Description de la Chine (La Haye)/Extrait du Pen tsao cang mou

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Scheuerlee (3p. 538-542).


EXTRAIT
DU PEN TSAO CANG MOU,
C’EST-A-DIRE,
DE L’HERBIER CHINOIS,
OU
HISTOIRE NATURELLE
DE LA CHINE,
POUR L’USAGE DE LA MÉDECINE


Cet ouvrage a été entrepris et composé par un docteur de la famille ou dynastie des Ming, appelé Li ché tchin. Mais la mort ayant surpris cet auteur, avant qu’il y eût mis la dernière main, son fils, après l’avoir revu et augmenté, présenta à ce sujet une requête à l’empereur Van lie, la vingt-quatrième année de son règne, et sur cette requête l’empereur donna ordre au tribunal du Li pou, ou des rites, de publier cet ouvrage, lequel a été réimprimé de nouveau à la vingt deuxième année du règne de feu l’empereur Cang hi.


PRÉFACE
Où on voit l’idée et la division générale de tout l’ouvrage.


Cette histoire comprend en tout cinquante-deux livres. Les deux premiers livres traitent de tous les Pen tsao, ou Herbiers, qui ont été composés depuis l’empereur Chin nong[1], jusqu’au temps auquel vivait vivait Li ché tchin, et de tous les auteurs qu’il cite. Ils contiennent ensuite plusieurs fragments des ouvrages de l’empereur Chin nong, et de l’empereur Hoang ti[2] : c’est-à-dire, des livres classiques de la médecine.

Le troisième et quatrième livre, sont des inductions ou répertoires des divers remèdes, qui sont propres pour toutes sortes de maladies.

Le cinquième, sixième et septième traitent de trois éléments ; à savoir de l’eau, dont on distingue de quarante-trois sortes ; du feu, dont on distingue onze sortes, et de la terre, dont on distingue soixante sortes.

Le huitième, neuvième, dixième, et onzième, traitent du métal, et des pierres : du métal, de vingt-huit sortes ; et des pierres qui sont distinguées en trois genres ; le premier genre, qui est des pierres précieuses, quatorze sortes : le second genre, est des pierres ordinaires, soixante-onze sortes : le troisième genre, est des fossiles ou minéraux, vingt sortes : outre cela vingt-sept sortes d’autres qui approchent des précédentes.

Le douzième et les suivants, jusqu’au vingt-huitième, traitent des plantes, qui sont distinguées sous onze genres différents : savoir,

Le premier genre, est des plantes des montagnes, soixante-dix sortes.

Le second genre, est des plantes odoriférantes, cinquante-six sortes.

Le troisième genre, est des plantes des plates campagnes, cent-vingt-six sortes.

Le quatrième genre, est des plantes vénéneuses, quarante-sept sortes.

Le cinquième genre, est des plantes rampantes, ou qui ont besoin d’appui, soixante-treize sortes : et vingt-neuf sortes d’autres qui approchent des espèces précédentes.

Le sixième genre, est des plantes aquatiques, vingt-deux sortes.

Le septième genre, est des plantes qui croissent sur les pierres, dix-neuf sortes.

Le huitième genre, est des plantes de la nature de la mousse, vingt-six sortes : plus, des plantes d’espèces mêlées, neuf sortes, qui ont leur usage dans la médecine, et cent-cinquante-trois sortes qui en sont rejetées, quoiqu’elles soient connues, et aient chacune son nom particulier.

Le neuvième genre, est des plantes, dont les graines servent à la nourriture, comme le blé, le riz, le millet, les pois, les fèves, etc. quarante-quatre sortes.

Le dixième genre, est des plantes, dont les graines servent à faire du vin, ou autres liqueurs à boire, vingt-neuf sortes.

Le onzième genre, est des plantes légumineuses ; 1° De celles qui ont une odeur et saveur forte, trente-deux sortes. 2° De celles qui portent des fruits, tels que sont les concombres, les citrouilles, etc. onze sortes. 3° De celles qui croissent dans l’eau, six sortes. 4° De celles qui sont de la nature des champignons, etc. quinze sortes.

Le vingt-neuvième livre et les suivants, jusqu’au trente-septième, traitent des arbres, qui sont distingués en douze genres, dont six sont d’arbres fruitiers, et six de ceux qui ne portent point de fruit.

Le premier genre des fruitiers, est de ceux qui croissent en pleine campagne ; il y en a onze sortes.

Le second, est des arbres des montagnes, trente-quatre sortes.

Le troisième, des fruitiers sauvages, tels que ceux qui se trouvent chez les Barbares, c’est-à-dire, à l’Ouest et au Nord, hors de la Chine.

Le quatrième, est de ceux dont les fruits entrent dans l’assaisonnement des ragoûts, vingt-trois sortes.

Le cinquième, est des plantes qui portent des fruits légumineux, comme melons, etc. neuf sortes.

Le sixième, est aussi des plantes qui portent des fruits aquatiques, six sortes : plus, vingt-trois sortes qui approchent de quelqu’une de toutes les espèces précédentes.

Des arbres non-fruitiers, le premier genre est des arbres, dont le bois est odoriférant, trente-cinq sortes.

Le second genre, est des grands arbres de haute futaie, cinquante-deux sortes.

Le troisième genre, est des arbustes, cinquante sortes.

Le quatrième, est de ceux qui ont besoin d’appui pour croître, douze sortes.

Le cinquième, de ceux qui croissent en broutilles, quatre sortes.

Le sixième, est d’espèces mêlées, sept sortes.

Le trente-huitième livre traite des vieux habits et vieux ustensiles, qui entrent dans la médecine : des habits ou étoffes, vingt-cinq sortes ; et des ustensiles, cinquante-quatre sortes.

