aux nourrices de veiller à ce que les enfants ne s’embrassent pas.
On rencontre dans la commune de Saint-Thual, canton de Tinténiac, sur la propriété de M. Vauclin, une chapelle presque en ruines qui est sous le patronage de saint Aragon.
On y porte les enfants qui ont sur la figure ce qu’on appelle du feu sauvage ou bien encore la râche, et ce qu’on nomme à Saint-Thual le mal Saint-Aragon.
Lorsque les prières sont terminées, les parents déposent aux pieds du saint le bonnet de l’enfant. Il y a des quantités de bonnets dans la chapelle de Saint-Thual.
À Saint-Ouen-des-Alleux, voici comment se fait pour la guérison de la râche chez les enfants, ce qu’on appelle un viage (pèlerinage).
Lorsqu’un pauvre petit être, du sexe masculin, est atteint de la maladie dont il s’agit, son père et sa marraine se rendent à jeun et à pied, à l’église de Saint-Ouen-des-Alleux, porteurs du bonnet et de la chemise que l’on a retirés le matin même à l’enfant. Après une prière, ils déposent ces objets sur l’autel et versent dans un tronc spécial l’argent d’une messe.
Si c’est une fille, le pèlerinage est fait par la mère et le parrain, mais dans les mêmes conditions.
Si les gens sont du pays, le petit malade les accompagne, si, au contraire, ils sont de loin, on laisse l’enfant à la maison.
Ailleurs, c’est aux pieds de la statue de sainte Radegonde, qui, elle aussi, a le privilège de guérir la râche, que l’on aperçoit les béguins ou petits bonnets des enfants atteints de cette maladie.
Au haut d’une falaise, près du manoir de Beauregard, dans la commune de Saint-Méloir-des-Ondes, coule la fontaine de Sainte Radegonde, but de pèlerinage pour les enfants malades, surtout ceux dont la dentition ne se fait qu’avec peine.
Au village de la Haute-Ville, commune de Noë-Blanche, près des ruines d’une antique chapelle, est une fontaine vénérée où l’on mène boire les enfants pour les mettre sous la protection de saint Cyr, que l’on appelle Saint Cri, dans le pays.
Dans la commune de Saint-Symphorien est une croix devant laquelle on porte les enfants malades de la fièvre. On dépose cinq sous dans un tronc accroché à cette croix, on dit une prière, et si tout a été fait avec une conviction et une foi profondes, le malade doit être guéri.
La fontaine de Saint-Fiacre est située près des Iffs, sur la route de Saint-Brieuc-des-Iffs. Son eau a le privilège de guérir les coliques des petits enfants.
Pour passer la diarrhée des nouveau-nés il faut battre des blancs d’œufs, les sucrer, y ajouter une cuillerée d’huile d’olive et leur faire prendre ce remède.
Quand les enfants se grattent sous le nez c’est que les vers leur pissent au cœur, et qu’il est temps de les faire évacuer.
Pour cela, on met autour du cou de l’enfant, s’il est très jeune, un chapelet de gousses d’ail.
S’il est déjà grand, on lui fait boire du lait doux dans lequel on fait bouillir tantôt des racines de poireaux, tantôt des feuilles d’absinthe que les bonnes femmes appellent de l’herbe sainte.
On met aussi des feuilles d’absinthe sur la poitrine des enfants qui ont des vers.
Une chapelle appelée Saint-Jouan, est située à quatre kilomètres du bourg de Saint-Malon. On s’y rend en pèlerinage le premier dimanche du mois de mai de chaque année, pour la guérison des enfants qui ont des faiblesses dans les reins et dans les jambes.
Dans une prairie, près de l’église de Longaulnay, est une fontaine dédiée à saint Aubin. Au printemps, les mères y conduisent leurs enfants pour les préserver des maladies du jeune âge.
Le 9 mai, on va en pèlerinage dans l’église de Poligné pour le mal Saint-Nicolas, qui consiste dans des convulsions, des coliques et crises nerveuses.
Lorsqu’un enfant est atteint du mal Saint-Nicolas, les parents attendent que la crise soit passée pour promettre un voyage au saint. Si cette promesse était faite pendant l’accès, l’enfant risquerait de mourir. Une fois le vœu formé, le malade, bien que guéri, doit faire le pèlerinage tous les ans, le 9 mai, à jeun.
On voit dans l’hospice de Saint-Nicolas, à Vitré, une très vieille statue peinte et vermoulue représentant saint Nicolas en abbé, avec chape violette, mitre dorée, crosse en main. À ses pieds, est un baquet dans lequel sont trois petits enfants nus dont on aperçoit la poitrine.
On descend à certain jour la statue sur l’autel et un prêtre évangélise les enfants pour les guérir du mal Saint-Nicolas.
À Bruz, on porte les enfants à l’église devant la statue de saint Nicolas pour être évangélisés. On fait dire une messe et on dépose une offrande dans un tronc placé à cet effet.
Pareille chose a lieu à Saint-Jacques-de-la-Lande, près Rennes.
On guérit aussi le mal Saint-Nicolas en brûlant du buis dans le feu sur lequel on met à fumer les couches qui enveloppent les petits malades.
Une antique chapelle, du nom de Saint-Germain-des-Prés, est située à une petite distance du bourg de Lohéac. De nombreux pèlerins s’y rendent le 22 septembre, pour demander à saint André, un saint de cette chapelle, la guérison du Dré[1], c’est-à-dire de l’oppression ou de l’asthme qui frappe les enfants aussi bien que les grandes personnes.
À cette occasion une foire a lieu autour de la chapelle.
Un prêtre, ce même jour, évangélise les enfants pour les guérir de la peur. On les amène de très loin et en très grand nombre.
La mère Gervais, du village de la Calvenais dans la commune de Bain, avait une petite fille qui était extrêmement peureuse. Le soir, dans la maison, aussitôt qu’il faisait nuit, elle tremblait de tous ses membres, n’osant pas bouger de place, et restait pelotonnée sur elle-même au coin du foyer.
Elle ne serait pas allée de la table à son lit sans une lumière.
On la fit évangéliser sans obtenir de résultat.
Une vieille femme consultée sur cette infirmité déclara qu’on ne la guérirait qu’en la faisant passer, un jour de procession, entre la croix et la bannière.
