Description de la Chine (La Haye)/Secret du pouls

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Scheuerlee (3p. 467-537).


SECRET
DU POULS,


TRADUIT DU CHINOIS.


PREMIÈRE PARTIE.


TEXTE.


Pour connaître les maladies, et juger si elles sont mortelles ou non, on ne peut rien faire de mieux que d’examiner le pouls.

Dans les maladies du cœur, c’est le pouls du carpe de la main gauche qu’il faut consulter.

Dans les maladies du foie, c’est aussi la main gauche qu’il faut prendre ; mais il faut examiner le pouls précisément à la jointure du carpe, avec l’os qu’on nomme cubitus.

Dans les maladies de l’estomac, examinez le pouls du carpe de la main droite ; et dans les maladies du poumon, examinez à la même main le pouls de la jointure.

Dans les maladies des reins, il faut examiner le pouls immédiatement plus haut que la jointure, à l’extrémité du cubitus ; à la main droite, pour le rein droit ; à la main gauche, pour le rein gauche.


Commentaire.


Le rein droit s’appelle autrement ming men, porte de la vie.


NOTES.


Les médecins chinois supposent communément, et disent souvent que le rein droit est le réservoir séminal, et que c’est la raison pourquoi on l’a nommé porte de la vie. J’en ai lu un, qui explique autrement l’origine de ce nom, et qui prétend que c’est principalement au rein droit que doit s’attribuer le changement du sang en semence.


TEXTE.


Rien n’est plus aisé que cette distinction des différents endroits où il faut tâter le pouls dans les maladies de ces cinq différentes parties nobles. Mais l’examen du pouls ne laisse pas d’être par bien des endroits fort difficile. Le mouvement continuel de circulation, où sont jour et nuit le capitaine et son escorte, est à la vérité déterminé à un certain nombre de tours ; mais il ne laisse pas d’y avoir dans le pouls mille différences, suivant la différence du sexe, de l’âge, de la stature, et des saisons.


Commentaire.


Le Capitaine, c’est le sang, hiué. Son escorte sont les esprits, ki. Le sang coule dans les vaisseaux et les esprits en dehors. Ils sont dans un mouvement perpétuel de circulation, et doivent faire dans l'espace d’un jour et d’une nuit cinquante tours. C’est le nombre déterminé dont parle le texte.


NOTES.


Dans l’espace d’une respiration, c’est-à-dire, d’une expiration, et d’une inspiration, le pouls bat communément quatre fois, et le sang et les esprits font six pouces de chemin. Comme dans douze heures chinoises, qui font un jour et une nuit, on compte en tout treize mille cinq cents respirations, le chemin d’un jour sera de huit cent dix tchang[1]. Or le plus long chemin du sang et des esprits dans le corps humain, n’est que de seize tchang, deux pieds. Par conséquent le sang fait en un jour et une nuit cinquante fois ce tour. On a tiré ceci des Chinois, mais non pas de l’endroit du livre qu’on traduit.

Quand on traduit mouvement continuel de circulation, on n’aide point à la lettre : les expressions chinoises le disent. De là il paraît naturel de conclure que la circulation du sang, découverte si récemment en Europe, a été connue des Chinois, du moins depuis deux mille ans. Je suis cependant fort éloigné d’oser garantir cette conclusion. Je ne trouve point que les médecins chinois dans leurs livres distinguent nettement les artères et les veines, ni le chemin que fait le sang pour s’éloigner du cœur, et y revenir.

Ils ont des lettres que les Européens, en traduisant des dictionnaires, ont fait répondre à nos mots, artères, veines, nerfs. Mais soit que je lise les médecins chinois, soit que j’interroge ceux qui vivent, je ne trouve point que sous ces mots ils renferment juste les idées que nous avons aujourd’hui, et il faut dire que si la Chine a eu autrefois ces connaissances, comme certaines expressions portent à le penser, elles les a perdues il y a du temps.

En traduisant le commentaire chinois, j’ai mis : Son escorte sont les esprits. J’ai cru que des divers sens qu’a la lettre ki, aucun ne convenait mieux à cet endroit. J’avertis cependant que cette lettre peut encore signifier, air, vapeur, humeur, matière, etc.


TEXTE.


Chaque saison de l’année a son pouls propre.

Dans la première et seconde lune, temps du règne du bois, le pouls du foie, qui répond au bois, est hien, c’est-à-dire, à un mouvement de trémulations longues, tel à peu près qu’est celui des cordes de l’instrument nommé tseng[2].

Dans la quatrième et cinquième lune, le pouls du cœur, qui répond au feu, est comme regorgeant, hong.

Quant à l’estomac, qui répond à la terre, son pouls à la fin de chaque saison[3], doit avoir une lenteur modérée ouan. A la septième et huitième lune, qui est le règne du métal, le pouls du poumon, qui y répond, est délié, sié ; superficiel, feou ; court, toan ; et aigre, .

A la dixième et onzième lune, c’est le règne de l’eau. Le pouls des reins, qui y répond, est profond, tchin, et délié, sié.

Voilà la situation ordinaire du pouls par rapport aux différentes saisons dans un sujet sain. Si le pouls que nous venons d’assigner à chacune de ces cinq parties nobles par rapport aux différentes saisons de l’année, se trouve changé en son contraire, la vie est dès lors en danger.


Commentaire.


C’est-à-dire, si le pouls du cœur se trouve profond et délié, tchin et sié ; celui du foie court et aigre, toan et  ; celui des reins lent, ouan ; celui des poumons regorgeant, hong ; et celui de l’estomac long et tremblant, tchang et hien.


TEXTE.

Si l’altération est telle, que l’enfant soit soutenu par sa mère, le mal n’est pas grand.


Commentaire.

Par exemple, si le pouls du cœur est lent, ouan ; celui de l’estomac enflé et regorgeant, hong ; celui des poumons profond, tchin.


TEXTE.

Mais si la mère charge l’enfant, la maladie sera longue.


Commentaire.

Par exemple, si les reins communiquent leur mal au foie, ou si le foie communique son mal au cœur.


NOTES.

Le commentateur paraît ici s’exprimer peu exactement : mais on le traduit comme il est.


TEXTE.

Enfin, quand le mari et la femme ne se tiennent pas dans l’ordre, il y a aussi des règles pour juger si le mal est mortel ou non.


Commentaire.

Par exemple, que le cœur ait le pouls du poumon, c’est le mari qui a le pouls de la femme.


TEXTE.

Dans le printemps avoir le pouls du poumon, cela est mortel. Pour le pouls du cœur, passe ; car le cœur est le fils du foie, qui a les reins pour mère, et l’estomac pour épouse.


Commentaire.

Le bois, le feu, la terre, le métal, l’eau. Voilà l’ordre de la génération de ces cinq éléments : la terre, le bois, l’eau, le feu, le métal. Dans cet ordre ils se détruisent. Des cinq tsang ou parties nobles ci-dessus marquées, le poumon répond au métal. Le métal détruit le bois. Ainsi dans le printemps, qui répond au bois, avoir le pouls du poumon, cela est mortel.


TEXTE.

Au printemps avoir le pouls de l’estomac, en hiver le pouls du cœur, en été celui du poumon, en automne celui du foie ; tout cela est fort mauvais.

Voilà ce qui regarde les différents pouls propres des différentes saisons, eu égard à l’ordre de génération ou d’opposition des cinq éléments.


Commentaire.

Il est dit dans un endroit de ce livre, que quand au printemps on a le pouls de la fin des quatre saisons, autrement dit le pouls de l’estomac, qui répond à la terre, la maladie communément n’est pas dangereuse, et se guérit assez souvent sans remèdes.

Ici l’on dit, qu’au printemps avoir le pouls de l’estomac, cela est mortel. Comment ces deux choses s’accordent-elles ? Le voici. Par exemple, quand dans le printemps le pouls du foie est en même temps lent et trémuleux, ouan et hien, quoiqu’il ait la lenteur ouan, propre du pouls de l’estomac ; s’il conserve la trémulation qui lui est propre, l’altération n’est pas grande ; mais s’il venait à perdre la trémulation, et qu’il n’eût plus que la lenteur propre du pouls de l’estomac qui répond à la terre, le mal alors serait dangereux.

La terre, quand elle domine, engendre le métal. Or le métal détruit le bois qui répond au foie et au printemps. Voilà la solution de la difficulté proposée, et le sens de l’endroit, où le texte dit : Quand le mari et la femme ne se tiennent pas dans l’ordre, etc. Appliquez cela aux pouls propres des autres.


VOICI UNE TABLE DES CINQ ÉLÉMENTS
DONT ON PARLE.


NOTES.

S’agit-il des saisons de l’année ? Les Chinois font répondre le printemps, du moins les deux premiers mois, au bois ; les deux premiers mois de l’été au feu ; ceux de l’automne au métal ; et ceux de l’hiver à l’eau. A la terre, qui est au milieu, comme tenant un peu de tout, ils font répondre le dernier mois de chaque saison.

S’agit-il des parties nobles du corps humain ? Les médecins font aussi l’application à cette table, et font répondre le foie au bois, le cœur au feu, le poumon au métal, les reins à l’eau, et l’estomac à la terre, y trouvant une analogie telle quelle.

S’agit-il des cinq planètes ? Saturne, s’appelle l’étoile, ou la planète de la terre ; Jupiter, la planète du bois ; Mars, la planète du feu ; Vénus, la planète du métal ; et Mercure, la planète de l’eau.

Est-ce ces cinq éléments qui ont donné les noms aux cinq planètes ? Est-ce sur le nombre des planètes qu’on a déterminé ces cinq éléments ? C’est ce que je ne puis dire.


TEXTE.

Il faut bien prendre garde à ne pas confondre différentes espèces de pouls, qui ont entre eux quelque ressemblance. Par exemple, le pouls que nous appelons hien, et celui que nous nommons kin ; le pouls , et le pouls ouei ; le pouls feou, et le pouls kong ; le pouls hong, et le pouls ché, ont entre eux quelque rapport. Cependant leurs indications sont très différentes, et souvent contraires. Le pouls nommé tchin, et le pouls nommé fou, vont au même but par divers chemins. Pour ce qui est des deux pouls siu et yo, ils ont assez de rapport, même en leurs indications.


NOTES.

L’explication de ces divers noms viendra dans la suite du texte, et plus d’une fois. Cependant comme la bonne méthode demande qu’on explique d’abord tous les termes qu’on emploie pour suppléer au défaut du compilateur, je vais expliquer ces espèces de pouls dont on vient de parler.

Le pouls s’appelle Hien, quand il a un mouvement de trémulation longue, à peu près comme celui des cordes de l’instrument tseng.

Le pouls s’appelle Kin, quand il a un mouvement de trémulation courte et serrée, comme celui des cordes de l’instrument nommé kin.

Le pouls se nomme , aigre ou âpre, quand la sensation qu’il fait sous le doigt, a du rapport au mouvement d’un couteau, qui racle un bambou.

Le pouls se nomme Ouei, petit, quand il est en effet petit, à peu près comme un fil de soie.

Le pouls se nomme Feou superficiel, surnageant, quand en posant simplement le doigt sans peser, il est sensible, et qu’il disparaît lorsqu’on appuie.

Le pouls est Kong, quand on le sent sous le doigt, tel à peu près qu’un trou de flûte, laissant une espèce de vide au milieu des deux extrémités sensibles.

Hong signifie regorgeant, et Ché signifie plein. Tchin signifie enfoncé, profond ; Fou, fuyant en bas et se cachant. Siu, c’est quand il fait sur le doigt à peu près la sensation qu’y ferait une goutte d’eau. Yo, c’est faible.


TEXTE.

Il faut donc s’appliquer à bien connaître les propriétés des pouls, savoir en tirer à propos des conclusions ; après quoi, moyennant une suffisante connaissance des drogues, on peut se mêler de médecine.

Le pouls du carpe est-il kié, prompt ? A coup sûr il y a mal de tête ; s’il est hien, trémuleux long, c’est cardialgie[4] ; s’il est kin, trémuleux court, c’est colique ; s’il est ouan, lent modérément, la peau est comme endormie ; s’il est ouei, petit, la poitrine a souffert du froid ; s’il est sou, très précipité, il y a du feu à l’orifice de l’estomac ; s’il est hoa, glissant, le sang abonde, s’il est aigre, les esprits manquent. Quand il est hong, regorgeant, la poitrine et les côtés sont comme trop pleins, et le malade y sent oppression. Enfin, quand le pouls du carpe est tchin, profond, enfoncé, on sent de la douleur au dos.

Quand précisément à la jointure du carpe avec le cubitus, le pouls se trouve feou, superficiel, et ouan, modérément lent, il y a dégoût, perte d’appétit.

S’il est kin, trémuleux court, il y a oppression et plénitude de matières flatueuses, ce qui est difficile à bien guérir.

Si ce pouls est yo, faible, et sou, précipité, il y a du feu dans l’estomac.

S’il est trémuleux long, hien, et hoa, glissant, l’estomac a souffert du froid.

S’il est ouei, petit, le cœur est comme oppressé de plénitude.

S’il est tchin, profond, enfoncé, on sent pesanteur et douleur sourde à la région du diaphragme, et cela vient de plénitude, au lieu que si ce pouls est siu, mol et comme mouillé, quoiqu’il y ait enflure dans les parties inférieures, comme depuis les reins jusqu’aux pieds, cela vient d’inanition et d’épuisement. Il faut au plus tôt songer à dissiper ces humeurs aqueuses.

Enfin si ce pouls de la jointure est fou, fuyant en bas, et se cachant, il y a embarras à l’orifice de l’estomac ; il ne faut à cela qu’une purgation.

Quant au pouls de l’extrémité du cubitus, s’il est hoa, glissant, et que ce soit une femme, il est clair que ses mois ne sont pas réglés ; si c’est un homme, les digestions se font imparfaitement dans les dernières voies.

S’il est fou, fuyant en bas, les digestions se font imparfaitement dans les premières voies.

S’il est ouei, petit, il y a violente colique.

S’il est yo, faible, et ouan, modérément lent, il y a excès de feu dans le ventricule, et embarras à l’orifice de l’estomac.

S’il est tchi, paresseux, très lent, le tsiao ou foyer inférieur, et l’estomac ont souffert du froid ; il y a nausée et quelquefois vomissement.

S’il est , aigre, il y a tension au ventre et quelquefois au scrotum.

S’il est tantôt hien, trémuleux long, tantôt kin, trémuleux court, la douleur est dans le ventre même.

S’il est tchin, profond, le mal est aux reins.

Enfin, s’il est siu, mol, et comme mouillé, sou, précipité, feou, superficiel, ou bien kong, vide au milieu, comme un tronc de flûte, les urines sont rouges et âcres. Examinant ainsi tout avec exactitude, il est difficile que rien échappe.


NOTES.

Les Chinois distinguent dans le corps, ou dans ce que nous appelons tronc, trois Tsiao, ou comme trois foyers de la chaleur naturelle. Le commentaire en parlera dans la suite.

Le texte exposant en cet endroit les divers pouls qui se peuvent trouver, soit au carpe, soit à la jointure du carpe avec le cubitus, soit à l’extrémité du cubitus, et spécifiant leurs indications, ne fait point la distinction qu’il fait en d’autres endroits entre la main gauche et la main droite ; mais seulement la distinction des trois différents endroits où le pouls se tâte à chaque main.

Il faut supposer que, suivant son idée, la distinction de droite ou de gauche, qui est importante en tant d’autres occasions, ne fait rien par rapport aux indications ci-dessus marquées.


TEXTE.

Quand on tâte le pouls d’une femme à l’extrémité du cubitus, et qu’on l’y trouve continument hoa, glissant, on peut assurer qu’elle est grosse.

Si c’est à cet endroit de la main droite que vous tâtez le pouls, et que vous l’y trouviez en même temps hong, regorgeant, elle est grosse d’une fille.

Si c’est à main gauche que cela se trouve, elle est grosse d’un garçon.

Si le pouls se trouve en même temps tel aux deux bras, la femme est grosse de deux enfants. Qui sait user de cette méthode, ne s’y trompe point.

Pour connaître si un malade relèvera de sa maladie, il faut examiner avec grand soin le mouvement et les morules du pouls.

Si dans son mouvement il est dur et coupant, et en même temps fort vite, comme si ces battements étaient autant de coups d’une flèche ou d’une pierre réitérés avec promptitude ; s’il est au contraire tout à fait lâche, à peu près comme une corde qui se file ; s’il est picotant comme le bec d’un oiseau, et que tout à coup ce mouvement s'interrompe ; s’il est rare et semblable à ces gouttes d’eau, qui tombent quelquefois par quelque fente : de sorte qu’il semble pendant du temps n’être plus, puis il recommence ; s’il est embarrassé, à peu près comme une grenouille en certaines herbes : de sorte qu’il semble ne pouvoir ni avancer ni reculer : s’il est frétillant, comme un poisson qui se plonge à chaque moment, puis remonte quelquefois assez lentement pour qu’on le croie tenir par la queue, et cependant il s’échappe. Hélas ! le meilleur de tous ces pouls ne vaut rien : le médecin eût-il la pierre philosophale, tel malade ne relèvera pas de sa maladie ; il faut se résoudre à mourir.

Mais il y a certaines maladies où le malade, sans avoir les pouls que nous venons de marquer, a l’entendement troublé, perd la parole, ou n’a plus qu’un filet de voix. Quelquefois même on ne peut plus découvrir aucun mouvement du pouls au carpe ni à la jointure. Si cependant à l’extrémité du cubitus le pouls est encore sensible ; si ses battements et ses morules ont à peu près la même étendue, et que ce mouvement soit continu pendant du temps sans changement irrégulier, quoique le malade paraisse aux abois, il n’en mourra pas ; du moins un bon médecin peut le sauver. C’est le sens d’un ancien texte qui dit : L’arbre est sans feuilles ; mais sa racine vit encore.


Manière de tâter le pouls.


À gauche, le cœur, les intestins grêles, le foie, le fiel, le rein gauche. À droite, le poumon, les intestins gros, l’orifice de l’estomac et le ventricule, le rein droit.


Commentaire.

Le pouls du carpe de la main gauche indique ce qui regarde le cœur et les intestins grêles ; le pouls de la jointure du même côté indique ce qui regarde le foie et le fiel : le pouls de l’extrémité du cubitus du même côté indique ce qui regarde le rein gauche et la vessie. Car si le texte n’a pas exprimé la vessie, c’est que cela n’accommodait pas le vers.


NOTES.

J’avertis que non seulement cet endroit, mais presque tout le livre est en vers. Ce n’est proprement qu’un recueil mal digéré de chansons en vers techniques.


TEXTE.


À droite (au carpe) le poumon, les intestins gros ; (à la jointure) l’orifice de l’estomac et le ventricule ; (à l’extrémité du cubitus) le rein droit.


Commentaire.

Il faut ajouter au rein droit, les trois tsiao ou foyers ; si le texte l’a omis, c’est que cela n’accommodait pas le vers.


NOTES.

On verra ci-après ce que c’est que les trois tsiao.


TEXTE.


Suivez cela en examinant les maladies, même des femmes. A cela près que dans les femmes le pouls du cubitus en sa situation naturelle et saine, est le contraire de celui des hommes.


Commentaire.

Il est fort dans les femmes, et faible dans les hommes : s’il se trouve autrement, c’est maladie.


TEXTE.


Il faut de l’attention et de l’exactitude à examiner et à suivre chacun de ces pouls. Il faut que le médecin soit lui-même tranquille et sain. Pour la situation de sa main, elle dépend de la situation où est celle du malade. Si celui-ci a la main tellement posée que le dos paraisse, et non le dedans, il faut que le médecin renverse la sienne.

De ces trois pouls, résultent neuf heou. Il faut être stylé à les bien distinguer sous les doigts, et à s’imprimer en même temps chacun dans l’esprit aussi distinctement qu’un cachet.


Commentaire.

Le carpe, la jointure, l’extrémité du cubitus, trois endroits où le pouls se tâte, y appliquant les trois plus longs doigts. Voilà ce qu’on appelle les trois pouls.

Dans chacun de ces endroits, le pouls est ou très superficiel, ou très enfoncé, ou entre deux, trois fois trois font neuf. Voilà ce que le texte appelle ici les neuf heou.


TEXTE.


La fonction des gros intestins et des poumons, tend à faire marcher, conduire, et évacuer. La fonction du cœur et des intestins grêles, tend à recevoir, contenir, et améliorer.