Le quarantième livre et les suivants, jusqu’au quarante-sixième, traitent des insectes, sous quatre genres différents.

Le premier genre, est des insectes qui se multiplient par la voie des œufs, quarante-trois sortes.

Le second genre, est de ceux qui s’engendrent de la pourriture du bois, etc. trente-une sortes.

Le troisième genre, est de ceux qui s’engendrent d’humidité, vingt-trois sortes.

Le quatrième, est des insectes à écailles, dont on distingue quatre espèces subalternes : sous la première, où est compris le dragon, et autres semblables, neuf sortes ; sous la seconde, qui est des serpents, dix-sept sortes ; sous la troisième, qui est des poissons écaillés, vingt-huit sortes ; sous la quatrième, qui est des poissons non-écaillés, plus de trente sortes ; sous la cinquième, qui est de ceux qui sont munis de cuirasses, soit comme les tortues, cancres, crabes, etc. dix-sept sortes ; soit comme les huîtres, les moules et autres coquillages, vingt-neuf sortes.

Les quarante-septième, quarante-huitième, et quarante-neuvième livres, traitent des oiseaux, sous quatre genres différents.

Le premier genre, est des oiseaux aquatiques, treize sortes.

Le second genre, est des oiseaux domestiques, et du gibier, vingt-deux sortes.

Le troisième genre, est des oiseaux champêtres, dix-sept sortes.

Le quatrième, est des oiseaux de montagnes, treize sortes.

Les cinquantième et cinquante-unième livres, traitent des animaux sous quatre genres différents.

Le premier genre, est des animaux domestiques, vingt-huit sortes.

Le second genre, est des animaux sauvages, trente-huit sortes.

Le troisième genre, est du rat et d’autres animaux semblables, douze sortes.

Le quatrième genre, est des animaux extraordinaires, comme le singe, etc. huit sortes.

Le cinquante-deuxième livre, traite du corps humain, et de toutes ses différentes parties qui servent à la médecine, en tout, trente-cinq sortes.


AVERTISSEMENT


Le premier Pen tsao ou Herbier dont il est fait mention dans les livres chinois, est celui de l’empereur Chin nong, lequel était divisé en trois livres, et contenait trois cent-soixante sortes de plantes, ou choses médecinales, distribuées en trois ordres. Ensuite on en ajouta une fois autant à ces premières, et ce fut le second Pen tsao, qui parut sous le nom de Leang tao hong king.

Depuis ces deux premiers il en a paru plusieurs autres en différents temps, surtout sous la famille des Tang, et sous celle des Song, beaucoup plus amples.

Mais parce que ces sortes d’ouvrages, en se multipliant, sont devenus confus, et pleins de fautes, et qu’on n’y trouvait pas l’ordre et l’arrangement nécessaire, Li ché tchin, poussé du désir de servir le public, a composé celui-ci, où il a fait entrer tout ce qu’il a trouvé de bon dans les précédents, et y a ajouté outre cela beaucoup du sien.

Mais afin d’y mettre quelque ordre, pour en rendre l’usage facile, il a rédigé toutes les sortes de plantes dont il traite, à seize pou, ou classes, ou genres supérieurs, qu’il divise en soixante espèces ou genres subalternes : puis toutes les sortes de plantes qui sont contenues sous chacun de ces genres subalternes, il les distribue en trois ordres, suivant la force et la vertu de chacune.

Et parce que le feu et l’eau sont les deux premiers éléments, et comme les deux premiers principes de toutes les autres productions, cet ouvrage commence par ces deux éléments.

En second lieu, il traite de la terre, parce que la terre est comme la mère de toutes choses.

En troisième lieu, des métaux, et des pierres que la terre engendre dans son sein, et qui en font comme les parties.

En quatrième lieu, des plantes, des grains, des légumes, des fruits et des arbres qu’elle produit hors de son sein.

En cinquième lieu, des vieux habits ou ustensiles, dont la matière est tirée des espèces précédentes.

En sixième lieu, des insectes, des poissons, et autres espèces qui sont écaillées, ou munies de cuirasses ; des oiseaux, et des animaux quadrupèdes.

En dernier lieu, du corps de l’homme : de sorte que cet ordre commence par ce qu’il y a de plus vil et de plus commun dans la nature, et finit par ce qu’il y a de plus relevé et de plus excellent.

Pour ce qui est de l’ordre que l’auteur du Pen tsao a gardé, en traitant de chaque espèce ; il commence l’explication de chacune par l’exposition du nom. Et comme les diverses sortes de choses ont eu des noms différents, selon les divers âges et les différents auteurs qui en ont parlé, Li ché tchin a eu soin de les marquer tous exactement, et de les ranger après celui qui était de son temps le plus commun, pour conserver l’origine du Pen tsao, ou Herbier.

Ensuite il fait et donne la description de chacune ; il parle du lieu où elle croît, et comment : il dit de quelle manière on les serre, ou on les cueille.

Enfin il discute ce qu’il y a de controversé ou d’incertain dans chacune, ce qu’il y a de certain et de faux : puis il parle de la manière dont on les prépare, soit pour les garder, soit pour en faire usage. Il parle ensuite de leur nature, de leurs qualités, de leur odeur, et de leur saveur. Après quoi il traite de leurs vertus et usages, ou de leurs effets, et finit en donnant les recettes et les doses de chacune. Or, dans l’ancien Pen tsao, on comptait deux mille neuf cent trente-cinq recettes différentes, auxquelles on en a ajouté onze cent soixante-une autres modernes.


  1. Premier inventeur de la médecine chinoise.
  2. Celui qui a rédigé la Médecine dans un corps de science.