Or, un jour que la procession devait sortir de l’église de Bain, la mère emmena son enfant avec elle, et toutes les deux se placèrent près de la porte à l’intérieur de l’église.
Aussitôt que la croix arriva près d’elle, et s’inclina pour sortir, la mère poussa sa fille de l’autre côté et la rappela aussitôt à elle. De cette façon l’enfant passa deux fois entre la croix et la bannière.
Depuis ce jour, la petite Gervais n’a jamais eu peur.
Les enfants qui naissent le jour de la conversion de saint Paul, c’est-à-dire le 25 janvier, ont toute leur vie le don de passer le vlin (lisez venin).
Il leur suffit, pour le faire disparaître, de passer la main sur les maux venimeux occasionnés par les reptiles, les crapauds notamment, les araignées et les sourds-gares[2].
Ils ont aussi le pouvoir de tuer les crapauds rien qu’en les regardant.
Pour se guérir du vlin, il faut aller trois matins de suite à jeun chez le guérissou, et il est nécessaire que ce dernier soit lui-même à jeun.
Lorsqu’un enfant est venu au monde, les pieds les premiers il a le don de guérir les entorses. (Bruz.)
Si une femme est enceinte à la mort de son mari, l’enfant qu’elle mettra au monde pourra faire disparaître les enflures de la gorge, c’est-à-dire les goitres. (Fougeray.)
Quand les enfants ont les oreillons, qu’on appelle les joteriaux, sorte d’inflammation des glandes voisines de l’oreille, on leur frotte le cou à l’auge des cochons, parce que, croit-on, les porcs qui sont très sujets à cette maladie, se guérissent de cette façon. (Arrondissement de Redon.)
Les mères de famille ne détruisent jamais complètement les poux dans la tête de leurs enfants. Elles prétendent qu’il doit toujours en rester quelques-uns pour éviter des maladies. (Tout le département.)
Je fil’ de la soie,
Sur mon petit doigt ;
Pour faire un jupon
À Jésus mignon.
— Où est Jésus ?
— Dans mon cœur.
— Qui l’a mis là ?
— C’est la grâce.
— Qui l’a ôté ?
— Le péché.
Oh ! le vilain péché,
Qui a ôté Jésus de mon cœur.
Allez, allez, vilain péché,
Madeleine[3] ne péchera plus.
Mon Dieu, je vous donne mon cœur,
Fermez-le au péché ;
Ouvrez-le à la grâce.
Faites que je vous aime éternellement.
— Où est Jésus ?
— Dans mon cœur.
— Que fait-il ?
— Il repose.
Il fait sortir le péché.
Oh ! le vilain péché !
— Revenez, mon petit Jésus,
Je ne pécherai plus.
En prenant le pain bénit, à l’église, les enfants avant de le manger font le signe de croix et disent :
Au nom du père,
Au nom de la mère,
Au nom de l’enfant,
Tout ce qui en dépend,
Dans mon goulet (dans ma bouche).
En changeant de chemise :
Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit,
Ainsi soit-il !
Mon Dieu, blanchissez mon âme,
Comme je blanchis mon corps
Pour entrer dans votre Paradis.
Ainsi soit-il !
En se couchant :
Bonsoir, mon bon ange gardien,
C’est à vous que je me recommande.
Vous m’avez gardé pendant ce jour,
Gardez-moi, s’il vous plaît, pendant cette nuit
Dans votre saint amour sans vous offenser.
En se réveillant :
Mon petit Jésus, bonjour,
Mes délices, mes délices.
Mon petit Jésus, bonjour,
Mes délices et mes amours.
J’ai rêvé cette nuit
Que j’étais en Paradis.
Mais ce n’était qu’un songe,
La nuit m’a trompé ;
D’un si grand mensonge,
Mon cœur est attristé.
Le petit Jésus allait à l’école,
En portant sa croix dessus son épaule ;
Quand il savait sa leçon,
On lui donnait du bonbon :
Une pomme douce,
Pour mettre à sa bouche,
Un bouquet de fleurs,
Pour mettre sur son cœur.
C’est pour vous, c’est pour moi,
Que Jésus est mort en croix.
Petit Jésus, petit agneau,
Prenez mon cœur pour votre berceau.
Pour apprendre à tricoter aux petites filles, les mères placent les fillettes en rond autour d’elles et afin de les habituer à aller vite, elles leur font dire à la fin de chaque aiguillée :
1re aiguillée. Un, le Père.
2me — Deux, le Fils.
3me — Trois, le Saint-Esprit.
4me — Quatre évangélistes.
5me — Cinq plaies de Notre-Seigneur.
6me — Six commandements de l’Église.
7me — Sept sacrements.
8me — Huit béatitudes.
9me — Neuf chœurs des anges.
10me — Dix commandements de Dieu.
11me — Onze mille vierges.
12me — Douze apôtres.
13me — Treize, Judas.
14me — Quatorze allégresses.
15me — Quinze mystères du rosaire.
16me — Seize, Jésus est dans la crèche.
17me — Dix-sept, Jésus reçoit un soufflet.
18me — Dix-huit, Jésus est parmi les Juifs.
19me — Dix-neuf, Jésus est dans un tombeau neuf.
20me — Vingt, Jésus est parmi les saints.
Il existe une autre tricoterie, qui va seulement jusqu’au chiffre sept, et qui n’est plus une prière.
1re aiguillée. Un, le pain.
2me — Deux, les œufs.
3me — Trois, les pois.
4me — Quatre, la nappe.
5me — Cinq, le vin.
6me — Six, la cerise.
7me — Sept, la muette.
La fillette qui arrive à faire la septième aiguillée dans le tricot est obligée de garder le silence pendant un tour.
Dodo, poulette,
Dodo, fillette,
Traîne ta petite charrette
Tout le long du Paradis,
Pour avoir du pain bénit,
De la main de Jésus-Christ.
Dodo, poulette,
Dodo, fillette.
Si l’enfant s’éveille
On lui coupera l’oreille ;
Mais s’il ne s’éveille pas
On n’la lui coup’ra pas.
Dodo,
L’enfant do,
L’enfant dormira
Tantôt.
Dodo, le petit,
Puisque papa, maman le veulent ;
Dodo, le petit,
Puisque papa, maman l’ont dit.
Papa dit
Qu’il fallait dormir.
Maman dit
Qu’il faut l’endormir.
Dodo,
L’enfant do,
L’enfant dormira
Tantôt.
