Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Latran (enclos et passage Saint-Jean-de-)

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Latran (enclos et passage Saint-Jean-de-).

Situés dans la place Cambray, no  4, et dans la rue Saint-Jean-de-Beauvais, nos 22 et 34. Le dernier numéro est 23. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Les croisades ont donné naissance aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, ainsi qu’aux frères de la milice du Temple. L’institution de ces deux ordres était cependant différente. Les Templiers, plutôt soldats que religieux, veillaient à la sûreté des chemins, et protégeaient, l’épée à la main, les pèlerins qui allaient visiter les saints lieux. Les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, depuis nommés chevaliers de Rhodes et enfin chevaliers de Malte, se rapprochaient davantage de l’état religieux ; ils s’engageaient, ainsi que leur premier nom nous l’indique, à loger et défrayer les pélerins. Quelques historiens ont prétendu que la maison des hospitaliers existait à Paris, dans le clos Bruneau, depuis 1130. Les raisonnements qu’ils ont pu fournir ont été combattus victorieusement par Jaillot, qui fixe, ainsi que Sauval, leur premier établissement à l’année 1171. Saint Jean était le patron des hospitaliers, leur chapelle principale ou commanderie en porta également le nom. Vers la fin du XVIe siècle, cet ordre, appelé jusqu’alors Saint-Jean-de-Jérusalem, prit le nom de Saint-Jean-de-Latran. « Ne faudrait-il pas voir dans ce changement de dénomination, dit M. Géraud dans son ouvrage ayant pour titre : Paris sous Philippe-le-Bel, un témoignage de reconnaissance pour le dix-neuvième concile de Latran, tenu en 1517, qui, en se séparant, vota une imposition de décimes pour soutenir la guerre que le grand-maître des hospitaliers, Villiers de l’Île-Adam, faisait aux infidèles. » La commanderie de Saint-Jean-de-Latran occupait un vaste emplacement. Le clos contenait le grand hôtel habité par le commandeur. Il avait été bâti sous le magister de Jacques de Souvré. On y voyait aussi plusieurs maisons mal construites, et qui bordaient une grande cour où logeaient toutes sortes d’artisans qui jouissaient des mêmes droits de franchise que les habitants de l’enclos du temple. Une immense tour carrée, à quatre étages, était destinée aux pèlerins et aux malades qui demandaient l’hospitalité. L’église, desservie par un chapelain de l’ordre de Malte, servait de paroisse à tous les habitants de Saint-Jean-de-Latran. Le commandeur jouissait dans cet enclos de la justice haute, moyenne et basse. La commanderie rapportait 12,000 livres de rente au titulaire. Le commandeur pourvu de ce bénéfice, avait de plus deux maisons d’agrément : l’une située dans la rue de Lourcine, l’autre dite la Tombe-Isoire, au-dehors de la barrière Saint-Jacques. L’ordre de Saint-Jean-de-Latran fut supprimé en 1790. L’enclos et les maisons qui en dépendaient devinrent propriétés nationales. Une faible partie fut vendue le 11 thermidor an V, et tout l’enclos fut aliéné en 7 lots le 9 pluviôse an VI. L’église a été démolie vers 1824.