Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Barnabites (passage des)

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Barnabites (passage des).

Commence à la place du Palais-de-Justice, no 1, finit à la rue de la Calandre, no 54. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Ce passage doit son nom au couvent des Barnabites qui y était situé. — Saint Éloi, orfèvre, obtint de Dagobert une maison assez vaste, située en face du Palais. Il établit dans sa propriété une communauté de filles sous l’invocation de saint Martial, évêque de Limoges. L’espace s’étant trouvé trop étroit pour contenir le grand nombre de prosélytes qu’attirait la célébrité de cette maison religieuse, le pieux orfèvre eut recours à la bonté du roi, qui lui donna tout le terrain circonscrit aujourd’hui par les rues de la Barillerie, de la Calandre, aux Fèves et de la Vieille-Draperie. Cet emplacement fut désigné bientôt dans tous les titres sous le nom de ceinture Saint-Éloi. Ce monastère qui garda longtemps le nom de Saint-Martial, prit ensuite le nom de son fondateur. Au commencement du XIIe siècle, de graves désordres eurent lieu dans ce monastère ; l’évêque de Paris fut obligé d’employer la rigueur pour en arrêter le scandale. Les religieuses furent dispersées en divers monastères éloignés. L’abbaye fut donnée à Thibaud, abbé de Saint-Pierre-des-Fossés, sous la condition d’y mettre un prieur et douze religieux de son ordre. Ces changements eurent lieu en 1107. Cet abbé la remit dix-huit ans après entre les mains de l’évêque de Paris, Étienne de Senlis, qui la garda neuf ans. Dans cet intervalle, l’église qui était d’une grande étendue et qui tombait en ruine, fut coupée par une rue qui subsiste encore sous le nom de Saint-Éloi. Le chevet forma une église nouvelle sous le vocable de l’ancien patron saint Martial, et de la nef on fit une seconde église sur une partie de laquelle fut bâtie plus tard celle des Barnabites. En 1134, l’évêque donna de nouveau ce monastère aux religieux de Saint-Pierre. Jusqu’en 1530, ces moines occupèrent cette communauté. À cette époque, leur principale abbaye, nommée alors Saint-Maur-des-Fossés, fut réunie avec ses dépendances à l’évêché de Paris. L’office fut célébré par quelques prêtres séculiers ; enfin, cet édifice tombait en ruine lorsqu’en 1629 M. de Gondi, premier archevêque de Paris, le destina à la congrégation des clercs réguliers de Saint-Paul, dits Barnabites, que le roi Henri IV avait appelés en France vers 1608. Ces religieux, qui se consacraient aux missions, firent successivement rebâtir l’église et la communauté. Le portail de l’église fut élevé en 1704. Le couvent des Barnabites, supprimé en 1790, devint propriété nationale. Une partie fut aliénée les 6 prairial, 1er messidor an V, et 11 thermidor an VI. — L’église sert de dépôt général des comptabilités de France.