Bin bette, bin binou,
Poli, polin, polinette,
Bin bette, bin binou,
Poliniou,
Va s’endormiou.
Quand le somm’ somm’ va venir,
Poli, polin, polinette,
Quand le somm’ somm’ va venir,
Poliniou,
Va s’endormiou.
Bin bette, bin binou
Poli, polin, polinette
Bin bette, bin binou,
Poliniou,
Va s’endormiou.
Dodo bébé, Dodo l’enfant. |
bis
|
Que le bon Dieu te rende sage
Et te fasse aimer ta maison.
Dodo bébé, Dodo l’enfant, |
bis
|
Il faut être obéissant.
Dodo bébé,
Dodo l’enfant.
Bercez,
Poulette est sur la branche
Qui jour et nuit se balance,
Dodo, poulette, dodo.
Il était une bonne femme,
Ma petit’ mominette ;
Un’ bonn’ femme d’Alençon,
Ma petit’ mominon :
Qui faisait de la bouillie,
Ma petit’ mominette,
Dans un vieux chaudron,
Ma petit’ mominon !
Elle avait une chatte,
Ma petit’ mominette,
Ayant l’minois tout rond,
Ma petit’ mominon.
La chatt’ pleine d’envie,
Ma petit’ mominette,
S’approcha du poêlon,
Ma petit’ mominon !
Ell’ n’y mit pas la patte,
Ma petit’ mominette,
Mais un bout du menton,
Ma petit’ mominon.
La bonn’ femme en colère,
Ma petit’ mominette,
Tua ses p’tits chatons,
Ma petit’ mominon !
De la peau des chatons,
Ma petit’ mominette,
Elle fit un manchon,
Ma petit’ mominon.
Puis des gants tout blancs,
Ma petit’ mominette,
Et aussi un plastron,
Ma petit’ mominon !
Un’, deux, trois,
La culotte en bas ;
Quat’, cinq, six,
Levez la chemise ;
Sept, huit, neuf,
Tapez su l’gros bœuf ;
Dix, onz’, douze,
La fesse en est rouge ;
Treiz’, quatorz’, quinze,
Mettez-y un linge ;
Seiz’, dix-sept, dix-huit,
Mettez-le tout d’suite ;
Dix-neuf, vingt, vingt et un,
Il n’y paraît plus rien.
Un, deux, trois,
J’irai dans les bois ;
Quat’, cinq, six,
Cueillir la cerise ;
Sept, huit, neuf,
Dans mon panier neuf ;
Dix, onz’, douze,
Elles sont tout’s rouges.
Colimaçon borgne,
Montre-moi tes cornes ;
Mon grand-père est à l’école,
Il m’a dit que si tu n’me montrais pas tes cornes,
Il te couperait la gorge
Avec le couteau de saint Georges.
J’ai vu, dans la lune,
Trois petits lapins,
Qui mangeaient des prunes,
Comm’ trois p’tits coquins,
La pipe à la bouche,
Le verre à la main,
En disant : Madame,
Versez-moi du vin.
— Jean, ton enfant crie,
Jean, fais-lui d’la bouillie ;
Jean, tu ne la fais pas bien,
Jean, tu n’es propre à rien !
— Jean, ta femme est malade,
Jean, fais-lui d’la salade ;
Jean, tu n’la fais pas bien,
Jean, tu n’es propre à rien.
— Jean, Jean, ta femme est-elle belle ?
— Oui, oui, elle est demoiselle.
— Veux-tu m’la prêter ?
Je te la rendrai.
— Prête-la-moi, je t’en prie.
Je te la rendrai dimanche ;
Prête-la-moi, je t’en prie,
Je te la rendrai lundi.
Fanchette, panquette,
Grand’ jambe de bois,
Ta mère t’appelle,
Tu ne réponds pas ;
Ell’ trempe la soupe,
Tu manges les choux,
Ell’ tire les vaches,
Tu bois le lait doux.
— Turlututu, chapeau pointu,
N’as-tu pas vu carême ?
— Il est là-bas, dans un pertu (trou)
À fair’ chauffer d’la crème.
Prêchi, prêcha,
Ma chemise entre mes bras ;
Mon chapeau sur ma tête,
Je suis entré dans un p’tit cabinet,
J’ai vu la mort qui rôtissait un p’tit poulet,
Je lui en ai demandé un petit morceau,
Elle m’a donné cent coups de bâton.
— Est-ce bien fait ? mon maître,
— Oui, grosse bête !
Un p’tit chien pendu au bout d’un crochet.
Tirez-lui la queue, il vous mordra.
Son grand-père est à la chasse
Avec son bonnet de nuit,
Bon soir, bonne nuit.
S’il vient un prêtre,
Offrez-lui une chaise ;
S’il vient un enfant de chœur,
Donnez-lui du pain, du beurre ;
S’il vient un porteur d’eau,
Mettez-lui la tête dans un seau d’eau.
Je suis fruitière,
Bon éventaire,
Ma mère, en mourant,
M’a laissé cent francs.
C’est à la halle,
Que je m’installe,
C’est à Paris,
Que j’vends mes fruits.
Pommes de rainette,
Et pommes d’apis.
D’apis, d’apis rouges,
Pommes de rainette
Et pommes d’apis,
D’apis, d’apis gris !
— Il est midi.
— Qui l’a dit ?
— La petit’ souris ;
— Où est-elle ?
— Dans sa chapelle ;
— Que fait-elle ?
— Ell’ dit la messe ;
— Qui la répond ?
— Trois petits chatons ;
— Qu’allument les cierges ?
— Trois p’tit’s bonn’s vierges ;
— Qui les éteint ?
— Trois p’tits lutins ;
— Qui sonn’nt les cloches ?
— Trois p’tit’s mailloches.
Margot la pie
A fait son nid
Dans la cour à David.
Si David l’attrape,
Il lui cassera la patte,
Nett’, nett’, comm’ torchette.
— Qu’est-ce que l’ordre ?
C’est un petit bonhomme
Qui danse sur la corde.
— Qu’est-ce que le mariage ?
C’est un’ petit’ bonn’ femme
Qui fait son ménage.
C’est Madame de Paris.
Prêtez-moi vos souliers gris,
Pour aller au Paradis.
Le Paradis est si joli,
Qu’on y voit des pigeons d’or.