Commentaire.

Les gros intestins poussent et évacuent les matières grossières et impures. Pour le poumon il ne pousse ni n’évacue ; mais comme les gros intestins sont de son ressort, et lui sont comme soumis, c’est pour cela que le texte les joint ensemble.


NOTES.

Il est vrai, comme dit ici le commentaire, que, suivant la médecine chinoise, le poumon et les intestins gros sympathisent, aussi bien que le cœur et les intestins grêles. Mais je trouve que le commentaire a tort de dire tout crûment que ce rapport ou cette subordination est l’unique raison pourquoi le texte fait ici mention du poumon, quoiqu’il ne pousse, ni n’évacue. Le poumon ne tend-il pas à faire marcher le sang, et à évacuer les phlegmes et autres matières ?

Le commentaire est encore moins supportable sur ce qu’il dit du cœur et des intestins grêles. Le texte peut avoir ce sens, savoir que la fonction des intestins grêles est de recevoir les aliments pour les digérer et les tourner en chyle ; la fonction du cœur de recevoir ce chyle, de le perfectionner, et d’en former le sang.


TEXTE.


La fonction de l’orifice de l’estomac et du ventricule, qui sont contigus l’un à l’autre, est de s’aider mutuellement à l’administration des cinq grains, c’est-à-dire, des aliments. La fonction des reins et de la vessie, est de filtrer, et d’évacuer les matières liquides.

Pour ce qu’on appelle les trois tsiao, ou les trois foyers, ce ne sont point des viscères sensibles et distincts. On assigne leur situation par rapport aux autres parties auxquelles ils répondent.


Commentaire.

On distingue trois tsiao : le supérieur, celui du milieu, l’inférieur.

Le supérieur est à la région du cœur ; son principal effet est de retenir et de resserrer : sans lui, le cœur, le poumon, gouverneraient ils le sang et les esprits ? Ou bien, gouverneraient-ils le sang et l’air ? car le caractère souffre ces deux sens.

Celui du milieu est à la région du sternum. Il ne retient, ni ne pousse ; son effet est de cuire. Sans lui, comment l’estomac pourrait-il digérer les aliments ?

L’inférieur est à la région du nombril, un pouce plus bas. Son effet est de séparer et pousser : sans lui, comment le foie et les reins pourraient-ils filtrer et séparer les liqueurs comme ils font ?


TEXTE.


Le foie et le fiel servent tous deux aux filtrations des humeurs. Ils ont beaucoup de communication avec les yeux, qui dépendent considérablement de ces viscères. Un homme éclairé, qui aura bien pénétré la situation naturelle, la juste température, et le rapport des cinq parties nobles, aura beaucoup de facilité à connaître les maladies.

Il y a un os qui s’élève à la jointure du bras avec le poignet : c’est là qu’il faut tâter le pouls qu’on appelle de la porte, ou de la jointure : devant cette jointure est ce qu’on nomme l’embouchure d’un pouce, tsun keou (le carpe). Derrière la même jointure est ce qu’on appelle le cubitus, tché. Le carpe est censé yang, le cubitus yn, en langage de médecine.

En tâtant le pouls à ces trois endroits, il faut de l’attention et de l’exactitude à bien placer les doigts justement où il faut, sur le vaisseau.


NOTES.

Tché signifie l’os qui va depuis le poignet jusqu’au coude. Cette même lettre en ce même mot signifie aussi un pied ou une coudée. C’est que l’un était la mesure de l’autre.

Le carpe s’appelle tsun keou, qui signifie embouchure, ou passage d’un pouce d’étendue, parce qu’il a la dixième partie du cubitus, et qu’on appelle un pouce la dixième partie d’un pied ou d’une coudée. Ceci est tiré des Chinois mêmes.

Yang et yn sont deux termes applicables et appliqués par les Chinois dans presque toute distinction de deux choses, dont l’une cède à l’autre par quelque endroit ; par exemple, en perfection, en rang, etc.


TEXTE.


Si vous découvrez à l’yang (au pouls du carpe), ce qu’on appelle hien[5], soyez assuré qu’il y a douleur de tête.

Si vous trouvez ce même mouvement à l’yn, ou pouls de l’extrémité du cubitus, il y a douleur de ventre.

Si l’yang est précipité, il y a envie de vomir, et douleur de tête.

Si l’yn alors est fort petit et fort délié, il y a un mouvement d’entrailles et diarrhée.

Si l’yang est plein, vous remarquerez le visage rouge et bouffi.

Si l’yn en même temps est petit et délié, il y aura de ces sueurs malignes, qu’on dit venir à la dérobée, et commencement de phtisie.

Quand l’yang est plein, fort et glissant, il y a de l’embarras à la langue.

Si l’yn est alors précipité, il y a du feu dans l’estomac, et l’haleine sent mauvais.

Quand vous trouvez l’yang petit, superficiel, et faible, le cœur manque de chaleur.

Si en même temps l’yn est glissant, les aliments se digèrent mal, l’estomac est incommodé.

Devant et derrière la jointure par cette simple distinction d’yn et d’yang, chercher ainsi les différentes indications du pouls, c’est une assez bonne méthode.


NOTES.

Le commentaire donne à ces trois lignes un sens différent de celui que porte la traduction. Il prétend qu’il faut considérer ensemble le devant et le derrière de la jointure indiqués par yang et yn, et voir si cet yang et cet yn sont tous deux yang, ou tous deux yn ; et il entend par ce second yang, un pouls superficiel haut ; et par ce second yn, un pouls enfoncé profond ; si les deux sont yang : c’est-à-dire, si au carpe ou à l’extrémité du cubitus le pouls est élevé superficiel, la source du mal est dans ce qu’on appelle piao, l’extérieur, la peau, les chairs, etc : si au contraire les deux sont yn : c’est-à-dire, si au carpe et à l’extrémité du cubitus le pouls est enfoncé profond, le mal est dans ce qu’on appelle li, par où on entend les cinq parties nobles, etc.

Si ce que dit ce commentateur est vrai ou non, je n’en sais rien. Mais le texte ici n’a point ces deux sortes d’yn et d’yang compliqués : il n’y est parlé ni de piao, ni de li, ni de superficiel, ni de profond ; et ces lignes m’ont paru n’être qu’une conclusion générale de ce qui précède. C’est pour cela que j’ai omis le mot ainsi, auquel mot près j’ai traduit le texte comme il est.


TEXTE.


Quand le pouls est naturel, et que la santé est parfaite, dans l’espace d’une respiration, qui contient l’inspiration et l’expiration, il y a quatre battements ; un battement de plus n’indique rien de mal : mais s’il en manque un, c’est défaut de chaleur naturelle ; et s’il en manque deux, cela est mauvais.

Si dans le même espace il y a six battements, la chaleur excède : s’il y en a sept, l’excès est considérable ; et s’il y en a jusqu’à huit, le danger est fort grand : s’il y en a davantage, le malade expire.

Si dans l’espace d’une respiration le pouls ne bat qu’une fois, la maladie est dès lors considérable et dangereuse. Mais c’est bien pis, quand il ne bat qu’une fois dans l’espace de deux respirations, la mort est prochaine.

Trop de battement vient d’excès de chaleur, et trop peu vient d’excès de froid. C’est une tradition constante de tout temps. Les divers degrés en sont marqués dans le livre des quatre-vingt-une difficultés.

Au printemps, la trémulation longue, hien ; en été, regorgement, hong ; en automne, mollesse de poil ou de plume ; en hiver, dureté de pierre. Il faut encore subdiviser ces saisons en tsie ki.


Commentaire.

Par la lettre tsie l’on entend ici les subdivisions qu’on fait des quatre saisons. Chaque saison a six tsie. Par la lettre ki, l’on entend les différentes températures de l’air.


TEXTE.


Un mouvement doux et un peu lent, à peu près comme celui des branches d’un beau saule, qu’un petit zéphire agite au printemps. Voilà ce qui est propre du pouls qu’on appelle de l’estomac, qui répond à la fin de chaque saison. Toutes subtiles que sont ces distinctions, le médecin appliqué non seulement les apercevra, mais viendra enfin à bout de n’en oublier aucune.


Exposition des pouls nommés les sept Piao.


NOTE.

C’est-à-dire, les sept externes, parce qu’ils sont en effet plus externes ou plus sensibles que les autres, dont on parlera ci-après.


TEXTE.


Feou, c’est quand posant simplement le doigt, sans appuyer on sent le pouls, et qu’il fait à peu près la sensation que ferait une feuille d’oignonnet.


NOTES.

Je l’appelle en français superficiel.


TEXTE.


Kong, c’est quand on y distingue comme deux extrémités, et comme un vide au milieu.


NOTES.

Comme si on posait le doigt sur un trou de flûte ; cette comparaison est tirée des Chinois.


TEXTE.


Hou, c’est comme quand on touche, ou qu’on remue des perles. Elles vont et viennent assez vite, étant polies et glissantes.


NOTES.

C’est ce que j’appelle en français pouls glissant.


TEXTE.


Ché, c’est comme une propriété du feou superficiel, et comme si la feuille d’oignonnet était solide et pleine en dedans.


NOTES.

J’appelle en français ce pouls plein.


TEXTE.


Hien, c’est comme les cordes du tseng.


NOTES.

J’appelle ce pouls trémuleux long.


TEXTE.


Kin, c’est comme les cordes de l’instrument kin.


NOTES.

Je l’appelle trémuleux court.


TEXTE.


Hong, c’est quand le pouls s’élève le plus, et que les battements en sont forts.


NOTES.

Je l’appelle regorgeant : la lettre chinoise a ce sens.


TEXTE.


Voilà les sept piao qui sont yang, et comme le bon côté d’une étoffe par rapport aux huit suivants nommés li, qui en sont comme le revers, et par conséquent yn.


Exposition des pouls nommés les huit Li.


NOTE.

C’est-à-dire, les internes, parce qu’ils sont en effet plus internes et moins sensibles que les sept qu’on a exposés ci-dessus.


TEXTE.


Tchin, c’est quand pour trouver le pouls, il faut appuyer ferme.


NOTES.

Je l’appelle profond, ou enfoncé.


TEXTE.


Ouei, c’est quand sous le doigt on le sent petit comme un fil.


NOTES.

Je l’appelle petit.


TEXTE.


Ouan, c’est quand il est d’une lenteur modérée.

, c’est quand les battements font une impression qui a du rapport à celle d’un couteau qui racle un bambou.


NOTES.

Je l’appelle aigre. La lettre chinoise signifie proprement âpre.


TEXTE.


Tchi, c’est quand il vient très lentement, et comme en cachette.


NOTES.

Je l’appelle paresseux ou tardif.


TEXTE.


Fou, c’est quand il fuit, pour ainsi dire en bas, et qu’il est comme caché sous les os : en sorte qu’il faut peser fortement pour le découvrir, et qu’alors il est encore bien peu marqué.


NOTES.

Je l’appelle fuyant en bas. La lettre chinoise signifie se baisser.


TEXTE.


Siu, c’est quand il fait la sensation que ferait une goutte d’eau qu’on toucherait.


NOTES.

Je l’appelle mol, et comme fluide.


TEXTE.


Yo, c’est quand en appuyant médiocrement on le sent, mais d’une manière qui est peu marquée, et qui fait à peu près la sensation d’une étoffe usée qu’on toucherait, et qu’appuyant un peu plus ferme, on ne le sent plus.


Exposition des pouls dit les neuf Tao, ou les neuf manières.


Tchang, c’est quand on le sent comme un bâton, ou le manche d’une lance.


NOTES.

Je l’appelle long ; c’est le sens de la lettre.


TEXTE.


Toan, c’est quand on le sent comme un point presque indivisible.


NOTES.

Je l’appelle court, c’est le sens de la lettre.


TEXTE.


Hiu, c’est toutes les fois que posant amplement et légèrement le doigt, on ne découvre point le pouls.


NOTES.

La lettre hiu signifie vide ; je le nomme ainsi.


TEXTE.


Tsou, c’est quand on le sent serré, et passant avec peine, surtout au carpe.

Kié, c’est quand étant d’ailleurs un peu lent, on trouve qu’il semble comme s’arrêter quelquefois.


NOTES.

Je le nomme embarrassé.


TEXTE.


Tai, c’est quand on trouve que tout à coup il s’arrête, et a de la peine à revenir.


NOTES.

Ailleurs on explique différemment ce tai.


TEXTE.


Sié, c’est quand il est très fin, très délié, et se sent comme un simple cheveu.


NOTES.

Je le nomme délié.


TEXTE.


Tong, c’est quand la sensation qu’il fait, a rapport à celle que font des pierres qu’on touche dans l’eau.


NOTES.

Je le nomme mobile ; c’est la signification de la lettre tong.


TEXTE.


, c’est quand on le sent comme on sentirait la peau d’un tambour ferme et unie.


NOTES.

Ailleurs ce pouls s’appelle dur, et je le nomme ainsi.


TEXTE.


Il faut bien distinguer ces neuf façons, et ce n’est pas chose fort aisée.


NOTES.

On m’a assuré qu’aujourd’hui presque aucun médecin chinois n’examine ces neuf manières, ils se bornent aux sept pouls, nommés Piao, et aux huit, nommés Li ; encore y en a-t-il beaucoup qui y renoncent, se contentant de juger comme ils peuvent, de la maladie, par l’élévation ou la profondeur du pouls et par sa lenteur ou sa vitesse.

Dans la suite de ce livre, on revient à l’explication de tous ces pouls, et on donne à quelques-uns un autre nom qu’ils n’ont pas ici, et une explication différente pour les termes, quoiqu’à peu près la même pour le sens. Ces différences et ces redites peuvent seulement faire juger que ce livre n’est point d’une seule main, mais une pure compilation.


Indications de ces divers pouls..


TEXTE.


Le superficiel, feou, indique ventosités. Le kong, qui a deux extrémités sensibles, et comme un vide au milieu, indique défaut de sang.


NOTES.

Le texte n’exprime point si c’est défaut ou trop de sang. C’est d’après le commentaire que je le détermine en traduisant.


TEXTE.


Le glissant, hoa, indique abondance de phlegmes.

Le plein, ché, indique chaleur.

Le trémuleux long, hien, lassitude.

Le trémuleux court, kin, douleur aiguë.

Le regorgeant, hong, trop de chaud.

Le petit, ouei, trop de froid ; l’un et l’autre indique obstruction dans le bas ventre.

Le profond, tchin, indique douleur qui vient d’air intercepté, ou bien qui vient de l’interruption du cours des esprits. Le chinois souffre ces deux sens.

Le pouls lent, ouan, quand il ne le doit pas être, indique espèce de rhumatisme sur la poitrine.

Le pouls aigre, , indique stérilité ou disposition à cela, tant dans les hommes que dans les femmes.

Le paresseux, tchi, marque défaut de chaleur interne.

Le fuyant en bas, fou, indique obstruction considérable, qui ferme, pour ainsi dire, les passages au sang.

Le mol ou fluide, siu, indique sueurs spontanées, et disposition à la phtisie.

Le faible, yo, marque un grand épuisement et des douleurs sourdes, comme dans les os.

Le long, tchang, indique que les esprits sont en bonne quantité et en bon ordre.

Le court, toan, indique qu’ils manquent, ou sont troublés.

Quand le pouls est délié comme un cheveu, c’est signe que les esprits manquent.

Quand il est tai, changeant, ils sont en désordre.

Le pouls embarrassé, serré, et comme à l’étroit, tsou, indique chaleur excessive.

Le pouls étant vide, hiu, suivent ordinairement de grandes pertes de sang. Il est accompagné de vaines frayeurs et de mouvements convulsifs.

Le précipité, sou[6], indique des inquiétudes d’un autre genre, et délire ; dès lors la maladie est considérable et dangereuse.

Le pouls dur, , indique perte de semence dans les hommes, et perte de sang dans les femmes.


NOTE.
On omet dans ces indications le pouls embarrassé, kié, et le mobile, tong ; je ne sais pourquoi.


Commentaire.

Quand un malade a le pouls long, tchang, surtout s’il est en même temps un peu lent, la maladie est communément facile à guérir ; au contraire, dans presque toutes les maladies, le pouls court, toan, indique du danger, et de la difficulté à bien guérir.


TEXTE.
La ressemblance et différence des divers pouls.


Le pouls superficiel, feou, ressemble au pouls nommé kong ; à cela près que celui-ci est comme vide par le milieu, celui-là non. Le superficiel, feou, a aussi de la ressemblance avec le regorgeant, hong. Ils diffèrent par le plus ou le moins de force ; le regorgeant en a beaucoup, le superficiel assez peu. Le superficiel, feou, a quelque espèce de rapport même avec le pouls vide, hiu, en ce que l’un et l’autre font sur le doigt une sensation légère ; mais cela vient de causes bien différentes, c’est manque de force dans le pouls vide, au lieu que dans le superficiel, cela vient de ce qu’on n’appuie pas, le pouls étant essentiellement tel, qu’en posant le doigt sans presser, on le sent, et qu’il disparaît, si l’on le presse.

Le pouls glissant, hoa, et le mobile, tong, ont un rapport tel à peu près qu’en ont des perles qu’on remue dans un vase, et des pierres qu’on remue dans l’eau. L’un est plus distinct que l’autre. Le glissant, hoa, a aussi du rapport avec le précipité, sou ; mais le précipité, sou, a plus de battements dans le même espace d’une respiration.

Le plein, ché, ressemble assez au dur, kié, mais le dur ne change point, soit qu’on appuie plus ou moins : au lieu que le plein devient plus fort et plus long, si l’on appuie le doigt plus ferme.

Le trémuleux long, hien, et le trémuleux court, kin, ont du rapport. Celui-ci exprime le caractère essentiel de trémulation qui leur est commun : celui-là exprime son état de plus grande force.

Le regorgeant, hong, et le grand ou fort, ta, se ressemblent entièrement ; mais le regorgeant, hong, quoiqu’on appuie ferme, conserve toujours sa force, ce qui n’arrive pas toutes les fois que le pouls est fort, ta.

Le petit, ouei, et l’aigre, , ont quelque rapport, mais l’aigre est plus court et plus paresseux que le petit ; sié, le délié ou le fin, est proprement le petit, ouei, devenu fin comme un petit poil ou duvet.

Le profond, tchin, et le fuyant, fou, ont grand rapport. Le dernier a plus de profondeur, ou plus de difficulté à se découvrir.

Le lent, ouan, et le paresseux, tchi, diffèrent seulement en ce que le premier a une lenteur modérée en comparaison de l’autre. Le paresseux, tchi, et l’aigre, , ont de la ressemblance : mais le paresseux, tchi, dans l’espace d’une respiration, n’a que trois battements : au lieu que l’aigre, , a aussi le quatrième, quoiqu’un peu embarrassé. Le faible, yo, et le mollasse siu, se ressemblent fort. Ce dernier est mince, mol, et comme mouillé. Le premier n’a que ce qu’il faut pour être encore senti sous le doigt.

Les trois pouls ci-dessus nommés kié, tsou, tai, l’embrouillé, le serré, le changeant, dans la ressemblance qu’ils ont, ont aussi leur différence. La voici. Le premier a une juste lenteur, au lieu que le second est précipité. Le second a des morules peu réglées ; celles du troisième le sont. Le pouls éparpillé, san, ressemble au pouls nommé ta, le grand. La différence est que le premier est plus lâche, plus lent, et tout au dehors ; au lieu que le second a même en dedans quelque consistence.


NOTE.

L’exposition des pouls qui est ci-dessus, n’a point le pouls nommé san, l’éparpillé. Il me paraît clair que ces chansons sont de différents auteurs.


TEXTE.


Sept avis au médecin qui doit tâter le pouls.

1° Il faut qu’il soit dans une disposition d’esprit tranquille.

2° Qu’il ait toute l’application possible, éloignant jusqu’à la moindre distraction.

3° Que quant au corps, il soit aussi dans un état de tranquillité, en sorte qu’il sente sa respiration libre et réglée.

4° Qu’ensuite posant doucement les doigts, et touchant légèrement la peau aux endroits susdits, il examine ce qui regarde les six fou.

5° Cela fait, qu’il appuie davantage, pressant médiocrement les chairs sous les doigts, pour examiner comment va ce pouls qu’on appelle le pouls de l’estomac, dont la situation, dit le commentaire, doit répondre à la température modérée des quatre saisons.

