Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Martin (place de l’ancien marché Saint-)

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Martin (place de l’ancien marché Saint-).

Située entre les rues du Marché-Saint-Martin, Royale, Conté et Montgolfier. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 88 m. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

« 25 mars 1765. — Louis, etc… Les officiers chargés sous nos ordres de la police de Paris, désiraient depuis longtemps l’établissement d’un marché dans le quartier Saint-Martin-des-Champs, où, faute d’un terrain qui y fût destiné, les vendeurs et les acheteurs ne pouvant se placer que dans les rues les plus fréquentées, se trouvaient exposés à de grandes incommodités, à de véritables risques, par le passage continuel des voitures, etc. À ces causes : Article 1er. Avons approuvé et autorisé, approuvons et autorisons le contrat d’échange attaché sous le contr’scel des présentes, par lequel le sieur abbé de Breteuil, en vue de l’établissement d’un marché dans le quartier Saint-Martin-des-Champs, a cédé aux religieux, moyennant 8,000 liv. de rente perpétuelle, la totalité de l’emplacement de son hôtel, au prieuré de Saint-Martin-des-Champs, bâtiments et jardins en dépendant, ainsi qu’un grand terrain vague en forme de marais, contigu au d. hôtel prieural. Voulons que le d. échange sorte son plein et entier effet, et que nonobstant notre édit du mois d’août 1749, enregistré au parlement, aux dispositions duquel nous dérogeons pour ce regard en considération de l’utilité publique, lesd. religieux demeurent propriétaires des terrains et bâtiments à eux cédés, sur partie de l’emplacement desquels il sera incessamment établi un marché suivant l’offre des d. religieux, etc. — Art. 3e. La principale entrée du dit marché sera par la porte de l’enclos qui donne sur la rue Saint-Martin, et il sera ouvert deux autres passages, un dans la rue Frépillon et l’autre dans la rue Aumaire, vis-à-vis la rue Transnonnain, à la charge néanmoins que l’estimation des maisons qu’il sera nécessaire d’abattre pour former les d. passages, sera convenue de gré à gré entre le lieutenant-général de police et les propriétaires des dites maisons, ou réglée par experts nommés d’office, etc… — Art. 7e. Permettons aux d. religieux, dans le surplus du terrain à eux concédé, de construire tels bâtiments qu’ils jugeront à propos, des quels bâtiments qu’ils pourront louer à leur profit, la propriété leur appartiendra incommutablement en vertu des présentes, etc. » (Extrait de la déclaration du roi, Archives du royaume, série E, no  3451, section administrative). — Cette déclaration fut enregistrée au bureau de la ville le 30 avril suivant. On commença immédiatement à construire le marché ainsi que les issues qui devaient y aboutir ; ces issues furent d’abord au nombre de trois, savoir : rues Royale, du Marché-Saint-Martin et passage au Maire. Toutefois le marché ayant attiré un surcroit de population dans le quartier, les religieux profitèrent de l’autorisation qui leur avait été accordée par l’article 7e de la déclaration précitée. Vers 1780, ils firent percer sur l’emplacement resté disponible, plusieurs rues, impasses et place dont les dénominations se rattachent presque toutes à l’histoire de l’abbaye de Saint-Martin-des-Champs. Telles sont : les rues Bailly, Saint-Benoît, de Breteuil, Henri Ier, Saint-Hugues, Saint-Marcoul, Saint-Maur, Saint-Paxent, Saint-Philippe, Royale, Saint-Vannes ; les impasses Saint-Martin, Saint-Nicolas, la place Saint-Vannes. (Les rue et place Saint-Vannes ont été supprimées lors de la formation de la rue Conté.)

Un demi-siècle n’était pas écoulé depuis la construction du marché Saint-Martin, lorsqu’on ressentit l’insuffisance de son emplacement. Napoléon ordonna la construction d’un nouvel établissement dans des proportions beaucoup plus vastes. Le marché ouvert en 1765 fut abandonné à la fin de juillet 1816. Les bâtiments qui le composaient furent démolis, et sur le terrain qu’ils laissèrent vide, on forma la place dont nous nous occupons. — Suivant les alignements approuvés par une décision ministérielle du 3 décembre 1814, signée l’abbé de Montesquiou, et par une ordonnance royale du 14 janvier 1829, les constructions riveraines de cette voie publique sont alignées, à l’exception de celles nos 10 et 12, qui devront subir un faible retranchement. Au milieu de cette place on a planté des arbres. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).