Pigeon d’or est à la messe,
Habillé comme une princesse,
Paimpon d’or,
La plus belle, la plus belle,
Paimpon d’or,
La plus belle dehors !
Une sardine,
Sur un gril,
Tournez-la,
Virez-la.
P’tit bonhomme,
Sauv’toi d’là !
Ter :
Un I, un L,
Cadi, cadel,
Super, jumeaux.
Coco,
Anglais, tu n’y es pas.
Ter :
Une pomme,
Deux pommes,
Trois pommes,
Bouf !
C’est la petit’ Mathurine,
Qui moulait d’la farine,
Tout autour de son moulin.
— Tir’ ton doigt, mon petit cousin.
Un’ poule deum,
Cahin, cahot,
Mes pieds bourbons,
Joseph Simon,
Cascarinette,
Griffon.
— J’mangerais bien
La queu’ d’un’ poire
Qui fleurirait ;
J’mangerais bien
La poire entière.
— Prends ton seau,
Gentill’ bergère,
Va tirer de l’eau !
Petit ciseau
D’or et d’argent,
Ta mèr’ t’attend
Au bas du champ,
Pour te donner
Du lait caillé
Que les souris
Ont baratté
Pendant
Une heur’de temps,
Va-t’en !
Celui (ou celle) sur lequel s’arrête le doigt aux mots de « Va-t’-en » se retire. On recommence jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un qui, lui, est le chat.
Les autres vont se cacher et crient : « Prêts ! » Alors le chat, c’est-à-dire l’isolé, cherche à les découvrir et à en attraper un qui prend sa place.
Il en est de même pour toutes les formulettes qui se terminent par ces mots : « Dehors ; Va-t’en ; T’en va ; Plongeons, etc. »
Un demi deux,
Demi trois,
Demi clou,
Sine tenta,
Monta Gibou,
Germanie,
Quatre citrons,
Plongeons !
À Paris, il y a un ourleur, un brodeur, un fanfarlaricoteur
Qui ourle, qui brode, qui fanfarlaricote.
Si j’avais ses ourlements, ses brodements, ses fanfarlaricotements,
J’ourlerais, je broderais, je fanfarlaricoterais
Aussi bien que ce maître ourleur, brodeur, fanfarlaricoteur,
Qui ourle, qui brode, qui fanfarlaricote.
Le riz tenta le rat,
Le rat tenté
Tâta le riz.
Gori
Porc tui
Sel n’y mit.
Porc gâti,
Ver s’y mit.
Félix
Porc tua.
Sel n’y mit,
Ver s’y mit.
Lard gâta.
Si j’étais p’tit pot à beurre,
Je me de p’tit pot à beurrerais bien.
Un p’tit baril, venu de Paris,
Bien lié, bien bondé, bien magnificoté.
Si j’avais la liure, la bondure, la magnificoture,
Je le lierais et le bonderais
Aussi bien que celui qui l’a lié, bondé et magnificoté.
Il y avait trois petits pots au feu
Qui pouvaient s’entre-toucher ;
Le petit pot dit au grand pot :
Tire le pot d’auprès du pot,
Car si le pot touchait au pot,
Le pot casserait le pot.
Homme debout file,
Femme debout, taille,
Fille assise, coud,
Enfant assis, joue.
Un cordier cordant, fait de la corde à corder.
Pour accorder sa corde, trois cordons il accorde,
Mais si l’un des cordons vient à se décorder,
Le cordon décordant fait décorder la corde.
— Grand original, quand te désoriginaliseras-tu ?
— Je me désoriginaliserai, au grand jour de la désoriginalisation,
Quand tous les grands originaux se désoriginaliseront.
On ferme la main que l’on pose ensuite sur son genou ou sur une table.
Bébé, qui sait ce que cela veut dire, vient mettre son petit doigt entre chacun de ceux de la main fermée, en commençant par le bas, et dit :
— La petite souris est-elle passée par là ?
On lui répond :
— Montez ch’lette, montez-la (montez l’échelette, montez-la.)
— La petite souris est-elle passée par là ?
— Montez ch’lette, montez-la.
Et ainsi de suite jusqu’au sommet du poing, où le dialogue suivant s’engage :
— La petite souris est-elle passée par là ?
— Oui.
— Où est-elle ?
— Dans le pailler.
— Où est le pailler ?
— Le feu l’a brûlé.
— Où est le feu ?
— L’eau l’a éteint.
— Où est l’eau ?
— Les vaches à Maurice l’ont bue.
— Où est Maurice ?
— Il est à couper des bâtons pour battre sa femme.
— Défendons-la, défendons-la !
En prononçant ces derniers mots, l’enfant frappe de toute sa force sur la main de la personne qui joue avec lui.
On prend la main de bébé dans laquelle on frappe en disant :
Cent écus !
Ma vache est vendue !
Si tu ne la prends pas
Tu iras en prison.
Et avec l’ongle du petit doigt on gratte l’intérieur de la main de l’enfant en ajoutant :
Mignon, mignon, mignon !
À cheval sur mon bidet,
Quand il trotte il fait un pet,
Prout, prout, prout.
Partons pour Paris,
Sur un petit cheval gris.
Allons à Rouen,
Sur un petit cheval blanc.
Au pas… au pas… au pas…
Au trot… au trot… au trot.
Au galop… au galop… au galop !
Quand il a trop galopé
Bébé tombe sur le côté.
On fait sauter l’enfant sur les genoux en accentuant le mouvement à partir de : Au pas, au pas. Puis en chantant les deux derniers vers on penche bébé en avant comme s’il allait tomber.
— Tu aimes ton père ?
— Oui.
— Tu aimes ta mère ?
— Oui.
— Tu aimes la Vierge Marie ?
— Oui.
— Tu aimes le petit Jésus ?
— Oui.
— Tu veux souffrir pour lui ?
— Oui.
On serre le bout du doigt de l’enfant qui a dit Oui.
Il y avait une fois un p’tit bonhomme et une petite bonne femme qui roulaient un petit billot, caca pour celui qui dira le premier mot.
Aussitôt que l’un des enfants prononce une parole tous les enfants crient : « caca pour toi, caca pour toi ! »
On touche les cinq doigts de bébé en disant :
Peucero (le pouce).
Lèche-pot (l’index).
Longi (le plus long).
Mal appris (le quatrième).
Le petit doigt du Paradis.