6° Qu’il appuie ensuite assez fort, pour sentir les os, et qu’il examine ce qui regarde les cinq tsang.

7° Qu’il examine la vitesse et la lenteur du pouls, et si le nombre de ses battements est plus ou moins grand qu’il ne doit l’être dans l’espace d’une respiration.

NOTES.

Les cinq tsang sont le cœur, le foie, l’orifice de l’estomac, les poumons, les reins. Les six fou sont les intestins grêles, la vésicule du fiel, le ventricule, les gros intestins, la vessie, et ce qu’on appelle les trois tsiao, les trois foyers, ou les trois étuves.


TEXTE.


Sept sortes de pouls qui indiquent danger de mort.


Quand sous les doigts on sent le pouls bouillonnant sans règle, comme l’eau sur un grand feu : si c’est le matin qu’on tâte le pouls, on peut assurer que le malade mourra le soir ; c’est-à-dire, que le malade a fort peu de temps à vivre.

La mort n’est guère moins prochaine, si l’on sent le pouls comme un poisson, dont la tête est arrêtée, et ne peut se mouvoir, mais dont la queue frétille fort et sans grande règle, la cause du mal est dans les reins.

Quand le pouls, après avoir battu précipitamment, change tout à coup, et devient tardif et fort paresseux à revenir, il y a aussi danger de mort, mais il est un peu moins pressant.

Si le pouls par la dureté de ses battements ressemble en quelque sorte à une balle de pierre ou de terre sèche, poussée par une arbalète, les poumons et l’estomac manquent d’esprits, et ce n’est pas un épuisement passager ; il vient de longue main.

De même si le pouls vient comme ces gouttes d’eau qui tombent dans les maisons par quelque fente, ou par quelque petit trou qui se trouve au toit, et que dans son retour il s’éparpille et se brouille à peu près comme les cordons d’une corde qui s’effile, les os sont desséchés jusqu’à la moelle.

De même si le mouvement du pouls à l’extrémité du cubitus, aux deux bras, ressemble à l’allure d’une grenouille embarrassée dans les herbes, ou à celle d’un crapaud, la mort en tous ces cas est certaine.

Si le mouvement du pouls ressemble aux picotements précipités du bec d’un oiseau, il y a défaut d’esprits dans l’estomac, et l’on doit conclure que le cœur fait mal ses fonctions, et que le sang n’est pas bien conditionné.


Commentaire.

Les pouls qui indiquent danger de mort ne se bornent pas à sept. Il y en a bien davantage : je vais les indiquer pour une plus ample instruction de ceux qui s’appliquent à ces matières.

Le premier de ces pouls s’appelle fou foe, bouillon de marmite, ou bien yong siuen, source bouillante ; c’est quand le pouls semble toujours sortir au dehors, à peu près comme les bouteilles qui s’élèvent sur une liqueur bouillante. Quand le pouls d’un malade est dans cet état, il ne passera pas le jour ; il est inutile de lui donner des remèdes.

Le second s’appelle feou ho, union ou continuité de flots ; c’est quand le battement postérieur empiète, pour ainsi dire, sur celui qui a précédé ; à peu près comme quand un flot gagne sur un autre, avant que le premier soit aplani.

Le troisième s’appelle tan che, pierre, ou balle d’arbalète ; c’est quand le pouls sortant comme d’entre les os, vient donner ferme et sec contre les doigts.

Le quatrième s’appelle tchio tso, picotement d’oiseau. C’est quand le pouls vient frapper trois ou cinq fois d’une manière dure et aiguë contre les doigts, puis cesse du temps, et revient de la même manière, à peu près comme un oiseau qui mange du grain.

Le cinquième s’appelle vou leou, fente par où l’eau dégoûte dans une maison ; c’est quand après avoir cessé du temps, le pouls donne un battement faible, comme une petite goutte qui se glisse par une fente. Ce pouls et le précédent indiquent que l’estomac, le cœur, et les poumons sont très mal affectés.

Le sixième s’appelle kiai so, corde qui se défile ; c’est quand le pouls éparpillant, se brouille de telle sorte, qu’on ne le sent point revenir à aucun mouvement réglé. Alors les cinq tsang sont mal affectés.

Le septième s’appelle yu tsiang, frétillement de poisson ; c’est quand les battements du pouls étant la plupart superficiels, il s’y en mêle de profonds ; on le sent, puis on ne le sent plus, on ne sait ce qu’il devient ; les reins ne font plus leurs fonctions.

Le huitième s’appelle hia yeou, allure de crapaud ; c’est lorsque tâtant le pouls doucement, on ne le sent point pendant du temps, parce qu’il est profond, tchin, et tout à coup on sent venir un battement superficiel, seou, mais faible, qui cesse aussitôt, et après un temps considérable revient de même. L’estomac et son orifice sont très mal affectés.

Le neuvième s’appelle yen tao, et quelquefois siun tao, coups de couteaux qui se suivent ; c’est quand le pouls étant fin et délié comme un fil de soie, a cependant des battements durs et coupants, comme seraient des coups de la pointe d’un couteau ou d’une aiguille.

Le dixième s’appelle tchouen teou, pois roulants, c’est quand les battements sont assez forts, très courts, durs et aigres ; les esprits des san yuen, ou trois principes, manquent absolument.


NOTE.

Je n’ai point encore vu dans aucun livre ce qu’il faut entendre par ces trois principes, san yuen.


Suite du Commentaire.

Le onzième s’appelle san yé, feuilles éparpillées, c’est quand le mouvement du pouls imite les feuilles qui tombent des arbres par intervalles non réglés.

Le douzième s’appelle ouei tou, terre qu’on y jette ; c’est quand on trouve dans le mouvement du pouls de la dureté et du vide en même temps. Ouei tou est un second nom du pouls nommé expliqué ailleurs.

Le treizième s’appelle hiuen yong, profond et dangereux apostume ; c’est quand en tâtant le pouls, l’on sent sous les doigts comme les élancements d’un apostume qui a peine à mûrir.

Le quatorzième s’appelle yn yuen, comme une pilule bien ronde ; c’est quand le pouls est si glissant, que si les doigts ne portent bien droit dessus, il s’échappe.

Le quinzième s’appelle yu kiong, comme un pilon ; c’est quand les battements sont en même temps très élevés et très pleins.

Le seizième s’appelle ju tchoui, comme l’haleine d’un homme qui souffle ; c’est quand le pouls paraît comme toujours sortir au dehors, et ne jamais rentrer.

Le dix-septième s’appelle pié lié, roulade de tonnerre ; c’est lorsque le pouls étant d’abord assez tranquille, tout à coup viennent quelques battements précipités ; puis le pouls disparaît à peu près comme un léger orage qui se dissipe.

Il y a encore le pouls nommé Y, débordant ; c’est quand au carpe, le sang, au lieu d’aller son chemin, semble s’en détourner, et monter sur ce qu’on appelle yu tsi, qui est l’extrémité par laquelle le premier et plus gros os du pouce tient au carpe.

Enfin il y a le pouls fou, retournant ; c’est quand le sang, au lieu de passer à son ordinaire avec liberté par la jointure du carpe et du cubitus, retournant, pour ainsi dire, en arrière, rend le pouls glissant, hoa et hong, à l’extrémité du cubitus. Ce pouls se nomme aussi quelquefois en chinois koan ke, grille au passage, sans doute pour exprimer le passage embarrassé.


Instruction pour tâter le pouls.


TEXTE.


Celui qui doit tâter le pouls étant lui-même dans une situation de corps et d’esprit tranquille, prend la main gauche du malade, si c’est le pouls, un homme ; la droite, si c’est une femme.


NOTE.

J’ai vu plusieurs médecins tâter le pouls des hommes aux deux bras.


TEXTE.


Il commence par placer le doigt du milieu exactement sur la jointure du carpe avec le cubitus, puis les deux doigts, ses voisins, chacun de son côté. Il faut d’abord appuyer peu, puis un peu plus, enfin beaucoup, et s’assurer bien que les doigts sont ajustés comme il faut ; après quoi il peut procéder à l’examen du pouls dans les trois endroits marqués, mettant pour principe, que quand le pouls est réglé, il a dans le temps d’une inspiration et d’une expiration quatre battements, ou tout au plus cinq.

Il faut aussi se bien rappeler quelle doit être la situation naturelle et saine des pouls capitaux ; savoir, du pouls de la saison, du pouls dit de l’estomac, et du pouls propre de chacun des cinq tsang et des six fou, pour passer à l’examen du pouls de la maladie.

Dans tout le printemps les trois pouls de chaque bras tiennent naturellement du hien, trémuleux long. Dans l’été ils tiennent du hong, regorgeant. Tout le temps de l’automne ils tiennent du feou, superficiel : et tout l’hiver ils tiennent du tchin, profond.

Quant au pouls de la fin de toutes les saisons, dit communément le pouls de l’estomac, c’est un pouls d’une lenteur égale et médiocre, et qui se fait sentir quand on appuie médiocrement.

Pour les pouls naturels et sains, propres de chacun des tsang, et de chacun des fou, les voici : celui du cœur, feou, ta, san, superficiel, fort, et s’éparpillant ; celui des poumons, feou, , toan, superficiel, aigre, et court ; celui du foie, hien, tchang, ho, trémuleux long, mais assez égal ; celui de l’estomac, ouan, ta, tun, médiocrement lent, fort, et ferme ; celui des reins, tchin, iuen, hoa, enfoncé, mol, et glissant. Voilà les propriétés naturelles de ces pouls.

Quand on les trouve ainsi, et dans un juste tempérament, c’est santé. S’il y a en chacun du trop, ou bien du trop peu, c’est maladie.

Quand on trouve qu’il y a du trop, et que le pouls bat avec violence et plénitude, la maladie est dans les dehors. Quand on trouve du trop peu, et que le pouls devient petit, ouei, et comme vide, hiu, le mal est au-dedans.


NOTE.

Ni le texte, ni le commentaire ne déterminent ce qu’il faut entendre ici par les dehors et les dedans. Je l’ai indiqué ci-devant, et cela reviendra dans la suite.


TEXTE.


Quand le sujet a le carpe long, il n’est pas besoin d’y mettre le doigt à plusieurs reprises : mais il faut le faire à bien des reprises très près l’une de l’autre, quand c’est un sujet dont le carpe est court.

A chaque fois qu’on met le doigt, il y a encore trois manières à distinguer : car ou l’on touche simplement d’une manière très légère ; ou l’on appuie d’une manière forte, ou bien l’on garde un milieu. En toutes ces circonstances, examinez comment le pouls se comporte, afin de découvrir où est le siège de la maladie.

Il faut de plus examiner dans le pouls ce qui s’appelle monter, descendre, venir, se retirer, battre, cesser. Par rapport au pouls, aller de l’extrémité du cubitus au carpe, s’appelle monter ; du carpe au cubitus, s’appelle descendre. Dans le premier, l’yn produit l’yang, et dans le second, l’yang produit l’yn.


NOTE.

Je traduis mot à mot ; mais j’avoue que je n’entends pas bien cet endroit.


TEXTE.


Sortir comme d’entre les os et les chairs jusqu’à la peau, cela s’appelle venir : de la peau se renfoncer comme entre les os et les chairs, c’est ce qu’on appelle se retirer. Enfin se faire sentir, s’appelle battre ; ne se point faire sentir, s’appelle cesser.

Il faut encore avoir égard à ce qu’on appelle piao, le dehors, ce qui est sensible, et li, le dedans, ce qui est moins sensible ; à ce qu’on appelle hiu, inanition, et ché, réplétion.

Ce qu’on appelle piao, le dehors, ou ce qu’il y a de plus sensible, est yang, par rapport à ce qu’on nomme li, le dedans, ou ce qui est moins sensible ; tels sont les six feou, par exemple, à l’égard des cinq tsang.

Toute altération et tout dérèglement qui réside dans les vaisseaux et dans les chairs, sans avoir affecté le ventricule, un des six fou, ni les tsang, se réduit aussi à ce qu’on appelle piao, mal externe, plus apparent, et plus sensible.

Mais les dérèglements d’esprits causés par les sept passions, qui sont comme concentrés dans le cœur et dans le ventre, sans se pouvoir surmonter et s’apaiser, aussi bien que tous les maux causés par la quantité ou la qualité des aliments qui séjournent dans les fou et les tsang, sans se bien évacuer par les voies ordinaires, tout cela se réduit à ce qu’on appelle li, l’intérieur, ce qu’il y a de moins apparent et de moins sensible.

Ce qu’on appelle hiu, inanition : c’est quand les esprits vitaux et primigéniaux étant comme totalement dissipés, il n’y a presque plus de force.

Ce qu’on appelle ché, réplétion, ce n’est pas vigueur et abondance d’esprits vitaux et primigéniaux ; bien loin de là ; c’est au contraire abondance d’humeurs peccantes qui l’emporte sur ces esprits.

Ainsi dans ce qu’on appelle hiu, inanition, il faut tendre à réparer les esprits, et dans ce qu’on nomme ché, réplétion, on tend à évacuer ce qui pèche et met le désordre.

Il faut de l’épikie en tâtant le pouls. On donne pour règle, d’appuyer peu dans l’examen de ce qui regarde les six fou ; d’appuyer beaucoup plus dans l’examen de ce qui regarde les cinq tsang. Suivant cette règle prise en rigueur, les pouls yang ont tous rapport aux cinq tsang.


NOTE.

Par yang, l’on entend ici extérieurs, superficiels, sensibles ; et par yn, profonds, cachés, moins sensibles.


TEXTE.


Mais en ceci, comme en presque tout le reste, il y a souvent dans l’yn un peu de l’yang, et dans l’yang un peu de l’yn. Il y a des pouls feou, superficiels, hauts, sensibles, qui ont rapport aux tsang, et il y en a de tchin, profonds, cachés, moins sensibles, qui ont du rapport aux fou. C’est pourquoi il faut user de critique et d’épikie.


Pronostics par le pouls en diverses maladies.


Dans les maladies malignes et contagieuses chaudes, quand le malade sent une sécheresse ardente, accompagnée d’inquiétude et de mouvements forts, mais déréglés. Si le pouls est feou ta, superficiel et fort, c’est bon signe, le malade en peut réchapper.

S’il arrive qu’il tienne des discours extravagants, qu’il y ait diarrhée, et que le pouls soit hiu siao, vide et petit, cela est mortel.

Dans les enflures de ventre, le pouls feou ta, superficiel, fort, est bon. Le hiu siao, vide, petit, est mortel.

Dans les fièvres malignes, soit qu’elles procèdent de chaud, ou de froid, le pouls hong ta, regorgeant et fort, est bon. Le tchin sié, profond et délié, est mortel.

Dans la maladie siao ko, soif et faim déréglée, le pouls sou ta, précipité et fort, est bon. Le hiu siao, vide et petit, est mortel.

Dans les hémorrhagies de nez, le pouls tchin sié, profond et délié, est bon. Le feou ta, superficiel et fort, est mortel.

Dans la courte haleine, le pouls feou hoa, superficiel et glissant, est bon. Le toan sæ, court et aigre, est mortel.

Dans les diarrhées et dysenteries, le pouls ouei, petit, est bon. Le feou hong, superficiel et regorgeant, est mortel.

Dans les hydropisies aqueuses, le pouls feou hong, superficiel et regorgeant est bon : le tchin sié, profond et délié, est mortel.

Dans les cardialgies, le pouls tchin sié, profond et délié, est bon. Le feou ta, superficiel et fort, est mortel.

Dans les enflures superficielles[7], le pouls feou tsin, superficiel et net, est bon. Le ouei sié, petit et délié, est mortel.

Dans les crachements de sang, le pouls tchin yo, profond et faible, est bon. Le ché ta, plein et fort, est mauvais.

Si le vomissement est de sang, le pouls tchin sié, profond et délié, est bon. Le feou hong ché ta, superficiel, regorgeant, plein, fort, est mauvais. *

Dans la toux, le pouls feou siu, superficiel et molasse, est bon. Le tchin fou, profond et fuyant en bas, est mauvais.

Dans une femme nouvellement accouchée, le pouls ouan hoa, médiocrement lent et glissant, est bon. Le ta hien fou, fort, trémuleux, précipité, est mortel.

Dans les réplétions internes, le pouls hong ché, regorgeant, plein, est bon. Le tchin sié, enfoncé et délié, est mauvais.

Dans les diarrhées ou flux opiniâtres, le pouls ouei sié, petit et délié, est bon. Le feou hong, superficiel et regorgeant, est mortel.

Dans les sueurs démesurées, le pouls hiu siao, vide et petit, est bon. Le hien tsou ki, trémuleux, serré, prompt, est mauvais.

Dans les intempéries chaudes après l’enfantement, le pouls ouan hoa, médiocrement lent et glissant, est bon. Le hien ki, trémuleux et vite, est mortel.

Dans les épuisements internes, le pouls tchin sié, profond et délié, est bon. Le regorgeant et fort hong ta, est mauvais.

Dans les épuisements qui sont en même temps internes et externes, le pouls ché hoa, plein et glissant, est bon. Le tchin sié, profond et délié, est mauvais.

Dans la maladie nommée Ho loan[8], le pouls feou hong, superficiel et regorgeant, est bon. Le sie ouan, délié et lent, est mortel.

Dans les plaies causées par le fer, le pouls ouei sié, petit et délié, est bon. Le tsou ki, serré et vite, est mortel.

Dans la phtisie, le pouls feou hoa, superficiel et glissant, est bon. Le tsou ta, serré et fort, est mortel.

Dans l’apoplexie subite, le pouls kin sié, trémuleux court et délié, est bon. Le feou ta, superficiel et fort, est mortel.

Dans les obstructions considérables des intestins, le pouls hoa ta, glissant et fort, est bon. Le pouls sæ sié, aigre et délié, est mauvais.

Juger par l’examen des trois pouls de chaque bras, si la maladie vient de hiu, inanition, épuisement, ou défaut d’esprits et de sang ; ou bien si elle vient de ché, plénitude d’humeurs peccantes, et si elle réside en ce qu’on appelle piao, le dessus, les dehors[9], ou bien en ce qu’on appelle li, le dessous, l’intérieur[10]

Dans cet examen, l’on n’emploie ici que la distinction des deux sortes de pouls, feou et tchin, superficiel et profond. Le premier répondra à ce qu’on appelle piao ; le second à ce qu’on nomme li. On fera présider le pouls du carpe à la région du cœur et des poumons, comme supérieur ; le pouls de la jointure à la région du foie et de l’estomac ; le pouls de l’extrémité du cubitus à la région des reins, des intestins, tant gros que grêles, etc.

Suivant cette méthode on expose d’abord ce qui est de la dépendance du pouls du carpe du bras gauche.

Quand la maladie vient de hiu[11], et qu’elle réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, le pouls du carpe au bras gauche est superficiel, feou, mais sans force ; la peau n’a point sa consistance naturelle ; on sue sans sujet ; l’on craint fort le vent et l’air ; on est très sensible au froid.

Au contraire, si le mal vient de ché, mauvaise réplétion dans ce qu’on nomme piao, les dehors, le pouls du carpe de la gauche est aussi feou, superficiel externe ; mais en même temps fort. On sent des douleurs de tête et de la chaleur dans tout le corps, et quelquefois la bouche est sèche.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on appelle li les dedans, le pouls du carpe de la gauche est tchin yo, profond et faible ; il y a craintes, frayeurs, terreurs paniques, perte de mémoire, trouble d’esprit, insomnie. On n’aime point à entendre parler.

Si au contraire le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, le même pouls du carpe de la gauche, est aussi tchin, profond ; mais il a de la force. Alors il y a inquiétude, agitation, et chagrin, qui fait qu’on est facile à irriter ; chaleur interne, manie, paroles extravagantes, horreur de ce qui est chaud, soif.

Suivant la même méthode on expose ce qui a rapport au pouls de la jointure du poignet gauche.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, le pouls à la jointure gauche est feou, superficiel, mais faible ; les yeux deviennent alors chassieux, et la vue trouble.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, ce pouls est aussi feou, superficiel, mais il a de la vigueur. On sent de la douleur à la région des côtes, le ventre s’enfle, les yeux se bouffissent, et font mal.

Quand le mal vient d’inanition hiu, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, le pouls de la jointure gauche est tchin, profond, et sans force ; on est peureux et soupçonneux ; on devient jaune.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on appelle li, les dedans, ce même pouls est encore profond, mais il a de la force. Tels gens ont abondance d’humeurs grasses ou visqueuses, sont sujets à se mettre en colère, et à des resserrements de nerfs, à des douleurs dans les aines, et dans le scrotum.

