Derrière les vieux murs en ruines/05

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Calmann-Lévy, éditeurs (p. 21-22).


25 novembre.

Une chanson :

Mon aime vivait près de moi,
Hélas ! il partit pour Alger !
Son œil était noir,
Il avait de longs cils,
Et les vêtements lui seyaient.


Mon aimé me quitta !…
S’en fut avec lui le bonheur de l’esprit.
Jusqu’à quand, ô Dieu !
Œil de mon cœur,
Ta beauté me sera-t-elle cachée ?

Je te recommande, ô fils d’Adam !
N’attache pas ton âme
À celle qui n’a souci de toi.
Vois l’œil de la femme,
C’est lui ta balance. Il t’indiquera
Si elle t’aime ou ne t’aime pas.

Je te recommande, ô fils d’Adam !
N’attache pas ton âme
À une étrangère, à une chanteuse.
Avec elle tu te réjouirais dans les fêtes
Chaque jour au son des instruments…
Puis tu serais dépouillé, misérable,
Honteux de tes caftans en haillons…

Je te recommande, à fils d’Adam !
N’oublie pas celle que tu laissas,
Pleurant et griffant son visage…
Mon cœur n’a plus de joie
Et la vie loin de toi m’est à charge…
Combien de temps, ô Dieu !
Œil de mon cœur,
Ta beauté me sera-t-elle cachée ?