Par la barbe, je te tiens,
Tu me tiens,
Le premier de nous deux qui rira,
Sur la margoulette, il aura.
Les deux joueurs se tiennent par le menton, et le premier qui rit, reçoit sur la joue un petit soufflet.
Quand le roi va à la chasse,
Il apporte des petits lapins,
Il en tue, il en fricasse,
Il en donne à ses petits chiens.
Berlin, berlin, peste,
Combien l’aiguillette ?
Cinq sous la demie,
P’tit bonhomme, t’es pris !
Variante :
Quand le roi va à la chasse,
Il apporte des bécasses,
Il en tue, il en fricasse,
Il en fait part à ses voisins.
Berlin, berlin, peste,
Combien l’aiguillette ?
Cinq sous la demie,
P’tit bonhomme, t’es pris !
Des enfants se mettent en rond les poings fermés et, en le cachant, font circuler de main en main un petit caillou. Ils disent :
— Cache bien, p’tit blanc, parce que tu l’as,
Cache bien, p’tit blanc, parce que tu l’as.
— P’tit bonhomme, que cherches-tu ?
— Un p’tit blanc que j’ai perdu.
— Sur qui prends-tu ?
Celui qui a été désigné par le sort pour être le furet doit indiquer dans quelle main se trouve le caillou ; autrement il donne un objet quelconque en gage. Cet objet ne lui est rendu que contre une pénitence.
D’un côté le chat.
D’un autre côté tous les autres enfants qui chantent en mettant le pied sur le terrain qui est la propriété du chat :
— Je suis sur tes terres,
Mon petit chat,
Sans ta permission,
Mon mignon !
Celui que le chat touche sur son terrain devient chat à son tour.
— J’ai perdu ma brebis,
Bir li bi.
— De quelle couleur est-elle ?
Bir li bi.
— De la couleur de Saint-Denis,
Bir li bi.
— Sur qui ? — Sur cognovi |
trois fois |
On nomme un des joueurs et on court après lui en le frappant à coups de garruches (mouchoirs roulés et cordés).
On dit à une fillette :
— La compagnie vous plaît-elle ?
Si elle répond oui, l’enfant qui a fait la question l’embrasse et une autre recommence.
Si, au contraire, elle répond non, elle doit choisir une autre jeune fille qui la remplace.
Alors à ce moment tous les mouchoirs cordés se lèvent et frappent sur le nouveau chat jusqu’à ce qu’il soit rendu à sa place.
Qui ne connaît ?
Petit peta
Qu’embrassera-là ?
Un enfant a la figure cachée sur les genoux de quelqu’un et l’on désigne un objet ou une personne présente en disant :
— Petit peta
Qu’embrassera-là ?
S’il ne devine pas immédiatement, il reste à genoux et la tête cachée jusqu’à ce que le hasard ou l’indiscrétion d’un joueur lui fasse découvrir l’objet ou la personne qu’il doit embrasser.
Quand les garçons jouent à colin-maillard, et que celui d’entre eux, qui a un bandeau sur les yeux, saisit quelqu’un, il dit :
— J’tiens la pie !
L’un des joueurs répond :
— Sur qui ?
Le garçon à la vue bandée doit nommer celui qu’il tient ou lui rendre la liberté.
On ne lui enlève le bandeau que lorsqu’il l’a reconnu et alors ce dernier prend sa place. Les joueurs se sauvent et chantent :
Les gamins du diable,
Dans le pot à beurre,
Les gamins du diable,
Ils ont mis mon chat.
Ou bien encore :
Par chez nous on pêche à la ligne,
Faut toujours tirer le filet.
Plusieurs garçons marchent en clochant et disent à celui qui remplit le rôle du chat :
— Sainte Catherine, sainte Catherine, dormez-vous ? (bis).
— Oui, jusqu’à ce que mes enfants soient réveillés.
— Voulez-vous m’en donner un ?
— Je vous en ai donné un l’autre jour, qu’en avez-vous fait ?
— Je l’ai mis sur le bord du puits, le loup l’a mangé.
— Fallait courir après.
— J’ai tant couru, tant couru que je me suis cassé une jambe (bis).
— Faut aller au Reboutou.
Le Reboutou ne sait que me faire.
— Faut aller à la Reboutouse.
— La Reboutouse ne sait que me faire.
— Prenez le plus vilain, laissez-moi le plus beau.
Le chat saisit un enfant qui prend sa place, et on recommence toujours en clochant.
Ah ! Madame, venez compter,
Et comptez combien nous sommes,
Car nous sommes habitués
De compter à la dragonne :
Tra lala déridera.
Tra lala déridera.
Tra lala déridera.
Trente deux sont-ils par là ?
Cela se dit en chantant. En prononçant chaque mot, on enfonce une épingle dans un carré de papier et il doit y avoir trente deux trous puisqu’on a prononcé trente-deux mots.
S’il y en a plus ou moins, on recommence.
En hiver, les pâtous qui gardent leurs troupeaux sur les landes, jouent à la crosse pour se réchauffer. Voici en quoi consiste ce jeu :
Cinq ou six garçons se réunissent et creusent en terre, avec leur eustache, un trou large comme les deux mains, où sont déposés des épingles ou des pois, des centimes ou bien encore des canettes, des châtaignes, des pommes, etc., c’est-à-dire la mise des joueurs. Puis ils s’éloignent à vingt cinq ou trente pas, et chacun creuse alors, pour soi, un trou plus petit dans lequel il place un caillou rond. Ensuite tous armés d’un bâton terminé par une crosse, cherchent à envoyer d’un seul coup, leur pierre dans le trou du milieu où est placé l’enjeu. Celui qui réussit empoche tout ce qui s’y trouve.
J’ai vu, par un grand froid, dans un pâtis du village de la Boufetière, commune de Pancé, des jeunes gars et des jeunes filles qui, pour se réchauffer, se plaçaient en face les uns des autres et levaient vivement, en les frappant l’un contre l’autre, la main droite et le pied gauche, puis la main gauche et le pied droit, en chantant :
Siperli, siperla,
Siperli lanli lanlère,
Siperli, siperla,
Siperli lanli, lanla !
Enfilons l’aiguille, l’aiguille,
Enfilons l’aiguille et le peloton !
On s’aligne par rang de taille en se donnant la main. Les deux plus grands lèvent les bras et ceux de l’autre extrémité de la chaîne se précipitent sous cet arc, en chantant :
Enfilons l’aiguille, l’aiguille,
Enfilons l’aiguille et le peloton !