Suivant la même méthode on expose ce qui a rapport au pouls de l’extrémité du cubitus gauche.

Quand le mal vient d’inanition hiu, et réside dans ce qu’on appelle piao, les dehors, le pouls de l’extrémité du cubitus gauche est feou, superficiel, mais sans force. Il y a sueurs furtives et malignes, surdité d’oreilles, pesanteur douloureuse à la vessie, contraction extraordinaire du conduit par où passe l’urine.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, ce même pouls est encore superficiel, mais en même temps il a de la force. Alors il y a dysurie, douleur à l’urètre ; les urines font rouges et chargées.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, ce même pouls du cubitus gauche est tchin, profond, et sans force : les reins manquent d’esprits, le froid domine ; il y a goutte, ou des rhumatismes douloureux, surtout à la région des reins et aux genoux, douleur au scrotum.


NOTE.

On ne met point ici le cas du mal provenant de ché, réplétion, et résident en ce qu’on nomme li, les dedans. Je crois que dans la copie sur laquelle on a imprimé ce livre, l’écrivain aura omis une ligne.


TEXTE.


Suivant la même méthode on expose ce qui a rapport au pouls du carpe droit.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, le pouls du carpe droit est feou, superficiel, mais sans force. On a des sueurs spontanées, on craint le froid et le vent, le dos surtout est sensible au froid, la peau démange, fréquentes roupies tombent du nez.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, ce même pouls du carpe droit est encore superficiel, feou, mais il a de la force. On sent grande chaleur dans tout le corps, il y a douleur de tête, elle est toute entreprise, tout semble tourner.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, le pouls du carpe droit est tchin, profond, et sans force. Si le mal vient de ché, réplétion, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, le même pouls du carpe droit est aussi tchin, profond, mais il a de la force. Les humeurs peccantes abondent dans les viscères : il y a fréquentes toux, quantité de phlegmes qu’on ne peut cracher, courte haleine, oppression.

Suivant la même méthode on expose ce qui a rapport au pouls de pour juger la jointure du poignet droit.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et qu’il réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, le pouls de la jointure du poignet droit est feou, superficiel, mais sans force. On ne peut remuer ni bras ni jambes ; il y a lassitude spontanée et assoupissement. Quelquefois le visage et les yeux se boursoufflent.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et qu’il réside en ce qu’on appelle piao, les dehors, ce même pouls est encore feou, superficiel, mais il a de la force. Le ventre se bouffit, grande oppression à la poitrine et au diaphragme.

Quand le mal vient d’inanition, hiu, et réside en ce qu’on appelle li, les dedans, le pouls de la jointure du poignet droit est tchin, profond, et sans force : il y a épuisement aux reins ; ils font mal leurs fonctions, ils filtrent peu d’urine : on sent à la région des reins tantôt comme un poids énorme, tantôt une douleur aiguë ; on ne peut se tourner.

Si le mal vient de ché, mauvaise réplétion, et réside en ce qu’on nomme li, les dedans, ce même pouls est encore profond, mais il a de la force. On a souffert du froid ; il y a de la douleur au scrotum, qui se fait aussi sentir aux reins. Quelquefois lienterie.


NOTE.

Il paraît qu’il manque ici quelque chose ; car on ne parle point de ce qui a rapport au pouls de l’extrémité du cubitus droit.


Les pouls des sept affections.


Dans la joie, le pouls est d’une lenteur modérée, ouan. Dans la compassion, il est toan, court. Dans la tristesse, il est , aigre. Dans l’inquiétude rêveuse, il est embrouillé kié. Dans la crainte, il est tchin, profond. Dans la frayeur subite, il est agité. Dans la colère, il est serré et précipité.


Différence du pouls suivant le sexe.


Dans l’homme le pouls du carpe doit toujours être plus vigoureux que celui du cubitus. Si le contraire arrive, c’est contre l’ordre, et cela indique un défaut dans les reins.

Dans la femme, au contraire, le pouls du cubitus doit toujours être plus vigoureux que celui du carpe : si le contraire arrive, c’est contre l’ordre, et cela indique un défaut dans le tsiao, ou foyer supérieur.


Différence du pouls suivant l’âge.


Dans un vieillard le pouls est naturellement assez lent et assez faible. S’il arrive le contraire, c’est maladie. Dans la fleur de l’âge le pouls est naturellement ferme et plein ; s’il arrive le contraire, c’est maladie. Cependant il y a sur cela deux observations à faire.

1° Il se trouve des vieillards, dont le pouls est fort et assez vite ; mais en même temps ferme et non sautillant. C’est un pouls naturel, qui indique le tempérament robuste qu’ils ont reçu du Ciel. Aussi ce pouls s’appelle-t-il pouls de longue vie. Mais quand dans un vieillard le pouls se trouve fort, vite, mais en même temps sautillant et comme inquiet ; tout ce qui reste de force à cet homme est au dehors, il n’en a plus au dedans ; il n’ira pas loin.

2° Un homme dans la fleur de l’âge se trouve quelquefois avoir un pouls assez lent et assez délié, mais d’une manière douce et égale, et assez uniforme aux trois différents endroits où l’on a coutume de le tâter. Cela n’est pas fort mauvais ; c’est un pouls naturel et propre de gens élevés délicatement ; c’est un pouls pur, mais délicat. Que si dans la fleur de l’âge, le pouls est tellement fin et délié, qu’il se dresse, pour ainsi dire, et se raidisse par intervalles : s’il n’est pas le même au carpe qu’à l’extrémité du cubitus, mais fort différent, ce pouls est mortel.


Il faut avoir égard au tempérament, et à la stature.


Tâtant le pouls, on doit avoir égard à la stature, à la corpulence, et au naturel lent ou prompt du sujet. Si le pouls y répond, il est bon, sinon, il est mauvais.


NOTE.
Le texte ni le commentaire ne marquent point ici, en quoi consiste cette correspondance.


Il faut combiner la couleur du malade avec son pouls.


Si la couleur du malade ne cadre pas avec son pouls, c’est un mauvais signe. Si elle cadre, il est bon. Mais il y a cette remarque à faire, que si c’est la couleur qui en son genre l’emporte sur le pouls qui lui est opposé, si le malade en meurt, ce sera bientôt ; au lieu que c’est le pouls qui en son genre l’emporte sur la couleur qui lui est opposée, si le malade en meurt, ce sera après avoir encore traîné du temps.

Que si le malade en réchappe, il y a encore cette observation à faire, savoir, que si c’est le pouls qui change et s’accommode à la couleur, la guérison sera prompte. Au contraire, elle sera lente, si le pouls demeurant le même, la couleur change, et lui devient convenable. Mais quand une fois l’un et l’autre cadrent bien, il n’y a plus de danger.


Lorsqu’on connaît dans quelle partie noble est le mal, on peut juger par le pouls du malade quand il mourra.


Quand la maladie est dans le foie, communément le pouls est trémuleux ; que si ces trémulations sont dures, fortes, et promptes comme autant de coups réitérés d’une lame affilée à l’endroit marqué pour le pouls du foie, le malade en ce cas n’a qu’un jour de vie. Il mourra le lendemain entre trois et sept heures du soir.


NOTE.

Cet endroit est la jointure du cubitus avec le carpe du bras gauche. Voyez l’endroit où l’on a indiqué les pouls propres de chaque viscère.


TEXTE.


Dans les maladies du cœur, communément le pouls qui est propre de ce viscère, est regorgeant. Si vous y trouvez en même temps les sautillements de la peau d’un tambour qu’on bat, sachant d’ailleurs que la maladie est dans le cœur, vous pouvez compter que le malade mourra le lendemain entre neuf heures du soir, et une heure après minuit.

Quand le mal est dans l’estomac, communément le pouls propre de ce viscère est faible. Si de plus vous y trouvez que son mouvement soit semblable à celui d’une eau qui tombe goutte à goutte par quelque fente, ou s’il est sans le moindre sautillement, molasse comme un filet d’eau, le malade mourra le lendemain entre une heure et cinq du matin.

Quand le mal est dans les poumons, le pouls propre de ce viscère communément se trouve aigre. Que si vous y trouvez entremêlé certain mouvement léger et court, tel qu’est celui des plumes ou du poil des animaux, quand le vent souffle dessus, le malade mourra le lendemain entre neuf heures du matin et une heure après midi.

Quand le mal est dans les reins, communément le pouls propre de ce viscère est dur. Si vous trouvez de plus, que son mouvement imite celui du bec d’un oiseau qui picote, le malade mourra le lendemain entre neuf et onze heures du matin, ou bien entre une heure et trois après midi, ou bien entre sept et neuf du soir, ou entre une heure et trois du matin.

S’il se trouve des malades, qui, dans les cas exposés, passent les termes indiqués, ce sont gens dont l’estomac est naturellement bon, et qui peuvent manger jusqu’à la fin.

On rejette un aphorisme qui dit : Quelqu’une des cinq parties nobles étant destituée d’esprits, au bout de quatre ans, l’on meurt.

Un ancien livre dit : Si le pouls, dans quelque sujet, après quarante battements de suite, en manque un, c’est qu’une des parties nobles, nommées tsang, est destituée d’esprits, la mort s’ensuivra quatre ans après, quand le printemps fera pousser les plantes.

Ceux, qui depuis ont traité du pouls, disent tous : Quand le pouls a cinquante battements continus, sans s’arrêter, le sujet est en parfaite santé, et d’une bonne constitution. Si après cinquante battements il en manque un, une des parties nobles est destituée d’esprits ; la mort s’ensuivra cinq ans après. Si après trente battements il en manque un, la mort s’ensuivra trois ans après. Hélas ! s’il faut croire les livres en certaines choses, on en trouve bien d’autres peu croyables.

Si le foie ne fait plus ses fonctions, il faut mourir dans huit jours : si c’est le cœur, on ne peut vivre au plus qu’un jour : si c’est le poumon, on peut aller jusqu’à trois jours ; jusqu’à cinq, si c’est l’estomac : si ce sont les reins, on ne passe pas quatre. On lit ceci dans les livres ; en quoi il paraît qu’on les peut croire.

Mais pour ce qu’on y lit, qu’une des parties nobles, nommées tsang, étant destituée d’esprits, la mort ne s’ensuit que quatre ans après, au printemps, cela n’est point du tout croyable. Des médecins vulgaires, et peu intelligents, s’attachant aux livres sans discernement, s’aveuglent eux-mêmes, et trompent le public. Je ne vois rien de plus méprisable.


NOTES.

Je ne sais de qui est ce morceau de critique : il est mis en texte comme le reste, et par conséquent attribué à Ouang chou ho, qu’on fait auteur de ce livre. Le critique dit fort sagement qu’il ne faut pas sans discernement s’attacher à tout ce qu’on trouve dans les livres, même anciens, et estimés : savoir, s’il a raison d’adopter ce qu’il adopte, c’est ce que je n’examine pas ici.

Je veux seulement remarquer que sa réfutation de l’aphorisme qu’il rejette, suppose que l’auteur de l’ancien livre a prétendu qu’on pourrait vivre quatre ans, quoiqu’une des parties nobles nommé tsang fut totalement destituée d’esprits. C’est le prendre bien à la rigueur de la lettre. Il pourrait s’expliquer plus bénignement, de sorte que l’auteur prétendrait seulement que ce battement, qui manque au bout de quarante, indiquerait qu’une des parties nobles, appelées tsang, est mal constituée, et n’admet presque point d’esprits : de sorte qu’allant presque toujours de mal en pis, la mort au bout de quelques années s’ensuivrait. Mais déterminer ce terme à quatre ans juste, et au printemps, c’est trop deviner. Notre critique ne s’attache point à cette circonstance. C’est que lui-même il devine d’une manière aussi déterminée, quoique pour des temps moins éloignés, comme on a vu dans l’article précédent.


TEXTE.


Il est des occasions, où, eu égard à la cause et à la nature de la maladie, il faut dans la cure s’éloigner des règles ordinaires données par rapport au pouls.

Quand le pouls est feou, superficiel externe, facile à sentir, en posant simplement le doigt, on prescrit communément de faire suer. Cependant il est des occasions, dans lesquelles, quoique le malade ait le pouls tel, il convient de procurer évacuation par les selles.

Tchong king en donne un exemple. Quoique le pouls soit superficiel et haut, dit-il, si le malade sent oppression à la région du cœur, et chaleur à quelqu’une des parties nobles, nommées tsang, procurez évacuation par bas, ne le faites pas suer.

Il y a plusieurs autres cas semblables ; et c’est une erreur considérable de suivre toujours les règles ordinaires données par rapport au pouls, sans avoir égard à la cause et à la nature de certaines maladies particulières.

Il est aussi des occasions, où, eu égard à la situation du pouls, il faut s’éloigner des règles ordinaires, données par rapport aux maladies.

Quand la maladie est dans les dehors, la règle ordinaire est de faire suer. Mais quelquefois, eu égard au pouls, il faut s’éloigner de cette règle. Par exemple, dit Tchong king, dans une douleur de tête avec chaleur, si vous trouvez que le pouls soit profond contre ce qu’il a coutume d’être, et que la douleur soit seulement à la tête, non par tout le corps, il faut pourvoir au dedans : il ne faut point faire suer, mais donner la potion appelée su nhi, eu égard à ce qu’indique le pouls profond.

De même, dans les maladies internes la règle ordinaire est de purger. Cependant quand dans une chaleur interne, qui survient après midi, vous trouvez le pouls feou, superficiel, et en même temps hiu, comme vide ; ne purgez point, faites suer, et usez pour cela de la décoction des sommités de l’arbre kouei.

De même, quand la poitrine est embarrassée, communément on use de certaine potion, qui, en faisant aller par bas, dégage la poitrine, et qui pour cela s’appelle pectorale. Cependant si la poitrine étant embarrassée, vous trouvez le pouls superficiel et haut, ne purgez point, cela est mortel.

De même, dans certaines douleurs répandues par tout le corps, on se sert communément d’une potion où entrent le ma hoang et les sommités de l’arbre kouei, et qui, par le moyen des sueurs, dissipe ordinairement ces douleurs. Cependant si dans ces douleurs vous trouvez au pouls de l’extrémité du cubitus une lenteur considérable, gardez-vous de faire suer. Suivez l’indication du pouls ; travaillez à rétablir les esprits et le sang qui manquent.


Observation importante pour bien pronostiquer dans les fièvres malignes de l’hiver.


Tchong king dit : le pouls superficiel, le mobile, le fort, le précipité, le glissant, sont yang.


NOTE.

Indiquent chaleur, ou excessive, ou du moins suffisante.


TEXTE.

Le pouls profond, l’aigre, le trémuleux, le faible, sont yn.


NOTE.

Indiquent froid, ou du moins défaut de chaleur.


TEXTE.


Si la cause du mal est yn, et que le pouls soit yang, pourvu qu’on traite bien le malade, il n’en mourra pas. Si la cause du mal est yang, et le pouls yn, il en mourra.

Voilà la plus importante observation pour bien pronostiquer dans les fièvres malignes de l’hiver. Qui a bien pénétré ce peu de mots, sait plus de la moitié des trois cent quatre-vingt-dix-sept manières que quelques-uns donnent pour cela.


Le pouls des femmes.


Les femmes ont communément le pouls assez plein à l’extrémité du cubitus, mais plus fort au bras droit qu’au bras gauche. Que si vous leur trouvez le pouls des reins, qui est celui de l’extrémité du cubitus, petit, aigre, ouei sæ, et cependant superficiel feou, ou bien le pouls du foie (c'est le pouls de la jointure du poignet gauche), aigre, précipité ; il y a obstruction, les mois ne sont pas réglés.

De même, quand le pouls à l’extrémité du cubitus est glissant et interrompu, ou bien petit et lent, les ordinaires ne sont pas réglés, ils ne viennent qu’une fois dans l’espace de trois mois.

Quand une femme, qui d’ailleurs se porte bien, a le pouls régulièrement superficiel ou profond, selon qu’il doit être aux trois différents endroits où l’on a coutume de le tâter ; en ce cas, si les ordinaires cessent, c’est qu’elle est grosse. On en aura une nouvelle marque si son pouls à l’extrémité du cubitus est haut et plus vigoureux qu’à l’ordinaire.

Que si à l’extrémité du cubitus gauche, son pouls se trouve regorgeant et haut, ou regorgeant et plein, c’est d’un fils qu’elle est enceinte. Si à l’extrémité du cubitus droit, son pouls se trouve regorgeant et haut, ou bien glissant, c’est d’une fille qu’elle est enceinte.

D’autres donnent une autre règle. Quand une femme est d’un tempérament faible et délicat, si, quoiqu’on presse fort le doigt sur le pouls du cubitus, on le sent toujours continuer ses battements, en ce cas, si elle n’a pas ses ordinaires, c’est qu’elle est grosse ; dites la même chose d’une femme, à qui les mois cessent, et dont les six pouls sont dans leur situation naturelle, la femme d’ailleurs fût-elle infirme.

C’est le sens de ce que dit l’ancien livre des pouls ; que quand le pouls est superficiel ou profond, selon qu’il doit être aux trois différents endroits de chaque bras, et qu’en pressant le doigt, on le sent continuer de battre, la femme est grosse ; et il n’est pas besoin, pour en juger, d’avoir recours aux différences de pouls regorgeant, glissant, etc.

Dans les premiers mois de la grossesse, le pouls du carpe est souvent petit, celui du cubitus, vite. Si en pressant le doigt dessus, il semble s’éparpiller, la grossesse est de trois mois ; si, quoiqu’on le presse, il ne s’éparpille point, mais demeure en sa consistance, la grossesse est de cinq mois.

Quand les mois cessent à une femme qui a conçu, si alors son pouls est trémuleux, long, son fruit ne viendra pas à maturité ; il s’ensuivra une fausse couche.

Quand au septième ou huitième mois de la grossesse le pouls se trouve plein, dur, et fort, c’est bon signe. S’il est profond et délié, la femme aura de la peine à accoucher, et mourra de ses couches.

L’ancien livre du pouls dit : Quand la femme enceinte, qui d’ailleurs est en bonne santé, a le pouls profond, mais plein au bras gauche, elle est grosse d’un garçon. Quand elle a le pouls superficiel et haut au bras droit, c’est d’une fille. Si le pouls est profond, mais plein aux deux bras, elle est grosse de deux garçons. Si le pouls est superficiel et haut aux deux bras, c’est de deux filles. L’ancien livre du pouls en demeure là.

Quelques modernes ont prescrit des règles pour connaître si la femme est grosse de trois garçons ou de trois filles, ou bien d’un garçon et d’une fille. Je veux que suivant leurs règles, on rencontre quelquefois, c’est hasard. Pour moi, je ne donne point dans de semblables forfanteries.


NOTES.

Ouang chou ho, qui vivait sous Tsin chi hoang, ce fameux brûleur de livres, fait ici mention de divers traités sur le pouls qu’il distingue dès ce temps-là en anciens et modernes. Aujourd’hui Ouang chou ho est lui-même le plus ancien auteur qu’on ait sur cette matière.

Si une femme a communément à l’extrémité du cubitus le pouls petit, faible, et aigre, le bas-ventre ordinairement froid, et est sujette à de violents frissons, quelque jeune qu’elle soit, elle peut compter qu’elle n’aura point de fils ; et si elle a déjà de l’âge, elle n’aura plus ni fils ni fille.



SECRET
DU POULS,


TRADUIT DU CHINOIS.


SECONDE PARTIE.


Du pouls du cœur.


Dans l’examen du pouls, par rapport au cœur, il faut une grande attention et un discernement juste. Si le cœur est attaqué, et que le mal vienne de ché, mauvaise réplétion d’humeurs peccantes, le malade a des rêves pleins de monstrueuses et d’effrayantes figures. Si le mal vient d’inanition, hiu, le malade rêve fumée, feu, lumière, et choses semblables.

Quand le pouls est vite aux trois endroits où l’on a coutume de le tâter (c’est du seul bras gauche dont il s’agit ici) le feu est grand dans le cœur ; en ce cas-là communément il vient de petits ulcères sur la langue, et des crevasses aux lèvres : le malade dit des folies, voit des esprits, et boirait cent coups sans interruption, si on le lui permettait.

