Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Bourdonnaye (avenue de la)

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Bourdonnaye (avenue de la).

Commence au quai d’Orsay, no  91 ; finit à l’avenue de la Motte-Picquet, no  18. Le dernier impair est 51 ; pas de numéro pair. Ce côté est bordé par le Champ-de-Mars. Sa longueur est de 982 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Les avenues et places situées aux abords de l’hôtel royal des Invalides ont été presque toutes formées peu de temps après la construction de ce monument, c’est à-dire vers 1680. Celles qui avoisinent l’École-Militaire ont été tracées vers 1770. — Longtemps elles restèrent sans dénomination. À l’Empire appartient l’honneur d’avoir décoré de noms illustres ces larges et magnifiques avenues, qui répondent dignement à la grandeur du monument de Louis XIV. Toutes ces avenues ne sont pas voies publiques. Nous donnons ci-après le texte de la loi qui en a fait entrer une partie dans le domaine communal. Le surplus est encore la propriété de l’État. — « Au palais des Tuileries, le 19 mars 1838. Louis-Philippe, roi des Français, à tous présents et à venir, salut. Nous avons proposé, les Chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Le ministre des finances est autorisé à céder, gratuitement, au nom de l’État à la ville de Paris, les avenues de Saxe, de Tourville ; de La Bourdonnaie, de Lowendal, de Suffren, de la Mothe-Piquet, et la partie de l’avenue de Breteuil, comprise entre la place de ce nom et la barrière de Sèvres, ainsi que le boulevart de Latour-Maubourg, les places de Fontenoy, de Breteuil, et la partie de celle de Vauban, traversée par l’avenue de Tourville, dans la largeur de cette avenue seulement : le tout, conformément aux indications du plan annexé à la présente loi. — Art. 2. Au moyen de cette cession, la ville demeure chargée de pourvoir à l’entretien de ces emplacements. Elle est tenue, en outre, expressément, de leur conserver les formes et dimensions actuelles. — La présente loi, discutée, délibérée et adoptée par la chambre des pairs et par celle des députés, et sanctionnée par nous, cejourd’hui, sera exécutée comme loi de l’État, etc… Signé Louis-Philippe. — Par le roi, le ministre secrétaire d’état au département des finances, signé Laplagne. — Le garde des sceaux de France, ministre secrétaire d’État au département de la justice et des cultes, signé Barthe. » — Les avenues indiquées dans cette loi présentaient sous le rapport des lignes des irrégularités assez choquantes que l’administration a le projet de faire disparaître. Afin d’arriver à ce résultat, des alignements ont été tracés pour ces voies publiques ; ils seront prochainement sanctionnés par ordonnance royale. — L’avenue de La Bourdonnaye se terminait originairement à celle Lowendal. La partie comprise entre cette avenue et celle de Tourville fut supprimée et son emplacement servit à établir un polygone pour les élèves de l’École-Militaire (voyez l’article ci-après.) Il existe dans l’avenue de la Bourdonnaye une conduite d’eau entre les rues de l’Université et Saint-Dominique.

Bernard-François Mahé de La Bourdonnaye naquit à Saint-Malo, en 1699. Il fut successivement capitaine de vaisseau et gouverneur des îles de France et de Bourbon. La guerre ayant éclaté, La Bourdonnaye, avec une flotte de cinq vaisseaux et une frégate, prit la supériorité dans les mers de l’Inde, et après avoir dispersé les vaisseaux ennemis, il vint assiéger Madras par terre et par mer. Cette ville fut obligée de se rendre. La capitulation portait que Madras serait restituée aux Anglais, moyennant une rançon ; mais le gouvernement de Pondichéri cassa cette capitulation et conserva Madras. Ce fut la cause des malheurs de La Bourdonnaye. Ses succès avaient excité l’envie. De retour en France, il fut accusé de concussion. Un jugement le déclara innocent. Mais le coup était porté. La Bourdonnaye mourut de chagrin, en 1754.