Puis ils reviennent sur leurs pas et recommencent, en faisant en sorte de ne pas briser la chaîne. Ceux qui viennent à se séparer donnent un gage.
Sur les landes de Lohéac, je rencontrai un jour un groupe de petits pâtres qui, pour designer celui qui poursuivrait les autres, disaient un oranbas, ce que les petites filles appellent dans les écoles, un ter.
Du bibi,
Du bobo,
Carafi,
Carafo,
Du triage,
Du coco.
Celui sur lequel le mot « coco » venait à tomber était pris. Alors il criait :
— L’alouette pihuit à mon collet,
Les derniers pris la diront-i ?
Les autres répondaient en se sauvant :
— Oui.
Le chat courait après eux, et le dialogue suivant s’engageait entre lui et le premier qu’il arrêtait :
— D’où es-tu ?
— De Nantes.
— Où sont-i tes frères ?
— En champ.
— Ide (aide) ma à les prendre.
Et tous les deux couraient après les autres, et ainsi de suite jusqu’au dernier qui, à son tour, recommençait l’oranbas :
Du bibi,
Du bobo, etc.
Dans les faubourgs de Rennes, les petites filles de trois à quatre ans, dansent la ronde suivante :
Dansons la capucine,
N’y a pas de pain chez nous ;
Y-en a chez la voisine,
Mais ce n’est pas pour nous,
Chou !
Au mot de chou, les fillettes s’accroupissent et se relèvent aussitôt toutes ensemble, et recommencent le même couplet.
Deux enfants se tiennent les mains en les croisant et chantent :
En allant au bois,
J’ai perdu mon soulier,
Mon sabot,
Tourne larigot !
Et ils pivotent de façon que celui de droite passe à gauche.
J’ai des poules à vendre,
Des noires et des blanches,
Quatre, quatre pour un sou.
Mademoiselle, détournez-vous.
On se tient par la main et au dernier vers on se détourne.
On chante le même couplet une seconde fois et on termine en disant : « Retournez-vous ! »
J’ai perdu hier au soir,
Le bouquet de ma mie,
Je suis v’nu le chercher,
Au péril de ma vie.
En passant par-devant moi,
Belle bergère, embrasse-moi,
Embrass’, embrass’, embrasse.
Beau cavalier, ne t’fâche pas
Si j’embrasse ta mie,
C’est qu’en passant par-devant moi,
Ell’m’a paru jolie.
Pour te dédommager d’retour,
Embrass’la à ton tour.
Embrass’, embrass’, embrasse.
Le long de ce p’tit bois charmant,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Le long de ce p’tit bois charmant,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
Un’ demoiselle va s’y promenant,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Un’ demoiselle va s’y prom’nant,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
Un beau Monsieur va la suivant,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Un beau Monsieur va la suivant,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
Ils s’asseyent tous deux sur un banc,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Ils s’asseyent tous deux sur un banc,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
Ils se donn’nt un baiser charmant,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Ils se donn’nt un baiser charmant,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
Ils s’en revienn’nt tous deux des champs,
Quand on voit c’la qu’l’on est bien aise ;
Ils s’en revienn’nt tous deux des champs,
Quand on voit c’la qu’l’on est content !
— Qui marierons-nous
Par ce jeu d’amourette ?
Qui marierons-nous
Par ce jeu d’amour ?
— Mamz’elle, ce sera vous
Par ce jeu d’amourette ;
Mamz’elle, ce sera vous
Par ce jeu d’amour.
On fait entrer la jeune fille au milieu de la ronde.
— Qui choisirez-vous
Par ce jeu d’amourette ?
Qui choisirez-vous
Par ce jeu d’amour ?
— Monsieur, ce sera vous,
Par ce jeu d’amourette ;
Monsieur ce sera vous,
Par ce jeu d’amour.
— Entrez dans ce rond,
Par ce jeu d’amourette ;
Entrez dans ce rond,
Par ce jeu d’amour.
— Mettez-vous à genoux,
Par ce jeu d’amourette ;
Mettez-vous à genoux,
Par ce jeu d’amour.
— Faites-vous les yeux doux,
Par ce jeu d’amourette ;
Faites-vous les yeux doux,
Par ce jeu d’amour.
— Et confessez-vous,
Par ce jeu d’amourette ;
Et confessez-vous,
Par ce jeu d’amour.
— Et relevez-vous,
Par ce jeu d’amourette ;
Et relevez-vous,
Par ce jeu d’amour.
— Puis embrassez-vous,
Par ce jeu d’amourette ;
Puis embrassez-vous,
Par ce jeu d’amour.
Ne somm’s-nous pas cousins cousines,
Ne somms’-nous pas cousins tretous ?
— Mad’moiselle, cela s’adresse à vous,
Ne somm’s-nous pas cousins cousines,
Ne somm’s-nous pas cousins tretous ?
— Entrez dans la danse :
Ne somm’s-nous pas cousins cousines,
Ne somm’s-nous pas cousins tretous ?
— Fait’s la révérence :
Ne somm’s-nous pas cousins cousines
Ne somm’s-nous pas cousins tretous ?
— Choisissez qui vous voudrez :
Ne somm’s-nous pas cousins cousines,
Ne somm’s-nous pas cousins tretous ?
— Et embrassez-vous !
Ne somm’s-nous pas cousins cousines,
Ne somm’s-nous pas cousins tretous ?
— Où allez-vous, la mèr’ boiteuse ?
Mir lon fli, mir lon fla.
— Je vais au bois céleste,
Mir lon fli, mir lon fla.
— Quoi faire au bois céleste ?
Mir lon fli, mir lon fla.
— Cueillir la violette,
Mir lon fli, mir lon fla.
— Si vous rencontrez le diable ?
Mir lon fli, mir lon fla.
— Je lui ferai des cornes,
Mir lon fli, mir lon fla.
— Si vous voyez la Vierge ?
Mir lon fli, mir lon fla.
— Je lui ferai trois révérences,
Mir lon fli, mir lon fla.
En r’venant de cueillir la violette,
J’ai perdu ma petite fleurette,
En mettant mon pain au four,
Vive l’amour !
Il était une fois
Un’ petit’ bonn’ femme
Qui courait par tout’ la ville
À dada sur un bâton ;
Quand ell’ fut entr’ deux portes
On entendit un coup de canon.