Quand le pouls du cœur est kong, quand on le sent à peu près comme un trou de flûte ayant deux extrémités plus sensibles, et comme un vide au milieu, il y a perte de sang, ou par le vomissement, ou par les urines, et quelquefois successivement par ces deux voies.

Quand le pouls du carpe de la main gauche, dit autrement le pouls du cœur, étant ainsi kong, reflue, pour ainsi dire, sur la jointure ; il y a douleur dans tout le corps : elle semble pénétrer même les os. Le cœur sent une ardeur desséchante, qui cause une grande inquiétude. La tête, et surtout le visage est en feu.

Quand le pouls du cœur est haut et plein, c’est encore feu. Le feu retenu et comme embarrassé produit le vent. Ce sont ces vapeurs desséchantes qui causent la douleur et l’inquiétude, et qui communiquent au visage la couleur propre du cœur.

Quand le pouls du cœur est petit, il y a défaut de chaleur, et une espèce d’épuisement ; le malade alors est sujet à des terreurs paniques, et à des alternatives de chaud et de frisson. Si ce pouls est précipité, il y a douleurs d’entrailles, et suppression d’urine.

Que s’il est en même temps plein et haut, et de plus glissant, il y a frayeur, embarras de langue, et difficulté à parler. S’il n’est que glissant, ce n’est que simple chaleur, qui n’a rien de fort morbifique. Mais s’il est aigre, il manque au cœur beaucoup de la force qui lui convient : alors on se fait une peine de parler.

Si le pouls du cœur est profond et serré, c’est une humeur froide qui l’attaque ; ce qui cause la cardialgie. Mais si ce pouls est trémuleux, il s’en suit palpitation et faim déréglée.

Quand le malade a le visage en feu, le cœur inquiet, qu’il aime à rire, qu’il y a chaleur excessive dans le dedans des mains, et grande sécheresse dans la bouche, le pouls convenable à cet état, c’est un pouls serré et plein, qui tienne du vite. Si, au contraire, il est profond et molasse, la maladie est bien difficile à guérir.


Du pouls du foie.


NOTE.

Le pouls propre du foie est le pouls de la jointure du poignet gauche, comme on a vu au commencement.


TEXTE.


Le pouls du foie dans sa situation ordinaire et de santé, est trémuleux long. Quand il est superficiel et court, le foie souffre altération, et l’on est alors sujet à des mouvements de colère.

Quand le pouls du foie est ché, plein, on rêve montagnes, arbres, forêts. Quand il est hiu, vide, on rêve herbes, et buissons.

Le mal qu’on appelle fei ki, vient d’obstruction dans le foie. C’est une tumeur sensible située sous les côtes.


Commentaire.

Cette tumeur vient communément en été. C’est originairement du poumon que vient le mal ; mais le foie ne se pouvant défaire de l’humeur qu’il reçoit viciée, elle s’amasse, et forme une tumeur. De là suit souvent une toux fâcheuse, et une fièvre quarte de longue durée.


TEXTE.


Quand le pouls se trouve hien, trémuleux long, aux trois endroits du bras gauche où on le tâte, le foie est hors de son état naturel, et pèche par excès. Alors communément on sent de la douleur aux yeux, et il en tombe de grosses larmes par intervalles. On est de mauvaise humeur, facile à irriter, et fort sujet à criailler par emportement.

Si le pouls du foie étant mol, tient tant soit peu de hien, la trémulation longue, cela ne dit rien de mauvais : s’il tient de king, la trémulation courte, il y a de l’altération dans le foie, mais non pas considérable.

Si le pouls du foie étant feou ta, superficiel et fort, se trouve en même temps plein, ché, l’altération du foie est considérable. Alors ordinairement les yeux sont rouges, on y sent de la douleur, on ne voit pas clair, et l’on s’imagine qu’il y a quelque objet étranger qui couvre la vue. Quand le pouls du foie se trouve kong, comme vide au milieu, ayant deux extrémités sensibles, ainsi que le trou d’une flûte, la vue devient trouble ; l’on jette quelquefois du sang par la bouche, les bras et les jambes perdent le mouvement.

Si le pouls du foie se trouve , aigre, il y a épuisement dans ce viscère, et dissolution de sang ; alors communément les côtés s’enflent, et le gonflement se fait sentir jusqu’aux aisselles.

Si le pouls du foie se trouve hoa, glissant, le foie est trop chaud, et cette chaleur se communique à la tête, particulièrement aux yeux.

L’indication est toute autre quand ce pouls est ou kin, trémuleux court, ou ché, plein, ou hien, trémuleux long, ou tchin, profond. Alors il y a obstruction et tumeur à craindre.

Quand ce pouls est ouei, petit, yo, faible, feou, superficiel, san, comme éparpillé, ou les esprits manquent, ou ils n’ont pas leur cours libre. Alors la vue souffre : on voit, comme l’on dit, des étoiles : on a peine à rien regarder exactement.

Quand ce pouls se trouve superficiel au dernier degré, tout le corps se trouve abattu, et il y a danger de paralysie.

Enfin dans les maladies du foie communément le visage devient bleuâtre ; on souffre aux jointures ; on a le regard colère ; on ferme souvent les yeux ; on voudrait ne voir personne.

Alors si le pouls du foie est vite, et a des trémulations longues, il y a encore quelque espérance de guérison. Que si changeant, il devient superficiel, et en même temps court et aigre, le mal alors est incurable.


Du pouls de l’estomac Pi.


Quand l’estomac est sain, le pouls propre de ce viscère[12] est d’une lenteur modérée ouan.


NOTE.

Les Chinois distinguent l’orifice de l’estomac et le ventricule. Ils appellent le premier, pi, et le second, ouei ; il n’y a rien à dire à cela : mais ils font du premier un de leurs cinq tsang, et du second un de leurs six fou.

Cela paraît contre la raison ; du moins si l’on s’en tient à l’interprétation de quelques modernes, qui commentent le premier caractère par un autre, qui signifie retenir, renfermer, et le second caractère par un autre, qui selon ces mêmes interprètes, signifie porte, passage : car il est clair que le ventricule retient plus les aliments que l’orifice supérieur de l’estomac.

Ainsi, suivant cette interprétation, la raison demanderait qu’on mît parmi les cinq tsang le ventricule, et qu’on mît son orifice parmi les six fou. Quoi qu’il en soit, les médecins dans la pratique et dans l’usage de parler, joignent toujours ou presque toujours le pi et l’ouei.


TEXTE.


Si le mouvement du pouls de l’estomac, qui est celui du carpe droit, ressemble au mouvement d’une liqueur avalée sans interruption, l’estomac a perdu sa constitution saine et naturelle.

Cela peut venir de deux causes différentes, ou de plénitude, et alors on rêve musique et divertissements ; ou d’inanition, et alors on rêve repas.

L’estomac craint fort l’humidité : Quand il en souffre, on entend du mouvement dans ce viscère et dans les intestins, et il s’en suit quelqu’un des cinq flux.


Commentaire.

Les cinq flux sont le flux du ventricule, le flux de l’orifice de l’estomac, le flux des intestins gros, le flux des intestins grêles, le flux nommé ta kia. Dans le premier, les aliments ne se digèrent pas. Dans le second, il y a gonflement ou enflure de ventre, en conséquence de laquelle on rend par la bouche les aliments pris. Dans le troisième, il y a mouvement et douleur d’entrailles, et les selles sont de couleur blanche. Dans le quatrième il y a aussi douleur d’entrailles, mais peu violente : on rend du sang, et quelquefois du pus avec les urines. Dans le cinquième, on se sent pressé d’aller à la selle ; mais on y va plusieurs fois inutilement.


NOTE.

Ce dernier est ce qu’on appelle ténesme en Europe. Ce commentateur l’appelle ta kia, nom dont je ne vois pas l’origine. Les médecins communément aujourd’hui l’appellent gé tchang, nom qui indique qu’ils attribuent ce mal à trop de chaleur aux intestins.


TEXTE.


L’estomac est sujet à un mal qu’on nomme pi ki. Communément il commence en hiver. C’est un dépôt qui forme une tumeur. Ce mal, s’il dure, est suivi de la jaunisse et d’un abattement universel par tout le corps.


Commentaire.

Cette tumeur répond au creux de l’estomac, et s’y manifeste quelquefois de la grandeur d’une petite assiette renversée.


NOTE.

Il y a de petites assiettes à la Chine, qui n’ont pas trois pouces de diamètre.


TEXTE.


Si la lenteur modérée qui convient au pouls du carpe droit, propre de l’estomac, se trouve semblable en même temps à la jointure et à l’extrémité du cubitus du même bras droit, l’estomac souffre excès de chaleur. La bouche alors devient de mauvaise odeur ; on sent des nausées fâcheuses, sans cependant jamais vomir. Le gencives se rongent, les dents se décharnent, le poil se rissole ; on sent de fréquentes alternatives de chaud et de froid, et les forces vont toujours en diminuant.

Si le pouls propre de l’estomac est ché, plein, et en même temps feou, superficiel, l’estomac digère mal : communément la bouche est sèche : on a beau boire et manger, on ne laisse pas d’être faible et comme épuisé.

Que si ce pouls n’est que ché, plein, c’est trop de chaleur dans l’estomac, il en vient des vapeurs grossières qui rendent la bouche puante.

Si ce pouls est , aigre, on a beau manger, cela ne profite point ; on n’en a pas plus d’embonpoint.

Si ce pouls est kin, trémuleux court, on sent des douleurs d’estomac et des rétrécissements douloureux aux jointures. On a des nausées continuelles ; l’on voudrait vomir, on ne le peut.

Si ce pouls est hien, trémuleux long, c’est la chaleur excessive du foie qui rend imparfaites les digestions dans l’estomac, et qui le gâte.

Si ce pouls est extraordinairement plein, on sent intérieurement des douleurs et des inquiétudes violentes, comme si l’on était possédé du démon. Ne recourez pas pour cela aux sortilèges, ni aux figures qu’on dit les lever.


Commentaire.

Éteignez par évacuation le feu trop grand qui est au cœur, le mal cessera de lui-même.


TEXTE.


Dans certaines maladies de l’estomac, qui sont assez souvent accompagnées de douleurs aux jointures, où le visage devient jaunâtre, le corps pesant, il y a indigestion et flux. Tout fâcheux qu’est cet état, si le pouls se trouve tchin, profond, ouan, modérément lent, sié, délié, fin, ouei, petit, il y a espérance de guérison : mais s’il se trouve kin, trémuleux court, et ta, fort, la mort est certaine.


Du pouls du poumon.


Comme les intestins grêles sympathisent avec le cœur, de même les gros sympathisent avec le poumon. Le nez se sent aussi facilement de l’altération de ce viscère. Trop parler et boire trop de vin, sont contraires au poumon. Trop parler cause souvent la toux : elle s’ensuit aussi de trop boire, et de plus le visage devient boursouflé, et même quelquefois il y vient des gales.

Il y a une maladie du poumon qu’on appelle sié puen. Elle commence au printemps, et se fait communément sentir vers l’aisselle droite.


Commentaire.

C’est un dépôt qui forme une tumeur à l’endroit que le texte indique. Cette tumeur se sent quelquefois grosse comme un petit gobelet renversé.


NOTE.

Ceux dont on se sert à la Chine pour du vin, sont très petits.


Commentaire.

L’origine de ce mal est un sang venu du cœur mal conditionné. Le poumon fait effort pour s’en dégager, soit en le poussant au foie, soit en le renvoyant au cœur. Mais si le poumon, se trouvant plus faible que ces deux viscères, ne peut s’en défaire, il y survient obstruction et dépôt. Si la nature ou les remèdes ne le dissipent bientôt, il survient une fièvre mêlée alternativement de chaleur et de frisson, qui sera suivie d’un ulcère au poumon.


TEXTE.


Quand le poumon est sain, le pouls propre de ce viscère[13] est feou sæ toan, superficiel, aigre, court. Quand il se trouve ta hong hien, fort, regorgeant, trémuleux long, le poumon n’est pas dans sa parfaite santé.

Si c’est par ché, mauvaise réplétion qu’il pèche, on rêve armes, soldats, gardes, sentinelles. Si c’est par inanition, on rêve terres marécageuses, et chemins difficiles.

Si aux trois endroits du bras droit, où l’on a coutume de tâter le pouls, il se trouve feou, superficiel, le poumon a souffert et souffre de l’air ou du vent. Il s’ensuit distillations d’eaux par le nez, puis des crachats épais, et enfin mêlés de pus. Alors le malade craint fort le froid, et s’accommode mieux du chaud. Il sent une douleur superficielle presque par tout le corps, mais surtout une tension sèche au front, et une pesanteur douloureuse aux yeux, dont il coule des larmes par intervalle.

Quand le pouls propre du poumon se trouve en même temps feou, et ché, superficiel et plein, le gosier se sèche, et quelquefois s’enflamme. On est constipé, et les selles sont âcres : le nez communément perd l’odorat.

Que si ce pouls se trouve en même temps ché, et hoa, plein et glissant, la peau et le poil se flétrissent, les yeux sont larmoyants, les crachats visqueux, le gosier sec et disposé à s’enflammer. Tout cela augmente en automne, si l’on n’y met ordre dès l’été. À cette fin la saignée convient.


NOTES.

Le texte dit, il convient pien, une pierre coupante : et le commentaire étendant un peu le texte dit : en tel cas il faut dès l’été user de la pierre coupante pour évacuer ce que le cœur a de trop, c’est-à-dire, ce qu’il y a d’excès de feu ; car suivant ce qu’on a dit ailleurs, le cœur parmi les cinq tsang, répond au feu parmi les cinq éléments.

De ce seul endroit, il est clair que la saignée est connue aux Chinois depuis longtemps, comme un moyen de prévenir les fâcheuses suites d’un excès de feu. On en use actuellement à la Chine fort fréquemment pour les chevaux et les ânes.

Pour ce qui est des hommes, il n’est pas aussi fort rare qu’on en use, mais c’est communément d’une manière qui ne peut avoir grand effet, tant l’ouverture est petite, et tant est petite la quantité du sang qu’on tire : le plus souvent cela ne va pas à un tiers de palette, et quelquefois il y en a encore moins : aussi faut-il avouer que la frugalité des Chinois et la légèreté de leur nourriture rend ce remède moins nécessaire qu’en Europe.

Il y a cependant des occasions où les Chinois le regardent comme presque unique, et en même temps infaillible. Un homme est quelquefois saisi d’une espèce de néphrétique, qui lui cause des douleurs insupportables. Il jette d’abord de hauts cris ; mais bientôt la voix lui est coupée par la violence du mal : les yeux lui tournent : le visage devient livide : toutes les extrémités sont froides, et le malade est aux abois.

Les Chinois communément attribuent ce mal à du gravier, sans qu’aucun dise où il réside. Un chrétien âgé de vingt-cinq ans, fut un soir saisi de ce mal. On ne put venir m’avertir du danger où il était, parce que la maison est dans le faubourg, et les portes de la ville étaient fermées. Chacun dit, voyant le malade, que son mal était du gravier, et qu’il fallait appeler un tel pour le saigner. Ce tel, au reste, n’est ni médecin ni chirurgien. On l’appelle cependant : il vient : il lie le bras du malade au-dessus du coude, lave et frotte le bras au-dessous de la ligature : puis avec une lancette faite sur-le-champ d’un morceau de porcelaine cassée, il ouvre la veine où nous l’ouvrons communément ; savoir, à l’endroit où le bras se plie. Le sang rejaillit fort haut : on lâche la ligature, et on laisse le sang couler et s’arrêter de lui-même ; on ne banda pas même la plaie. On m’a dit qu’au lieu de bander l’ouverture qu’a fait la lancette, on y applique ordinairement un grain de sel : le malade se trouva guéri, et le lendemain sur le soir il vint à l’église.

Je fus curieux de voir l’endroit où on l’avait saigné : je trouvai que c’était, comme j’ai dit, où nous le faisons communément. L’ouverture était déjà presque entièrement fermée ; aussi avait-elle été très petite. Le chrétien m’assura cependant qu’il en était sorti du sang de quoi remplir deux des gobelets, dont on use pour boire le thé.


TEXTE.

Si le pouls propre du poumon étant profond tchin, trémuleux court, kin, tient en même temps du glissant hoa, infailliblement il y a toux.


Commentaire.

Cette toux vient de froid.


TEXTE.

Si ce pouls est petit ouei, superficiel feou, et en même temps comme éparpillé san, alors tout va bien dans le poumon : il est dans son état naturel et de santé.


NOTE.

Le commentaire exprime le caractère de ce pouls, mêlé des trois exprimés dans le texte, par la comparaison du mouvement qui se fait sur un monceau de plumes, quand il souffle un petit vent.


TEXTE.

Mais si le pouls propre du poumon est en même temps superficiel, feou, et regorgeant, hong, la poitrine est oppressée de quelque fluxion qui s’y est jetée, et il y a en même temps mouvement dans les gros intestins.

Si ce pouls est trémuleux long, hien, le froid a causé des ventosités dans la poitrine ; cela est communément accompagné de constipation.

Si ce pouls se trouve kong, comme vide par le milieu, tel qu’un trou de flûte sur lequel on mettrait le doigt, il y a hémorrhagie et dissipation d’esprits.

Si ce pouls se trouve profond, tchin, délié, sié, et tient du glissant, hoa, les os se cuisent, pour ainsi dire, au bain de vapeur. La peau et le poil deviennent âpres : il y a chaud et frisson qui se succèdent.

Enfin quand un homme attaqué du poumon crache du sang, ou saigne du nez, tousse violemment par intervalles, est triste et se lamente ; si le pouls en tel cas se trouve superficiel, et tant soit peu aigre, encore est-ce moins mauvais signe : le mal n’est pas tout à fait incurable : mais s’il se trouve regorgeant, fort, et tenant du dur, il n’y a plus de remède.


Du pouls des reins.


Si le pouls propre des reins se trouve en hiver être profond et glissant, c’est son état naturel.


NOTE.

C’est le pouls de l’extrémité du cubitus au bras droit, pour le rein droit ; au bras gauche, pour le rein gauche. Ici le texte parle des deux confusément.


TEXTE.

Si ce pouls est superficiel et lent, les reins souffrent, et la cause du mal est dans l’estomac.

Il arrive que par froid on crache sans cesse et abondamment : cela fait dérivation de l’humidité nécessaire aux reins : d’où il s’ensuit une sécheresse inquiétante.

Il y a une maladie appelée puen tun[14], qui se fait sentir à la région du nombril. C’est obstruction qui cause un dépôt. Cela aboutit communément à une paralysie de tout le corps.

Quand les reins sont hors de leur état naturel : si c’est par réplétion, on sent une pesanteur à la région des lombes, surtout la nuit quand on est couché. Si c’est par épuisement ou faiblesse, il arrive en dormant, que l’urine échappe.

Si aux trois endroits où l’on a coutume de tâter le pouls, on le trouve paresseux, tchi, les reins souffrent du froid ; on sent ardeur et âpreté sur la peau. Les cheveux et le poil se dessèchent. Le malade, en dormant, croit souvent tomber dans l’eau ; et lors même qu’il est éveillé, on le voit rêveur, inquiet, et triste.

Si le pouls propre des reins se trouve éparpillé, san, ou bien l’on urine trop souvent et trop copieusement, ou bien il y a perte de semence. On sent de la douleur, soit à la région des lombes, soit aux genoux. Il survient même quelquefois de ces sueurs subites et furtives, qui n’ont point de cause apparente. Enfin le pouls susdit est d’autant plus mauvais, qu’il n’indique exactement aucun de ces maux en particulier.

Si le pouls propre des reins est plein et glissant, il y a infailliblement dysurie : les urines sont rougeâtres et très chaudes.

Si ce pouls se trouve aigre, , il y a gonorrhée fâcheuse ; le malade est sujet à mille extravagants songes : surtout il croit souvent marcher au travers des eaux. De plus, il survient assez souvent enflure au scrotum, et au testicule droit.

Si ce pouls se trouve en même temps plein et fort, il y a ardeur à la vessie, d’où s’ensuit suppression d’urine, ou du moins difficulté d’uriner.

Si ce pouls est en même temps glissant et trémuleux long, ou bien profond, et trémuleux court, en ces deux cas il y a douleur aux lombes et aux pieds, qui deviennent enflés. Mais dans ces deux cas, la cause de la douleur n’est pas tout à fait la même.

Commentaire.

Dans le premier cas, la douleur est causée par des vents humides, mais chauds. Dans le second cas, par des vents froids.


