Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Martin (porte Saint-)

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Martin (porte Saint-).

Située entre les rues Saint-Martin et du Faubourg-Saint-Martin.

La porte Saint-Martin de la deuxième enceinte de Paris était située dans la rue du même nom, vis-à-vis de la rue Neuve-Saint-Merri, à l’endroit appelé autrefois l’archet Saint-Merri. Elle fut donnée par Dagobert à l’abbaye de Saint-Denis. Les droits d’entrée qui s’y percevaient en 1147 montaient à 50 livres ; elle ne produisait avant cette époque que 12 livres annuellement. Philippe-Auguste, vers l’an 1200, fit reculer cette porte jusqu’à l’endroit où aboutit, dans la rue Saint-Martin, la rue Grenier-Saint-Lazare. Sous les rois Charles V et Charles VI, elle fut élevée près du coin septentrional de la rue Neuve-Saint-Denis. La porte ou plutôt l’arc de triomphe que nous voyons aujourd’hui fut construit en 1674, sur les dessins de Pierre Bullet, élève de François Blondel, auteur de l’arc de triomphe de la porte Saint-Denis. Ce monument a 18 m. de large sur autant d’élévation, y compris l’attique, dont la hauteur est de 3 m. 70 c. Cette construction est percée de trois arcades ; celle du milieu a 4 m. 30 c. de largeur, et 8 m. 60 c. d’élévation. Les arcades latérales ont chacune 2 m. 60 c. de largeur et 5 m. 20 c. de hauteur. Les pieds-droits qui, aux extrémités, s’élèvent jusqu’à l’entablement, et ceux qui supportent l’arcade du milieu, ainsi que le bandeau de cette arcade, ont une largeur semblable, et sont en bossages rustiques vermiculés ; ce genre d’ornement simple et noble produit en cette circonstance un fort bon effet ; au-dessus est un entablement à grandes consoles, le tout est surmonté d’un attique. Dans les deux espaces qui se trouvent entre les pieds-droits, le bandeau de la grande arcade et l’entablement, sont deux bas-reliefs qui ont rapport aux conquêtes de Louis XIV. Dans un de ces bas-reliefs, du côté de la ville, on voit ce monarque assis sur son trône, ayant à ses pieds une nation à genoux qui l’implore et lui présente avec humilité le traité de la triple alliance. L’autre bas-relief nous montre encore Louis XIV sous les traits d’Hercule. Le demi-dieu tient dans sa main une massue, foule aux pieds des cadavres ; la Victoire qui descend du ciel, tenant des palmes d’une main, pose de l’autre sur la tête du roi une couronne de lauriers ; ce bas-relief est une allégorie de la conquête de la Franche-Comté. Du côté du faubourg, les deux bas-reliefs représentent de semblables allégories : la prise de Limbourg et la défaite des Allemands. Ces bas-reliefs sont dus à Desjardins, Marsy, le Hongre et Legros. Entre les consoles de l’entablement, sont divers attributs guerriers, et entre celles du milieu est le soleil, symbole du grand roi. Dans les années 1819 et 1820, on a réparé cet édifice.