Prout !!!
La petit’ bonn’ femme
Eut si grand peur
Qu’ell’ fit caca
Dans ses jupons ;
Vous aurez du rôti
Et d’la soupe à l’oignon.
C’est un’ petit’ chanson
De morue et de poisson.
Mite, mite,
La v’là dite,
Moute, moute.
La v’là toute.
Quand Margoton va seulette,
Ell’ne m’aime plus r’lu tu tu ;
La petite follette,
Rit de ma chansonnette,
Tous mes soins sont superflus,
R’lu tu tu, r’lu tu tu.
La personne qui chante ce couplet est au milieu des joueurs et en chantant, elle imite, par gestes, un instrumentiste quelconque.
Or, comme au commencement du jeu tout le monde a dû choisir un instrument, celui ou celle qui ne se le rappelle pas ou bien qui, par distraction, ne regarde pas la personne qui chante et ne fait pas comme elle, donne un gage.
Un jour, je vis plusieurs petits paysans qui regardaient une alouette, à peine visible dans la nue, et dont on entendait cependant encore le chant.
L’un d’eux demanda aux autres :
— S’avous ce qu’elle dit là-haut à c’tt’heure qu’elle a pou de chaie[4] ?
— Nennin.
— Eh ben ! elle dit comme ça : « Mon Dieu, Je n’jurerai pu, mon Dieu, je n’jurerai pu.
« Et une fa r’descendue sur la lande, elle va cor crier : « Cinq cent mille diables, que j’étais haut ! »
Un tout petit garçon répliqua : — Mon père ne raconte pas ça de même, li.
— Eh ben ! que dit-y ? dirent les autres.
— Quand l’alouette est ben haut, elle chante :
« Mon bon Dieu, laissez-ma passer,
Je n’bairai pu
Car je n’veux pu baire,
Mon bon Dieu, laissez-ma passer,
Je n’bairai pu pour me saouler. »
Et quand elle est descendue :
Le bon Dieu m’a laissé passer,
Je bairai cor,
Je bairai cor.
Le bon Dieu m’a laissé passer,
Je bairai cor
Pour me saouler !
Un troisième ajouta : — S’avous c’que les coqs disent quand y chantent ?
— Je n’savons point.
— Le premier dit :
« J’ai du grain dans mon grenier ! »
Le second :
« J’en ai quand j’veux ! »
Un troisième, pauvre tire-misère enfermé dans une mue :
« V’z êtes ben heureux ! »
Lundi, mardi, fête,
Mercredi, peut-être,
Jeudi la Saint-Nicolas,
Vendredi on ne travaille pas.
Samedi on se repose,
Et le dimanche on ne fait rien.
Les enfants vont, au printemps, arracher dans les prairies des racines de janottes. C’est une petite ombellifère que les savants appellent Carum denudatum.
Le tubercule de cette plante a la forme d’une petite truffe blanche. Il n’est pas désagréable au goût et les enfants le mangent cru, malgré la défense des mères qui prétendent que l’absorption de cette racine amène des poux dans les cheveux.
Quand les petits garçons affirment ou promettent quelque chose entre eux, ils s’entrelacent le petit doigt en disant :
Crochi, crocha,
Le premier des deux qui mentira
En enfer il ira.
Les enfants ont souvent dans leurs poches des cornes de cerf-volant (nom vulgaire du lucane). Ces cornes doivent leur porter chance et les faire gagner aux jeux.
Les mères envoient leurs petits garçons aux processions des Rogations qui ont lieu au mois de mai, dès cinq heures du matin. « Si vous n’y alliez pas, leur disent-elles, vous n’apprendriez pas de nids. »
Autrefois, dans les villages, lorsque les petits enfants étaient encore en robe, on reconnaissait les garçons à une mèche de leurs cheveux sortant par le haut de leurs bonnets, — dits à trois quartiers, — qui enserrent la tête et s’attachent sous le menton avec des filets.
On fait croire aux enfants qu’ils doivent porter dans leurs jardins une petite botte de foin pour la Mi-Carême, qui leur donnera en échange des bonbons et des jouets que l’on a soin de cacher dans les grands buis ou les lauriers.
On les engage à chercher, et lorsqu’ils les découvrent, c’est un étonnement et une joie excessive.
À la fin du Carême, le jeudi saint au matin, les cloches partent pour Rome et ne reviennent que le samedi suivant.
Pendant leur absence, ce sont les enfants qui, soir et matin, parcourent les rues du bourg avec des clochettes de toutes grosseurs qu’ils appellent des taupanes. Ils les agitent avec force afin d’inviter les chrétiens à se rendre à l’église pour entendre la prière.
On dit aux enfants que les cloches qui reviennent de Rome le samedi saint sèment des œufs rouges sur leur passage.
À cet effet, on cache çà et là, dans les jardins, des œufs durs qu’on a fait cuire avec des pelures d’oignons, ce qui leur donne une teinte rouge. Les enfants les cherchent quand les cloches sont revenues.
Quand on s’empare d’une coccinelle, il faut la mettre à s’envoler ou la déposer sur l’écorce d’un arbre. Alors elle monte au ciel, devient un ange et garde votre place dans le Paradis.
Lorsqu’un enfant aperçoit un arc-en-ciel, il s’arrache un cheveu, l’allonge dans sa main gauche toute grande ouverte, crache au milieu et dit :
Arc-en-ciel brillant,
Par la grâce de Dieu,
J’te coupe par le mitan (milieu).
Joignant le geste à la parole, il frappe du revers de la main droite au milieu de la salive qui vole en tous sens.
Après cela l’arc-en-ciel doit être coupé en deux.
À Pleurtuit, sur la limite de l’Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, la formule de l’arc-en-ciel a une variante :
Lorsqu’un enfant aperçoit un arc-en-ciel, il en informe aussitôt un camarade qui, lui, ne doit pas lever les yeux au ciel. Au contraire, il s’arrange de façon à tourner le dos à l’arc-en-ciel, et alors crache sur le dessus de sa main gauche, et avec la droite, tout en récitant les paroles ci-après, frappe alternativement à droite, à gauche, puis au milieu de la salive :
Quand un enfant perd une dent, on lui dit de la mettre derrière la porte pour faire péter les bonnes femmes qui entreront dans la maison.