TEXTE.

Quand le pouls propre des reins se trouve superficiel, et trémuleux court, l’altération qui est dans les reins se fait sentir aux oreilles ; elles deviennent sourdes.

Quand les reins sont tellement attaqués, que le visage en devient livide, et que le froid saisit les jambes et les pieds, le mal est très dangereux ; cependant, si le pouls se trouve alors être profond, glissant, et tient en même temps du trémuleux long, le mal n’est pas incurable ; mais si le pouls se trouve alors lent et fort, il y a bien peu d’espérance.


Observations générales sur le pouls, à quelque bras et à quelque endroit qu’on le tâte.


1° A quelque bras, et à quelque endroit qu’on tâte le pouls, il faut faire attention à la saison.

2° Le pouls d’une personne en santé, a du moins quarante-cinq battements consécutifs, sans interruption considérable.

3° Quand sous les doigts on sent le pouls trémuleux long, ou précipité, ou regorgeant, ou trémuleux court, on peut juger en général qu’il y a excès de chaleur et ventosités.

4° Quand subitement et comme à la dérobée le pouls devient profond et délié, la cause du mal est le froid, et il attaque les esprits.

5° Quand on trouve que le pouls imite le mouvement d’une eau qui tombe goutte à goutte par quelque fente, ou bien le mouvement du bec d’un oiseau qui picote quelque chose, il faut juger le mal incurable.


Observations sur le pouls du carpe gauche, pouls qui est propre du cœur.


1° Si après quarante-cinq battements convenables, il change ou cesse, mais peu de temps, ce n’est pas chose fort dangereuse.

2° Quand après trente-un battements il se plonge, pour ainsi parler, et tarde notablement à revenir comme auparavant : si c’est au printemps que cela se trouve, le malade mourra l’été suivant. J’en dis autant, à proportion, des autres saisons.


Observations sur le pouls de la jointure du poignet gauche, pouls qui est propre du foie.


1° Si l’on y trouve cinquante battements convenables, ou du moins signe de quarante-cinq, sans interruption notable, le foie est sain.

2° Si après vingt-six battements convenables, il se plonge et devient profond, sans cependant tarder à revenir tel qu’il doit être, c’est chaleur excessive et ventosités dans le foie.

3° Si après vingt-neuf battements convenables, il devient aigre, , et paraît se vouloir cacher, le foie est très mal affecté ; il y a obstruction notable, les jointures des membres s’en sentent, cela va communément de mal en pis, jusqu’à la mort qui s’ensuit.

4° Si après dix-neuf battements convenables, il se plonge, se relève, puis se replonge, le foie est entièrement gâté, il ne fait plus ses fonctions ; tout remède humain est inutile.


Observations sur le pouls de l’extrémité du cubitus gauche, pouls qui est propre du rein gauche.


1° S’il a, sans interruption, du moins quarante-cinq battements convenables, le rein est sain.

2° Si on le sent sous le doigt précipité, ou trémuleux long, le rein souffre de chaleur et de vents.

3° S’il devient tout à coup très lent, le mal est très dangereux, et demande un prompt secours, communément il vient de froid ; il faut, pour le bien guérir, beaucoup de soin et de dépense.

4° Si après vingt-cinq battements convenables il se plonge, les reins sont gâtés, et ne font plus leur fonction. Toute l’habileté du médecin ne saurait sauver le malade ; et le plus qu’on puisse espérer, c’est un délai, encore ne peut-il être long.


Observations sur le pouls du carpe droit, pouls qui est propre du poumon.


1° Si l’on y trouve au moins quarante-cinq battements convenables sans interruption, le poumon est sain.

2° Si ce pouls le trouve très précipité, le poumon a souffert de l’air extérieur.

3° Que si en continuant à compter les battements et à observer le pouls, vous trouvez qu’après vingt-sept battements il devienne considérablement lent, le poumon n’a plus le degré de chaleur nécessaire. Ne dites pas, c’est peu de chose, remédiez-y promptement. Sans cela un matin vous trouverez que le pouls se plongera et replongera ; que le malade abattu ne pourra quitter le lit. Vous verrez alors que le poumon ne fait plus ses fonctions, et vous vous repentirez d’avoir dit d’abord que ce n’était rien.

4° Que si, après douze autres battements, le pouls disparaît encore, ou change notablement, bientôt le malade sera tourmenté d’une toux fâcheuse, accompagnée ou suivie de crachats mêlés de pus. Les forces lui manqueront, les cheveux se hérisseront ; et le fameux Tsin pien tsi ressuscitât-il pour le traiter, il ne le pourrait faire avec succès.


Observations sur le pouls de la jointure du poignet droit, pouls qui est propre de l’estomac.


1° Si l’on y trouve au moins quarante-cinq battements convenables sans interruption, l’estomac est sain.

2° Si ce pouls devient très précipité, l’excès de chaleur dans l’estomac trouble la digestion des aliments.

3° Cependant plus communément ce viscère souffre par défaut de chaleur convenable, ce que vous indiquera le pouls par une extrême lenteur.

Que si dans cet état, comme c’est assez l’ordinaire, il y a nausées et vomissements, le malade n’a plus guère qu’environ dix jours de vie.


Observations sur le pouls de l’extrémité du cubitus droit, pouls qui est propre du rein droit.


1° Si l’on y trouve quarante-cinq battements convenables, sans interruption, ce viscère est sain.

2° Si après dix-neuf battements convenables, il se plonge, puis se replonge, c’est un grand pronostic de mort ; de cent il n’en réchappera de mort pas un.

3° Si l’on sent ce pouls fort, précipité, et tenant du trémuleux, ce sont des ventosités qui attaquent ce viscère. Il y a encore du remède.

4° Si après sept battements convenables, le pouls se plonge, puis se replonge, sans se relever que longtemps après, le malade n’a plus que peu d’heures à vivre.


OBSERVATIONS SUR LES SEPT POULS, DITS PIAO,


C’EST-A-DIRE, EXTERNES, ET PLUS SENSIBLES EN COMPARAISON DES AUTRES.


Sur le pouls, dit Feou, superficiel, surnageant, et ses différentes indications.


1° Le pouls dit feou superficiel, est celui, lequel quand on appuie ferme le doigt, ne se sent pas, ou que très peu, et qui, au contraire, est fort sensible quand on n’appuie que légèrement. 2° En général, quand on trouve le pouls feou superficiel, hors des temps et des endroits qui lui sont propres, suivant ce qui a été dit ailleurs, il y a ou toux, ou difficulté de respirer, ou sueurs froides, ou lassitude et pesanteur au dos, ou inquiétude dans le sommeil, ou bien ces différents symptômes se compliquent.

3° Quand pressant le doigt on trouve que le pouls devient très peu sensible, et que soutenant tout à coup le doigt pour n’appuyer que légèrement, le pouls devient très sensible, et que réitérant cela deux fois, on trouve à la seconde, comme à la première, que le pouls est superficiel et très sensible dès qu’on n’appuie que légèrement, en ce cas le sang est trop chaud, et cependant les parties nobles, ou toutes ou quelques-unes, n’ont pas le degré de chaleur qui leur convient, et souffrent du froid. A quoi doit alors tendre la cure ? C’est à rétablir les esprits, moyennant quoi ce chaud et ce froid se répartiront, et se réduiront à une juste température.

4° Quand le pouls se trouve feou, superficiel, au carpe droit et au carpe gauche, l’air extérieur a saisi le malade ; il y a douleur et chaleur de tête.

5° Si c’est aux jointures du poignet que ce pouls se trouve, l’estomac est comme épuisé ; il survient enflure, ou du moins tension au ventre.

6° Si c’est à l’extrémité des cubitus que ce pouls se trouve, le vent ou l’air a offensé le poumon. Il s’ensuit sécheresse ou âpreté aux gros intestins, et conséquemment constipation.


Sur le pouls dit kong et ses indications.


1° Le second des pouls, dits piao, est celui qu’on appelle kong. Il est tel, quand sous le doigt on le sent, comme on sentirait un trou de flûte, laissant un vide entre deux extrémités ; ce pouls se trouvant hors des temps et des endroits qui lui sont propres, indique communément tension des intestins grêles, perpétuelle nécessité d’uriner, sans le pouvoir faire que goutte à goutte, et avec douleur. Moyennant quelques potions et quelques pilules convenables, ces accidents cessent.

2° Si ce pouls se trouve aux carpes, il y a obstruction, embarras, et peut-être dépôt dans la poitrine, le sang n’y a pas son cours libre.

3° Si ce pouls se trouve aux jointures du poignet, il indique abcès dans les intestins.

4° S’il se trouve à l’extrémité des cubitus, c’est épuisement aux reins ; il sort par la voie des urines un sang âcre, ou même un pus fort épais.


Sur le pouls dit hoa, glissant, et ses indications.


1° Quand aux endroits où le pouls se tâte ordinairement, on le sent sous le doigt à peu près comme une perle, et qu’en appuyant un peu plus ferme, il s’enfonce, sans avancer ni reculer, cette espèce de pouls se nomme hoa, glissant. Quand on le trouve aux trois endroits où l’on a coutume de tâter le pouls à chaque bras, les reins sont altérés, il y a tension aux intestins grêles, abattement dans tout le corps, alternative de chaud et de frisson ; les urines sont âcres et rougeâtres : le tout vient de trop de chaleur. La cure doit tendre à l’abattre : si l’on y réussit, ces accidents cèdent.

2° Quand ce pouls se trouve seulement à l’un ou à l’autre carpe, il indique nausées fréquentes.

3° Quand il se trouve à l’une ou à l’autre jointure, le ventricule refroidit, ne digère point.

4° Quand il se trouve à l’extrémité des cubitus, le ventre à la région du nombril est froid comme glace, et dans cet état dans lequel, suivant ce que dit le commentaire, on est altéré, on ne boit point, qu’on n’entende grouiller dans le ventre.


Sur le pouls, dit ché, plein, et ses indications.


1° Le quatrième des pouls, dits piao, externes, est celui qu’on appelle ché, plein. Il diffère du nommé feou, superficiel, en ce que même en appuyant ferme on le trouve encore bien sensible, quoiqu’il le soit davantage, quand on n’appuie que légèrement.

2° Si ce pouls se trouve tel aux trois endroits où l’on a coutume de le tâter à chaque bras : il indique chaleur interne excessive, qui cause épuisement dans l’estomac ou dans son orifice, et qui fait que le ventricule ne se nourrit point lui-même, et que le malade, quoiqu’il mange assez, sent cependant lassitude et abattement continuel. Il faut en ce cas user de remèdes bénins, qui ne soient ni chauds, ni aussi fort froids, mais d’une nature tempérée.

3° Quand ce pouls se trouve aux carpes à contre-temps, il y a excès de chaleur dans la poitrine.

4° Si c’est aux jointures du poignet qu’il se trouve, il y a douleur aux hypocondres, le second des trois tsiao, ou foyers, est en désordre.

5° S’il se trouve à l’extrémité des cubitus, et qu’il se sente sous le doigt comme une corde, il indique enflure de ventre et dysurie.


Sur le pouls dit hien de trémulation longue, et ses indications.


1° Le cinquième des pouls, dits piao, externes, se nomme hien, trémuleux long. Il a cela de commun avec le nommé feou, superficiel, que quand on appuie le doigt ferme, il devient assez peu sensible, au lieu que quand on n’appuie que légèrement, il est sensible de reste : mais il diffère du feou, purement superficiel, en ce qu’on y remarque à chaque instant une espèce d’inégalité ou de trémulation, telle à peu près que dans les cordes de l’instrument nommé tseng.

2° Si aux trois endroits où l’on tâte le pouls à chaque bras, il se trouve tel, il indique sueurs spontanées, abattement, et menace de phtisie, les mains et les pieds s’engourdissent, et souffrent de la douleur, la peau et le poil se sèchent. Il faut en ce cas-là que la cure tende à soutenir la chaleur naturelle au tan tien[15]

3° Si ce pouls se trouve aux carpes, il y a douleur aiguë à la région de la poitrine. Si c’est aux jointures que ce pouls se trouve, le froid a saisi le ventricule, et la chaleur naturelle du plus bas des tsiao, ou foyers, est comme étouffée par des eaux qui croupissent à la région du bas-ventre.


Sur le pouls kin trémuleux court, et ses indications.


1° Le sixième des pouls, dits piao, externes, se nomme kin : il tient un peu du pouls hien, dont on vient de parler, et du hong, regorgeant, dont on parlera ci-après. Il a cependant cela de propre, qu’en appuyant le doigt ferme, on le trouve encore sensible de reste, et en n’appuyant que légèrement, on y trouve accélération considérable.

2° Quand à tous les endroits où l’on a coutume de tâter le pouls il se trouve tel, il y a vapeurs malignes, émues par un feu interne, la manie est prochaine ; si elle n’a pas encore paru, elle se déclarera bientôt par des paroles extravagantes, des menaces insensées, des chants et des mouvements irréguliers ; et si l’on ne rencontre un habile médecin, point de guérison.

3° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, il y a douleur de tête.

4° S’il se trouve seulement aux jointures, la douleur se sent, et croît peu à peu à la région du thorax.

5° Si ce pouls se trouve à l’extrémité du cubitus, la douleur est au bas-ventre, et si violente, qu’on y porte la main sans cesse.


Sur le pouls hong regorgeant, et ses indications.


1° Le septième et dernier des pouls, dits piao, externes et plus sensibles, se nomme hong, regorgeant. Son caractère est, que même en appuyant ferme, on le trouve toujours très sensible, plus sensible cependant quand on n’appuie que légèrement.

2° Quand aux trois endroits ordinaires de chaque bras le pouls est tel, il indique douleur de tête, chaleur superficielle par tout le corps, aridité des gros intestins, constipation, soif, douleur inquiète par tout le corps.

3° Si c’est au milieu de l’été que le pouls se trouve tel, l’excès de chaleur qu’il indique, est peu à craindre, elle se tempérera de soi-même. Mais si c’est au milieu de l’automne ou en hiver, le mal demande du remède. Il faut d’abord faire suer, puis tendre à rendre le ventre libre, l’excès de chaleur cessera.

4° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, l’excès de chaleur est en haut depuis la tête jusqu’à la poitrine.

5° Si ce pouls se trouve seulement aux jointures, le ventricule se sent chargé, il y a nausée et vomissement.

6° Si ce pouls se trouve seulement à l’extrémité des cubitus, le feu est aux intestins grêles, qui le communiquent aux reins ; les urines sont âcres et rougeâtres, il y a douleur sourde aux jambes.


OBSERVATIONS SUR LES HUIT POULS, NOMMÉS LI,
PLUS INTERNES ET MOINS SENSIBLES.


Sur le pouls dit ouei, petit, et ses indications.


1° Ce pouls est le premier des huit nommés li. Son caractère consiste en ce qu’appuyant médiocrement, on découvre son battement, mais bien petit : puis revenant à appuyer une seconde fois tant soit peu plus, on le sent encore, mais si petit, que tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il n’est pas tout à fait imperceptible.

2° S’il se trouve tel aux trois endroits ordinaires de chaque bras, il indique un grand épuisement d’esprits ; et quand il est longtemps tel, il survient perte de semence, le visage devient livide, et à la longue les os se dessèchent.

3. Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, l’humeur maligne attaque la tête ou la poitrine.

4° S’il se trouve seulement aux jointures, c’est le cœur qui est attaqué.

5. S’il se trouve seulement à l’extrémité des cubitus, l’humeur maligne a son siège dans le bas ventre, on sent une espèce de frisson par tout le corps, et quand on boit, le ventre grouille.


Sur le pouls tchin, plongé, profond, et ses indications.


1° Le second des huit pouls nommés li, est celui qu’on nomme tchin, enfoncé, profond. Son caractère consiste en ce qu’appuyant fortement on le découvre, mais lent et lâche, comme un morceau d’étoffe usée et demi-pourrie ; et si l’on n’appuie pas fortement, on ne le découvre point du tout.

2° Si le pouls est tel aux trois endroits ordinaires où on le tâte à chaque bras, il indique enflure ou oppression à la région des aisselles, et froid aux extrémités du corps, c’est épuisement dans les parties nobles, la chaleur naturelle des trois tsiao, étuves, ou des trois foyers, ne se répartissant pas comme il faut, ce qui cause des obstructions.

3° Quand ce pouls se trouve seulement aux carpes, la poitrine est chargée de phlegmes.

4° Si c’est seulement aux jointures que ce pouls se trouve, il y a oppression et douleur vive depuis la poitrine jusqu’au nombril, grande difficulté de respirer, ou espèce d’étouffement.

5° Si ce pouls se trouve seulement à l’extrémité des cubitus, il y a pesanteur aux lombes et aux jambes. L’urine devient fort épaisse et blanchâtre par intervalles.


Sur le pouls ouan, modérément lent, et ses indications.


1° Le troisième des pouls nommés li, plus internes, moins sensibles, est celui qu’on nomme ouan, modérément lent. Il ne diffère guère que du plus au moins d’un autre pouls nommé tchi, tardif, paresseux, dont on parlera ci-après. Le pouls lent à contre-temps indique en général abattement d’esprit et de corps, accompagné d’inquiétude, ce qui vient de ce que le mouvement des esprits n’est pas bien libre.

2° Quand le pouls se trouve tel aux trois endroits ordinaires de chaque bras, les reins souffrent ; il y a humeur viciée, et vapeur maligne, qui se fait sentir jusqu’à la tête, et spécialement aux oreilles, qui alors bourdonnent fort. Faites ouverture avec l’aiguille derrière la tête vis-à-vis l’extrémité basse du cerveau : réitérez par trois fois, les douleurs s’apaiseront.

3° Si ce pouls se trouve aux carpes, il y a douleur aux articles.

4° S’il se trouve seulement aux jointures, on a peine à se tenir droit, la douleur fait courber le corps.

5° S’il se trouve seulement à l’extrémité des cubitus, et qu’en même temps qu’il est ouan, lent, il tienne aussi du ouei, petit, il y a obstruction causée par des humeurs froides. La nuit le sommeil est inquiet, on se croit suivi par des fantômes.


Sur le pouls , aigre, et ses indications.


1° Ce pouls est le quatrième des huit nommés li, moins externes et moins sensibles. il faut appuyer pour le sentir, et son mouvement a du rapport à celui d’une lame de couteau qui racle un bambou[16]. Si ce pouls se trouve à contre-temps[17], si c’est à un homme, il indique du virus ; si c’est à une femme, et qu’elle soit enceinte, son fruit se sentira du mal, et le portera peut-être tout entier. Si la femme n’est point enceinte, et qu’elle ait ce pouls, il indique corruption qui infeste la masse du sang.

2° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, le ventricule a peu de vigueur.

3° Si c’est aux jointures que ce pouls se trouve, le sang est gâté, et peu propre à la nutrition des parties nobles.

4° Si c’est seulement à l’extrémité des cubitus, on sent un froid malin dans tout le corps, et de fréquents mouvements dans le bas-ventre.


Sur le pouls tchi, tardif, paresseux, et ses indications.


1° Ce pouls est le cinquième des huit li, plus internes et moins sensibles. Outre qu’il faut appuyer ferme pour le trouver, son caractère est une grande lenteur en son mouvement ; en sorte que dans l’espace d’une inspiration et d’une expiration, il n’y a que trois battements. Il indique en général épuisement dans les reins.

2° Si ce pouls se trouve tenir du suivant, nommé fou, fuyant en bas, le mal est difficile à guérir. Que si cela se rencontre en été, c’est encore pis, le mal est comme incurable.

3° Si ce pouls se trouve aux carpes, le cœur souffre du froid.

4° Si c’est aux jointures du poignet que ce pouls se trouve, il y a douleur de ventre, la boisson passe avec peine.

5° Si c’est à l’extrémité du cubitus, il y a froid et pesanteur aux lombes et aux pieds, on a beau les bien couvrir, on ne peut les échauffer.


Sur le pouls fou, fuyant en bas, et ses indications.


1° Ce pouls est le sixième des huit, nommés li, plus internes et moins sensibles. C’est lorsqu’appuyant ferme les doigts pour tâter le pouls, il fuit et se cache en bas, devenant insensible pour un instant : puis appuyant de nouveau les doigts, et encore plus ferme, on le retrouve, sans le perdre, mais bas et profond. S’il se trouve aux trois endroits ordinaires, il indique poison occulte et malignité cachée. Le corps est alors tout abattu, les extrémités sont froides ; il y a douleur interne, et un venin secret trouble la température du sang et des esprits. En quelque saison que cela se trouve, faites promptement suer, c’est par où doit commencer la cure.

2° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, il y a obstruction dans la poitrine.

3° Si c’est seulement aux jointures du poignet que ce pouls se trouve, l’obstruction est aux intestins ; les yeux s’en sentent, on les ouvre et ferme sans cesse.


Commentaire.

Si c’est à la jointure du poignet gauche, cela est vrai. Si c’est à celle du poignet droit, c’est le ventricule qui est mal affecté, et il survient des hémorroïdes.

4° Si c’est seulement à l’extrémité des cubitus que ce pouls se trouve, on ne digère point : assis ou couché, l’on est inquiet. De plus il y a flux de ventre.


Sur le pouls siu, mouillé, ou bien liquide, fluide, et ses indications.


1° Le septième des huit pouls li, plus internes et moins sensibles, s’appelle siu, mouillé ou liquide ; c’est quand on le sent tel à peu près qu’une eau qu’on presserait sous le doigt. Il est communément accompagné de chaleur inquiète, de douleur de tête violente, de grands bourdonnements d’oreilles, et d’un froid externe aux parties secrètes. Tous ces fâcheux accidents viennent de choses encore plus fâcheuses. Le cerveau et la moelle du dos sont desséchés, et pareillement le réservoir séminal. Une fermentation maligne cuit, pour ainsi dire, les os au bain de vapeur. Bientôt les cinq tsang se sentent du mal, et la mort est infaillible.

2° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, on est sujet à suer aux pieds.

3° S’il se trouve seulement aux jointures des poignets, les esprits manquent, il y a stérilité, ou grande disposition à cela.

4° S’il se trouve seulement à l’extrémité des cubitus, et qu’il y soit en même temps délié comme un cheveu, on sent partout le corps un froid malin : les chairs et les os semblent se séparer, et ne plus se soutenir mutuellement.


Sur le pouls yo, faible, et de ses indications.


1° Ce pouls est le huitième et le dernier des huit nommés li. On compare la sensation qu’il fait sous le doigt à celle que fait un morceau de vieux coton, et de plus il a cela de commun avec quelques autres, qu’après l’avoir découvert, si l’on appuie encore un peu plus ferme, on ne le sent plus. De plus, son mouvement est lent et communément embarrassé.

2° S’il se trouve tel aux trois endroits où le pouls se tâte, ce sont ventosités malignes et excessives. Si cela se trouve dans un jeune homme, le mal est mortel : si c’est dans un homme d’âge, il se peut guérir.

3° Si ce pouls se trouve seulement aux carpes, il y a épuisement.

4° Si c’est seulement aux jointures du poignet, il y a difficulté de respirer.

5° Si c’est seulement à l’extrémité des cubitus, le sang est gâté. Il y a engourdissement et douleur, d’abord interne, et qui gagne bientôt au-dehors[18].


Observations sur les neuf pouls dits tao, et leurs indications.


NOTE.

La lettre tao signifie entre autres choses, façon, manière, chemin, etc. Peut-être examine-t-on ici neuf manières ou neuf propriétés qui se peuvent trouver indifféremment tantôt aux pouls nommés piao externes et plus sensibles, tantôt aux pouls nommés li plus internes et moins sensibles.


TEXTE.


Le premier de ces neuf pouls est celui qu’on nomme tchang, long. C’est lorsque les trois doigts étant placés sur les trois endroits ordinaires, on sent comme un seul pouls continu et allongé, le pouls de l’extrémité du cubitus passant plus loin que sa place ordinaire, et celui de la jointure en faisant autant. Ce pouls en général indique chaleur trop grande, et inquiétude, tant pendant le sommeil, qu’en d’autres temps. Le poison ou la malignité de ce feu se fait sentir aux parties nobles, et vient de l’intempérie des trois tsiao, foyers ou étuves. Il faut dissiper cette intempérie chaude par les sueurs.

Le second est le pouls nommé toan, court. C’est quand chacun des trois pouls, par exemple, celui de l’extrémité du cubitus, et ainsi des autres, ne remplit pas exactement sa place ordinaire. Il indique épuisement, d’où suivent malins frissons, humeurs froides dans le ventre, qui empêchent la chaleur naturelle de se partager comme il faut, et la retiennent comme prisonnière, d’où suivent des digestions fort imparfaites. Il faut tendre à évacuer ces humeurs.

Le troisième est le pouls nommé hiu, vide ou épuisé. C’est lorsque sous les doigts, soit qu’on appuie ferme, ou qu’on touche légèrement, on sent le pouls insuffisant, et comme vide ou épuisé. Il indique grande faiblesse, frayeurs, défaillances, disposition à l’épilepsie, surtout s’il se trouve aux enfants. En quelque personne qu’il se trouve, s’il est tel aux trois endroits ordinaires, le sang ne peut acquérir la perfection qui lui convient pour la nourriture des parties intérieures et les plus essentielles du corps, lesquelles manquant ainsi d’un aliment convenable, il s’y fait des fermentations malignes et inquiétantes. La cure doit tendre à rétablir, s’il se peut, ou du moins à soutenir la chaleur naturelle aux trois tsiao, foyers ou étuves.

Le quatrième est le pouls nommé tsou, serré, pressé. C’est quand sous les trois doigts, soit qu’on appuie peu ou beaucoup, on trouve le pouls très précipité, mais comme s’arrêtant au carpe, de telle manière que dans sa précipitation il cesse une fois tout à coup de battre, puis recommence. Ce pouls est d’un fâcheux pronostic : s’il se change bientôt en mieux, le malade pourra revenir de sa maladie, mais s’il continue en cet état, la mort est proche : du moins n’y a-t-il point de remède humain : il n’y a que le Ciel qui lui puisse sauver la vie.

Le cinquième est le pouls nommé kié, embrouillé, embarrassé. C’est quand le pouls se sentant sous les doigts d’une lenteur médiocre, il manque tout à coup un battement, puis revient avec une espèce d’impétuosité peu réglée, comme s’il n’avait pu continuer, sans s’arrêter, pour ainsi dire, afin de prendre haleine, et se débarrasser. Il indique obstruction à la région de l’estomac, d’où il s’ensuit pesanteur et engourdissement dans tous les membres, et assez souvent violente colique. Le mal vient d’excès de chaleur aux trois tsiao, ou étuves. Corrigez doucement cette intempérie, le mal cessera.

Le sixième se nomme tai, qui signifie succession, changement de génération, substitution, etc. C’est quand ayant senti sous les doigts le pouls se mouvoir assez irrégulièrement, on le sent tout à coup s’élever, et comme rétrograder, au lieu de continuer sa route. En ce cas-là, le visage devient livide et abattu, on ne peut parler, c’est épuisement total des esprits vitaux, un vent malin les a entièrement dissipés[19].

Le septième s’appelle lao, dur. C’est lorsque ne le pouvant sentir en tâtant légèrement, appuyant ensuite davantage, on le découvre, mais si peu régulier, si peu marqué, qu’il semble tenir tantôt du profond et du fuyant, tantôt du plein et du long, tantôt du petit, mais trémuleux, conservant cependant toujours certaine tension ou dureté, qui est son propre caractère.


NOTE.

Ailleurs on le nomme , et on compare la sensation qu’il fait sous les doigts à celle qu’y fait la peau d’un tambour, sur laquelle on appuie. Il indique plénitude interne et resserrée par l’impression fâcheuse d’un froid étranger sur les parties externes, qui étaient trop épuisées pour y résister. De là douleurs internes, comme dans les os. Bientôt après la peau change de couleur, survient difficulté de respirer, enfin oppression continuelle de poitrine, causée par le combat du feu interne et de l’eau qui est au-dehors. Laissez-là tous les remèdes. Demandez au Ciel la guérison, ou bien n’en espérez rien.

Le huitième, est le pouls nommé tong, mobile : non pas qu’il ait grand mouvement, mais parce qu’il fait une sensation sous les doigts à peu près semblable à celle que feraient des pierres lissées et polies qu’on toucherait dans l’eau. On ne découvre ce pouls que quand on appuie ferme. Alors il résiste un peu au doigt, et quand on revient à le tâter deux ou trois fois, on le sent battre, sans le sentir passer, comme s’il était fixe au même lieu. Il indique un corps faible et épuisé. Il s’ensuit flux et perte de sang de longue durée, surtout aux femmes ; et si le malade ne rencontre un fort habile médecin, il tombe en phtisie, et meurt bientôt.

Le neuvième, est le pouls sié, fin, délié. C’est quand sous les doigts on le sent comme un simple cheveu très fin et en même temps tenant du ouei, petit, peu fort, qui est un des huit pouls, nommés li, qu’on a exposés ci-dessus.

Ce pouls fin et délié indique refroidissement accidentel du cerveau et de la moelle du dos. Le corps est faible, les jambes sont comme endormies. Il survient quelquefois perte considérable de semence. Le visage change de couleur et maigrit, les cheveux et le poil sèchent. Quand ce mal n’a commencé que sur la fin de l’hiver il arrive quelquefois qu’au printemps suivant il se guérit sans remèdes.



SECRET
DU POULS,


TRADUIT DU CHINOIS.


TROISIÈME PARTIE.


Ce qui regarde le cœur, le foie, et le rein gauche, s’examine au pouls du carpe, de la jointure, et de l’extrémité du cubitus du bras gauche. Aux mêmes endroits du bras droit, suivant le même ordre, on examine ce qui regarde les poumons, l’estomac, et le rein droit, autrement dit porte de la vie.

Voici quelle est la correspondance des cinq tsang et des six fou. Le cœur qui est le premier des cinq tsang, et les intestins grêles un des six fou, ont ensemble correspondance. Il en est de même du foie, un des cinq tsang, à l’égard de la vésicule du fiel, un des six fou. De même de l’estomac, pi, un des cinq tsang, et du ventricule, ouei, un des six fou, avec lequel il est comme continu. De même du rein gauche, à l’égard de la vessie ; du rein droit, à l’égard de ce qu’on nomme les trois tsiao, foyers ou étuves ; et du poumon à l’égard des gros intestins.

On tâte le pouls à trois endroits de chaque bras : à chacun de ces endroits le pouls se peut distinguer en pouls superficiel ou élevé, pouls profond, et pouls mitoyen, ce qui donne pour chaque bras neuf combinaisons différentes. Au reste, le pouls mitoyen est celui sur lequel il faut régler son jugement par rapport aux autres.

Celui qui tâte le pouls, doit avoir lui-même le corps et l’esprit dans une situation tranquille. Il faut de plus qu’il ait actuellement beaucoup d’attention, sans admettre d’autres pensées, et que même le mouvement de systole et de diastole soient en lui dans une juste température. Alors appliquant doucement les doigts sur la peau sans presser, il examinera ce qui regarde les six fou. Ensuite, appuyant un peu davantage, en sorte qu’il ne touche pas simplement la peau, comme auparavant, mais qu’il sente sous les doigts les chairs, il examinera s’il trouve ou non aux pouls qu’il tâte une juste modération ; puis appuyant ferme les doigts jusqu’à sentir les os du bras, il examinera les pouls des cinq tsang. Enfin il examinera si le pouls cesse de battre ou non ; s’il est vite ou lent, et combien il bat de fois dans l’espace d’une inspiration et d’une expiration.

Quand on trouve au pouls cinquante battements sans qu’il s’arrête, c’est santé : s’il s’arrête avant que d’avoir battu cinquante fois, c’est maladie. Et l’on juge du mal plus ou moins pressant, par le nombre des battements après lesquels le pouls s’arrête.

Si au bout de quarante battements le pouls s’arrête, un des cinq tsang est gâté. Ceux dans qui cela se trouve, rarement passent quatre ans. Si c’est après trente battements que le pouls s’arrête, on ne passe guère trois ans. Si le pouls s’arrête au bout de vingt battements, on n’a guère que deux ans à vivre. Que si l’on trouve qu’il s’arrête encore plutôt, c’est encore pis, et c’est signe d’un mal très pressant.

Dans ce mal, tout pressant qu’il est, il y a du plus et du moins. Par exemple, si après deux battements le pouls s’arrête, le malade ordinairement meurt au bout de trois ou quatre jours. Si le pouls s’arrête après trois battements, le malade peut vivre encore six ou sept jours ; et si c’est au bout de quatre battements que le pouls s’arrête, le malade ordinairement ne passe pas huit jours. Ainsi du reste à proportion. On fonde encore des pronostics sur l’opposition du pouls avec l’état présent de celui auquel on le tâte : par exemple, un homme ne sent point de mal, et même paraît robuste, on lui trouve un pouls de malade, feou, kin, fa, superficiel, trémuleux court, aigre, dit le commentaire, il marche vers le tombeau[20].

De même, si tâtant le pouls à un homme, qui est actuellement maladif, vous lui trouvez le pouls d’un homme robuste, c’est un homme mort[21].

Il convient donc de savoir que les gens gras ont communément le pouls profond et un peu embarrassé ; les maigres, au contraire, l’ont superficiel et long. Aux gens de petite stature il est serré et comme pressé : au contraire, il est un peu lâche aux gens de grande stature, voilà l’ordinaire, et quand on trouve le contraire, cela ne vaut rien.


De la maladie nommée Chang han.


NOTE.

Chang signifie blesser, nuire. Han signifie froid. Comme qui dirait froid malin et dangereux. Cette maladie est fort fréquente à la Chine. C’est une fièvre maligne, à laquelle on donne ce nom de chang han en hiver, et qu’on nomme autrement dans les autres saisons de l’année.


TEXTE.

Dans cette maladie, malgré le nom qu’elle porte, on doit, en tâtant le pouls, et en jugeant de ses indications, suivre la même règle que dans les maladies qui viennent de chaud. Ainsi, lorsque dans la maladie nommée chang han, le pouls d’abord superficiel feou, et trémuleux court kin, devient peu à peu fort ta, et regorgean,t hong, et qu’il se fait sentir tel aux trois endroits ordinaires où on le tâte, c’est bon signe. La malignité semble vouloir se dissiper, et il y a lieu d’espérer que se dissipant en effet, le malade, au bout de sept jours, se trouvera hors de danger.

Que si, au contraire, on trouve le pouls petit, ouei, lent, man, et cependant parfois sautillant, teng : puis comme s’enfuyant et se cachant en bas, fou, le malade est en grand danger. En ce cas-là il faut s’informer exactement du jour et de l’heure que la maladie a commencé, afin de juger de son progrès, en examinant avec un soin particulier les changements qui arriveront au pouls, soit par rapport à sa forte élévation ou à sa petitesse, soit par rapport à la lenteur ou vitesse de son mouvement.


NOTE.

Ces deux expressions chinoises man et teng, ne sont qu’en cet endroit de ce livre. Partout ailleurs l’on emploie l’expression ouan, ou tchi, pour exprimer la lenteur du pouls.


TEXTE.

Généralement parlant, dans la maladie chang han, comme dans celles qui viennent de chaleur, le pouls doit être élevé, et regorgeant : et quand il se trouve petit, délié, et comme imperceptible, les remèdes humains sont inutiles.

Quand après la sueur qu’il faut procurer dès le commencement de la maladie, le pouls se tranquillise, et que la fièvre cesse, tout va bien. Mais si même après la sueur le feu et l’inquiétude continuent, si le pouls est aussi peu réglé qu’auparavant, point de guérison à espérer.

Il y a des maladies (fièvres malignes), causées par un poison, ou malin ferment chaud ; il y en a qui sont causées par un poison de nature froide. En voici les différents diagnostics et pronostics. Dans celles qui sont causées par un poison chaud, le malade paraît robuste ; il a des mouvements inquiets, violents, et convulsifs ; le visage lui devient rouge, il lui sort des marques rougeâtres ; il y a délire, pendant lequel il dit mille extravagances, et croit quelquefois voir des esprits. Ces accidents sont accompagnés assez souvent d’une diarrhée continuelle, et quelquefois d’une sueur par tout le corps. Le malade ouvre de temps en temps la bouche d’une manière extraordinaire ; on dirait qu’il va expirer[22]. Tout dangereux qu’est cet état, n’abandonnez pas le malade : usez de remèdes bénins, qui du moins ne puissent pas nuire. S’il passe le septième jour, il en reviendra peu à peu.

Quand le poison est de nature froide, il y a pesanteur par tout le corps, le dos est roide : le malade sent aux yeux et dans le bas ventre des douleurs insupportables, les lèvres deviennent bleuâtres. Le cœur se sent saisi du malin poison, et ne peut s’en défendre : les extrémités du corps deviennent froides : il y a nausée, diarrhée, râlement. Le pouls communément est profond et délié. Dans cette dangereuse extrémité, tout ce qu’on peut faire de mieux, c’est de travailler promptement à soutenir la chaleur naturelle à trois pouces au-dessous du nombril. Si le malade passe six jours sans mourir, il est sauvé.


Pronostics de diverses maladies par le pouls.


Dans l’enflure de ventre, si le pouls est élevé et fort, le mal se dissipe : s’il est épuisé et petit, le danger est grand ; et la cure, pour être heureuse, demande beaucoup de capacité et d’attention.

Dans les dysenteries, un pouls petit est bon : un fort et regorgeant est très mauvais.

Dans les délires et les manies, un pouls plein et fort, est bon. Que s’il se trouve profond et délié aux trois endroits où on le tâte, c’est très mauvais signe ; et je n’ai point encore ouï dire qu’aucun médecin ait guéri un pareil malade.

Dans la maladie, nommée siao ko (soif continuelle), le pouls vite et fort est bon : s’il est petit et comme vide, la maladie est considérable, on aura peine à la bien guérir.

Dans l’hydropisie aqueuse, quand le pouls est fort et élevé, si l’on ne guérit pas entièrement, du moins on n’en meurt pas sitôt : mais si le pouls est petit et peu sensible, il faut prendre congé, la mort n’est pas éloignée.

Après les accidents de la maladie, nommée kio loan, si le pouls est petit et très lent, les esprits manquent, le malade est abattu à ne pouvoir ni ne vouloir presque dire un mot. En ce cas le mal est bien difficile à guérir. Au contraire, si le pouls est haut et regorgeant, la cure est facile ; c’est une expérience de tous les temps.


Commentaire.

La maladie kio loan est un dérangement et un combat du chaud et du froid dans les intestins, et dans l’estomac, dérangement causé, ou par quelque dérèglement dans le boire et le manger, tel qu’est la débauche de vin, l’excès des choses crues et froides, ou bien par un froid pris en dormant à terre, en s’exposant trop au grand vent, etc.

Quand les accidents de ce mal commencent par un mal de cœur, le vomissement suit bientôt. Quand la douleur se fait d’abord sentir dans les intestins, suit aussitôt la diarrhée : et comme quelquefois le mal de cœur et de ventre commencent ensemble, aussi alors s’ensuit le dévoiement par haut et par bas. Dans le temps de ces accidents et de ces douleurs violentes, le pouls est fort déréglé, très changeant, et communément néanmoins tenant du fuyant en bas, nommé feou.

Les accidents les plus violents étant cessés, si le pouls se trouve fort et regorgeant, le mal se peut aisément guérir. Mais si le pouls est tardif, petit, délié, la maladie est très dangereuse, et bien difficile à guérir.


TEXTE.

Dans les pertes de sang, soit par le nez, soit par la bouche, un pouls profond et délié est bon. Un pouls haut, trémuleux, fort, marque que le danger est grand : s’il tient outre cela du dur, le malade en meurt, dit un commentaire.

Dans les cardialgies et coliques, un pouls profond et délié est bon. Un pouls haut, trémuleux, fort, et long, est mortel.


Commentaire.

Sur cela un commentaire dit, que les cardialgies ou coliques peuvent venir de causes fort différentes. La règle qu’on vient de donner, n’est pas infaillible.


TEXTE.

Il y a diverses espèces d’épilepsie. En général dans ce genre de maladie, le pouls superficiel et lent, est celui qui convient. Un pouls serré, plein, fort, et précipité, est de fort mauvais augure ; surtout si l’épilepsie est de cette espèce, qui fait que le malade malgré lui serre fortement les dents, et ferme la bouche. Car quand ce dernier symptôme se trouve compliqué avec le pouls que nous venons de dire, les trois âmes sont orphelines, la mort est prochaine.

Il y a des épileptiques à qui ce symptôme n’arrive point, mais qui, au contraire, ouvrent fort la bouche, et poussent leur haleine, comme une vapeur épaisse et grossière, auxquels le visage devient rouge, comme si l'on y avait mis du vermillon. Ceux-ci, quoique difficiles à guérir, peuvent encore durer quelque temps.

Pour ceux à qui les cheveux se dressent, et la bouche écume, qui ne peuvent avaler aucun remède, qui sont tristes, mornes, inquiets, à qui le gosier râle, et imite par ses râlements le cri d’une poule d’eau, qui ont des mouvements violents et convulsifs, ces malades sont incurables ; surtout si, outre les précédents symptômes, vous remarquez qu’ils aient le visage bleuâtre, l’orbe des yeux rétréci, et la prunelle élargie ; et s’il leur arrive certaine sueur, qui s’attachant aux poils du corps hérissés, y forme une espèce de perle tenace, et non coulante. Encore est-ce pis, si ces sueurs se trouvent huileuses. Il ne faut point perdre sa peine à traiter de tels malades.

Dans certaine maladie, causée par abondance et plénitude interne d’humeurs malignes, le ventre s’enfle, il y a tension et douleur. On sent à la région de l’estomac, dureté, roideur, sécheresse, accompagnée de vomissement ou de nausée. En même temps on sent aux mains et aux pieds une chaleur maligne et inquiétante.

Si l’on trouve en ce cas le pouls profond et délié, c’est fort mauvais signe, communément on en meurt, surtout quand alors les selles et les urines sont âpres.

Dans certaines autres maladies causées par abondance et plénitude externe d’humeurs, et par une chaleur interne, il arrive ordinairement des vomissements, cela n’est que bon. Mais s’il y a en même temps diarrhée fort liquide, le mal dès lors est fort grand, et si le malade n’en meurt pas, il aura du moins beaucoup de peine à se rétablir parfaitement. Que si, avec le vomissement et la diarrhée compliqués, vous lui trouvez un pouls fort et regorgeant, ne travaillez point à le guérir ; vous y perdriez votre peine.

Dans certaine hydropisie, qui est une enflure superficielle, causée par une humeur ou vapeur montante, qui rend communément la respiration difficile, le pouls superficiel et glissant, est le pouls convenable. S’il devient tout à coup petit et délié, le mal est mortel. Vous y emploieriez en vain tout votre art, le malade n’en réchappera pas.

Dans certaine maladie, où le malade a une toux sèche, rend du sang par la voie des urines, est sec et fort maigre : si vous trouvez le pouls fort, pensez-y avant que d’entreprendre un tel malade ; il est bien difficile à guérir.

Dans le crachement de sang, un pouls profond et faible est bon. Si vous le trouvez plein et fort, cela est mortel.

Dans l’oppression de poitrine, causée par quelque intempérie que ce soit, le pouls glissant, hoa est bon. Si, au contraire il est aigre, , point de guérison.

Dans la maladie nommée tchong ngo, où il y a enflure de ventre subite, le pouls trémuleux court kin, et délié, sié, est bon. Le superficiel et fort, feou ta est très mauvais.


Commentaire.

Suivant le livre qui a pour titre Les sources des maladies, c’est quand un homme, soit de son tempérament, soit par un mauvais régime et des excès, étant fort faible, et par là fort susceptible des impressions étrangères, est frappé de quelque maligne impression qui lui fait subitement enfler le ventre, lui cause des douleurs violentes, et le réduit comme aux abois.


TEXTE.

Dans les blessures où il s’est perdu beaucoup de sang, un pouls délié et comme vide est bon. Le plein, fort, vite, est mauvais.

Quand à l’extrémité du cubitus et au carpe, le pouls est tellement trémuleux court, kin et vite, sou, que ses battements de plus ressemblent aux picotements d’une aiguille de tête, et que le malade vomit et revomit par intervalles, le mal vient de certains vers, nommés kou, et demande un prompt remède. Employez vite les plus efficaces, dit une version : la vie est en grand danger. Une autre version dit : Si le pouls est tellement vite, sou, qu’il soit en même temps mol, on peut encore faire vivre du temps le malade.


Commentaire.

Le livre qui a pour titre Les sources des maladies, dit : dans la composition de la lettre qui se lit kou, il y a trois tchong, c’est-à-dire, trois vers qui sont dans un même vase, min, où ils se font la guerre, et s’entremangent. Celui qui reste vainqueur des autres, est très dangereux, et ronge les viscères de l’homme. Ceux qui en sont attaqués, ont de fréquentes cardialgies ; il leur semble qu’on leur mord le cœur : souvent le visage leur devient bleuâtre, et les yeux jaunes, et il leur arrive divers autres accidents de cette nature, extraordinaires, et sans règle. Communément cet animal attaque d’abord le médiastin, d’où s’ensuivent crachements ou vomissements de sang, et si l’on n’y apporte remède, il ronge les viscères dits tsang et fou, et cause la mort.


TEXTE.

Dans les attaques du poison, le pouls fort et regorgeant, est bon. S’il se trouve délié et petit, le danger est grand, surtout s’il survient vomissement de sang ; car il est difficile de l’arrêter parfaitement, et communément la mort s’ensuit.


Commentaire.

Dans les autres vomissements de sang, le pouls profond et délié est bon. Il n’y a que dans ceux que le poison cause, où le fort et regorgeant est censé le bon.


TEXTE.

Enfin, généralement parlant, pour juger et prononcer plus sûrement si un malade mourra de sa maladie ou non, rien de mieux que de consulter le pouls du tai tchong : s’il se trouve avoir du mouvement et de la vigueur, le malade en réchappera. Si dans cet endroit-là le pouls est languissant et s’arrête, le malade en meurt.


Commentaire.

C’est à un pouce et demi loin de l’articulation du gros doigt du pied.


NOTE.
Aujourd’hui les médecins chinois ne vont point consulter le pouls à cet endroit-là, non pas même aux hommes.


Pronostics tirés de l’inspection du malade.


Si le malade a le coin intérieur des yeux jaune, c’est bon signe ; communément il guérit. L’estomac est bon, dit un commentaire.

Si les yeux lui ayant grossi tout à coup, retombent, pour ainsi dire, c’est un homme mort. Les cinq tsang sont gâtés, dit le commentaire.

Quand on remarque une couleur noire se répandre sur les yeux, les oreilles, et le nez du malade, la maladie est bien difficile à guérir : et si cette couleur gagne jusqu’à la bouche, de dix malades à qui cela arrive, à peine en peut-on sauver trois. Le ventricule est accablé par la trop grande humidité des reins, dit le commentaire.

Quand le visage est jaune, les yeux violets ou noirâtres, que le malade remue les bras d’une manière inquiète et sans règle, un vent malin a saisi le ventricule, et cause dans tout le corps une fermentation mortelle, l’estomac, dit le commentaire, est accablé par le foie.

Si le visage étant noir, les yeux sont blancs, le rein droit, dit la porte de la vie, est absolument gâté ; le malade n’a pas plus de huit jours à vivre.

Quand on remarque qu’à un malade le visage devient subitement violet, et peu à peu devient plus noir, il est rare qu’il en guérisse. Le foie et les reins, dit le commentaire, ne font plus leurs fonctions.

Quand le visage devient rouge, les yeux blancs, et qu’il y a eu en même temps difficulté de respirer, dans l’espace de dix jours, le sort du malade sera décidé. S’il passe au-delà, il en guérira. C’est, dit le commentaire, le poumon qui souffre de la trop grande chaleur du cœur.

Quand les yeux intérieurement deviennent ou jaunes, ou noirs, ou blancs, et que cela gagne jusqu’au nez, et à la bouche, c’est mauvais signe. L’estomac, dit le commentaire, souffre de l’intempérie humide du foie.

Quand le visage devenant violet, la bouche devient jaune, communément dans un demi-jour le malade meurt : et si quelques autres circonstances indiquent un terme moins court, du moins ne passe-t-il pas deux jours.

Quand les yeux deviennent troubles, que les dents se cassent et se noircissent, ou que le visage devenant d’un blanc pâle, les yeux deviennent noirs, ce sont tous mauvais signes. Le premier, dit le commentaire, marque le foie et le cœur attaqués. Le second marque l’estomac gâté. Le troisième, le poumon attaqué, le quatrième, les reins gâtés.

Quand le malade ouvre la bouche comme certains poissons, et ne peut la refermer ; qu’il y a expiration forte, et presque point d’inspiration, c’est un homme mort. Suivant le commentaire, le cœur et les poumons sont encore en bon état ; mais le foie et les reins ne font plus leurs fonctions.

Quand le malade a le dos roide et sans mouvement, les yeux fixes et comme immobiles, regardant seulement vers un endroit, que les lèvres sont sèches, et comme brûlées, le visage enflé, bleuâtre, ou noir, le mal est bien dangereux ; à peine en guérira-t-il. Si de plus il y a délire, mouvements inquiets et convulsifs, suivis de la perte de la parole, et accompagnés de certaine odeur cadavéreuse, c’est un homme désespéré.

Quand le malade sent par tout le corps comme une réplétion totale, et que le dos lui devient violet, il ne passera pas trois jours. L’estomac, dit le commentaire, est accablé par l’intempérie du foie.

Quand les pieds et les jambes manquent sous un homme, que les genoux lui enflent extraordinairement, le mal est très dangereux, communément l’on en meurt dans l’espace de dix jours.

Quand les jointures des membres perdent leur mouvement, et deviennent roides, le mal est mortel.

Quand les lignes de dedans les mains se trouvent effacées, le malade a peu à vivre.

Les lèvres noirâtres, le froid aux dents ; une autre version dit, froid par tout le corps ; perte involontaire d’urine, horreur de toute nourriture, ce sont tous mauvais signes. S’ils se rencontrent, en même temps, en quatre jours, le malade est mort.

Quand les ongles du malade tant aux pieds qu’aux mains, deviennent violettes, puis noires, mauvais signe. Si cela dure pendant huit jours, communément le malade meurt ; du moins sa maladie est bien difficile à guérir. C’est le foie qui est gâté, dit le commentaire.

Quand il survient à un malade pesanteur aux lombes, douleur au dos, inquiétude par tout le corps, le mal est dans les os, il n’a plus que cinq jours à vivre.

Quand il survient à un malade pesanteur par tout le corps, des urines rouges, et que ces symptômes persévèrent, le mal règne dans toutes les chairs, dans six jours le malade meurt.

Quand les ongles des mains et des pieds deviennent noirâtres, que le malade est impatient, et dit des injures à tout venant, que les jointures perdent leur mouvement, le malade aura peine à passer neuf jours. Mais si de plus ses cheveux se hérissent et deviennent comme du chanvre, il n’a qu’un demi jour de vie[23]. Enfin si le malade cherche ses habits en tâtonnant, et parle de mort, elle est en effet fort proche.


Diagnostics et pronostics des maladies des cinq tsang, indépendamment du pouls.


Du foie.

Le visage enflé, des clous ou pustules noires, la langue recourbée et violette, abattement par tout le corps, et surtout aux bras et aux jambes, obscurcissement notable de la vue, des larmes sans cesse et sans raison. Tout cela indique un foie gâté. Le malade meurt au huitième jour.

Douleur à la région des aisselles, les yeux rouges, fréquente colère, vertiges, surdité, tout cela indique un foie qui souffre de réplétion[24]. Il faut décharger ce viscère en évacuant, et la cure pourra réussir.

Embarras dans les jointures et à la région des aisselles, vue devenue trouble, ongles desséchés, craintes et gémissements sans grande cause, tout cela indique un foie qui souffre d’inanition. Il faut tendre à le fortifier, si l’on veut réussir dans la cure.


Du cœur.

Le visage devenu jaune, mais d’un jaune foncé et mêlé de noir, roideur aux épaules, regard fixe vers un endroit, mains enflées, lignes des mains effacées, paroles extravagantes, discours sans suite ; tout cela indique le cœur pressé, et comme étouffé de chaleur. Le malade à peine passera le jour.

Quand le malade sent engourdissement et douleur au dos ; que malgré cela il rit sans raison, qu’il sent de temps en temps une sécheresse extraordinaire à la langue, tout cela indique une mauvaise réplétion, dont le cœur souffre, il faut évacuer. Le médecin doit prendre garde à ne s’y pas tromper, attribuant mal à propos le mal à épuisement. Mais si le malade est triste et dolent, facile à effrayer, pâle : s’il sent de la roideur à la racine de la langue, et de la douleur depuis les lombes jusqu’au dos, c’est d’épuisement que vient le mal. Il faut des cordiaux et des confortatifs.


De l’estomac.

Quand les pieds d’un malade enflent, et le ventre aussi à la région du nombril, quand le malade a en même temps le visage jaune et boursoufflé, qu’il lâche sous lui sans trop s’en apercevoir, qu’il a la peau de tout le corps âpre, et les lèvres comme renversées, tout cela indique un estomac entièrement ruiné, le malade ne passera pas douze jours.

Quand il y a enflure de ventre, jointe à constipation, paralysie aux pieds, pesanteur par tout le corps, que le malade mange bien, mais n’en est pas moins abattu ; tout cela indique un estomac qui pèche par mauvaise plénitude ; il faut évacuer.

Mais quand à l’enflure du ventre survient un mouvement d’entrailles, vomissement, indigestion continuée, diarrhée. C’est faiblesse d’estomac ; il faut travailler à le fortifier.


Du poumon.

Quand il y a grande expiration par la bouche, et point, ou peu signes d’inspiration, que les lèvres sont comme renversées, qu’il n’y paraît plus de lignes, qu’elles deviennent noires et semblables à une mèche à demi-brûlée, que la peau, le poil, et les ongles se dessèchent ; tout cela indique un poumon entièrement gâté. Le malade n’a qu’à prendre son routier, dans trois jours il faut partir.

Quand il y a douleur aux épaules, au dos, aux cuisses, toux, difficulté de respirer, et ventosités remontantes. C’est de mauvaise plénitude que le poumon souffre, il faut travailler à le décharger, mais il y faut travailler promptement, tout délai est dangereux.

Quand il y a faible respiration, petite voix, toux par intervalle, et crachats mêlés de sang, grande faiblesse et accablement, il faut soutenir et fortifier avant que d’user d’autres remèdes.


Des reins.

Quand le visage du malade devient noir, qu’il y a douleur des dents, que la vue lui devient fort trouble, qu’il a des sueurs spontanées et abondantes, qu’il sent un tiraillement aux lombes, qu’il a toujours la peau comme mouillée, et que cependant les cheveux lui sèchent, les reins sont absolument gâtés. Quatre jours mettent le malade au tombeau. Quand il y a certain gonflement de ventre, pesanteur par tout le corps, sueur extraordinaire en mangeant, ou immédiatement après : quand le malade est fort sensible au moindre vent, que le visage et les yeux deviennent noirs et livides ; qu’on n’aime point à parler, et que quand on parle, c’est d’une manière languissante. Cela indique que les reins sont accablés d’une méchante plénitude. Déchargez-les.

Quand on sent grand froid à la région des hypocondres, et douleur le long du dos, qu’il y a d’abord bourdonnement d’oreilles, puis espèce de surdité, que les urines sont fort changeantes, soit pour la quantité, soit pour la qualité. Fortifiez les reins ; ils en ont besoin.


Des femmes enceintes.


Quand le pouls du carpe est petit, ouei, celui de la jointure glissant, hoa, celui de l’extrémité du cubitus vite, sou, et que cela dure ainsi du temps d’une manière assez régulière, et sans autre changement, si ce n’est qu’on y découvre par intervalle quelques battements semblables aux picotements d’un oiseau qui mange ; la femme est enceinte, quoique la grossesse ne paraisse point encore.

Quand en appuyant très légèrement les doigts, on trouve le pouls glissant et vite, et qu’appuyant plus fortement, on le trouve petit, il y a grossesse de trois mois.

Quand on trouve le pouls amplement vite, qu’il ne se relâche et ne s’éparpille point, la grossesse est de cinq mois ; si le pouls se trouve tel à la main gauche, la femme est grosse d’un garçon. Si c’est à la main droite, la femme est grosse d’une fille. Ceci se dit du pouls du carpe, et cette distinction de main gauche et de main droite se doit aussi appliquer au pouls de la jointure glissant, dont on a parlé.

Pour celui de l’extrémité du cubitus, il suffit de prendre garde s’il n’y a point d’interruption dans ses battements. Cette circonstance, jointe à ce qu’on a dit des pouls du carpe et de la jointure, indique grossesse. Un autre exemplaire de ce livre dit, au quatrième mois de la grossesse, voulez-vous savoir si c’est d’un fils ou d’une fille que la femme est grosse ? Vous le pouvez connaître en deux manières.

1° Si le pouls est vite à la main gauche[25], la femme est enceinte d’un fils. Si le pouls est vite à la main droite, c’est d’une fille.

2° Si à la main gauche le pouls est profond mais plein, la femme est enceinte d’un fils ; si à la main droite le pouls est superficiel et fort, c’est d’une fille. Si aux deux mains le pouls est profond, mais plein, ce sont deux garçons.

Quand une femme grosse est à terme, si vous lui trouvez le pouls que quelques-uns nomment égaré, li king, et que la femme sente de la douleur au ventre et aux reins en même temps, elle accouche dans un demi-jour.


Commentaire.

C’est, dit un commentaire, quand il bat trois fois dans l’espace d’une inspiration. Un autre dit : c’est quand il ne bat qu’une fois dans l’espace d’une inspiration, et prétend que cela arrive quand le pouls est en même temps profond, délié, et glissant.


TEXTE.

Quand la femme en couche sent dans le corps une pesanteur extraordinaire, qu’elle a tantôt frisson, tantôt chaleur, que le dessous de sa langue est chaud, le dessus froid, l’enfant est mort, ou va mourir, et la mère meurt aussi sans accoucher.

Quand la femme en couche a le visage rouge et la langue violette, ordinairement elle accouche d’un enfant mort, sans en mourir : mais quand elle a la bouche et les lèvres violettes, et que la bouche écume, elle meurt, et son fruit aussi.

Quand elle a le visage violet, mais la langue rouge, et qu’il lui sort par la bouche beaucoup d’écume, l’enfant vient vivant, et la mère meurt.

Quand à une femme nouvellement accouchée le pouls se trouve médiocrement lent et glissant, il est bon. S’il se trouve plein, fort, trémuleux, serré, la mort est proche.

De même, si le pouls se trouve petit et profond, il est bon ; s’il est dur et ferme, c’est mauvais signe.

De même, quand vous lui trouvez le pouls du carpe fort vite, tout en feu, et sans règle, elle en meurt. S’il est délié et profond, de manière qu’en appuyant les doigts jusqu’à sentir les os, ce pouls ne laisse pas d’être sensible, elle n’en mourra pas.


  1. C'est une mesure qui a dix tché, ou pieds de chacun dix pouces.
  2. Il a treize cordes.
  3. A la troisième, sixième, neuvième et douzième lune.
  4. Douleur qui se sent vers l'orifice supérieur de l'estomac, avec palpitation de coeur, envie de vomir, etc.
  5. Un mouvement de trémulation longue, comme dans les cordes de l'instrument tseng
  6. On ne l'a point mis devant dans les neuf manières.
  7. Peut-être entend-on celles que causent l’air ou les vents intercutaires.
  8. C’est une violente colique, qui ressemble fort à ce qu’on appelle aux Indes orientales mordechin.
  9. La peau, les vaisseaux, les chairs.
  10. Les parties nobles, etc.
  11. On a expliqué ce mot ci-dessus dans le titre.
  12. C’est le pouls du carpe de la main droite.
  13. C’est celui de la jointure au bras droit.
  14. Espèce de tumeur ou d'enflure.
  15. C’est, dit le commentaire, trois pouces au-dessous du nombril.
  16. C’est le nom que les Européens donnent à une espèce de roseau qui devient très dur.
  17. Le commentaire dit que le trouver en automne, c’est son temps.
  18. Le malade en meurt, dit le commentaire.
  19. L’âme, ajoute le commentaire, n’a plus où loger.
  20. Dans quelque temps, dit le commentaire il tombera malade, et probablement en mourra.
  21. Fort et regorgeant, dit le commentaire.
  22. Le chinois dit que la vie veut s’envoler.
  23. Suivant le commentaire, les intestins grêles sont gâtés.
  24. Abondance d’humeurs, dit le commentaire.
  25. Il ne distingue point si c’est au carpe ou ailleurs, ou si c’est aux trois endroits.