Une personne du village de la Calvenais, dans la commune de Bain, arrachait les dents, et on l’accusait de les semer devant les bonnes femmes pour les faire péter.
B — a — ba — mon maître me bat,
B — e — be — je me défendrai,
B — i — bi — à coup de fusil,
B — o — bo — à coup de sabot,
B — u — bu — à grands coups de pieds dans le cul.
À l’époque de la Toussaint, quand des bandes de corbeaux vont se coucher, les enfants, en les voyant passer sur leur tête, crient :
Grolles, grolles, grolles, [8]
La dernière rendue
Aura la crotte au cul.
La veille au soir de la fête de Noël, les petits garçons vont par les rues des villages et des bourgs, portant chacun une chandelle allumée, entourée de papier huilé pour empêcher le vent de l’éteindre. Ils s’arrêtent devant les portes en nasillant :
« Chantons Noël,
Ma bonne femme,
Pour une pomme,
Pour une poire,
Pour un p’tit coup de cidre à boire ! »
Et on leur donne des fruits ou des sous.
À Vitré, pendant la semaine de Noël, les choristes de chaque paroisse vont, en soutane rouge, de porte en porte, chez tous les habitants chanter des Noëls. Ils sont généralement bien accueillis dans chaque maison où on leur donne de l’argent qu’ils partagent entre eux.
Alléluia ! alléluia ! alléluia !
Alléluia du fond du cœur,
Ayez pitié d’vos enfants d’chœur,
Et le bon Dieu vous récompensera,
Alléluia ! alléluia ! alléluia !
Ou bien encore :
Alléluia ! du fond du cœur,
Nous sommes les enfants de chœur.
Un jour viendra, Dieu vous l’rendra,
Alléluia ! alléluia ! alléluia !
Un petit bonhomme
Pas plus gros qu’un rat,
Qui battait sa femme,
Par-dessous son bras :
— Attends, ma coquine,
Cela t’apprendra
À boir’ la chopine
Quand je n’suis pas là.
— Oh ! le vilain homme,
L’affreux scélérat,
Voici l’commissaire
Qui te coffrera.
Quand j’étais petit,
Je n’étais pas grand,
Je montrais mon cul
À tous les passants.
— Cache ton cul,
Petit’ peste,
Tout l’monde le verra ;
Mets-le dans ta chemise,
Car voici mon chat.
La communion est l’acte le plus important de la période de l’enfance.
Pendant les trois jours de retraite qui précèdent la communion, chaque soir, à l’issue du dernier office à l’église, on renvoie d’abord les filles, puis vingt minutes après les garçons.
Chaque groupe s’en va en récitant le chapelet. L’un des enfants dit la prière et tous les autres répondent en chœur.
Lorsqu’un garçon ou une fille arrive à sa demeure, ou au chemin qui y conduit, il quitte la bande sans rien dire et sans que les autres interrompent leurs prières.
Le matin, après la messe de sept heures, le midi, et à la collation de quatre heures, les garçons s’en vont manger chez l’instituteur et les filles chez les religieuses.
Ceux qui appartiennent à des familles à l’aise apportent des vivres dans un panier. Les pauvres, eux, sont nourris au moyen des dons en nature et en argent, — le plus souvent en nature, — faits par les habitants de la commune.
L’instituteur laïque ou religieux conduit les garçons à l’église pendant tout le temps de la retraite, les surveille et les promène dans la campagne aux heures de récréation.
Les religieuses de leur côté en font autant.
Un peu avant la communion a lieu le classement des enfants à l’église par le vicaire qui a fait le catéchisme.
Les premières places sont, pour les mères, un sujet d’orgueil et un sujet de chagrin pour celles dont les enfants sont ignorants.
Le vicaire à la campagne, n’est récompensé de ses peines pour avoir fait le catéchisme toute l’année, que par les cierges que portent les enfants le jour de la communion et qui lui appartiennent de droit.
On a vu autrefois des mères mécontentes de voir leurs enfants mal placés, les faire rapporter leurs cierges chez eux. C’est alors que la mesure fut prise que les cierges une fois entrés dans l’église n’en sortiraient plus.
Je me souviens que dans mon village, des enfants n’ayant pas le moyen d’avoir un cierge, en fabriquaient avec une chandelle emmanchée au bout d’un bâton. Le tout était recouvert de papier blanc avec des frisures.
Les pauvres diables qui portaient ces chandelles étaient tout aussi fiers que les autres.
Les premiers du catéchisme ont généralement de très gros cierges, ce qui fait dire qu’on donne toujours les meilleures places aux enfants riches.
Les parrains et marraines des communiants font cadeau à leurs filleuls, les uns du cierge, les autres d’un livre, d’un chapelet ou d’un souvenir quelconque.
La veille de la communion, les enfants, lorsqu’ils viennent de recevoir l’absolution, vont se mettre à genoux devant leurs parents et leur demandent leur bénédiction.
Il y a deux croix, une blanche pour les filles et une rouge pour les garçons. Elles ont toutes les deux quatre longs rubans de la couleur de la croix.
Ces croix sont généralement en tarlatane garnie de fleurs artificielles rouges ou blanches.
Si les deux premiers du catéchisme (garçon et fille) sont riches, ce sont eux qui habillent la croix, qui la sortent de l’église et la portent assez longtemps avant de la passer aux autres dans l’ordre du classement. Les huit premiers ont ordinairement cet honneur. Les autres enfants tiennent les rubans.
Ces croix sont de nouveau portées aux processions des Fêtes-Dieu et de l’Assomption. À la communion suivante, elles sont remplacées par de nouvelles, et les fleurs sont distribuées comme souvenirs par les donateurs à leurs amis et aux autres enfants de la communion.
À Bourg-Barré, le premier garçon et la première fille du catéchisme habillent leurs croix ; mais le deuxième achète le ruban de droite et le troisième le ruban de gauche.
Lorsque la croix est détruite, les fleurs sont conservées, à titre de souvenir, sous des verrines comme les bouquets des mariées.
Ce sont les premiers du catéchisme qui, seuls, ont le droit de porter la croix, mais par complaisance ils la cèdent à leurs camarades.
Le jour de la communion, dans quelques communes, les communiants, le clergé, le bas-chœur, se rendent, avant la messe, au presbytère, croix et bannière en tête, chercher le prédicateur de la retraite, qui doit dire la messe et faire les sermons d’usage.